Etape 06 : Cerisier à Chalencon

En “Ardèche Plein Cœur”

DIDIER HEUMANN, ANDREAS PAPASAVVAS

 

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du GR65. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.

Pour ce parcours, voici le lien:

 

https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/foriel-auvergne-rhone-alpes-france-32920711

Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore en France de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous pouvez trouver sur Amazon un livre qui traite de ce parcours. Cliquez sur le titre du livre pour ouvrir Amazon.

Le Chemin de Compostelle en France. IVB. De Genève au Puy-en-Velay par la Variante de Gillonay (Via Adresca)

Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.

Le Haut Vivarais, en bordure du Massif Central, est une juxtaposition de petits plateaux d’altitude moyenne et de collines qui peuvent monter jusqu’à près de 800 mètres au-dessus de la mer. Comme la structure de base du Massif central est le granite, avec des coulées de basaltes volcaniques, on trouve ici surtout des granites, mais aussi des gneiss, produits de transition du granite. On ne verra ces jours prochains que poindre à l’horizon les volcans d’Ardèche qui se dessinent sur la ligne d’horizon qui va vers la Haute-Loire. Nous marchons ces jours, et pour dire aussi sur la grande partie de la Via Adresca en “Ardèche Plein Cœur”, qui désigne la partie moyenne du département, qui n’est ni au nord, ni au sud. Nous en avons traversé une partie hier, car cette région s’étend de la Vallée du Rhône, à St Péray, jusque vers le Mont Mézenc, à la limite de la Haute Loire, à l’autre extrémité. C’est en fait une sorte de haut plateau, entaillé par des rivières profondes, au nord comme au sud, mais aussi souvent d’un plateau à l’autre.

Ici, les prairies, rarement les vergers, côtoient les pins, les hêtres, les chênes, et surtout les châtaigniers, passant souvent des reliefs les plus doux aux pentes très abruptes. Vous allez croiser des milliers de châtaigniers, certains plusieurs fois centenaires, plus majestueux les uns que les autres. Et dire que cette merveille a connu un déclin. Aujourd’hui, on prétend qu’on est reparti comme au bon vieux temps où l’arbre recouvrait tout le pays. Du moins, la Châtaigne ardéchoise est maintenant devenue une AOC. Longue vie aux castanéiculteurs !

 

Aujourd’hui, la Via Adresca, le chemin de Compostelle se confond avec le GR42/420. Dès lors, vous pouvez à l’aise aujourd’hui vous fier aux marques rouge et blanc des GR ou alors à la coquille de Compostelle. Mais juste un conseil : suivez toujours plutôt les coquilles car de jour en jour, ici les chemins divergent souvent. Vous achèverez la journée dans un havre de bonheur, le village de Chalencon, perché sur la colline, où règne la paix, où il fait bon respirer les vielles pierres dans l’ombre des venelles tortueuses.

Difficulté du parcours : Les dénivelés (+610 mètres/-530 mètres) sont assez conséquents pour une étape de 20 kilomètres. C’est encore une étape casse-pattes, comme généralement dans le Vivarais, mais cela fait partie des plaisirs de la marche dans ces régions. Il y d’abord une montée continue jusqu’à l’Herbasse, puis une longue descente dans la forêt vers Savinas. De là, il faut descendre au fond du vallon pour remonter à Vernoux-en-Vivarais, le gros bourg de la région localisé sur un plateau. Puis, ce sont à nouveau les montagnes russes pour grimper jusqu’à Chalencon, perché sur la colline.

Aujourd’hui l’avantage est aux chemins sur les routes :

  • Goudron : 7.3 km
  • Chemins : 12.9 km

Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur ces parcours. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.

Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.

Pour les “vrais dénivelés”, relisez la notice sur le kilométrage sur la page d’accueil.

Voici un exemple de ce que vous trouverez. Il suffit de prendre en compte la couleur pour comprendre ce qu’elle signifie. Les couleurs claires (bleu et vert) indiquent des pentes modestes de moins de 10%. Les couleurs vives (rouge et brun foncé) présentent des pentes abruptes, le brun dépassant 15%. Les pentes les plus sévères, supérieures à 20-25%, très rarement plus, sont marquées de noir.

