05: Yenne à St Genix-sur-Guiers

Des belvédères incroyables sur le Rhône

 

DIDIER HEUMANN, ANDREAS PAPASAVVAS

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du GR65. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.

Pour ce parcours, voici le lien:

https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/de-yenne-a-st-Rotherens-sur-guiers-par-la-via-gebennensis-34098402

Tous les pèlerins ne sont pas forcément à l’aise avec la lecture des GPS ou la navigation sur un portable, d’autant plus qu’il existe encore de nombreuses zones sans connexion Internet. C’est pourquoi, pour faciliter votre voyage, un livre dédié à la Via Gebennensis par la Haute-Loire est disponible sur Amazon. Bien plus qu’un simple guide pratique, cet ouvrage vous accompagne pas à pas, kilomètre après kilomètre, en vous offrant toutes les clés pour une planification sereine et sans mauvaises surprises. Mais au-delà des conseils utiles, il vous plonge dans l’atmosphère enchanteresse du Chemin, capturant la beauté des paysages, la majesté des arbres et l’essence même de cette aventure spirituelle. Seules les images manquent : tout le reste est là pour vous transporter.

En complément, nous avons également publié un second livre qui, avec un peu moins de détails mais toutes les informations essentielles, décrit deux itinéraires possibles pour rejoindre Le Puy-en-Velay depuis Genève. Vous pourrez ainsi choisir entre la Via Gebennensis, qui traverse la Haute-Loire, ou la variante de Gillonnay (Via Adresca), qui se sépare de la Via Gebennensis à La Côte-Saint-André pour emprunter un itinéraire à travers l’Ardèche. À vous de choisir votre parcours.

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Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.

Aujourd’hui, en cet ‘arrière-automne, un voile de brouillard enveloppe la vallée du Rhône, conférant à l’atmosphère une aura de mystère. La randonnée de ce jour est une des plus majestueuses du chemin de Compostelle, offrant des vues panoramiques à couper le souffle sur le Rhône. Cette étape, considérée comme la perle de la Via Gebennensis par temps clair, traverse la grande forêt de Recoba, s’étend sur une petite montagne qui sépare l’enclave de Yenne de la vaste plaine du Rhône. Au sommet de cette montagne, se trouve le modeste col du Mont Tournier, une route sinueuse et peu fréquentée. La première partie de l’étape se déroule principalement dans les profondeurs de la forêt, ponctuée de belvédères enchanteurs offrant des vues imprenables sur les méandres du Rhône en contrebas. Ces panoramas sublimes sont à savourer de préférence par une journée ensoleillée pour ne rien perdre de la magie intrinsèque à cette étape. Malheureusement, le pèlerin n’a pas toujours ce privilège et doit parfois affronter les caprices du climat. La diversité du paysage, la richesse de la flore et la quiétude de la forêt font de cette randonnée une expérience unique et mémorable. Ici, la nature dévoile toute sa splendeur et sa sérénité, invitant le marcheur à une introspection profonde et à une communion avec le monde qui l’entoure. Ce parcours exigeant mais gratifiant vous laissera avec un sentiment d’accomplissement, une preuve tangible du lien intime entre l’homme et la nature. Traversez les forêts enchantées, contemplez les paysages vallonnés, et laissez-vous imprégner par la magie de ce voyage intemporel.

Attention cependant à ne pas vous méprendre au départ de Yenne, car deux parcours mènent au Mont Tournier. Évitez la variante qui commence au cœur du village. Préférez le GR65, qui débute à la sortie de Yenne, près du cimetière.

Difficulté du parcours : En traversant un col, les dénivelés sont inévitables. Cette étape est, sans conteste, exigeante. Les variations d’altitude (+992 mètres/-987 mètres) témoignent de l’équilibre entre montées et descentes. Partant des rives du Rhône, le parcours grimpe jusqu’à 850 mètres avant de redescendre presque au niveau de départ. Toutefois, le Mont Tournier, malgré ses airs de colline imposante, n’est pas une montagne véritable. Vous ressentirez peut-être moins l’effort des ascensions grâce aux replats et descentes intermédiaires. Le voyage commence à 230 mètres d’altitude et s’élève progressivement sur plus de 12 kilomètres, rendant la montée moins abrupte. La descente, bien que parfois éprouvante pour les articulations, reste gérable, avec quelques replats pour récupérer. Pour ajouter un peu de défi en fin d’étape, le parcours remonte brusquement sur une colline avant de terminer le parcours.

État du GR65 : Cette étape se déroule principalement sur des chemins forestiers, un répit rare du Chemin de Compostelle où le goudron cède la place à la nature :  

  • Goudron : 6.9 km
  • Chemins : 17.5 km

Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur ces parcours. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.

Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.

Pour les vrais dénivelés, relisez la notice sur le kilométrage sur la page d’accueil.

Section 1 : Sur les premiers lacets du col vers le Belvédère Pierre Châtel

Aperçu général des difficultés du parcours : paradoxalement, sur cette longue montée vers le col, vous n’aurez pas toujours le sentiment d’une pente importante. Il y a pourtant certains passages à nettement plus de 15%. Il n’est qu’à considérer le profil du tronçon pour se faire une idée de la difficulté proposée.  

