Dans le vignoble hors de prix de Bourgogne
DIDIER HEUMANN, ANDREAS PAPASAVVAS

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du parcours. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.
Pour ce parcours, voici le lien:
https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/de-vougeot-a-beaune-par-le-chemin-de-compostelle-231704925
Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore en France de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous trouverez bientôt sur Amazon un livre qui traite de ce parcours.
Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.
Le vignoble de Bourgogne est une longue fresque, écrite par la main de l’homme et le rythme des saisons. De Dijon à Mâcon, il se déploie en une succession de coteaux, de clos et de parcelles, découpées comme autant de pierres précieuses serties dans la terre. Ici, chaque nom est une promesse : Gevrey-Chambertin, Vosne-Romanée, Pommard, Meursault… autant de villages devenus des emblèmes universels, où la vigne ne produit pas seulement du vin, mais une mémoire et une identité. Classés pour une partie d’entre eux au patrimoine mondial de l’UNESCO, ces climats racontent l’histoire intime d’une alliance entre la nature et le travail des hommes. Car le vignoble bourguignon n’est pas un décor figé : il vit de l’attention quotidienne, de la taille patiente, de la récolte minutieuse, du savoir-faire transmis au fil des générations.
Au cœur de ce territoire se dresse Beaune, capitale spirituelle et économique du vin de Bourgogne. Ville aux toits flamands, célèbre pour ses Hospices et leur toiture polychrome, elle est à la fois un lieu d’histoire et une cité vibrante, tournée vers son vignoble. Ses caves s’enfoncent profondément sous terre, labyrinthes où dorment les bouteilles, tandis que ses rues accueillent chaque année amateurs et connaisseurs du monde entier. Beaune, c’est un carrefour : un marché ancien où se mêlaient jadis les marchands venus de toute l’Europe, et aujourd’hui encore, une place vivante où se rencontrent tradition et modernité. Ici, on ne parle pas seulement de vin comme d’un produit, mais comme d’une culture, presque d’une langue, où chaque cru devient un mot, chaque millésime une phrase, et chaque verre une histoire.
Comment les pèlerins planifient-ils leur parcours ? Certains s’imaginent qu’il suffit de suivre le fléchage. Mais vous constaterez à vos dépens que le fléchage est souvent déficient. D’autres utilisent les guides à disposition sur Internet, eux aussi souvent trop élémentaires. D’autres préfèrent le GPS, à condition d’avoir importé sur le téléphone les cartes de Compostelle de la région. En utilisant cette manière d’opérer, si vous êtes un expert de l’utilisation du GPS, vous ne vous perdrez pas, même si parfois le parcours proposé n’est pas exactement le même que celui proposé par les coquilles. Mais, vous arriverez sauf à la fin de l’étape. En la matière, le site qu’on dira officiel est le parcours européen des Chemins de Compostelle (https://camino-europe.eu/). Dans l’étape du jour, la carte est correcte. Avec un GPS, il est encore plus sûr d’utiliser les cartes Wikilocs que nous mettons à disposition, qui décrivent le parcours actuel fléché. Mais tous les pèlerins ne sont pas des experts de ce type de marche, qui pour eux, défigurent l’esprit du chemin. Alors, vous pouvez vous contenter de nous suivre et de nous lire. Chaque embranchement difficile à déchiffrer du parcours, a été signalé, pour vous éviter de vous perdre.
Difficulté du parcours : Le trajet du jour est sans aucune difficulté, avec parfois des pentes légères (+131 mètres/-148 mètres).

État du parcours : Aujourd’hui, les routes prennent nettement le pas sur les chemins, mais ce sont de petites routes sans grande circulation :
- Goudron : 19.2 km
- Chemins : 4.1 km
Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur sur ces parcours. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.
Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.
Pour les “vrais dénivelés”, relisez la notice sur le kilométrage sur la page d’accueil.
Voici un exemple de ce que vous trouverez. Il suffit de prendre en compte la couleur pour comprendre ce qu’elle signifie. Les couleurs claires (bleu et vert) indiquent des pentes modestes de moins de 10%. Les couleurs vives (rouge et brun foncé) présentent des pentes abruptes, le brun dépassant 15%. Les pentes les plus sévères, supérieures à 20-25%, très rarement plus, sont marquées de noir.