 

Section 1 : Montagnes russes dans les forêts et les clairières.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours qui n’est pas de tout repos, avec parfois des pentes marquées, à près ou plus de 15%.

Si vous avez passé la nuit dans un des deux logements présents à Cerisier, il faut revenir par la route au col de Ponsoye et suivre le chemin de terre qui monte sur la colline.
Le chemin, modérément caillouteux, atteint rapidement une forêt assez dense où dominent nettement les petits châtaigniers. Ici, la pente est assez prononcée.
Plus haut,le chemin atteint une clairière et passe au lieudit Le Cerisier.
Ici, on a devant soi le village de Boffres et la route qui y mène depuis le col de Ponsoye. Nous sommes juste au-dessus des deux chamres d’hôtr de Cerisier, où vous aurez peut-être passé la nuit au-dessus du village d’Alboussière, dans le fond.
Ici, la direction est L’Herbasse, à 3 kilomètres. Un chemin étroit monte dans une magnifique lande, au milieu des genêts, des genévriers et des herbes folles. Ici, la terre est ocre, limoneuse, presque du sable.
Puis, le chemin quitte la lande sauvage pour pénétrer dans la forêt.
Dans la forêt, les châtaigniers font la loi et ne laissent que peu de place aux autres espèces. Le châtaignier est encore l’arbre roi de cette partie de l’Ardèche.
Puis, le chemin sort de la forêt et redescend de l’autre côté de la colline, avec parfois de grosses pierres sur le chemin. Le paysage est bucolique à souhait, et les petites collines de l’Ardèche se dessinent, les unes derrière les autres, à l’horizon, magnifiques, boisées et apparemment presque solitaires.
Plus bas, le chemin croise une petite route, oscille, remonte même un peu.

D’ici, on a encore une vue remarquable sur le village de Boffres, son église et sa tour.

Le chemin descend alors dans les broussailles vers la Croix St André, où un gîte est présent au bord de la route. Ouvert ou fermé ? Téléphonez toujours à l’avance pour réserver sur la Via Adresca, pour éviter les surprises.
La Via Adresca descend alors sur une petite départementale. Mais ici, vous ne serez jamais ennuyé par les véhicules. Peu de gens habitent ces contrées reculées.

Quand on jette un coup d’œil à l’horizon, on ne voit que des forêts qui grimpent à l’assaut des collines, jusque tout là-haut près des éoliennes, très présentes sur les hautes collines. Il existe encore tant d’espaces vides de gens dans le pays.

La route descend jusqu’à trouver une belle maison faite de moellons et sa fontaine. C’est dans ces endroits bénis, rares sur les chemins, qu’on profite de vider sa gourde d’eau tiédie et de la recharger d’eau fraîche, source de vie.
Et de l’eau, vous en aurez sans doute besoin un peu ici, car un chemin remonte sur la colline dans la serre de Muans, dans les pierres et les châtaigniers.

Section 2 : Dans la forêt profonde.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : montagnes russes conséquentes.


En montant sur l’Herbasse, la pente est assez sévère, à près de 15%, sur un sol raviné, dans les châtaigniers et les feuillus. Et des cailloux, il y en a aussi en Ardèche.

Au sommet de la montée, la pente s’adoucit dans un paysage magique de lande, de broussailles, de genêts où les épicéas pointent leur nez. Ici, nous sommes au lieudit l’Herbasse, à 8.5 kilomètres de Vernoux.
Le chemin rejoint une petite route de terre battue qui conduit à un hameau. Mais qui aurait l’outrecuidance d’accélérer ici, loin du monde?

Car, on vit ici, loin de tout, à près de 800 mètres d’altitude, en arrivant par un chemin de brousse difficilement accessible, dans un cul-de-sac, dans un magnifique hameau de maisons de pierre sur un petit plateau.