Aujourd’hui, il y a du brouillard à couper au couteau, mais les prévisions météorologiques s’annoncent correctes. Du centre de Yenne, il faut traverser le bourg dans sa longueur en direction du Rhône, jusqu’au rond-point où se jette le ruisseau du Flon. Ce petit cours d’eau, modeste mais vivant, apporte une touche de fraîcheur dans ce coin pittoresque.

Là, un pont enjambe le Rhône, et à proximité repose le cimetière, enveloppé dans une aura mystérieuse due au brouillard persistant. La route semble se dissoudre dans cette brume épaisse, laissant à peine entrevoir son tracé sinueux.

La route longe le cimetière, montant doucement avant de se transformer en un chemin caillouteux après un virage. Un chemin, sauvage et indompté, s’étend sur plus de 10 kilomètres, promettant une balade à la fois rude et enivrante. C’est le plus souvent un sentier relativement étroit qu’un large chemin.

Rapidement, le GR65 atteint la chapelle de Notre-Dame de la Montagne, nichée sous les pins et enveloppée dans un brouillard fantomatique. La statue de la Vierge, érigée en 1860, se dresse fièrement, encastrée dans un tumulus de grosses pierres, sa grille ouverte invitant à la contemplation. Cette chapelle, avec sa sérénité palpable, veille protectrice sur Yenne et le Rhône.

Dès ce point et pour une bonne partie de la montée, le calcaire affleure fréquemment, sculptant le chemin de ses aspérités. Le sentier, étroit et capricieux, se joue des promeneurs avec ses pentes abruptes mais courtes, ses replats et même quelques descentes, offrant un rythme changeant à la marche.

Apparaît alors rapidement le premier belvédère, celui de la tombe de Pierre Boisson. Né en 1819, cet enfant du pays, dentiste fortuné et franc-maçon, avait souhaité être inhumé au cimetière de Yenne, près de la Madone de la Montagne. Devant le refus, il fit ériger son propre tombeau de l’autre côté de la vallée. Aujourd’hui, le brouillard voile la vue, dissimulant le tombeau de l’autre côté du fleuve, laissant à peine entrevoir les contours d’un paysage fruste, habité d’arbres décharnés.

Le brouillard est persistant mais la météo n’annonce pas de pluie et le brouillard devrait se dissiper, dévoilant un sol tapissé de feuilles mortes, de plaques de calcaire lustré, et parfois de poussière rougeâtre. Les arbustes, manquant de lumière mais non d’humidité, sont souvent couverts de lichens rampants, semblables à des tignasses de gorgones, conférant au paysage une allure sauvage et échevelée.  

Un peu plus haut, sur les larges pierres, entre lande et forêt, le sentier passe au lieu-dit La Prison. Mais aujourd’hui, la seule prison, c’est ce brouillard dense et omniprésent. En une demi-heure de marche, vous avez déjà gagné plus de 100 mètres d’altitude depuis Yenne. Le belvédère de Pierre Châtel est annoncé à 40 minutes d’ici, et Saint-Maurice-de-Rotherens, plus loin encore, à 4 heures et 45 minutes de marche.

Le sentier continue de grimper, mais avec une pente plus douce. Dans ce brouillard épais comme de la ouate, la coquille du GR65 est souvent la seule indication fiable pour éviter les fausses pistes qui jalonnent la montagne. Pour l’instant, le paysage demeure immuable : buissons épars, arbustes maigres et cailloux parsèment ce sentier qui traverse une steppe magique, mystérieuse, presque inquiétante. 
Plus haut, l’inclinaison se fait plus marquée sur un court tronçon, où les pierres abondent. Les moraines ont charrié ces matériaux lors des glaciations de l’ère quaternaire, mais les petits châtaigniers ont aussi perdu leurs feuilles au cours de l’hiver précédent.
Vous marchez ici dans un paysage qui oscille entre lande et broussailles, plus que dans une véritable forêt. Vous êtes très près de la falaise, mais elle reste invisible, dissimulée par le brouillard. Heureusement, aujourd’hui, on sent que cette brume épaisse commence à se dissiper, au moins partiellement. Ce pressentiment fait naître un sourire sur les lèvres, malgré la dureté de la pente.
Nous passons alors par un de ces moments fugaces et psychédéliques où le soleil commence à jouer avec le brouillard. Nous discernons mieux les arbres : les chênes aux formes difformes et les châtaigniers dépouillés.  

Le soleil pointe timidement son nez lorsque nous arrivons au belvédère de Pierre Châtel. Depuis La Prison, vous aurez grimpé de 345 mètres à 480 mètres d’altitude.

La forteresse de Pierre Châtel, de l’autre côté du Rhône, était la résidence secondaire préférée des comtes de Savoie. Initialement érigée en couvent à la fin du XIVe siècle, les chartreux en furent longtemps les gardiens. La forteresse fut assiégée par les Autrichiens en 1814, à l’époque de Napoléon, et perdit son rôle stratégique lorsque la Savoie fut rattachée à la France en 1860.

Avec le brouillard, le lieu prend une allure encore plus fantasmagorique, laissant libre cours à l’imagination de voir des ennemis escaladant les murailles.

Section 2 : Des vues sur le Rhône à couper le souffle

Aperçu général des difficultés du parcours : paradoxalement, sur cette longue montée vers le col, vous n’aurez pas toujours le sentiment d’une pente importante. Il y a pourtant certains passages à nettement plus de 15%. Il n’est qu’à considérer le profil du tronçon pour se faire une idée de la difficulté proposée.  

