Etape 11 : Mours-St Eusèbe à Roche-de-Glun

Dans les cultures et les vignes de la plaine de l’Isère

DIDIER HEUMANN, ANDREAS PAPASAVVAS

 

 

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du GR65. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.

Pour ce parcours, voici le lien:

https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/mours-saint-eusebe-auvergne-rhone-alpes-france-32845854

Tous les pèlerins ne sont pas forcément à l’aise avec la lecture des GPS ou la navigation sur un portable, d’autant plus qu’il existe encore de nombreuses zones sans connexion Internet. C’est pourquoi, pour faciliter votre voyage, un livre dédié à la Via Gebennensis par la Haute-Loire est disponible sur Amazon. Bien plus qu’un simple guide pratique, cet ouvrage vous accompagne pas à pas, kilomètre après kilomètre, en vous offrant toutes les clés pour une planification sereine et sans mauvaises surprises. Mais au-delà des conseils utiles, il vous plonge dans l’atmosphère enchanteresse du Chemin, capturant la beauté des paysages, la majesté des arbres et l’essence même de cette aventure spirituelle. Seules les images manquent : tout le reste est là pour vous transporter.

En complément, nous avons également publié un second livre qui, avec un peu moins de détails mais toutes les informations essentielles, décrit deux itinéraires possibles pour rejoindre Le Puy-en-Velay depuis Genève. Vous pourrez ainsi choisir entre la Via Gebennensis, qui traverse la Haute-Loire, ou la variante de Gillonnay (Via Adresca), qui se sépare de la Via Gebennensis à La Côte-Saint-André pour emprunter un itinéraire à travers l’Ardèche. À vous de choisir votre parcours.  

Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.

Aujourd’hui, le parcours s’inscrit dans une de ces étapes de transition qui marquent le passage d’un territoire à un autre, comme un souffle d’air frais à la frontière de deux mondes. Un peu comme lorsqu’on change de langue, ou qu’on franchit un seuil invisible, cette journée marque une mutation subtile, où les collines du Chambaran laissent place à celles de l’Ardèche. De l’autre côté du Rhône et de l’Isère, le paysage prend une autre allure, moins sauvage mais tout aussi saisissante. La plaine qui s’étend devant vous peut sembler monotone à première vue, une vaste étendue tranquille, presque uniforme, mais elle cache bien son jeu. Sous ses airs paisibles, elle abrite des trésors. Si vous êtes amateur de vins, vous serez particulièrement gâté. C’est ici que s’étend le prestigieux vignoble du Crozes-Hermitage, dont les vignes s’étalent à perte de vue, formant des ondulations régulières, comme des vagues sculptées dans la terre. Les ceps, bien ordonnés, semblent se tendre vers le soleil, prêts à livrer leur récolte précieuse. Les vignobles, souvent en terrasses, apportent une touche de beauté particulière à ce paysage en constante évolution.

Puis, en fin d’étape, c’est un autre spectacle qui vous attend : le Rhône, majestueux, tranquille et imposant à la fois. Le fleuve, à la fois frontière et passage, vous ouvre les portes de nouveaux horizons, comme un ancien compagnon de route qui vous conduit doucement vers de nouvelles terres. Le majestueux Rhône, avec ses eaux vastes et son calme relatif, marque la fin d’un parcours et le début d’une autre aventure, plus à l’ouest, de l’autre côté du fleuve. Cette étape est aussi celle qui vous permet de franchir les derniers contreforts du département de la Drôme. Demain, ce sera l’Ardèche qui vous attendra, ses collines et ses paysages plus sauvages, comme une promesse d’aventure nouvelle. Aujourd’hui, cependant, vous laissez derrière vous la Drôme pour entrer dans un autre territoire, où la transition se fait en douceur.

Difficulté du parcours : Les dénivelés (+23 mètres/-74 mètres) sont totalement dérisoires. C’est à plat, sans aucune difficulté.

État de la Via Adresca : C’est plat oui, mais presque tout le parcours se fait sur la route goudronnée :  

  • Goudron : 19.4 km
  • Chemins : 1.0 km

Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur ces parcours. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.

Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.

Pour les vrais dénivelés, relisez la notice sur le kilométrage sur la page d’accueil.

Section 1 : Dans les vergers et la campagne de l’Isère

Aperçu général des difficultés du parcours : à plat, sans aucune difficulté.