Le chemin monte encore pour rejoindre la forêt de la Serre de Muans, où la lumière ne pénètre pas, donnant un paysage presque apocalyptique. C’est une forêt de sapins de Douglas, des fûts gigantesques touchant le ciel, avec juste un petit toupet de verdure au sommet. On l’a dit plusieurs fois à travers les étapes, ces sapins de l’Oregon sont en fait des pins, pouvant atteindre près de 100 mètres de hauteur et vivre jusqu’à 500 ans. Ils ont été importés en Europe au XIXème siècle par le pépiniériste anglais David Douglas. Ici, ce sont des jeunes arbres, ayant été plantés au milieu du siècle passé, comme nous l’a expliqué un sympathique habitant de la région, un peu plus bas.
Puis, la forêt s’éclaircit peu à peu. Le chemin monte toujours en pente raisonnable entre les buissons qui prennent momentanément le dessus sur la terre presque glaise.
Plus haut, la forêt traditionnelle, dans laquelle coexistent les épicéas et les feuillus, reprend ses droits et la montée est presque achevée au lieudit Parpaillon.
Le chemin se balade alors un peu dans la Serre de Parpaillon, sur le sommet de la colline entre sous-bois de châtaigniers et clairières où pousse même un peu de blé.
Puis, le chemin descend alors entre sous-bois et blés pour passer au lieudit Le Gratol. Derrière les blés, les douces collines du Vivarais s’enfuient vers l’horizon.

Ici, il faut être très attentif, ne pas suivre le chemin le long de la haie, mais passer derrière les blés vers les fourrés. Ici, la pente est sévère, à plus de 15%. Il y a même des rochers granitiques qui affleurent.
Un peu plus bas, le chemin arrive près d’une maison de pierre isolée, blottie dans le creux d’un vallon. La coquille de Compostelle pointe vers l’entrée de la maison. Vous vous dites que le parcours ne doit pas passer par là.

Et, pourtant, oui, car par bonheur, le propriétaire était présent. Il nous a fait alors l’historique de la région, nous racontant que toutes les forêts d’alentour n’existaient pas vers le milieu du siècle passé. Ici, il n’y avait que de gros châtaigniers greffés, joufflus, isolés jusqu’au sommet des collines. Est arrivée alors l’idée que le brou de châtaignes était bon pour tanner les peaux. Alors, on a coupé les arbres, les uns après les autres, sans arrière-pensée. Et on n’en a jamais replantés. Dès lors, on peut encore trouver dans la forêt des arbres greffés au milieu des rejetons sauvages qui ont pris nettement le dessus. Ces forêts sont en fait des armées de rejetons sauvages. C’est aussi à cette période qu’on a implanté les sapins de Douglas. Puis, la végétation sauvage a tout emporté, et sont arrivés les épicéas, les chênes et les hêtres, de sorte qu’on a l’illusion, quand on se balade ici, de passer dans des forêts millénaires. C’est incroyable la force de la nature, non?

Mais depuis, en dehors des forêts, on a aujourd’hui recommencé à replanter des vrais châtaigniers. Mais, cela prendra du temps avant qu’ils redeviennent multi-centenaires comme leurs ancêtres.

Le chemin descend encore, dans les pins et les châtaigniers, parfois dans l’herbe, jusqu’à rejoindre une petite route de terre battue.
Le chemin arrive alors sur le goudron au lieudit Adreyt de Savinas. Est-ce une particularité ardéchoise d’écrire adreyt ce qui est en fait un adret, autrement dit le versant de la vallée exposée au soleil en opposition à l’ubac, qui est à l’ombre? Ici, il nous faut encore marcher plus de 5 kilomètres pour atteindre Vernoux-en-Vivarais.
Peu après, la route traverse alors le hameau étendu de Savinas.
La route sort du hameau et au bout du plateau, soudain, vous avez Vernoux devant vous, à un jet de pierre, le village que les écriteaux annoncent depuis des kilomètres. Mais vous devinez bien qu’il y a un vallon entre deux. C’est presque toujours ainsi sur le Chemin de Compostelle, il faudra descendre au fond du vallon et remonter de l’autre côté, bien sûr, car l’“Ardèche Plein Cœur” est faite d’une succession de petits plateaux entrecoupés par de profondes rivières.
La Via Adresca quitte bientôt la route et s’engage entre blés et prairies sur un chemin qui va jusqu’au bout du plateau. Là, le chemin amorce la descente dans le vallon.