Section 1 : Le long du Canal de Bourgogne

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

| Depuis le cœur vibrant de Vougeot, votre prochaine halte ne saurait être autre que le Château du Clos de Vougeot, ce sanctuaire de pierre et de vigne, niché à deux pas seulement. Deux parcours s’offrent à vous, comme deux lignes de vie serpentant vers l’histoire : la Rue de Vergy, qui s’élance face à l’hôtel du Clos de la Vouge, ou bien la Rue du Vieux Château, dont le nom seul semble promettre la mémoire des siècles. Sur ces voies tranquilles se succèdent de modestes demeures vigneronnes, bâties de pierre ou revêtues d’un crépi à la chaux, dont les caves, étonnamment vastes, trahissent la richesse de leurs maîtres. Ces souterrains sont autant de coffres-forts, où sommeillent parmi les crus les plus précieux de la planète. |
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| Si votre pas vous conduit vers la Rue du Vieux Château, à l’angle discret surgit la Rue de la Montagne. Elle s’élève lentement, comme pour éprouver le souffle du promeneur, longeant un haut mur derrière lequel se cachent jalousement les vignes du Clos. Ces pierres dressées forment une frontière, une peau minérale protégeant un trésor végétal. |
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| La route glisse ensuite auprès du Domaine Bertagna, l’un des producteurs majeurs de la région, dont la réputation s’étend bien au-delà des coteaux de Bourgogne. Ici, la vigne n’est pas seulement une culture : elle est une vocation, une discipline séculaire où chaque cep raconte une histoire. |
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| À peine plus loin, le regard est happé par la silhouette du Château de la Tour. Cette demeure auguste, toute de pierre drapée, semble baigner dans la mer verte et ondoyante des vignes. Elle se dresse là, immobile, comme un navire de granit échoué au milieu des ceps. Les automobilistes, quant à eux, commencent à ralentir, à chercher une place : le discret parking du Clos de Vougeot annonce la proximité de l’inévitable halte. |
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| Et soudain, à deux pas seulement, apparaît la merveille. Posé au cœur des rangs de vigne, entouré de grands crus comme d’une cour d’honneur, le Clos de Vougeot se révèle dans toute sa majesté solitaire. C’est un château qui semble avoir poussé du sol même, comme si les pierres s’étaient cristallisées à partir de la vigne elle-même. |
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| Le Château du Clos de Vougeot fut érigé entre le XIIe et le XVIe siècle, dans une sobriété cistercienne rehaussée, au fil du temps, de fines touches Renaissance. Tout commence en 1098, lorsque des moines en quête de rigueur fondent l’abbaye de Cîteaux, à douze kilomètres au sud-est de Vougeot. Ces cisterciens, rivaux spirituels des fastueux clunisiens, choisissent de cultiver la vigne avec une ardeur et une science qui deviendront légendaires. Entre 1109 et 1115, par donations et acquisitions successives, ils rassemblent les terres qui formeront le célèbre clos, bientôt ceint de murs pour en protéger la pureté. Pendant près de sept siècles, ces hommes en robe blanche plantent, taillent, soignent, développant un vignoble qui fera la gloire de toute une région.
Mais déjà, bien avant leur labeur, les Romains avaient reconnu le génie des coteaux bourguignons : le pinot y prospérait. Les légions, plus généreuses que novatrices, apportèrent non pas ce cépage déjà indigène, mais le gouais, vigne blanche dont le vin, âpre et rustique, alimenta des générations de paysans. Dans les plaines, cette variété proliféra, offrant une piquette populaire tandis que, sur les coteaux, le pinot noir assurait depuis longtemps des vins d’excellence. Fait étonnant : lorsque la vigne est laissée à son destin, les cépages s’hybrident spontanément, comme si la terre elle-même cherchait de nouvelles harmonies. De ces unions hasardeuses naquit une profusion de variétés, dont la plupart des cépages européens actuels descendent d’un mariage originel entre le pinot noir et le gouais. Depuis longtemps, l’homme a domestiqué ces croisements, fixant les cépages, les disciplinant en clones, mais derrière chaque pied sommeille encore l’aventure des croisements anciens. |
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| Au XVIe siècle, un souffle nouveau vint enrichir le domaine. Le 48ème abbé de Cîteaux fit adjoindre aux bâtiments utilitaires un élégant logis Renaissance, inspiré du Louvre, afin d’y résider. Ainsi naquit le Château du Clos de Vougeot dans la forme que nous lui connaissons aujourd’hui. La Révolution française faillit pourtant tout balayer : l’abbaye de Cîteaux et ses 13 000 hectares furent confisqués comme biens nationaux, le Clos risquant de sombrer dans l’oubli. Mais le destin en décida autrement : grâce au banquier Gabriel-Julien Ouvrard puis au négociant visionnaire Léonce Bocquet, le château fut sauvé d’un inexorable déclin. Bocquet, amoureux du lieu, investit sa fortune et finit par reposer lui-même dans l’enceinte du monument en 1913. Après des successions compliquées, Étienne Camuzet, député et vigneron à Vosne-Romanée, racheta le domaine en 1920. Quinze hectares de vignes furent alors dispersés entre une quinzaine de propriétaires locaux. Incapable d’entretenir le château, il s’en sépara en 1944 au profit de la Société civile des Amis du Château du Clos de Vougeot, qui lia le destin du monument à celui de la Confrérie des Chevaliers du Tastevin, fondée dix ans plus tôt. Ces derniers s’employèrent, au cours de la seconde moitié du XXe siècle, à restaurer la demeure. |
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| Au XVe siècle, ils édifièrent une cuverie en forme de cloître, lieu à la fois spirituel et pratique, où l’architecture semblait dialoguer avec la vigne. Quatre pressoirs monumentaux en bois de chêne y trônaient, semblables à des cathédrales mécaniques : chacun avait la force de presser quatre tonnes de raisins, livrant dans un craquement solennel le suc précieux des grappes. Autour d’eux, des cuves innombrables accueillaient le vin naissant, comme des berceaux abritant une jeunesse encore fragile. Peu après, les moines construisirent un grand cellier, à demi enfoui dans la terre, dont huit piliers de pierre soutenaient la vaste charpente de bois. Par de discrètes fenêtres, la lumière entrait avec parcimonie, domptant l’air et la température, afin de préserver l’équilibre sacré du vin en devenir. Ce cellier pouvait recevoir jusqu’à deux mille pièces, ces fûts de 228 litres qui faisaient battre le cœur du vignoble. |
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Au-dessus de cet antre souterrain, les moines aménagèrent un vaste grenier, dont la charpente monumentale fut d’abord coiffée d’une toiture de pierre de Bourgogne. Cet espace, immense et sévère, servait de dortoir aux frères venus de l’abbaye de Cîteaux travailler dans les vignes. Là-haut, la respiration des hommes se mêlait aux soupirs du bois. La charpente, taillée dans le châtaignier, avait l’ingénieuse vertu de décourager les araignées d’y tisser leurs toiles : subtil stratagème qui fit de ce grenier un lieu de repos austère mais préservé. Bien plus tard, en 2015, la Bourgogne connut une consécration attendue : l’UNESCO reconnut officiellement ses Climats, ces parcelles de vigne patiemment dessinées par des siècles de labeur humain et de génie du terroir. Après une décennie de combat opiniâtre, l’inscription au patrimoine mondial fut acquise, et le Clos de Vougeot en devint le siège naturel. Car pour les Bourguignons, nul autre lieu ne pouvait incarner autant l’âme de leur vignoble. Au-dessus des institutions, presque hors du temps, le château s’élève porté par l’esprit chevaleresque de la Confrérie des Chevaliers du Tastevin, qui a intronisé au fil des ans plus de douze mille membres pour défendre l’image et la gloire des vins de Bourgogne sur tous les continents.
Aujourd’hui, si les cinquante hectares environnants se partagent entre plus de quatre-vingts propriétaires, le Clos de Vougeot reste une lumière, un phare qui rayonne bien au-delà de ses murs. On y célèbre les vins et la gastronomie bourguignonne dans des banquets solennels, des rencontres où se mêlent faste, tradition et amitié. Même si le château ne produit plus lui-même de vin, il demeure l’emblème d’un millénaire d’histoire, le témoin inébranlable du mariage entre la pierre et la vigne, entre le travail patient de l’homme et la générosité de la terre.

Le parcours s’élance alors vers les vignes les plus célèbres du monde, celles qui s’étendent aux abords mêmes du château. Sur la carte des climats de Bourgogne, ces parcelles prennent des allures de joyaux : parmi elles resplendit Chambolle-Musigny, auréolé de son cru mythique, le rare et somptueux “Bonnes-Mares“. Un peu plus haut, au-dessus du Clos de Vougeot, se déploie le Musigny, qui, sans porter le nom de Chambolle, en incarne pourtant l’âme la plus pure, le fleuron indiscutable du pays, un vin que l’on dit capable de concilier la puissance des pierres et la grâce des fleurs.

| La route des Grands Crus longe bientôt ces terroirs de légende, frôlant les clos où s’épanouit le Musigny. Aujourd’hui, les grands crus issus du domaine Comte Georges de Vogüé, de Louis Jadot ou encore de Joseph Drouhin s’arrachent à prix d’or : entre mille et mille cinq cents euros la bouteille, même pour des millésimes récents. Ces sommes, qui pourraient sembler extravagantes au profane, traduisent ici l’alliance de siècles de tradition et de la rareté d’un nectar façonné avec autant de science que de patience. |
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| Et pourtant, paradoxe troublant, ces vignobles d’exception s’avancent jusqu’aux murs du Clos de Vougeot dans une humilité apparente. À l’œil non averti, rien, en vérité, ne distingue ces ceps aux grappes précieuses d’une vigne ordinaire. La terre, les rangs, les feuillages se présentent avec la même simplicité, comme si le miracle naissait non du spectacle visible, mais d’un mystère souterrain, inscrit dans le sol, dans l’air, dans la mémoire séculaire des lieux. |
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| Jouxtant l’appellation Musigny, on découvre le Grand Échézeaux, frère prestigieux et capricieux, où les prix s’élèvent eux aussi vers des cimes vertigineuses : de trois cents à sept cents euros la bouteille. Le voyageur, ébahi, comprend qu’ici chaque nom, chaque parcelle, chaque pierre même de ces murs vénérables fait grimper la cote des vins, comme si la terre elle-même portait en son sein un trésor que le monde entier se dispute. |
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| La route du vignoble s’oriente ensuite vers Vosne-Romanée, territoire sacré qui semble attirer à lui, tel un aimant, toutes les convoitises et toutes les légendes. |
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Dans cette région bénie, nulle cave n’interrompt le ruban des vignes. Le sol y est si précieux qu’aucun propriétaire ne sacrifierait un seul cep à l’ombre d’un chai. Les grands crus, dressés sur les hauteurs, se partagent les pentes avec une rigueur mathématique. Plus on descend vers la route départementale et la plaine, plus les crus se font modestes, les prix décroissent, et l’on devine dans ce dégradé une leçon de géographie autant que de sociologie : l’altitude y dicte la noblesse des vins.