Pourtant, de ce côté de la montagne, le brouillard semble peu enclin à céder la place à une lumière plus éclatante.  

Heureusement, juste au-dessus, le Belvédère du Rhône se découvre déjà sous les rayons du soleil.

Un avant-goût exquis de ce qui vous attend plus haut, où la beauté du panorama sur la vallée du Rhône enivre les sens. À travers les buissons, le regard se perd dans une vallée d’une splendeur à couper le souffle. La proximité de la falaise est palpable, bien que sans danger apparent. Pourtant, ici, la rivière reste dissimulée, comme un secret gardé par la nature. La proximité de la falaise se devine à travers les voiles de brume qui s’accrochent encore aux versants escarpés, conférant au décor une aura à la fois mystérieuse et grandiose.  
Le sentier poursuit son ascension en douceur, s’éloignant légèrement de la falaise, parmi de gros blocs de calcaire dispersés dans une lande où se dressent des arbustes décharnés, drapés de lichens et de mousses épaisses, semblables à des chevelures de vieilles fées endormies depuis des siècles.
Après une petite clairière, il s’enfonce à nouveau parmi les feuillus, s’élevant sur une sorte de petit plateau. Ici, les petits châtaigniers dénudés, droits comme des flèches, ont définitivement pris le dessus sur les rares autres feuillus. Le lierre, le lichen et la mousse s’insinuent partout, au sein d’une broussaille rustique qui semble figée dans le temps.  
Bientôt, le sentier passe près de la Croix de Chevru, perchée à 545 mètres d’altitude. Cette croix imposante de 700 kg, datant de 1630, évoque une divinité intemporelle. Elle faisait partie d’un ensemble de trois croix, autrefois centres de dévotion et de pèlerinage. Au début du XXe siècle, un pâturage animait ce lieu, mais aujourd’hui, la forêt et la végétation ont repris leur droit, tandis que les dévotions ont diminué.  
À partir de la Croix de Chevru, le sentier ondule incessamment, parfois descendant, à travers des feuillus squelettiques. La maigreur de ces arbres semble inexplicable dans ce milieu. En cette fin d’automne, les feuillus ont perdu leurs feuillages, laissant des troncs dénudés et des tapis de feuilles mortes. Si en bas de la forêt règnent souvent les broussailles et les buissons, à mesure que l’on s’élève, apparaissent parfois de modestes hêtres et érables, ainsi que des chênes pubescents, en quête de lumière. 

Cependant, dans cette immense forêt dominée par les feuillus, ce sont les fragiles châtaigniers disséminés qui semblent former une armée en formation. Les conifères, quant à eux, se font rares. Nous ne saurions prédire quel spectacle s’offrirait à une autre saison de l’année. À cet instant automnal, tout est sauvage, d’une beauté presque apocalyptique, évoquant un paysage d’une divine grandeur. Le sentier passe bientôt au lieudit Les Farnets, à 3 h15 de St Maurice-de-Rotherens. On baptise ici souvent les lieux où il y a des intersections possibles de chemins.

Le sentier, après avoir traversé Les Farnets, nom énigmatique où se croisent les chemins comme des destins entrelacés, se déploie en douces ondulations sous le couvert des châtaigniers. Les feuilles mortes, mêlées aux pierres calcaires, accueillent chaque pas dans un murmure apaisant, comme si la forêt elle-même chuchotait des secrets.  
Puis, comme un prodige, le Rhône surgit soudain en contrebas, une rivière azurée sinueuse, comme un anaconda venu des profondeurs de l’Amazonie, contrastant magnifiquement avec les nuances de vert et de brun qui dominent le paysage automnal. À partir de ce point, le chemin se métamorphose en un sentier de conte de fées le long de la falaise de Recorba. Là-haut, suspendu entre ciel et eau, chacun de vos pas révèle une vue enchanteresse et vertigineuse qui enveloppe l’âme comme une caresse du vent. Les falaises abruptes de Recorba se dressent comme des gardiennes millénaires, contemplant le fleuve depuis des siècles. L’émotion est palpable, presque tangible, comme si chaque souffle de vent murmurait une histoire ancienne, chaque rayon de soleil peignant un tableau éphémère mais éternel.
Le joggeur qui passe ici y vient deux fois par semaine. Il ne peut plus se passer de ce spectacle. Hypnotisé, dit-il. 
Parfois, le sentier quitte des yeux la rive du Rhône pour la retrouver un peu plus loin, serpentant délicieusement à travers la steppe au-dessus des falaises. L’atmosphère ici est d’une magie indescriptible, où chaque ondulation du sentier semble raconter une nouvelle histoire. La vue est grandiose, le Rhône apparaissant et disparaissant au gré des méandres du chemin, tel un ruban d’argent glissant paisiblement à travers le paysage.  
Le spectacle s’arrête momentanément lorsque le sentier tourne derrière la falaise et replonge dans la forêt dense. Ce retour aux ombres sylvestres ne marque cependant qu’une pause dans l’enchantement, une invitation à la patience avant de retrouver la majesté des panoramas ouverts.  
Ici, quelques pins ont pris racine, et même sans y prêter grande attention, vous remarquerez que les arbres ont gagné en hauteur, sans doute par un regain de lumière qui perce à travers les cimes.