PLus bas, Vernoux-en-Vivarais ne semble pas s’être rapproché, vraiment.

Rapidement, le chemin devient caillouteux et gagne les sous-bois de châtaigniers. La pente évolue ici entre 10% et plus de 15%, mais dans l’ensemble elle est très supportable.

Section 3 : Par monts et par vaux vers Vivaroux-en-Vivarais.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : montagnes russes prononcées.

Lors de la descente au fond du vallon, le chemin passe en sous-bois, parfois longeant des clairières.
Un peu plus bas, il passe à Mont Flos devant une magnifique ferme et croise les quelques belles maisons en moellons du hameau.
A partir d’ici, c’est la route goudronnée. A ce moment de l’histoire, nous sommes déjà descendus plus bas que Vernoux, mais nous ne sommes pas encore au fond du vallon.
Encore un moment de répit, et alors s’amorce la descente la plus raide, à plus de15% d’inclinaison.
Au fond du vallon, au lieudit Les Petits Ponts, coule, tranquille, le ruisseau de Médrand. Nous avons tout de même pris près de 200 mètres de dénivelé, qu’il faudra refaire, du moins en grande partie, sur les 2 kilomètres de remontée vers Vernoux.
Alors, un large chemin de terre battue remonte de l’autre côté du vallon. Ici, la pente est très supportable et la route suit un affluent du Médrand.
Plus haut, le chemin passe devant la station d’épuration. A voir la taille de l’ouvrage, on présuppose que le bourg doit être assez conséquent.
Et la route monte toujours, souvent droite. On aperçoit bientôt les premières maisons, bien au-dessus.
Les grands chênes et les frêles frênes, peut-être les plus élégants des arbres, font comme des haies d’honneur.
Puis, à l’approche du bourg, le goudron remplace la terre battue.
Alors apparaissent les premières maisons, et on devine une étendue d’eau sur un petit plateau.
Pus haut, la route arrive en dessous du village près d’un parc.

Ici s’étend le beau Lac Des Ramiers, où la baignade est interdite, sauf en été dans des plages aménagées. Nous sommes cependant en été, et il n’y a personne au bord du lac. Toute cette superbe région du Vivarais ne semble pas être privilégiée par les vacanciers de l’été. Dommage!

La route monte, en passant par les quartiers neufs, vers le centre du bourg.
Vernoux en-Vivarais (2’000 habitants) est aujourd’hui un bourg tranquille, l’égal de St Agrève, un peu plus loin sur le parcours. Au Moyen-âge, c’était un bourg important, un monastère et des châteaux. Les remparts du village furent rasés au milieu du XVIème siècle, lors des Guerres de Religion. Il reste les vestiges du château de la Tourette, loin d’ici, où le chemin ne passe pas. L’église catholique, de style néo-gothique, date du XXème siècle. Son clocher de 51 mètres fait de cet édifice le plus haut de l’Ardèche. Ici, dans toute cette région de l’Ardèche, les protestants n’ont pas été balayés et il en reste des communautés importantes. Il y a un temple ici.
On trouve tous les commerces dans la rue principale du bourg.
La Via Adresca quitte le bourg en suivant la petite départementale D2, qui mène à Silhac et Chalencon.

Section 4 : Dans la fraîcheur de la Dunière.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours assez casse-pattes, mais sans grosses difficultés.