| Les ceps montent jusqu’aux lisières du bois, comme s’ils cherchaient à s’adosser à la forêt protectrice. De petites routes serpentent sur les pentes, donnant accès aux travaux de la vigne. Selon les saisons, l’on aperçoit des camionnettes isolées dans la mer verte des parcelles, ou bien des tracteurs enjambeurs, ces drôles de machines hautes sur pattes qui semblent avaler les rangs de vignes en les chevauchant. Pulvérisateurs, épandeurs d’engrais, broyeurs d’herbes, autant d’outils modernes qui prolongent les gestes ancestraux. Chaque instrument devient le prolongement de la main du vigneron, dans ce dialogue séculaire entre l’homme et la vigne. |
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La route traverse alors l’appellation Romanée-Saint-Vivant, et les prix prennent des allures vertigineuses. Ici, le vin se monnaie à l’échelle des rêves. Une seule bouteille de Romanée-Conti, en dehors même des ventes aux enchères, atteint couramment vingt mille euros. En octobre 2018, à New York, une Romanée-Conti de 1945 fut adjugée chez Sotheby’s pour la somme prodigieuse de 558 000 dollars, établissant un record mondial. Le domaine de la Romanée-Conti, ce nom chuchoté comme une incantation, produit aussi La Tâche (4 900 euros), le Richebourg (3 400 euros), la Romanée-Saint-Vivant (2 800 euros), le Grand Échézeaux (2 600 euros), l’Échézeaux (2 400 euros). À cette constellation s’ajoutent encore un peu de Corton et même un Montrachet blanc, dont la rareté hisse la bouteille à 8 000 euros. Il n’est pas anodin de rappeler que déjà Alexandre Dumas, dans son monumental Grand Dictionnaire de cuisine (édité en 1873, après sa mort), avait dressé la liste idéale des vins que devrait contenir la cave d’un amateur éclairé. Et parmi ces appellations illustres, il citait avec révérence la Romanée-Saint-Vivant et la Romanée-Conti.

| Peu après, la route s’immisce dans l’intimité du domaine du Richebourg, joyau de seulement huit hectares où chaque cep semble gravé par l’histoire et caressé par le temps. Ici, l’air porte le parfum concentré de raisins mûrs et de terre calcaire, et le paysage tout entier résonne d’un murmure ancien : celui de siècles de vignes bichonnées avec un soin quasi monacal, faisant de ce petit domaine l’un des sanctuaires de la Côte de Nuits. |
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| La petite route des Grands Crus frôle ensuite le village de Vosne-Romanée, où les touristes, fascinés, s’arrêtent pour se faire photographier sous la croix de pierre, comme pour s’approprier, ne serait-ce qu’en image, ces vignes inaccessibles. Les pierres semblent absorber le regard et le temps, conférant aux visiteurs l’illusion éphémère d’être un instant partie intégrante de ce territoire sacré. |
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Au-dessus de la route, les vignes du domaine de la Romanée-Conti étendent leur patchwork vert sombre, ponctué par des rangs précis et disciplinés, comme un tableau vivant. La production annuelle est exceptionnellement limitée, accentuant encore le mythe qui entoure ce vin. Le domaine ne produit que 6 000 à 8 000 bouteilles par an, réparties sur huit grands crus, et la Romanée-Conti elle-même n’en représente qu’environ 5 400 bouteilles, soit 450 caisses. Cette rareté, amplifiée par sa qualité inégalée, en fait un trésor mondial et justifie, qu’on prétend ici, des prix astronomiques. Le chiffre d’affaires annuel atteint ainsi 120 millions d’euros, un empire contenu dans quelques milliers de flacons. Pour mettre cette rareté en perspective, le Château Pétrus produit environ 30 000 bouteilles par an, et le Sassicaia plus de 200 000 ; comparé à eux, le Romanée-Conti demeure l’incarnation de l’exclusivité absolue et de la convoitise internationale

| La route descend alors vers les maisons en pierre au bout du village de Vosne-Romanée, frôlant avec respect la croix de pierre qui semble veiller sur l’histoire du terroir. Chaque pavé, chaque toiture rouge, résonne de siècles de vendanges et de soins méticuleux apportés aux vignes qui l’entourent. |
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| Le parcours n’entre pas dans le village mais le contourne pour rejoindre la Rue de la Tâche, où se déploie encore un autre vignoble exceptionnel, deuxième flambeau de la Romanée-Conti. Ici, les rangs de vigne s’alignent avec une rigueur presque architecturale, et la terre calcaire sous les pieds semble chuchoter les secrets de millésimes passés. Chaque cep est une promesse de finesse et de puissance concentrée, un fragment de patrimoine vivant que le temps protège avec une patience infiniet. |
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| La route sort alors du grand vignoble de Vosne-Romanée pour pénétrer dans le domaine des Malconsorts. Pour les dégustateurs, Chambolle-Musigny évoque la délicatesse de la framboise, tandis que Vosne-Romanée exhale le cassis profond et sombre. Ici, tout est affaire de Climats, ces parcelles singulières façonnées par le calcaire, la topographie et la lumière. La science peut à peine expliquer la subtilité de ces différences : il faut le goût et le temps pour les saisir. Pour un Malconsorts digne de ce nom, comptez entre 400 et 1 000 euros la bouteille. Une somme qui semble presque modeste face à la grandeur contenue dans chaque flacon, qu’on dit. |
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Section 2 : : Dans les vignobles de Nuits-St Georges