Le sentier amorce alors une légère descente pour pénétrer au cœur de la forêt, atteignant le lieu-dit Puits Bacchus à 550 mètres d’altitude. C’est une autre bifurcation sur votre parcours, une halte où le sentier ondule sans cesse, sans véritablement gagner en altitude depuis la Croix de Chevru. Pourtant, le temps semble s’arrêter tant le décor est ensorcelant et magnifique, comme un tableau vivant qui se dévoile au fil des pas.

Section 3 : C’est encore plus beau au Belvédère de Recoba

Aperçu général des difficultés du parcours : seules les dernières pentes menant au col sont vraiment très raides, parfois à près de 25% de pente. Il n’est qu’à considérer le profil du tronçon pour se faire une idée de la difficulté proposée. 

 

Depuis Puits Bacchus, c’est comme si l’on pénétrait dans une nouvelle forêt. Les arbustes chétifs et les broussailles ont laissé place à une végétation nettement plus ordonnée. Un chemin, plus large et moins caillouteux, serpente paisiblement sur un tapis de feuilles mortes.

Le chemin croise alors le lieu-dit Les Saradins. Ces panneaux indicateurs sont essentiels dans cette forêt, où de nombreux autres chemins se croisent et sillonnent la montagne. Votre direction reste toujours St Maurice-de-Rotherens, sur le Chemin de Compostelle.

Plus haut, le chemin musarde parmi de majestueux hêtres, des chênes imposants et divers conifères, notamment des pins et des épicéas. Les châtaigniers, désormais plus robustes et imposants, vous accompagneront fidèlement pendant plusieurs jours.
Devant vous se dessine alors une vaste clairière, le premier espace ouvert depuis votre départ, offrant une bouffée d’air et de lumière dans cette immersion sylvestre.
Dans la forêt devenue plus compacte, le GR65 rejoint le refuge de Botozel, un havre de tranquillité pour les chasseurs de Loisieux, un petit village niché en contrebas de la forêt.

Ce refuge, à l’abri des regards, offre un point d’eau rafraîchissant et, en période de chasse, vous aurez peut-être le privilège d’y pénétrer. Les chasseurs, maîtres de ce domaine sylvestre, semblent considérer la forêt comme leur domaine, mais ils n’hésitent pas à partager cette nature généreuse avec les randonneurs aventureux. Jadis, cette région servait de refuge aux maquisards, résistants à l’oppression nazie, ajoutant une profondeur historique à ce lieu de paix et de mémoire.

A partir d’ici, le chemin retrouve plus l’allure d’un sentier. Il s’enfonce ensuite dans le domaine de chasse de Loisieux, traversant le bois de Glaize où les feuillus et les conifères coexistent harmonieusement.
Cette forêt, mosaïque de verts et de bruns, est un terrain de chasse où cervidés, sangliers et même chamois partagent leur espace avec les humains. En automne, la chasse n’est pas ouverte tous les jours, permettant aux cueilleurs de champignons et aux randonneurs de profiter de ce lieu en toute sécurité. Les chasseurs locaux, attentifs et respectueux, veillent à ce que leurs activités ne perturbent pas les promeneurs, assurant une cohabitation pacifique dans ce sanctuaire naturel. Heureusement, ici, car on ne tire pas à blanc !   
Le sentier prend alors un peu plus d’altitude, grimpant de plus de 100 mètres pour atteindre le Belvédère de Recorba. La pente soutenue mais régulière s’étire sous les arbres dépouillés en automne. Parfois, on guette pour apercevoir un sanglier détaler, mais aujourd’hui, la forêt semble étrangement silencieuse, comme si elle retenait son souffle. Pas même un oiseau ne trouble la quiétude de cet endroit, renforçant l’impression d’être dans un sanctuaire hors du temps.  
Plus haut, le sentier permet une pause bienvenue sur un replat où s’entrelacent les châtaigniers, leurs troncs noueux formant une voûte naturelle au-dessus du sentier. L’air y est frais et vivifiant, offrant un moment de répit avant de poursuivre l’ascension.
Le sentier mène ensuite au Belvédère de Recorba, culminant à 690 mètres d’altitude. On vous rappelle que vous vous trouvez dans une forêt privée, soigneusement entretenue par les chasseurs de Loisieux. À cinquante mètres du sebtier, le belvédère se dévoile, promettant des vues à couper le souffle.

Et quel spectacle ! Dire qu’il est beau serait un euphémisme. Ici, au-dessus de la falaise verticale, la vue est tout simplement exceptionnelle. Le panorama s’étend au-delà de l’imagination, offrant un aperçu spectaculaire de la vallée en contrebas.

Du belvédère, le regard plonge vers les profondeurs de la vallée, embrassant une étendue si vaste que l’on pourrait presque croire apercevoir Lyon à l’horizon lointain. Le Rhône, semblant n’être qu’un modeste ruisseau bleu de 300 mètres de large, serpente dans les terres comme un vermisseau géant. C’est une vision à la fois majestueuse et apaisante, comparable à la vue d’un grand fleuve tel le Mississippi ou l’Amazone observé depuis le hublot d’un avion. La nature, dans toute sa splendeur et sa générosité, s’offre ici sans retenue.
Ici, se dévoilent les pentes les plus audacieuses de cette ascension, défiant parfois les grimpeurs avec des inclinaisons frôlant les 25%. Le sentier s’élève depuis les 690 mètres d’altitude jusqu’à approcher timidement les 850 mètres, presque atteignant le sommet vénérable du Mont Tournier. Cependant, cette montée, bien que vertigineuse, n’est point interminable.
Dans ce paysage exalté, les cailloux, impitoyables sous vos pas, témoignent de la rudesse du chemin. Par moments, le tapis de feuilles éparpillées par la saison apaise la rigueur du parcours, offrant une douceur éphémère sous vos semelles. 