Rapidement, à la sortie du bourg, la Via Adresca bifurque sur une plus petite route qui passe, dans la banlieue, au hameau de La Bâtisse.
La route part alors à plat dans les prés, transite près du cimetière.
Puis, la route commence à descendre et bientôt un petit chemin, très raide, prend le relais.
Le passage sur le chemin est très bref. Ce n’est que pour rejoindre la départementale qui passe en dessous.
La Via Adresca suit alors quelques centaines de mètres la route…
… qu’elle quitte pour descendre dans un petit vallon où coule le gros ruisseau de la Dunière.
Juste en dessous, un chemin tortueux et caillouteux prend le relais de la route dans le sous-bois de châtaigniers, de petits chênes et de de charmes. Mais, ici aussi le passage sur le chemin est court et on retrouve vite le goudron. Dans ce vallon, on utilisait les moulins à eau. Près d’ici se situe l’ancien moulin du Ranc, où le chemin ne passe pas.
Ici, nous arrivons, sous les chênes, au lieudit Liberté, et la Via Adresca repart sur une petite route, transitant près des quelques maisons de Reviscole.
Plus loin, elle poursuit sa course sur la route avant de se décider à tout de même aller visiter ce qui se passe près du ruisseau. Sur toute cette étape, les signes rouge blanc du GR420 coïncident avec les coquilles du Chemin de Compostelle.
Un large chemin de terre descend alors vers le grand moulin de Monopenia. Ici, on utilisait la force de l’eau pour tordre les fils de soie, une activité qui a définitivement été arrêtée en 1970. Il n’y a peut-être plus d’artisanat dans le pays.

Le chemin traverse le beau domaine, où un joli petit pont de pierre enjambe le ruisseau de la Dunière. Le site est reposant, rempli de fraîcheur et de charme. On s’interroge tout de même pour comprendre comment un si faible filet d’eau pouvait faire tourner les roues du moulin. Ou alors, détournait-on l’eau du ruisseau, car en amont, la Dunière paraît plus volumineuse ?
Le chemin n’emprunte pas le pont de pierre, il reste sur le bord du ruisseau et monte dans l’herbe en passant devant un plan d’eau.
Plus haut, il traverse le ruisseau et monte alors dans la forêt où dominent les pins et les chênes.
Alors le chemin suit les très belles cascades que fait le ruisseau dans les rochers. Ne dira-t-on jamais assez le plaisir qu’engendre la magie de tels sites ?
L’étroit chemin monte encore le long des cascades….

… jusqu’à se trouver face à un pont de pierre. Beau, le mot n’est pas assez fort, n’est-ce-pas ?

Le chemin traverse le pont et continue de monter. Le charme opère toujours autant dans ce monde minéral où l’eau de la rivière joue avec les tons des rochers. Et ceci d’autant plus qu’au-dessus, on n’a pas coulé du béton, mais conservé les moellons de pierre.
Les maisons sont très belles ici dans leurs habits de moellons de pierre ocre. Le chemin monte jusqu’à trouver le grand pont sur la Dunière, où passe la départementale D2, au lieudit Le Beley.
La Via Adresca ne fait pas long feu sur la départementale, et rapidement se dirige vers la forêt.
Plus loin, c’est un agréable chemin forestier qui monte à peine dans les mousses, sous les pins, les châtaigniers et les autres feuillus.
Les grands châtaigniers greffés sont d’une superbe majesté, quand le chemin sort dans la clairière.

Section 5 : Par monts et par vaux vers Chalencon.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : de la grimpette pas trop exigeante, à de rares exceptions.

Le chemin traverse alors les prés, avec ci et là de petites cultures ou des arbres fruitiers. La campagne est douce ici.
Un peu plus loin, le chemin retourne dans les sous-bois de feuillus, du côté de Florensole.
Les vaches, au repos sous les chênes et les châtaigniers, regardent passer les pèlerins. Elles ne doivent pas en voir tous les jours. Le chemin monte alors dans l’herbe, un peu plus, vers la colline.
Derrière les murs couverts de mousse, qui sont toujours une grande joie de les voir sur les chemins, se love dans les prés une ferme qu’on dirait un petit château. De l’autre côté, au sommet de la colline, un lotissement de maisons récentes. Il en faut pour tous les goûts.
Encore un petit tour sous les châtaigniers et le chemin arrive près d’une grande ferme qui exploite aussi le bois. Là, le chemin retourne en forêt.
Le chemin arrive alors au lieudit Vaugeron, à 3 kilomètres de Chalencon, ou à 1 km de Silhac, où un gîte est aussi présent.
Peu après, une route part d’ici entre campagne et sous-bois.

Saurions-nous estimer le nombre d’années de vie de cet extravagant et superbe spécimen de châtaignier ? Quelques centaines d’années, pour sûr. Les ancêtres peuvent vivre mille ans.