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

| Vous entrez alors dans le vignoble de Nuits-St Georges, où la route s’élève sans relâche, en pente douce, comme pour suivre le souffle du terroir jusqu’au sommet de la colline. Les rangs de vigne semblent s’étirer à l’infini, ondulant légèrement avec la pente, et chaque pas semble vous rapprocher d’un monde où le temps se mesure en vendanges et en siècles de patience. |
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| Les vignes sont plantées avec une rigueur presque géométrique, en rangs parallèles qui épousent les contours du coteau, facilitant le drainage et évitant que l’eau ne stagne autour des racines. Cette densité impose aux pieds de vigne de plonger profondément dans le sol, à la recherche des nutriments et de l’humidité, ce qui confère au vin sa richesse aromatique et sa complexité subtile. Chaque vigne, conduite selon la taille guyot simple ou double, déploie un ou deux bras horizontaux qui portent les grappes, tandis que ses branches sont palissées sur des fils de fer, tendus comme des cordes de harpe pour capter la lumière du soleil. Le sol, calcaire et parsemé de gros cailloux, distingue le terroir bourguignon de celui des domaines bordelais, souvent argileux, et imprime au vin sa minéralité unique et son caractère racé. |
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| Plus loin, la route atteint le sommet de la colline, offrant une vue panoramique sur ce paysage viticole uniforme et hypnotique. Les prix des vins de Nuits-St Georges, bien que plus abordables que certaines légendes bourguignonnes, restent conséquents, reflet de la qualité et de la réputation de l’appellation. Pour un Nuits-St Georges Village, il faut compter entre 30 et 100 euros, tandis qu’un Premier Cru se négocie entre 50 et 300 euros. Les crus d’exception, eux, atteignent des sommets aux enchères, dépassant souvent le millier d’euros, chaque bouteille devenant alors un fragment de patrimoine liquide. |
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| La route arrive enfin sur les hauteurs de Nuits-St Georges, petite cité de 5 200 habitants, où le souffle du vignoble se mêle à la vie quotidienne des habitants. |
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| Le parcours viticole bute sur la Rue des Charmottes avant de bifurquer à droite dans la Rue St Symphorien. |
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| La rue descend en ligne droite dans la banlieue de la ville. Elle semble tracer une sorte de cordon ombilical reliant la périphérie au cœur battant de la ville, comme si chaque pas guidait le voyageur vers une intimité plus profonde avec la cité. Les maisons s’étirent avec discrétion le long de son parcours, comme des témoins silencieux d’histoires anciennes. |
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| Elle longe et passe devant l’église St Symphorien et son cimetière. Les pierres, adoucies par le temps, portent encore les murmures des générations passées. Tout près, un parc offre un souffle de verdure, une halte où l’on pourrait presque imaginer les saisons s’écrire dans le feuillage changeant des arbres. |
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| Elle s’engage ensuite dans la rue Félix Tisserand, une route oblique qui semble inviter le promeneur à suivre son pas vers le centre-ville. Là, l’horizon s’incline, et les façades se rapprochent peu à peu comme pour préparer à la rencontre avec le cœur vivant de la ville. |
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| Peu après, survient la bifurcation du parcours, à droite, au niveau du ruisseau du Meuzin. Le parcours s’échappe, refusant d’aller se perdre dans l’agitation du centre du bourg. C’est un choix de tranquillité, une invitation à suivre le cours discret de l’eau, souvent à sec mais toujours porteur de mémoire. |
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| Vous reviendrez ici pour continuer le parcours. Mais le centre-ville, lui aussi, mérite une visite, ne serait-ce qu’au prix d’un léger détour. Comme une promesse, il vous attend derrière les ruelles, prêt à livrer ses secrets de pierre et de lumière. Si vous allez vers le centre-ville, poursuivez dans la rue Félix Tisserand, puis dans la rue Port Fermerot. |
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| Vous croiserez alors l’église St Denis, silhouette noble et sobre, qui élève son clocher comme un doigt pointé vers le ciel. |
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| Vous atteindrez ensuite la Grande Rue et ses commerces, artère palpitante où s’entrelacent le quotidien et le charme d’antan. Les vitrines étincellent comme des éclats de vie, et les passants tissent ici la rumeur de la cités. |
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| De retour à la bifurcation du ruisseau du Meuzin, nous avons poursuivi le parcours à une autre occasion, dans les derniers jours des vendanges.
Le parcours suit une allée d’arbres, compagnons tutélaires, qui bordent le ruisseau, comme une cicatrice d’eau dans le paysage. |
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| Derrière les caves et les massives maisons vigneronnes de pierre de taille, on retrouve bientôt l’église St Denis, comme un repère immuable que l’on croise à nouveau, telle une vieille connaissance saluant le voyageur à chaque étape. |
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| Puis vient le quai Fleury, autrefois animé par un lavoir où bruissaient les conversations et les gestes quotidiens des lavandières. Aujourd’hui, le silence s’y est installé, mais au bout du quai, la rue traverse encore le ruisseau, gardant la mémoire des eaux et des voix disparues. |
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| Le parcours quitte alors rapidement la ville. Ici, les Amis de Compostelle n’ont pas fléché le chemin, mais le promeneur attentif saura reconnaître l’embranchement : la première ruelle à droite, juste après le pont, mène tout droit vers les vignes. Là commence une autre aventure, entre les ceps alignés comme une armée disciplinée et le ciel qui s’étend à perte de vue. |
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Ici, on vendange. En Bourgogne, les rangées de ceps sont si étroites, si rapprochées qu’elles forment une sorte de rempart contre la mécanisation. Impossible pour les machines d’y pénétrer : tout se fait encore à l’ancienne. Ce sont des mains patientes qui cueillent, ce sont des épaules solides qui portent les seilles pleines, et tout un peuple de vendangeurs anime la vigne de leurs voix et de leurs gestes. C’est une scène vivante, à la fois immuable et toujours neuve, qui raconte une tradition jamais interrompue.

| Une petite route s’élève en pente douce au cœur du vignoble. Elle serpente entre les murets de pierre, austères et fiers, qui marquent les limites des domaines. Ces murs, bâtis il y a parfois plusieurs siècles, ressemblent à des cicatrices lumineuses sur la peau du coteau. Ici et là, de vieux panneaux, usés par les intempéries, témoignent des travaux de la vigne et des noms prestigieux des parcelles. Ils se dressent comme des reliques effacées par le temps, mais toujours capables de chuchoter aux voyageurs l’histoire de ces terres. |
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L’appellation Nuits-Saint-Georges AOC couvre principalement des vins rouges, issus du pinot noir. Quelques rares blancs, nés du chardonnay, s’ajoutent comme une exception lumineuse. Ce terroir prestigieux abrite quarante et un climats classés en Premier Cru, répartis entre Nuits-Saint-Georges et Prémeaux-Prissey. Mais, à la différence de ses voisines illustres, la ville ne possède pas de Grand Cru. Cette absence, paradoxalement, fait aussi sa richesse : les prix restent plus accessibles, et les amateurs peuvent découvrir des vins profonds et sincères sans qu’ils soient réservés à quelques privilégiés. La ville se dresse au centre du vignoble, comme une respiration entre deux versants de coteaux, partageant et unissant à la fois ses parcelles.

| Le parcours suit alors, sur quelques centaines de mètres, la piste cyclable qui s’étire droit devant, glissant comme un fil discret entre les rangées de ceps. |
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| Mais plus loin, le parcours trahit cette ligne docile pour s’élever vers les coteaux. Fidèle aux flèches de Compostelle, il quitte la douceur de la plaine et s’engage vers les hauteurs, comme pour inviter à une ascension intérieure autant que physique. |
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| C’est alors une route goudronnée, un peu cabossée, qui vous conduit plus haut sur la butte, longeant les rangées de vignes. |
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| Ici, la route passe au-dessus des carrières souterraines de Nuits-Saint-Georges, immenses galeries creusées dans le sol, véritables cathédrales invisibles. On les compare parfois à des trous d’Emmental, tant leur réseau est dense et labyrinthique. Ces entrailles de la terre racontent elles aussi l’histoire des hommes, façonnée dans la pierre et dans le vin. |
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| Peu après, le parcours délaisse la route goudronnée pour se jeter sur un chemin caillouteux, plat mais rude sous les pas. Les pierres roulent, grincent. Autour, les vendangeurs s’activent encore, silhouettes penchées, paniers à la main, incarnant cette alliance séculaire entre la patience humaine et la générosité du sol., comme un tableau vivant écrit depuis des siècles. |
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Section 3 : Du vignoble de Nuits-St Georges à celui de Comblanchien