Section 4 : En redescendant du Mont Tournier

Aperçu général des difficultés du parcours : de la descente, avec parfois un replat ou même une remontée. Mais, ce n’est pas de la descente de tout repos, avec parfois de rudes pentes. 

 

Le sentier serpente presque jusqu’au sommet du Mont Tournier, qui n’est, en réalité, qu’une grande colline arrondie plutôt qu’une véritable montagne. Vous aurez sans doute l’impression de n’avoir jamais affronté une montée ardue, en raison des replats et des légères descentes. Cependant, vous commencez à 230 mètres d’altitude pour atteindre les 850 mètres, mais sur une distance de plus de 12 kilomètres, l’effort se dilue, presque imperceptible.

Bientôt, le sentier commence à onduler sur un faux plat dans une forêt qui devient de plus en plus dense. La marche est douce et agréable, les arbres formant une haie d’honneur pour saluer votre persévérance. La nature environnante, avec ses nuances de vert et ses senteurs boisées, crée une atmosphère sereine et enchanteresse.  

Puis, le sentier descend légèrement à nouveau, toujours à travers la forêt. Il semble vouloir vous faire profiter de chaque aspérité du terrain et des points de vue encore inexplorés.   
Il descend jusqu’à rejoindre deux lieuxdits, celui des Sérus, puis, à quelques pas, celui de Pierre Vire, situé à 820 mètres d’altitude. Ici, on annonce le retour à la civilisation dans moins d’une heure. Il faut bien le dire, vous ne croiserez pas grand monde sur cette route, et tant mieux ! D’autant plus qu’il est impossible de se perdre, le chemin étant parfaitement balisé. La solitude de la marche vous permet de vous immerger pleinement dans la beauté et la tranquillité des lieux.
Une pierre qui vire est simplement un autre nom pour une pierre branlante. Au site de Pierre Vire, la vue s’étend sur les douces collines qui dominent Saint-Genix-sur-Guiers. Le Rhône serpente vers d’autres horizons, et vous le retrouverez quelques jours plus tard, près de Vienne, après qu’il aura fait un détour par la ville de Lyon.
Le sentier musarde alors dans la végétation luxuriante au sommet de la colline, en contrebas du Mont Tournier. Les arbres semblent s’écarter pour vous laisser passer, créant un tunnel naturel de verdure.

Puis, il descend vers le lieudit La Dronière. Ici, vous pouvez rejoindre le col du Mont Tournier, tout proche. L’autre itinéraire, qui part du centre de Yenne, passe par le col. Cependant, au col, il n’y a rien à voir, seulement une petite route rarement fréquentée par les véhicules.

Le sentier descend alors en pente assez régulière, parfois atteignant 15%, pour sortir de la forêt. De ce côté du col, la végétation est similaire à celle observée lors de la montée. Les petits feuillus rabougris dominent encore l’espace, au milieu des conifères plus rares, créant un paysage à la fois familier et sauvage.  
Dans cet arrière-automne, où les feuilles se teintent de pourpre, vous allez enfin quitter le sous-bois pour les premières clairières, encore clairsemées. La lumière douce du soleil d’automne perce à travers le feuillage coloré, créant une ambiance féerique.  
Un chemin plus large hésite alors toutefois à quitter le nid douillet du sous-bois. Cependant, le GR65 descend toujours, cette fois en pente plus douce. Les feuilles mortes craquent sous vos pieds, ajoutant une mélodie automnale à votre marche.
Lorsque le GR65 quitte la forêt, il croise une petite route qui traverse le hameau de Le Borgey, avec ses maisons de pierre, solidement ancrées dans le sol. Dans ce hameau qui respire la quiétude paysanne, vous retrouverez l’architecture typique de la région, avec des blocs de pierre encastrés à la hâte dans de la chaux claire.
La route passe un peu plus loin par le hameau de La Mare, où l’on respire le bonheur de la douce vie, avec ses élégantes demeures de pierre et ses jardins coquets. Chaque maison semble sortie d’une carte postale, avec des volets colorés et des fleurs ornant les rebords de fenêtres, évoquant une tranquillité idyllique.

Le GR65 musarde alors en douceur à travers les prés, puis sur un chemin dans le sous-bois. La diversité des paysages offre dans cette étape un spectacle en perpétuel changement, chaque tournant révélant une nouvelle scène de la nature.

Le chemin mène jusqu’à la très belle croix des Rives. Plantée dans le talus sous les arbres, cette grande croix de granite, colonisée par la mousse et érodée par les années, se dresse majestueusement, veillant sur les lieux de sa présence spirituelle dans ce cadre naturel.