Si vous avez passé la nuit à Romans-sur-Isère, il vous faudra revenir à Mours-St Eusèbe pour poursuivre votre périple. La Via Adresca s’élance depuis le rond-point situé sur la route descendante vers la ville, s’engageant sans détour plein ouest, en direction des Balmes.
Vous marcherez sur le bas-côté d’une route secondaire, où l’agitation de la ville semble déjà un lointain souvenir. La circulation y est quasi inexistante, surtout aux premières lueurs du jour, quand la lumière douce du matin s’étend sur les champs encore endormis.
La route s’étire le long de vergers, là où les abricotiers règnent en maîtres absolus. Des milliers d’arbres déploient leurs branches généreuses, leurs fruits gorgés de soleil prêt à être cueillis. En saison, tout autour de vous, les étals se garnissent des abricots mûrs, étalant leurs couleurs chaudes comme un étendard de la région. L’air embaume leur parfum sucré, et sur les bords des routes, ce fruit charnu devient une vraie invitation au voyage gustatif.
À un rond-point, la Via Adresca bifurque, s’éloignant de l’axe principal pour emprunter une petite route qui serpente en direction des Balmes. Ici, l’eau de la Savasse vous retrouve, s’étendant paisiblement à vos pieds avant de plonger dans les bras accueillants de l’Isère, un peu plus bas. Le bruit des galets s’estompe, mais l’eau reste présente, paisible, presque timide, en attendant que les orages fassent surgir sa furie. Et pourtant, on sent au fond du lit de la rivière cette force endormie, prête à tout emporter sur son passage.
Là, une route plus étroite traverse des champs, offrant un aperçu d’un paysage agricole qui respire la tranquillité. 
Les arbres fruitiers, toujours discrets, laissent place à des bosquets qui se laissent doucement descendre des collines avoisinantes, comme si la nature elle-même s’étendait en douce rêverie. Cette région est un véritable patchwork de cultures, de la vigne aux légumes en passant par les arbres fruitiers, formant un tableau vivant de l’agriculture locale.
En approchant des Balmes, la route traverse une zone où les inondations ne sont pas rares. Il n’est pas difficile d’imaginer la Savasse déversant ses eaux tumultueuses ici, lorsque la pluie se déchaîne. Soyez vigilant cependant, la signalisation n’est pas toujours évidente. De nombreux chemins de randonnée serpentent dans la campagne, et il vous faudra suivre les coquilles de Saint-Jacques, même si le parcours semble se dérober sous vos pas, comme un mirage. Car la Via Adresca, bien qu’elle emprunte parfois le tracé d’un GR, n’est pas une véritable route de grande randonnée. Ce n’est qu’un pseudonyme de GR, une voie imaginée et balisée par les Amis du Chemin de Compostelle en Bourgogne Rhône-Alpes, avant de se confondre, plus loin, avec le GR420 sur quelques tronçons.
Autour de vous, les haras fleurissent, se dressant sur la terre ocre. Le pays est plat, le regard se perd dans la lointaine étendue des champs, des vergers, des terres cultivées. Parfois, un arbre solitaire se profile à l’horizon, mais c’est le vaste plateau qui prime, comme une mer calme, prête à être traversée. En toile de fond, majestueux et imposant, le Vercors veille sur la plaine de l’Isère, la gardienne discrète de ce territoire.
La route vous mène alors au village des Balmes. Ce nom, chargé d’histoire, évoque un abri sous roche, un refuge, une pause dans le dur labeur du voyage. Là, vous trouverez des possibilités de logement et de restauration, un havre de réconfort pour les pèlerins fatigués. C’est ici que beaucoup de voyageurs font une halte, faute de trouver un abri à Mours.
L’église du village, de construction récente, n’accueille plus de culte, mais elle trouve une nouvelle vie chaque Noël. Depuis de nombreuses années, les habitants de Balmes créent une crèche géante, un spectacle vivant qui attire une foule de visiteurs. C’est un moment fort, un retour à l’essence même de la tradition, une scène émouvante qui réchauffe les cœurs pendant l’hiver.
À la sortie du village, la route se poursuit, se faufilant dans la campagne, parmi des chênes solides et anciens, témoins d’un temps passé. Le parcours reste simple, sans prétention, et vous n’aurez que peu d’occasions de vous aventurer sur les chemins de terre aujourd’hui. La route s’étend devant vous, toute droite, déterminée, prête à vous mener plus loin. Mais pour l’heure, c’est ici, entre champs et bois, que votre voyage continue.

Section 2 : Dans la campagne et les lotissements modernes de l’Isère

Aperçu général des difficultés du parcours : à plat, sans aucune difficulté.