La route passe bientôt devant la grange Belay, un complexe de belles maisons de pierre, remontant tout de même au XVIème siècle. Ci et là, quelques arbres fruitiers dans les prés, et bien sûr des châtaigniers, à la pelle.
Puis, la route se met à monter un peu plus fort, dans une forêt où les chênes prédominent. Parfois, les pins font la nique aux grands frênes.

Un peu plus haut, la Via Adresca quitte la route pour un chemin qui va vers la forêt. Elle croise le ruisseau du Belay qui coule discrètement sous les hêtres.
La Via Adresca monte alors assez longuement dans le sous-bois de feuillus. La pente est assez douce sur un chemin qui devient parfois un peu plus caillouteux. Mais, les cailloux de l’Ardèche ne sont pas ceux de l’Isère.
Encore quelques châtaigniers à se mettre sous la pupille et la route remplace le chemin qui arrive sous le village de Chalencon.

Un petit étang où on ne devine qu’à peine l’eau annonce le village.

C’est parfois ainsi sur le Chemin de Compostelle. On a le but devant soi et il faut dernier un dernier coup de collier. Et ici, c’est le cas. La pente est raide pour arriver au bas du village.
Mais, le village le mérite, car c’est vraiment un très beau village, sans doute un des plus beaux villages du pays, même si les touristes ne s’y pressent pas. La Via Adresca arrive dans la partie basse du village (300 habitants), où se trouvent les commerces.
Chalencon fut d’abord un oppidum gaulois, encore très visible au-dessus du village. Nous y passerons demain en quittant le village. Puis, le lieu devint garnison romaine et baronnie au Moyen-âge. Au Moyen âge, Chalencon était le lieu de passage obligé pour aller de la vallée du Rhône en Haute-Loire. On construisit ici une forteresse avec château, donjons, chapelles et remparts. Une grande partie de ces vestiges est encore très visible dans les rues pittoresques du village médiéval. Comme souvent, des transformations ont eu cours, mais elles ont été faites dans un profond respect du patrimoine. Même, la partie récente du village est dans le même esprit. C’est vraiment un très beau village, où il fait bon flâner.

La porte de Besse est l’ancienne porte de la ville qui marque les limites entre la ville basse et la haute. Elle fut rebaptisée en Porte des Autrichiens, marquant le passage des troupes autrichiennes en 1815 après la défaite de Waterloo. Elle est classée aux monuments historiques, bien qu’ayant subi de nombreuses modifications. Elle est devenue aujourd’hui un gîte d’hôtes remarquable.

Datant du XIIème siècle, l’église Saint Pierre a subi des modifications jusqu’au XIXème siècle. Le clocher possède 3 cloches de tailles différentes.
L’Ardèche et le Vivarais en particulier, ont vécu de vraies querelles religieuses depuis les guerres de Religion, quand ici, une grande part de la population s’était ralliée aux thèses de Calvin, à Genève. Par la suite les protestants ont dû se cacher, professer leur foi en clandestinité. Ce n’est que vers les années 1820 que la situation s’est calmée et que les protestants purent faire de nouveau porte ouverte. Ici, un premier temple fut construit au XVIème siècle, puis détruit. Le temple actuel, date de 1822, construit sur l’emplacement du premier, au sommet du village.
Diane de Poitiers possédait un château ici au XVème siècle, et installa un marché et des foires, sans doute sur la grande place du Valla, près de la porte de Besse. Il reste des traces de son passage.

La tour carrée, dite aussi tour de potence, a été surélevée pour faire un pigeonnier. Elle n’en demeure pas moins remarquable.

Vous pourriez passer ici de longs moments à admirer les belles maisons en moellons et leurs fenêtres à meneaux, ou alors goûter au charme indéniable des restaurants du lieu. C’est assez étonnant de comprendre pourquoi cette partie de l’Ardèche est déserte, alors que dans le sud du pays, il faut parfois jouer des coudes pour se frayer un chemin. Ah, les beaux paradoxes du tourisme !

Logements

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Etape suivante : Etape 7: De Chalencon à Les Nonières
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