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

| Plus loin, la terre caillouteuse disparaît, remplacée par l’asphalte. Le goudron, lisse et sombre, tranche avec la rugosité des pierres, offrant aux pas du voyageur une respiration après l’âpreté du chemin. |
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| La petite route traverse alors le vignoble en pente douce. Elle se tortille comme un serpent assoupi entre les ceps, dessinant ses courbes dans un paysage qui s’ouvre largement. À l’horizon, les rangées de vignes cèdent la place à la promesse d’un sous-bois, comme une frontière de verdure au loin. |
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| En contrebas, la plaine s’étend à perte de vue, quadrillée par les vignes. Là, les véhicules filent sur la grande route rectiligne qui traverse la plaine, trace humaine qui contraste avec la lenteur immuable du travail de la vigne. |
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| Plus loin, la route se hisse doucement, sans brutalité. Les murets qui la bordent, parfois écroulés, parfois fièrement dressés, délimitent les parcelles, comme pour signifier l’importance des crus qu’ils entourent. Derrière ces pierres, se cachent sans doute des climats plus prestigieux, jalousement préservés depuis des générations. |
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| La route atteint alors progressivement le sommet de la rampe, douce mais constante. En contrebas, la plaine s’étire comme un tapis, et l’on devine le village de Prémeaux-Prissey, posé dans le creux du paysage, tel un bijou discret serti dans son écrin de vignes. |
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| Ici, la route frôle les falaises calcaires de Nuits-Saint-Georges. Ces roches, façonnées au fil des millénaires, constituent la véritable charpente du vignoble bourguignon. C’est dans ces décrochements subtils, dans ces différences d’inclinaison et de profondeur de sol, que s’explique la diversité et la richesse des crus. Chaque parcelle n’a pas reçu les mêmes faveurs de la géologie, et toutes n’ont pas la chance de figurer au sommet du palmarès, mais chacune exprime une voix singulière. |
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| La route ondule ensuite dans le vignoble, glissant sous la lisière du sous-bois. Elle s’étire comme une caresse au flanc de la colline, mi-ombre, mi-lumière. |
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| Encore un effort, un coup de collier plus marqué, et la route rejoint enfin le sous-bois, juste au-dessus de Prémeaux-Prissey. Le pas se ralentit naturellement, comme si la forêt imposait son rythme apaisé. |
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Des panneaux de signalisation apparaissent, rappelant les différents itinéraires possibles dans la région. Pourtant, la voie à suivre ne laisse aucun doute : c’est tout droit, comme une évidence, fidèle au fil de Compostelle.

| Depuis les tables de pique-nique installées à l’ombre généreuse des arbres, la route redescend doucement de la colline en direction du village. C’est une halte accueillante, où l’on pourrait s’asseoir pour contempler le paysage, avant de se laisser glisser dans la vallée. |
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| La route descend jusqu’à se dresser face à un grand mur de pierres sèches. Imposant et austère, il semble protéger un domaine de haute réputation, jalousement gardé derrière ses murailles. Le promeneur avance le long de cette fortification comme face à un secret que la vigne refuse de livrer trop facilement. |
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| Ici, le parcours évite le village et s’engage à longer sans relâche le mur de la propriété, en direction de Comblanchien. Un autre itinéraire balisé s’y superpose, marqué de signes rouge et jaune, indiquant la présence d’un GR. Ces traits de peinture, modestes mais rassurants, deviennent des phares pour les marcheurs, guidant leurs pas dans l’immensité des paysages. |
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| La route continue de suivre le mur de la propriété. La pente se fait un peu plus rude, mais reste docile, comme si elle voulait éprouver le souffle sans jamais le briser. Chaque pas révèle de nouvelles perspectives, la ligne du mur se prolongeant telle une frontière obstinée entre la vigne et le monde extérieur. |
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| Pour une fois, la route oublie le vignoble et s’enfonce dans un sous-bois clairsemé, toujours fidèle aux murs de l’immense propriété viticole. Ici, l’atmosphère change : les vignes de Nuits-Saint-Georges sont déjà derrière vous, et cèdent la place à celles de Comblanchien, moins prestigieuses mais baignées d’une sérénité qui leur est propre. L’ombre des arbres adoucit la marche. |
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| Puis voici à nouveau les vignes. Ici, l’atmosphère change : les vignes de Nuits-Saint-Georges sont déjà derrière vous, et cèdent la place à celles de Comblanchien, moins prestigieuses mais baignées d’une sérénité qui leur est propre. |
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| La route se rapproche alors rapidement du village, glissant vers la grande départementale D974 qui traverse la plaine. On entend progressivement le murmure des voitures venant troubler le silence, rappelant que la modernité n’est jamais bien loin, même au cœur de ces paysages façonnés par des siècles de patience. |
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Section 4 : D’un gros village à l’autre