Ici, les haras et les maraîchers dominent l’horizon, leur présence marquant profondément l’espace. Avant que la route ne rejoigne la départementale D574, les champs s’étendent sous vos pas, rythmés par les cultures locales, mais bientôt, la monotonie de la plaine reprend le dessus. Le paysage s’allonge, paisible, sans surprise, et c’est à peine si les vergers épars viennent briser cette uniformité de champs cultivés.
Alors, vous devrez marcher au bord de la départementale, sur cette longue ligne droite qui coupe la plaine sans relâche. La circulation est loin d’être intense, mais la sensation d’être prisonnier de ce vaste espace sans relief peut devenir pesante. Les regards curieux des rares automobilistes vous effleurent à peine, tout comme la brise qui effleure les champs. Vous avancez, le paysage plat s’étendant autour de vous comme une mer calme, sans vagues.
Un peu plus loin, à une bifurcation, la Via Adresca quitte la départementale pour s’engager sur le Chemin des Collines. Collines, c’est une manière de dire quand tout est plat.
Ici, la modernité s’impose : de petits lotissements bien ordonnés bordent la route, leurs façades uniformes comme un écho de la société bien rangée. Les chiens, eux, ne partagent pas ce calme apparent. Dès que vous vous approchez, leurs aboiements éclatent, violents, ininterrompus. Curieux phénomène, quand un propriétaire décide d’acquérir un chien pour protéger sa propriété, les voisins, comme par mimétisme, prennent les mêmes précautions. Chaque propriétaire cherche à avoir un chien plus grand, plus bruyant que celui de l’autre, et la symphonie canine se déchaîne. Ces braves animaux, enfermés derrière des grilles, ne savent guère faire autre chose que de donner de la voix. Les facteurs vous diront qu’aucune vigilance, aucune familiarité ne calme ces bêtes : tous les chiens, sans exception, aboient. Par chance, ils sont derrière des grilles solides, car les crocs de certains d’entre eux semblent pouvoir vous ronger à distance.
Peu après, la route se faufile à travers un petit sous-bois. Des îlots de verdure, rares et discrets, parsèment le parcours comme des parenthèses d’ombre bienvenue dans un environnement autrement ouvert et exposé. La fraîcheur qui s’en dégage offre une pause avant que le parcours ne reprenne son cours.

C’est ici que coule le Chalon. Enfin, « coule » n’est peut-être pas le terme le plus approprié en ce moment. Le ruisseau, aujourd’hui asséché, ne laisse plus qu’un lit de galets, inutilisé depuis bien longtemps. On a cimenté le fond de la rivière pour laisser passer les véhicules, une empreinte de modernité dans ce paysage autrement naturel. Mais par temps de forte pluie, on peut imaginer que le passage devient bien plus délicat. Car toute cette région, d’apparence tranquille et plate, est une zone inondable. Les rivières, par moments, se déchaînent, oubliant leur calme apparent, et les eaux engloutissent la terre, comme une mer dévorant une plage. 

Un peu plus loin, la route traverse un autre lotissement moderne, celui des Sables. Derrière les grilles, la symphonie canine reprend de plus belle. Ici, comme ailleurs, les aboiements se mêlent au vent léger, dans une cacophonie presque surréaliste. Les chiens semblent peu soucieux des frontières humaines, se contentant de vociférer pour le simple plaisir d’être entendus.
Puis, le parcours retrouve les vergers lorsque le Chemin des Collines croise la départementale D114. Cette intersection vous mène vers un autre monde, celui de la rue du Tram, une grande départementale qui relie ce coin perdu au cœur vibrant de Romans-sur-Isère. La Rue du Tram… Voilà qui évoque une nostalgie douce-amère, celle d’un moyen de transport qui, comme d’autres dans le pays, a depuis longtemps tiré sa révérence. Mais l’histoire des lieux persiste, dissimulée sous les pavés et les noms de rues, témoignant du passage du temps et des transformations qu’il a entraînées.

Une petite route traverse alors la zone industrielle des Bouviers, qui n’attend que de nouveaux clients pour se développer, sans doute rares à se déclarer à voir l’espace vacant, et repart entre vignes et abricotiers.

Puis, elle repart entre vignes et abricotiers.

Section 3 : Dans les maïs, les blés et les vignes

Aperçu général des difficultés du parcours : à plat, sans aucune difficulté.

Puis, le tonnerre gronde, un bruit profond qui semble surgir des entrailles de la terre. Car, même si le tram a disparu de la région, l’ombre du modernisme rôde encore. La ligne du TGV Rhône-Alpes (LN4), qui traverse ces terres, fait entendre sa présence. Elle n’est pas étrangère à l’itinéraire de la Via Adresca, qu’on a déjà croisée dans les étapes précédentes, près de Revel-Tourdan. Cette ligne, héritière de la LGV Sud-Est (LN1), contourne Lyon avant de filer vers Valence, où elle se prolonge sous le nom de LGV Méditerranée (LN5), jusqu’à Marseille et Nîmes.