Plus loin, le chemin remonte doucement, en pente légère, alternant entre sous-bois et clairière, dans la forêt de la Montagne Nattage. La transition constante entre ombre et lumière crée un jeu de contrastes apaisant pour le marcheur.  
Aujourd’hui, le chemin a du mal à délaisser les bois, ce qui réjouit souvent le pèlerin. La présence constante des arbres offre un sentiment de protection et de sérénité, comme une parenthèse enchantée dans les parcours.  
Peu après, le chemin redescend, traversant la forêt ou longeant sa lisière. Les panoramas ouverts se dévoilent progressivement.  
À l’approche de St Maurice de Rotherens, la pente devient à nouveau plus sévère sous les arbres et le GR65 rejoint sur le goudron le haut du village. La transition entre nature et civilisation se fait sentir, marquée par ce pittoresque village.

Section 5 : Descente continue et sévère vers le bas du vallon

Aperçu général des difficultés du parcours : les pentes à plus de 15% abondent sur le trajet. 

Vous apprenez au village que deux GR passent ici, le GR65 ainsi que le GR9, et que vous avez marché près de cinq heures depuis Yenne. Une bagatelle, n’est-ce pas ? Les randonneurs, bien que fatigués, trouvent souvent du réconfort en discutant avec les habitants qui, d’un sourire bienveillant, partagent anecdotes et histoires locales.

À St Maurice de Rotherens, petit village d’environ 250 âmes, vous découvrez quelques fermes éparses, une église pittoresque, la mairie, et un charmant musée dédié à la radio, témoignant d’une passion locale pour les ondes et la communication. Cependant, pour ceux qui cherchent à se restaurer, le village ne propose guère d’options. C’est la triste réalité de nombreux petits villages en France, où la fermeture des commerces locaux témoigne d’un déclin inexorable. La tranquillité des lieux contraste avec cette désertification des services, offrant un sentiment de mélancolie.

Le GR65 descend ensuite sous le village pour rejoindre une petite route. Attention ici, car le GR9 passe également par cet endroit, et c’est précisément ici que les deux parcours se séparent. Si vous suivez la route, vous vous engagez sur le GR9, ce qu’il ne faut en aucun cas faire. Pour retrouver le GR65, il faut ouvrir grand les yeux, monter de quelques dizaines de mètres la route et prendre le sentier dissimulé derrière un bouquet d’arbres. Cette discrétion du sentier ajoute une touche de mystère à la marche, vous invitant à l’observation attentive pour ne pas manquer l’entrée du chemin qui va serpenter le long d’un ruisseau.
Le sentier s’enfonce alors dans les sous-bois de Sous La Roche, traversant des charmilles et de petits châtaigniers, enchevêtrés avec des herbes folles. Dans ce sous-bois serein et enchanteur, le murmure constant du ruisseau en contrebas ajoute une musique naturelle, apaisante pour l’âme du randonneur. Cependant, la pente est irrégulière, souvent sévère, dépassant parfois les 15%, ce qui rend la descente technique et exigeante, mais chaque pas est récompensé par la beauté sauvage du lieu.
Après une petite pause bien méritée dans les prés, le sentier reprend avec la même frénésie sous les feuillus. Ici, les châtaigniers sauvages, chétifs et désespérément à la recherche de lumière, dressent leurs hampes maigres vers le ciel. La qualité du sol dans la région n’explique sans doute pas le nanisme de ces arbres, car les frênes qui poussent ici atteignent une taille raisonnable. Mais qui comprend vraiment la philosophie des arbres ? Ces sentinelles du temps semblent murmurer des secrets cachés, témoignant de la lutte incessante pour la survie dans un environnement souvent rude.
Plus bas, le sentier émerge du bois, mais la pente ne s’adoucit guère. À l’horizon, la vaste vallée du Rhône s’étend, reliant Chambéry à Lyon. Le regard embrasse un panorama spectaculaire où se mêlent la grandeur des montagnes et la douceur des plaines.
Le sentier poursuit sa descente à travers les prés, entouré d’une variété d’arbres tels que des chênes robustes et des frênes gracieux, presque jusqu’à la route du Col du Mont Tournier.
Cependant, fidèle à l’esprit du Chemin de Compostelle qui évite les routes fréquentées, une alternative se dessine. Un large  chemin remonte légèrement, longeant la lisière du sous-bois, offrant un refuge paisible à l’ombre des arbres.
Bientôt, le chemin atteint Malbuisson, un petit hameau niché sous la colline de Sous La Roche. Ici, s’étend une lande de pelouses sèches, protégée par des frondaisons basses qui couvrent les falaises dominant le hameau. Ce paysage singulier évoque une atmosphère de tranquillité intemporelle.

En quittant Malbuisson, le pays s’ouvre un peu plus. Le GR65 effleure à peine ce hameau. La marche se fait plus légère, portée par la douceur des paysages environnants.

Plus bas, près d’une croix en fer finement travaillée, une pancarte annonce que St Genix est à 1h50 d’ici. Après une telle épopée, cette proximité semble presque irréelle, comme une promesse de repos bien mérité après une telle épreuve.

Le chemin descend sous Malbuisson à travers les prés en direction de Gresin. Autrefois, ces terres étaient parées de vignes et de robustes châtaigniers, mais aujourd’hui, elles sont dominées par des prairies verdoyantes et quelques cultures de maïs. À l’horizon s’étend la Côte Envers, vers laquelle le parcours se dirige, promesse d’un paysage qui se découvre au fil des pas. Sur la gauche, la route descend du Col Tournier, suggérant d’autres routes et d’autres aventures qui s’étendent au-delà.