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

| Au carrefour, près de l’église, un joli parc s’ouvre comme une parenthèse de fraîcheur. Sous ses arbres généreux, le marcheur peut enfin poser son sac, laisser ses jambes se reposer. C’est une halte bienvenue, un instant d’apaisement dans le rythme du parcours. |
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| À partir d’ici, pendant un kilomètre, le charme du parcours s’estompe : la marche se fait ingrate. Il faut suivre la route bruyante, axe majeur du vignoble, où les véhicules se succèdent sans répit. Tantôt sur le trottoir étroit, tantôt sur le talus herbeux, le pèlerin avance en luttant contre le vacarme des moteurs. |
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| Cette punition dure jusqu’à la rencontre avec la D115j, une route secondaire qui s’échappe vers Villers-la-Faye. Là, une promesse se dessine : quitter enfin le tumulte pour retrouver le silence des vignes. |
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| La direction est ici clairement indiquée, comme une délivrance après l’épreuve de la grande route. |
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| Le passage sur le goudron est bref. Rapidement, le parcours retrouve la terre battue, familière, et les vignes qui l’accompagnent. La respiration du marcheur s’accorde de nouveau au paysage, au rythme apaisé du vignoble. |
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| Sur le chemin ocre, qui part à plat vers une colline dressée comme un terril au flanc du coteau, la vendange bat son plein. On entend les voix, on voit les silhouettes penchées entre les ceps, les seaux qui tintent, les porteurs qui passent en cadence. Le vignoble tout entier semble vibrer d’une vie ardente et collective. |
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| La veille, une pluie lourde s’est abattue sur la région. Le sol, dense, est encore gorgé d’eau. Les pas s’y enfoncent, le chemin colle aux semelles, rappelant que la vigne et ses coteaux sont aussi les enfants de cette pluie nourricière. |
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| Peu après, le chemin parvient à un carrefour. Pas de coquille Saint-Jacques pour guider ici le pèlerin. Mais la sagesse conseille de tourner à droite : à gauche, le chemin descend vers la route bruyante, sans échappatoire, aspirant vers le vacarme que l’on vient à peine de quitter. |
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| Le chemin, fidèle, repart à plat, traversant un vignoble magnifique. La terre ocre, encore humide de la pluie, exhale une odeur de glaise mêlée au parfum des feuilles. C’est un retour au cœur du vivant, une nouvelle complicité avec la vigne. |
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| En contrebas, la grande départementale file toujours tout droit, infatigable et monotone, comme une cicatrice de goudron tracée au milieu de la plaine. |
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| Le chemin se glisse parfois le long de haies sauvages, hérissées de ronces et ponctuées de cynorhodons éclatants comme de petites flammes rouges. Ces buissons, à la fois hostiles et généreux, dessinent les lisières naturelles du vignoble. |
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| Plus loin, au détour d’une ouverture dans le paysage, se laisse deviner le village de Corgoloin, blotti non loin de la route départementale. La silhouette des toits se découpe à l’horizon, comme une halte possible, mais encore distante. |
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| Le chemin, fidèle à sa vocation, refuse pourtant de descendre directement vers le village. Il reste accroché au flanc du coteau, continuant à travers les vignes qu’il surplombe. Dans une rectiligne obstinée, il poursuit jusqu’à rejoindre une route goudronnée, frontière nette entre terre et bitume. |
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| Là, une coquille Saint-Jacques indique la bonne direction, vers le cimetière de Corgoloin. Le signe est clair, presque rassurant, au seuil de ce lieu de silence et de mémoire. |
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Assis sur le banc près du cimetière, vous laissez venir les pensées. Mais une question surgit : que dit exactement le petit guide des Amis de Compostelle ? Il suggère de longer le cimetière. Oui, mais lequel côté choisir, puisque l’enceinte en offre plusieurs ? Fichtre, aucune coquille ne vient lever le doute ! Alors, pour simplifier, voici la vérité : le chemin s’élance par la droite, sur le chemin de terre qui part légèrement au-dessus du cimetière. Ainsi va la marche, toujours plus douce quand on sait où poser ses pas.

| Peu après, un carrefour de chemins se présente, et voilà qu’un même dilemme se répète : aucune coquille, aucune indication. Comme souvent sur ce chemin, il faut faire confiance à son intuition. Alors, allez à droite, en montant vers le sous-bois, là où la lumière semble inviter le marcheur. |
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| Le chemin ondule ensuite à la lisière du bois, comme un trait d’union entre l’ombre des arbres et l’ordre discipliné des vignes. Ce fil étroit borde le vignoble, laissant percevoir au loin les rangs réguliers qui s’étirent. |
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| Bientôt, le chemin s’approche d’un vaste domaine viticole, ceinturé de hauts murs de pierres sèches. L’enceinte impose le respect, comme une forteresse vouée au vin. Le chemin poursuit humblement sa route, glissant le long du mur, dans l’herbe et la végétation libre, frôlant la limite du sous-bois. |
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| Au bout du mur, immense, le parcours s’accroche encore à son ruban d’herbe caillouteuse, rude sous les pas. Plus bas, la départementale file, inlassable et bruyante. Mais au détour d’un pli du chemin, le village de Buisson apparaît, paisible, presque à portée de main. Et vous ne pouvez manquer de le remarquer : la terre ocre du vignoble bourguignon est constellée de pierres, comme si le sol lui-même voulait rappeler qu’il est fait de rudesse autant que de générosité. |
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| Alors, le chemin musarde encore un instant entre les haies sauvages et les vignes, comme s’il voulait retarder l’instant de l’arrivée. Peu à peu pourtant, il se rapproche du village. |
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| Enfin, vous atteignez le bout du long Chemin des Buis, véritable allée menant aux portes de Buisson. |
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| Mais le parcours préfère contourner plutôt qu’entrer. Il frôle le village, le longe discrètement par la rue de la Huchotte, comme pour mieux préserver la quiétude des lieux |
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| Peu après, un nouveau croisement se présente, et avec lui le même dilemme : aucune coquille pour indiquer la voie. Faut-il aller à droite ou à gauche ? Vous vous dites alors que le parcours est clément, qu’il vous épargnera sans doute l’effort de grimper jusqu’au sommet de la colline de Corton, là-haut tout en haut. Alors, vous choisissez le chemin doux et lisse qui s’ouvre à gauche, une voie qui semble couler avec naturel, comme une invitation. Et c’est bien ce qu’il faut faire. |
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| La large allée de terre ocre reprend son fil, horizontale, régulière, serpentant à travers le vignoble avec la quiétude d’une respiration ample. Ici, la marche est facile, presque méditative, tant les ceps bordant le chemin donnent le rythme de vos pas. |
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| Le chemin vous conduit assez vite vers une aire de pique-nique aménagée sous les arbres, où bancs et tables accueillent volontiers les promeneurs. . |
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| Mais ce n’est pas seulement la promesse d’un peu de fraîcheur à l’ombre qui retient votre attention. Là, un panneau se dresse, véritable leçon de terroir, détaillant les richesses vinicoles de la région. Vous êtes désormais au cœur du vignoble de Ladoix-Serrigny, terre discrète, moins illustre que ses voisines, mais riche de son authenticité. Car ce n’est qu’au sommet de la colline pentue, sous le couvert du sous-bois, que s’épanouissent les fameux Corton. Leur réputation gustative, et non pécuniaire, suffit à faire saliver tout amateur éclairé, tant leur intensité évoque l’essence même de ce que la vigne peut offrir. |
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| À la sortie de l’aire de pique-nique, voici venir le traquenard. Vous avez Ladoix-Serrigny devant vous, et, naïvement, vous vous persuadez que le parcours vous y conduit. Mais il n’y a, bien entendu, aucune coquille pour confirmer. Que conseillent alors nos amis de Compostelle ? “Dans la Rue de la Huchotte, obliquer à droite, puis à gauche et atteindre la D115c“. Limpide ? Non. Absurde. Tout faux. Vous voilà balloté une fois à droite, une fois à gauche, sans savoir où mène cette fameuse D115c, invisible dans le paysage. Si vous cédiez à l’attrait du village, en allant vers Ladoix, vous vous égareriez, et il vous faudrait beaucoup d’efforts pour retrouver le fil du parcours. Non : le chemin part ici dans la direction opposée, à droite. Nous sommes là pour vous sauver la mise. |
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| Un large chemin de terre s’ouvre alors devant vous, filant vers la colline de Corton. Quelques pas suffisent pour déboucher sur une petite route goudronnée, discrète, qui vous prend par la main et vous conduit plus avant. |
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| Est-ce enfin la fameuse D115c que vous cherchiez ? Sans doute, car un peu plus loin, une coquille apparaît, inutile mais rassurante. Elle vous confirme que vous suivez la bonne voie. Mais pourquoi diable ne pas l’avoir plantée à l’aire de pique-nique ? On en viendrait presque à croire que les aménageurs du parcours en Bourgogne prennent un malin plaisir à placer leurs coquilles dans les endroits les plus évidents, là où personne n’en a besoin, fixées sur un poteau ou un mur, quand il faudrait tant une indication claire dans les passages incertains. |
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| La route se rapproche ensuite des hauteurs de Ladoix-Serrigny et s’oriente vers la Rue des Champs Ramés. Là, par bonheur, une coquille enfin bien située vient confirmer votre marche, comme un signe d’encouragement après tant d’hésitations. |
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| C’est un chemin de terre, bordé de ceps soigneusement alignés, qui vous conduit à l’entrée haute de Ladoix-Serrigny. Le vignoble s’étire ici comme une mer de pampres, vibrant au vent léger, et vous ouvre le passage vers le village. |
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Section 5 : Le beau vignoble de Corton

Aperçu général des difficultés du parcours : il y a sur un parcours sans difficulté, une courte pente sévère à la sortie de Ladoix.