Sitôt que le train passe, la route se faufile à travers les installations des maraîchers. Ici, les champs s’étendent, soigneusement cultivés, et les premières vignes pointent le bout de leur nez. Le parcours s’annonce, tel un prélude aux vastes étendues viticoles qui se profilent. Vous êtes sur le seuil d’une grande région du vin, une terre dont les racines plongent profondément dans le sol, un territoire où chaque cep murmure des secrets d’antan.
Déjà, on annonce les caves à l’horizon, et la route, inflexible, tourne vers l’Herbasse.
Cette petite rivière semble paisible, douce, presque timide dans ses méandres. Mais ne vous y trompez pas : quand l’Herbasse se met en furie, elle n’a rien à envier aux autres rivières de la région. En 2008 et 2013, de violents orages ont transformé cette eau calme en un torrent de destruction, une furie liquide qui a causé des ravages, tout comme les autres rivières alentours. Sur cette plaine, l’eau n’a pas de quoi s’échapper et se précipite alors vers des lits déjà saturés, que ce soit le Rhône, ou l’Isère. Ces grandes rivières, tels des pots de chambre, se remplissent, et la terre sous elles se gorge d’eau jusqu’à l’asphyxie.

L’Herbasse est un carrefour, mais pas un lieu où l’on se sent attendu. 
La Via Adresca s’y attarde un moment, longeant la grande départementale D532 qui relie Romans-sur-Isère à Tain-l’Ermitage. Puis, elle quitte cette artère principale pour emprunter la D153, une route qui descend vers Pont-sur-l’Isère, à l’horizon, plus au sud.
C’est ici que le grand domaine viticole de l’appellation Crozes-Hermitage s’étend. Mais ne vous y méprenez pas : au-delà des vignes, il y a aussi des maraîchers, toujours présents, travaillant sans relâche à faire naître de la terre leurs récoltes. La route, large et bétonnée, offre un peu d’espace pour marcher, mais rien de bucolique dans cet enchevêtrement de bitume et de culture. Ce n’est pas une route qui invite à la rêverie, mais bien un itinéraire utilitaire, où l’on avance avec le poids du quotidien.
Dans ces vastes espaces agricoles, la tentation est grande de ne pas prêter attention à la signalisation. Mais ici, près d’un champ rare de tournesols, une curiosité dans cette région, la Via Adresca quitte l’axe principal pour s’aventurer sur le Chemin de la Traverse, une route plus intime, qui prend la direction des Blaches. Une escale plus modeste, loin des grands axes.
La route, discrète, serpente alors entre les vignobles de Cros de Mourier d’un côté et de vastes champs de céréales de l’autre. Le blé, fier, ondulant sous la brise, se mêle aux ceps de vigne. Un contraste étrange mais parfait entre la douceur de la vigne et la rigueur des champs. L’immensité de l’espace semble s’étirer à l’infini, laissant la sensation que le temps ralentit.
Dans la région, les maisons des vignerons sont souvent regroupées dans de petits lotissements et l’espace est libre pour les cultures.
Un peu plus loin, la route rejoint la départementale D67, une petite voie de passage.
Elle n’est guère plus qu’un couloir entre les champs, utilisé principalement par les paysans et les vignerons locaux, mais à peine pour les voyageurs de passage. On y croise parfois un tracteur, une carriole, mais jamais le tumulte de la circulation. Tout ici semble se dérouler au rythme des saisons, sans hâte.
Un petit moment plus tard, vous arrivez au ruisseau de la Veaune. Une étendue d’eau tranquille, dont les murmures se mêlent à ceux des feuilles et des herbes. Un instant d’apaisement avant de repartir, l’esprit tranquille, mais sans illusion sur la suite du parcours.
Puis, la Via Adresca reprend son envol sur un itinéraire étonnamment appelé Chemin de Compostelle. Quelle coïncidence ! Cette route, toujours pavée de goudron, serpente entre champs et petits vignobles en direction des fermes de Colombier. Ici, pas de chemins de terre, les tracteurs n’ont pas à s’inquiéter de l’humidité, mais les bruits de la campagne sont omniprésents. C’est un monde en mouvement, un monde de labeur.
Dans cette région de cultures intensives, il n’y a pas de villages. Seules des maisons ou fermes isolées pointent à l’horizon, éparpillées comme des taches de couleur dans un tableau qui n’a pas encore trouvé ses contours. Les lignes à haute tension, invisibles mais omniprésentes, tracent des arêtes nettes dans ce paysage d’où toute humanité semble avoir disparu, remplacée par la force brute du travail de la terre.

Section 4 : Au milieu des maraîchers, des fruitiers et des vignes

 

Aperçu général des difficultés du parcours : à plat, sans aucune difficulté.