En descendant vers l’église, vous apercevrez sur votre droite deux remarquables fermes fortifiées, connues localement sous le nom de Grosses Maisons. La première, celle de La Tour, érigée au XVIe siècle, se dresse fièrement avec ses multiples bâtiments qui racontent l’histoire de siècles de vie rurale. À côté se trouve la ferme de la Maréchale, autre témoignage de l’architecture bourgeoise de la région, offrant une vision imposante et authentique de la vie agricole passée.

L’église, éclairée d’une lumière un peu trop vive, trahit sa construction plus récente, datant du XIXe siècle. Pourtant, malgré sa jeunesse relative, elle s’intègre harmonieusement dans le paysage environnant.

L’école maternelle, bien que datant du XIXe siècle, a vu ses installations agrandies au fil des années pour accueillir joyeusement tous les bambins de la vallée. C’est un lieu vibrant de rires et d’apprentissages, où résonnent les éclats de jeunesse.
En revanche, pour ceux qui espéraient un pique-nique en chemin, c’est une déception totale. Entre Yenne et St Genix, il n’y a rien à se mettre sous la dent, hormis le paysage grandiose qui s’étend à perte de vue.
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Cependant, pour étancher sa soif, un point d’eau est disponible aux toilettes, et juste en dessous de Gresin.

Une halte magique attend les pèlerins avides de repos et de contemplation. Presque tous s’y arrêtent, attirés par l’opportunité d’écrire quelques pensées sur le livre de bord, de savourer un café, un sirop ou une boisson fraîche, comme un moment suspendu dans le temps.  

À partir d’ici, une étape qui a traversé des paysages remarquables devient plus ordinaire, comme vous en rencontrez souvent sur le Chemin de Compostelle. Le GR65 rejoint la route départementale D916, suivant la vallée de la Côte Envers avant de remonter la route.
Il poursuit ainsi jusqu’au lieu-dit Bordet, où il bifurque en direction de la Côte Envers. La descente commence alors en douceur sur une étroite route, d’abord à travers des vergers fruitiers, puis dans le sous-bois qui s’ouvre progressivement vers la rivière.

Section 6 : Le GR65 retrouve la plaine du Rhône

Aperçu général des difficultés du parcours : encore juste une petite bosse, messieurs, dames !  

Après avoir franchi le Trison, la route remonte de l’autre côté du vallon, s’enfonçant parmi les feuillus. Les châtaigniers conservent ici leur suprématie sans faille, et en automne, chaque pas résonne sur les cosses éclatées et les feuilles craquantes qui jonchent le sol.
La route continue à grimper jusqu’à atteindre la belle maison d’hôtes de Côte Envers, construite entièrement en pisé, un matériau traditionnel que l’on retrouvera également dans l’étape suivante, dans le Dauphiné.

À cet endroit, St Genix-sur-Guiers est annoncé à une heure de marche, et le Pas de l’Âne à seulement quinze minutes, offrant des repères précieux pour les marcheurs en quête de temps et de distance.

Sur près d’un kilomètre, la route s’étire à plat, en lisière des bois, le long de la Côte Envers. Malgré la présence de la route, la nature conserve ici un charme bucolique indéniable. Parfois, le bétail paît paisiblement dans les prés, et de temps à autre, une belle maison traditionnelle se dresse fièrement au bord de la route.
Peu après, la route s’enfonce à nouveau dans les bois, sous les frondaisons des feuillus dressés comme des colonnes fines et élancées.

Sur la route, à la bifurcation du lieudit Pas de l’Âne, le GR65 vous convie à emprunter le chemin qui s’enfonce dans les bois. Ne vous attendez pas à un panorama grandiose ici, mais plutôt à une immersion dans une tranquillité boisée. Cependant, la présence du GR65 à cet endroit indique qu’il mène également à la chapelle de Pigneux, perchée au-dessus de St Genix-sur-Guiers. Ainsi, selon votre énergie et votre curiosité, vous pouvez choisir de continuer sur ce chemin buissonnier ou de suivre la route directe menant à St Genix.

Pour les âmes audacieuses ou celles fidèles à la tradition des chemins tracés par les générations passées – une fausse notion naïve des adeptes des Chemins de Compostelle-, un sentier s’engage résolument dans une montée à travers les bois, où le tapis de feuilles automnales crisse sous vos pas.  
Sur des pentes allant de 10% à 15%, le sentier serpente à travers la forêt dense de feuillus. Çà et là, on devine la présence discrète de chênes, frênes et érables, se mêlant dans le désordre naturel du bois.  
Toutefois, ce sont les maigres châtaigniers qui dominent encore le paysage, se regroupant en formations diffuses, parfois semblables à des bataillons organisés, évoquant une armée squelettique en marche. On cite souvent l’Ardèche comme le pays de la châtaigne. Certes, car là-bas, les châtaigniers sont avant tout des arbres greffés, ce qui est extrêmement rare ici.  

La montée, bien qu’ardente, trouve son terme à la sortie du bois, où le chemin s’ouvre soudain sur le petit plateau du lieudit Le Vuillerot, offrant un répit bienvenu après l’effort soutenu.