Lorsque vous atteignez l’extrémité de la Rue des Champs Ramés, une alternative s’offre à vous. Si la fatigue ou l’envie d’un réconfort gourmand se fait sentir, vous pouvez choisir de continuer tout droit afin de rejoindre le centre du village. Ladoix-Serrigny dispose en effet de nombreux commerces et de quelques possibilités d’hébergement, parfaites pour reprendre des forces ou s’attarder.

| Au détour de ses ruelles, il se cache même un joyau inattendu : un petit château du XVIIIe siècle, témoin d’une longue histoire familiale. Il appartient à la prestigieuse famille de Mérode, dont le nom résonne dans les annales aristocratiques. Le château et la terre de Serrigny ont en effet appartenu, depuis plus de deux cent cinquante ans, aux familles Brunet et Chailly, puis, par héritages successifs, aux Tillet, Clermont-Montoison, Clermont-Tonnerre et enfin aux Mérode, ces derniers en ligne directe. Aujourd’hui, c’est le Prince de Mérode lui-même qui possède un domaine de luxe, voisin immédiat du château ancestral. Là, si vous avez la chance d’être accueilli au château, ce sera sans doute par un cousin du prince, personnage haut en couleur, dont l’hospitalité égale la truculence. Cet homme, partagé entre Paris, Bruxelles et Ladoix-Serrigny, aime revenir dans ces murs pour goûter la douceur bourguignonne. Ici, il ne chasse pas, contrairement à ce que laisserait croire l’image classique du seigneur campagnard, mais préfère faire courir ses setters anglais, élégants compagnons de promenade. Son plaisir véritable ? Conduire lui-même son tracteur, muni d’une herse, pour entretenir les allées de l’immense parc, au milieu des bois et de la rivière qui serpentent alentour. Si vous prenez le temps de l’écouter, il vous racontera, avec force détails, les arcanes des Mérode et les intrigues des autres familles qui ont, au fil des siècles, marqué cette demeure de leurs pas et de leurs bottes. Il ne manquera pas non plus de glisser une anecdote savoureuse : celle du jour où le prince Mérode vendit quelques parcelles de vignes aux célèbres domaines de la Romanée-Conti, afin que leurs bouteilles portent aussi un peu de ce Corton mythique, dont la réputation enivre les palais du monde entier. |
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| Après une nuit paisible au château, le matin se lève à nouveau sous un ciel limpide et lumineux. Les premières lueurs accrochent les toits de Ladoix, les vignes s’éveillent sous le soleil naissant, et tout semble prêt pour une nouvelle étape.
Si vous avez choisi de vous arrêter à Ladoix, il vous faut alors revenir à l’intersection de la Rue des Champs Ramés et du Chemin des Carrières pour reprendre le fil du parcours. |
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| Le Chemin des Carrières se mérite. C’est une montée, un premier effort notable pour cette étape, qui s’enroule dans le vignoble. |
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| La pente est vive, mais courte, et très vite, vos pas frôlent les bas des célèbres domaines viticoles du Corton. À chaque mètre, le nom résonne comme une promesse d’émerveillement : Corton, ce mot seul contient une part du bonheur bourguignon. |
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| La route s’adoucit ensuite, et s’élève encore doucement au-dessus du village de Ladoix, toujours cernée par les vignes qui s’étendent comme un damier doré. |
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| Bientôt, vous rejoignez une piste cyclable, discrète et paisible, qui file à travers le vignoble en direction d’Aloxe-Corton. |
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| La marche y devient fluide, aisée, presque une promenade. La route déroule ses rubans entre les ceps alignés, et vos pas s’accordent au rythme des saisons et des terres. |
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| Au bout de cette longue ligne droite, la route débouche sur un carrefour, à l’entrée d’Aloxe-Corton. |
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| Le village est là, tout proche, blotti au pied de la colline, et vous apparaît comme un cocon accueillant, une halte pleine de douceur au cœur de la Bourgogne. |
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| La route se dirige alors vers le Château Corton C. Majestueux, il se distingue de loin, comme un phare au cœur du vignoble, grâce à ses toits éclatants de tuiles vernissées qui miroitent sous le soleil. Ces tuiles, aux couleurs chatoyantes, dessinent des motifs géométriques d’une grande élégance et incarnent à elles seules l’âme bourguignonne. Le voyageur, qu’il vienne à pied, à vélo ou en voiture, sent déjà l’appel de l’histoire et du vin en découvrant cette silhouette noble, posée au pied de la colline comme une sentinelle immuable. |
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| Le Château Corton C. fut édifié à la fin du XIXe siècle, mais son ancrage plonge bien plus loin dans le temps. Il se dresse sur l’emplacement d’anciennes constructions dont subsiste une cave voûtée du XVe siècle, véritable cathédrale souterraine où la pierre garde la mémoire des siècles passés. L’histoire, presque une légende, raconte qu’au VIIIe siècle, l’Empereur Charlemagne lui-même possédait ici une vigne d’environ 3,5 hectares. C’est sur ces coteaux ensoleillés, aujourd’hui connus sous le nom prestigieux de Corton-Charlemagne, que l’empereur aurait fait planter la vigne, donnant naissance à l’un des crus les plus célèbres du monde.
Le nom même du château porte cette mémoire : Corton C. « C » comme Corton-Charlemagne, rappel vibrant de ce terroir exceptionnel et de ce climat unique qui a façonné la renommée de la Bourgogne. Longtemps, le domaine fut le siège de la maison Corton André, une des plus illustres de la région, réputée pour la qualité de ses grands crus, ambassadeurs de l’excellence bourguignonne. Aujourd’hui encore, le château, inscrit aux monuments historiques, attire le regard et l’admiration. Avec sa silhouette fière et son décor architectural raffiné, il est devenu l’un des monuments les plus photographiés de Bourgogne, juste après les célèbres Hospices de Beaune, comme une carte postale vivante de l’histoire viticole et patrimoniale du pays. |
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| Le parcours traverse alors le village, s’insinuant entre les maisons vigneronnes aux façades de pierre. Les caves s’ouvrent parfois à la curiosité du promeneur : voûtes humides, fûts endormis, promesses de nectars patiemment vieillis dans l’ombre. |
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| Depuis la place du village, le parcours s’incline doucement et descend la Rue Planchot, glissant derrière l’église. |
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| À l’issue de cette descente, un carrefour s’ouvre, et là se dévoile un château discret, niché dans un parc aux arbres séculaires. Ce n’est pas une grande propriété viticole, dépourvue des alignements solennels de vignes et des caves illustres dont regorge la Bourgogne. Non, il s’agit plutôt d’une demeure de résidence, un manoir aux allures aristocratiques, abrité par ses murs et entouré de dépendances qui respirent une douceur presque familiale. En longeant les murs du domaine, on a le sentiment de frôler un secret, une parenthèse hors du temps, comme une confidence murmurée par les pierres. |
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Au-delà d’Aloxe-Corton, en direction de Beaune, le paysage change insensiblement. Les rangs de ceps s’élargissent, couvrant de vastes coteaux qui semblent s’étirer à l’infini. Ici commence l’appellation Beaune AOC. En quittant le village, le marcheur pénètre très vite dans cet océan viticole immense : près de 400 hectares, dont plus de 300 classés en premiers crus, un trésor à ciel ouvert. Ces domaines forment une mosaïque vivante, entre Savigny-lès-Beaune, Chorey-lès-Beaune et la prestigieuse Côte de Beaune. Ils annoncent, comme une ouverture musicale avant l’apothéose, la proximité de la ville de Beaune, capitale des vins de Bourgogne.