Le Chemin de Compostelle, c’est ainsi qu’il se nomme ici, traverse toute cette région connue sous le nom des Grands Champs, un lieu où l’harmonie semble se chercher entre les cultures. Le maïs et le blé, fiers et droits, disputent leur place aux vignes, rangées soigneusement les unes à côté des autres, comme des soldats en ligne de front, disciplinés et ordonnés. Ces champs, vastes et ouverts, s’étendent à perte de vue, alternant entre la terre brune et les verts intenses des céréales, avant de céder la place aux ceps de vigne, qui, tel un ballet silencieux, suivent le rythme des saisons. La symphonie de la nature, ici, se compose d’efforts humains, du travail incessant de ceux qui, chaque jour, façonnent cette terre pour en tirer le meilleur.
Les routes ici sont presque rectilignes, sans surprise.
Au bout du Chemin de Compostelle, la route effectue un virage brutal, un angle aigu, et prend la direction de la Route des Vignes. Ici, tout semble suspendu dans l’attente des cycles de la terre. À part lors des périodes de travail dans les vignobles ou de récoltes, il n’y a pas âme qui vive dans ces champs vastes et ordonnés, ni dans les rares maisons éparpillées le long de la route. Le silence est presque assourdissant, comme un écho de la solitude qui règne sur cette terre travaillée mais peu habitée.
Quand on jette un coup d’œil au vignoble, on voit que le sol est calcaire, avec les nombreux galets charriés par les glaciers. C’est en fort contraste avec la région de la Côte Rôtie, à deux pas, où les vignes sont plantées dans du sol granitique, ce qui donne des vins supérieurs, plus structurés. Enfin, question de goût, mais surtout de porte-monnaie!
Puis, un nouvel angle aigu surgit, et une route chasse l’autre. La route s’éloigne à nouveau, empruntant le Chemin de Gabelou. Un autre détour, mais toujours le même paysage, celui des champs et des vignes, qui semblent se fondre dans une infinie répétition. C’est la nature qui s’impose ici, mais avec l’empreinte humaine inscrite dans la régularité des cultures.
Les maïs et les vignes, tout d’abord, viennent à nouveau saluer le pèlerin. Mais le domaine viticole n’est pas encore cette mer compacte de vignes qui s’étend sans fin, comme il le sera plus loin. On distingue aussi quelques pommiers, discrets mais présents, vestiges d’une époque où la diversité agricole était plus manifeste. Car, bien que le vin domine ici, d’autres cultures ont trouvé leur place dans cette terre généreuse. Une subtile mosaïque de vergers et de vignes, comme un rappel que la nature se plaît à varier les plaisirs.
La Via Adresca, sans surprise, tourne à nouveau à angle droit, cette fois sur la Route du Syrah, un nom prédestiné, presque prophétique, car ce cépage incarne l’essence même de l’Hermitage et du Crozes-Ermitage. Le vin coule dans les veines de cette région, et ce nom en est le parfait miroir.
La route continue son chemin, menant aux quelques maisons éparses de Combe Tourtes. Après un autre tournant, un angle toujours aussi précis, elle reprend sa course sur la Route des Chênes. Un dernier virage, un dernier changement de direction, et la nature, comme un peintre, change encore de palette. On a baptisé les routes ici de noms d’arbres, juste pour vous donner l’illusion qu’il y en a encore, alors qu’on les a rasés sans scrupule.
Ici, les chênes verts résistent encore, quelques spécimens fiers se dressent dans le paysage, apportant une ombre bienvenue à ce coin de terre souvent aride, où la vigne est reine. Ces arbres, eux aussi, témoignent de l’histoire de ce lieu, de la persistance d’un monde végétal qui a su s’adapter aux exigences du sol. Leurs racines, anciennes, plongent profondément, là où la terre se montre plus sèche, mais prête à nourrir l’arbre et la vigne.
Bientôt, vous atteignez Chasselière, ce point d’entrée presque sacré du domaine de Crozes-Ermitage. Ici commence la terre des grands vins. La Via Adresca bifurque alors sur le Chemin des Bosquets, un autre itinéraire, un autre pas vers l’inconnu. Cette route, entre terre et vignes, est marquée par l’ombre d’un autre monde.
Sur le Chemin des Bosquets, des abricotiers, fidèles à leur mission, se dressent encore fièrement parmi les vignes, comme des témoins silencieux de la diversité de cette région. Ils apportent, de leurs fruits, une douceur rare dans ce territoire où le raisin règne en maître. Ces abricotiers sont l’âme secrète de ces paysages, l’ombre subtile d’une époque où tout n’était pas encore voué à la vigne.