Le GR65 trace alors son chemin à travers ce plateau modeste, où les prés verdoyants et les cultures dispersées témoignent de l’activité humaine en harmonie avec la nature environnante.  
À la pointe de la crête, le chemin commence sa descente vers la plaine. De là-haut, le regard s’étend sur St Genix et la vaste plaine du Rhône, une vue qui, bien que panoramique, n’inspirera peut-être pas un enthousiasme débordant chez les marcheurs, habitués aux beautés plus intimes des sentiers perdus dans la nature secrète.  
À la sortie d’un sous-bois dense, le GR65 retrouve le goudron à l’entrée du hameau de La Tour, enveloppé par la verdure des arbres. La descente qui s’ensuit est assez raide.  
La route serpente ensuite à travers Pigneux, où de modestes villas s’élèvent au-dessus de St Genix, témoignant d’une vie simple et authentique dans ce cadre champêtre. Elle rejoint finalement une route départementale qui descend en direction de St Genix.  
La chapelle de Pigneux se dresse le long de cette route, à proximité du cimetière. Ne soyons pas avares en compliments envers les planificateurs du Chemin de Compostelle : cet édifice sacré est d’une beauté remarquable et attire de nombreux fidèles. De plus, il reste ouvert aux visiteurs, invitant à la contemplation et à la prière. Selon la légende, cette chapelle aurait été dédiée au VIIe siècle à la Vierge, en reconnaissance d’une victoire contre les Maures, bien que les détails historiques soient entourés de mystère. À l’origine en ruines à la fin du XVIIIe siècle, elle fut agrandie et restaurée à plusieurs reprises, jusqu’à une rénovation complète en 2001 qui lui a rendu sa splendeur originelle.
Le GR65 descend ensuite le long du trottoir, serpentant sous les châtaigniers greffés et les frênes ombragés, jusqu’à atteindre les hauteurs de la cité.  

St Genix-sur-Guiers, abritant environ 2’500 habitants, est imprégnée d’une histoire riche et tumultueuse. Stratégiquement située, elle fut le théâtre de querelles incessantes entre les seigneurs de Savoie et du Dauphiné à travers les siècles. Jadis une ville fortifiée avec château et remparts, elle a perdu ses défenses, à l’exception d’une porte et de quelques vestiges de ses anciens remparts.

Positionnée à la frontière entre la Savoie et l’Isère, elle marque cette limite par le pont traversant le Guiers, rivière emblématique de la région.  
Son centre historique, concentré autour de l’église, conserve encore aujourd’hui de magnifiques maisons en pierre ou en pisé, témoins d’un passé glorieux. St Genix est également célèbre pour son gâteau éponyme. D’après la légende, le gâteau de St Genix devrait son origine à sainte Agathe, martyre sicilienne qui, refusant d’abjurer sa foi chrétienne, eut les seins coupés. Ils repoussèrent dans la nuit miraculeusement. Après le rattachement de la Sicile à la Savoie, les femmes prirent l’habitude de confectionner un gâteau en forme de sein. Au milieu du XIXe siècle, Françoise Guillaud, originaire des Abrets en Isère, épousa à St Genix l’hôtelier Pierre Labully et amena la recette d’une brioche. En 1880, il eut l’idée de mettre également des pralines à l’intérieur. Le gâteau connut un succès immédiat.  
Les églises se sont succédé ici depuis le XIe siècle, autrefois associées à un monastère disparu aujourd’hui. L’église actuelle, érigée en 1861, témoigne de l’évolution architecturale et spirituelle de la communauté au fil des siècles.  

Logements officiels sur la Via Gebennensis

 

  • La Forge aux Hirondelles, St Maurice-de-Rotherens; 04 76 31 83 49/06 32 98 73 62 ; Gîte, repas, petit déj.
  • Chambres d’hôtes Annie Latge, Côtenvert ; 06 29 49 67 24 ; d’hôtes, repas, petit déj.
  • Gîte de Pigneux, Chapelle de Pigneux; 06 87 19 04 57 ; Gîte, repas, petit déj.
  • Camping Les Bord du Guiers, St Genix-sur-Guiers; 04 76 31 71 40 ; Gîte, repas, petit déj.
  • Chambres d’hôtes Jolet et Calvet, 185 Ch. de la Tour, St Genix-sur-Guiers; 06 98 44 60 72 ; Ch. d’hôtes, petit déj.
  • Gîte d’étape A pied, à Bicyclette, Route des Savoie, Aoste; Gîte, repas, petit déj.
  • Hôtel Bellet, 1800 Route de St Genix, Aoste; 04 76 31 60 04 ; Hôtel, repas, petit déj.

 

Accueils jacquaires (voir introduction)

  • St Maurice-de-Rotherens  (2)
  • St Genix-sur-Guiers (3)
  • Aoste (1)

Si l’on fait l’inventaire des logements, le logement ne pose pas de problèmes majeurs sur cette étape. Il y a de nombreuses possibilités tout au long du parcours, même en dehors. Tous commerces et restaurants entre St Genix et Aoste, de l’autre côté du pont. Pour plus de détails, le guide des Amis de Compostelle tient le registre de toutes ces adresses, ainsi que des bars, restaurants ou boulangeries sur le tracé. 

N’hésitez pas à ajouter des commentaires. C’est souvent ainsi que l’on monte dans la hiérarchie de Google, et que de plus nombreux pèlerins auront accès au site.
Etape suivante : Etape 6: De St Genix-sur-Guiers au Lac Paladru
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