Ici, le vignoble commence sérieusement à s’étendre dans les gros galets de calcaire. La géométrie de base des vignes est le palissage, la technique qui consiste à guider la vigne en la liant par ses branches à des fils de fer. À l’extrémité du rang, on met une amarre qui maintient l’ensemble en place.

Le Crozes-Hermitage, ou Crozes-Ermitage, est une appellation d’Origine Contrôlée (AOC) qui se déploie sur 11 communes de la Drôme, une terre façonnée par la vigne et le Rhône. Ce vignoble fait partie des prestigieux Côtes-du-Rhône Nord, s’étendant depuis les abords de Tain-l’Hermitage jusqu’à Glun, au nord de Valence. De l’autre côté du Rhône, le paysage devient tout aussi remarquable : les collines vertigineuses des appellations Condrieu, Côtes Rôties et St Joseph s’étirent du nord au sud, jusqu’à Tournon, en face de Tain-l’Hermitage. Et demain, vous franchirez le Rhône pour vous aventurer au sud, au cœur des appellations de Cornas et Saint-Péray, au-delà des Côtes-du-Rhône Nord.

Dans cette région, les cépages autorisés sont la syrah, la marsanne et la roussanne pour les vins rouges, tandis que les vins blancs reposent sur la marsanne et la roussanne. Mais c’est bien la syrah, ce cépage intense et élégant, qui règne en maître ici. Parfois, pour stabiliser les vins rouges et leur apporter une profondeur supplémentaire, on intègre une petite dose de marsanne et de roussanne, comme pour un secret bien gardé, un ajout subtil mais précieux. Les grands Hermitage et Côtes Rôties suivent également cette voie, mais c’est toujours la syrah qui porte l’âme de la région.

Il ne serait sans doute pas offensant de dire que les meilleurs Crozes-Ermitage viennent du nord de cette appellation. Cette zone, avec ses sols granitiques et ses pentes, offre des conditions idéales pour la syrah. Le granit, avec sa structure minérale et sa capacité à diffuser une chaleur douce, semble épouser parfaitement les exigences de ce cépage noble. Et puis, les pentes, on le sait, sont toujours bénéfiques à la vigne. Elles favorisent le drainage, le soleil y pénètre mieux, et le vent peut y souffler librement. Bien sûr, cela n’exclut pas la possibilité de découvrir ici et là quelques pépites, des vins de caractère, nés de la patience et du savoir-faire des vignerons locaux.

Les vignes que vous traversez aujourd’hui se dressent sur des terrains sculptés par l’homme dans des sols de galets roulés et de loess. Ce loess, vous l’avez déjà croisé sur d’autres sentiers, est un limon né de l’érosion des roches du bassin versant des rivières. Propagé par le vent ou l’eau, il constitue un mélange de débris de quartz, de mica, de feldspath, et parfois de calcaires ou d’argiles, selon les origines géologiques des roches. Ce sol meuble, d’un jaune à brunâtre, est typiquement composé de 75 % de limon grossier, de 10 % de sable fin et de 15 % d’argile, offrant une structure idéale pour la vigne. À cela, il faut ajouter l’abondance des galets roulés provenant des rivières du Chambaran et de la Bièvre, qui apportent leur propre caractère au terroir.

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Section 5 : Du domaine de Crozes-Ermitage au Rhône

 

Aperçu général des difficultés du parcours : à plat, sans aucune difficulté.

Le Chemin des Bosquets, paisiblement enlacé par les collines viticoles, s’ouvre bientôt sur la modeste départementale D101, serpentant avec une nonchalance propre à ces routes secondaires qui semblent ignorer le tumulte du monde moderne. Ici, tout est calme. Les vignes, en alignements géométriques parfaits, dominent le paysage comme des régiments disciplinés.
La Via Adresca, fidèle à son tracé sinueux, emprunte un bout de cette route vers le nord avant de s’échapper sur un chemin de terre, le premier et dernier écart pour la journée. Ce chemin n’est pas totalement vierge de galets, mais on devine le travail méticuleux des paysans qui, au fil des décennies, ont épierré le sol pour y semer des vignes ou cultiver des arbres fruitiers. Ici, les galets drômois, vestiges d’un ancien Rhône turbulent, sont plus rares qu’en Isère, comme s’ils s’étaient eux aussi effacés pour laisser place à un paysage plus ordonné.
Le royaume de la vigne reste omniprésent, mais quelques îlots de diversité égaient les lieux : des abricotiers aux fruits suspendus comme des lanternes orangées, et parfois des pommiers, des poiriers ou encore des cerisiers, qui ponctuent la terre de touches plus tendres. Le chemin emprunte l’ombre d’un héritage millénaire, celui de la via Magna, voie romaine tracée par Agrippa pour relier Lyon, capitale stratégique de l’époque, à des horizons lointains. Deux mille ans d’histoire sommeillent ici, sous la poussière et les ceps de vigne.
Peu après, le chemin atteint un lieu-dit nommé Les Hautes Blaches. Le terme « blache », vestige d’un patois ancien, désigne une terre jadis gagnée sur un bois ou un taillis de chênes. Mais aujourd’hui, ce bois a disparu, sacrifié sur l’autel de l’agriculture. À perte de vue, tout a été rasé, ne laissant que des buissons épars, comme des survivants solitaires d’une forêt oubliée.
Le chemin continue sa progression et atteint bientôt le lieu-dit Le Chêne Vert, un nom qui sonne comme une ironie douce-amère, car les chênes qui l’inspiraient ont également cédé leur place. Pourtant, c’est ici, entre ces traces fantomatiques de forêt et le tapis minéral de la terre, que l’asphalte reprend ses droits.
La Via Adresca rejoint alors la D529, une route sobrement baptisée Route des Chênes Verts, qui s’étire avec détermination en direction de Glun. Les vignobles, fidèles compagnons de route, escortent les marcheurs, tandis que, à l’horizon, se dressent les montagnes de l’Ardèche, dont la silhouette promet un nouveau chapitre, celui du lendemain.
Puis, un grondement sourd s’amplifie, un bruit lancinant et régulier, signalant l’arrivée d’une artère moderne dans ce tableau rural. L’autoroute A7, la célèbre Autoroute du Soleil, se dévoile. Il y a une étrangeté dans ce contraste : l’ocre des terres viticoles face au gris immaculé du ruban routier. Mais aujourd’hui, un silence inhabituel plane sur cette voie rapide, peut-être en raison de l’heure ou du jour de la semaine. L’air ici porte déjà l’odeur de Pont-de-l’Isère, à quelques pas seulement.
La départementale poursuit son cours sans hâte, s’étirant jusqu’à l’horizon où se dressent, comme des sentinelles du paysage, deux châteaux d’eau. Ils ponctuent la scène d’une verticalité austère, un rappel que, dans ce monde, la géométrie humaine finit toujours par s’imposer.
La Via Adresca poursuit son itinéraire et vient bientôt croiser la légendaire Route Nationale 7 (N7), ce serpent d’asphalte mythique qui s’étire de la Porte d’Italie à Paris jusqu’aux rivages ensoleillés de Menton, sur la Méditerranée. Aujourd’hui, la N7 semble apaisée, rendue docile par la fluidité de l’A7 toute proche. Mais que l’autoroute s’enraye, et c’est un tout autre tableau : la Nationale, en fidèle miroir, se gorge de véhicules et de klaxons, rappelant à tous son rôle de route de délestage dans les jours de chaos.
La D529, quant à elle, adopte un ton plus bucolique en se parant du nom enjôleur de Rue des Alpes, une appellation qui sonne comme une promesse, mais qui, dans sa modestie, dissimule mal la rudesse de cette route. Elle s’enfonce de nouveau dans les vignobles, toujours maîtres du paysage. Mais à mesure que l’on avance, les vignes cèdent peu à peu du terrain aux maisons. Les bâtisses deviennent plus nombreuses, signalant que nous touchons aux confins de l’appellation Crozes-Ermitage. Glun se tient là, au sud, comme une frontière viticole.
La Via Adresca se dirige alors vers le Rhône près de la voie de chemin de fer.

Un moment, la D529 longe la voie ferrée reliant Lyon à Valence. La route franchit cette ligne de chemin de fer, vestige d’un passé où les trains s’élançaient sur les deux rives du Rhône. Aujourd’hui, il ne reste ici qu’un silence ferroviaire : aucun train ne circule plus sur cette rive droite. La gare de La Roche-sur-Glun, autrefois animée, n’est plus qu’un bâtiment déserté, une coquille vide qui parle d’un autre temps.  Quel paradoxe, que dans ce pays traversé par tant de lignes à grande vitesse et vanté pour son maillage ferroviaire, des régions entières soient devenues des déserts pour les voyageurs. Les grèves des cheminots font régulièrement les gros titres, mais à quoi bon se battre pour un réseau où, hors des grandes villes comme Paris ou Lyon, les trains semblent avoir oublié de passer ? Les randonneurs, en quête de simplicité, n’ont souvent d’autre solution que de finir leur périple à pied, faute de train. Pourtant, ce constat, si amer soit-il, ne doit pas éclipser la beauté de la France. C’est une terre d’accueil pour ceux qui marchent, qui arpentent ses sentiers et ses villages, mais aussi une terre où l’on apprend, parfois à ses dépens, qu’il faut savoir se débrouiller.

Plus loin, la route passe sur la voie, avant de se diriger vers le Rhône.

Le Rhône, ce fleuve capricieux et majestueux, s’offre ici une danse singulière avec l’Isère, fusionnant et se dédoublant comme pour mieux raconter son histoire. À l’approche de La Roche-sur-Glun, il se divise en deux bras distincts : le Vieux Rhône, qui semble porter la mémoire du fleuve, et le Canal du Rhône, fruit de l’ingénierie moderne. Ce schéma familier, déjà croisé plus haut sur la Via Gebennensis, illustre une exploitation rationnelle du fleuve pour alimenter les ouvrages hydroélectriques. Les deux bras finissent par se retrouver plus au sud, près de Pont-sur-l’Isère, juste à l’endroit où l’Isère vient rejoindre le Rhône.

La Via Adresca traverse d’abord le Canal du Rhône, dont l’ampleur impressionne. Bien plus large que le Rhône naturel, il impose sa présence. Au nord, les vignobles s’accrochent avec grâce aux coteaux de la rive droite, dessinant des lignes parfaites, tandis qu’au sud, la pente douce laisse place à des pistes cyclables bordées d’eaux tranquilles, un contraste saisissant entre nature et aménagement humain.
Depuis la construction du barrage, La Roche-de-Glun est presque devenue une île, encerclée par les eaux du fleuve et du canal. Pourtant, malgré cette configuration singulière, la Via Adresca ne s’attarde guère dans ce bourg. Elle effleure à peine son centre, laissant entrevoir une région où le tourisme ne s’est pas vraiment imposé. Les logements, limités, se répartissent entre Roche-de-Glun et Glun, de l’autre côté du plan d’eau.
Toutefois, il faut bien s’arrêter quelque part pour passe la nuit. La petite cité de Roche-de-Glun, forte de ses 3’200 habitants, recèle pourtant des trésors d’histoire. On y entre par la Porte crénelée du Roussillon, vestige du XIIe siècle, qui évoque un temps où ces terres étaient défendues avec ardeur.
Dominant le paysage, la Tour de Diane de Poitiers raconte un autre pan du passé. Monument historique restauré, elle accueille aujourd’hui la bibliothèque municipale. Diane de Poitiers, cette femme emblématique de la Renaissance, originaire de la région, aurait sans doute fréquenté ce lieu qui porte son nom. Une autre petite tour carrée, discrète mais pleine de charme, se tient près de la rivière, semblant veiller sur ce bout de terre.

Plus près de nous, le sculpteur Gaston Dindrat a également marqué de son empreinte ce village, y vivant au siècle dernier, conférant à Roche-de-Glun une touche d’authenticité artistique.

Ici, vous êtes bien dans le département de la Drôme, mais la géographie, comme le Rhône, ne s’arrête pas aux frontières administratives. De l’autre côté du plan d’eau, c’est Glun, en Ardèche, qui vous attend, comme un écho à ce territoire partagé entre deux départements, deux histoires, mais un même fleuve qui les unit.

Il est souvent difficile de trouver à se loger ici. Dès lors, si vous ne trouvez aucun logement, il vous faudra continuer plus loin. Ici, deux possibilités s’offrent à vous depuis Glun : soit St Romain-de Lerps, soit St Péray. Les distances sont équivalentes, une dizaine de kilomètres. N’ayant trouvé aucun logement, nous avons opté pour St Péray, qui offre plus de disponibilités.

Logements officiels sur la Via Adresca

 

  • Gîte d’étape et de groupe, Les Balmes, Les Balmes; 04 75 02 29 52/06 80 95 52 02 ; Gîte, repas, petit déj.

Accueils jacquaires (voir introduction)

  • La Roche-de-Glun (1)
  • Glun (1)

Sur la Via Adresca, les options d’hébergement sont presque toujours limitées. Vous ne traversez pas l’Ardèche touristique du Sud. Le logement est limité, même pour les AirBnB, dont les adresses ne sont pas disponibles. La liste ne répertorie que les logements situés directement sur le parcours ou à moins de 1 km du chemin. En revanche, le guide des Amis de Compostelle recense toutes les adresses de logements, ainsi que celles des bars, restaurants et boulangeries le long du tracé, et même à plusieurs kilomètres du parcours. Il y a un bar-restaurant au Pont sur l’Herbasse. Cette étape est particulièrement difficile en termes de logements. Il n’y a que deux accueils jacquaires en fin de parcours. Réservez à tout prix.

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Etape suivante : Etape 12: De Roche-de-Glun à Col de Ponsoye/Cerisier
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