| Une petite route s’échappe alors, sinuant paresseusement au milieu des vignes. De part et d’autre, les ceps s’alignent avec la régularité d’une armée silencieuse, et quelques rares murets de pierre sèche ponctuent le paysage comme des cicatrices anciennes, vestiges du patient labeur des hommes. |
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| Ici, presque aucun arbre pour offrir de l’ombre ou freiner l’ardeur du soleil. Une coquille, fixée sur l’arbre isolé au bord du chemin, rassure le marcheur. La direction est simple : il suffit de continuer droit devant. |
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| Mais la route se fait longue, interminable presque. L’œil finit par se lasser de cette répétition obsédante de rangées de ceps, qui s’étirent à perte de vue comme si le vignoble n’avait pas de fin. La monotonie elle-même devient une épreuve, un exercice de patience. |
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| Soudain, un croisement se présente. Évidemment, aucune coquille pour guider. Le doute s’installe. Pourtant, il ne faut surtout pas céder à l’appel de la gauche, qui mène droit à la route nationale et à son vacarme. La sagesse est à droite, là où la petite route dessine un léger crochet, comme un clin d’œil discret à celui qui sait regarder. |
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| La montée reprend alors, régulière, presque douce, sur le coteau. Pas de piège ici : il faut toujours suivre la route principale et se garder des tentations des voies transversales. Chaque pas rapproche un peu plus du sommet, dans la constance tranquille du rythme. |
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Et si l’on prend la peine de se retourner, le spectacle réconforte : la colline de Corton se dresse encore fièrement à l’horizon, veillant sur Aloxe-Corton comme une silhouette tutélaire, immuable et rassurante.

| Ces jours-ci, les vendanges battent encore leur plein, même si l’on en devine déjà l’épilogue. Les paniers se remplissent, les sécateurs cliquettent comme une musique de saison, et l’on sent que le vignoble respire une dernière fois avant de s’assoupir sous l’automne. |
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| Un peu plus loin, la silhouette de Beaune se dessine avec toujours plus de netteté, comme une promesse de halte et d’histoire après la longue traversée des vignes. |
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| Le parcours débouche alors sur un carrefour. Ici, une coquille salvatrice indique avec autorité de prendre à gauche. Petit signe de confiance qui replace le marcheur dans la bonne direction, au moment où le doute aurait pu s’installer. |
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On marche toujours au cœur du vaste domaine de Chorey-lès-Beaune. Ce terroir généreux s’étire, offert comme une grande plaine viticole, moins escarpée que les coteaux mais tout aussi marquée par le travail des hommes.

| La route s’oriente ensuite vers la grande départementale. Bientôt, on quitte l’écrin du vignoble pour s’approcher de la ville, transition brutale mais inévitable, annonçant que Beaune est là, aux portes du marcheur. |
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Section 6 : A Beaune, capitale du vignoble

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

| Il faut alors longer la route, où le vacarme incessant des véhicules rappelle que la campagne paisible est désormais derrière vous. Les panneaux annoncent bientôt la proximité de l’autoroute. |
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| La route se prolonge et débouche plus loin sur un vaste rond-point, véritable carrefour des directions, où la circulation s’intensifie et oblige le marcheur à redoubler de vigilance. |
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| C’est un rond-point saturé de voitures, animé de flux multiples, où chaque panneau semble ouvrir une possibilité nouvelle. |
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| La chaussée file ensuite vers Beaune et franchit l’autoroute A6, artère bondée qui relie Paris au sud de la France. Le contraste est brutal : après des jours au milieu des vignes, la modernité vous enlace de ses bruits et de son rythme trépidant. |
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| Pourtant, vous n’êtes pas encore dans la ville à proprement parler. Plus loin, un second rond-point se dresse comme une porte véritable : c’est lui qui marque l’entrée réelle dans Beaune. |
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| Commence alors une marche longue, parfois lancinante, le long du trottoir de la Rue du Faubourg St Nicolas. Le regard se perd dans les façades alignées, les enseignes qui se succèdent, et le pas se fait presque mécanique, rythmé par la monotonie urbaine. |
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| La rue longe bientôt l’église St Nicolas. Édifiée au XIIe siècle hors des remparts de la ville, elle connut plusieurs remaniements aux XIVe et XVe siècles, qui lui donnèrent son allure actuelle. Sa silhouette discrète accompagne le marcheur comme une halte spirituelle au cœur de la pierre. |
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| Enfin, au bout de la rue, le parcours atteint la Porte St Nicolas. Jadis, cette entrée de ville était fortifiée et protégée par un pont-levis. Mais au XVIIIe siècle, les remparts de Beaune perdirent leur vocation militaire, et beaucoup furent détruits. La porte que l’on traverse aujourd’hui, adoucie par le temps, est l’héritière de cette transformation. |
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| À deux pas de la porte, sur une place qui s’élargit comme une respiration au cœur de la ville, se dresse l’Hôtel de Ville. Ce bel édifice, baigné aujourd’hui d’un calme presque monacal, n’a pas toujours eu cette fonction civique. Il fut autrefois un lieu de silence et de prière : l’ancien couvent des Ursulines, dont les fondations remontent au XVIIᵉ siècle. Ses murs sobres, qui semblent encore porter l’empreinte de l’austérité religieuse, accueillent désormais la vie publique et citoyenne de Beaune. |
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| Le parcours emprunte alors la rue de Lorraine. Là, les maisons se succèdent, offrant à chaque pas un ravissement de façades élégantes, parfois fièrement restaurées, parfois discrètement marquées par le temps. Le visiteur lève les yeux : linteaux sculptés, ferronneries ouvragées, couleurs tendres ou patinées par les saisons. Ce sont autant de pages ouvertes d’un livre de pierre, qui vous guident jusqu’à la Place Monge. |
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| La route des Grands Crus longe bientôt ces terroirs de légende, frôlant les clos où s’épanouit le Musigny. Aujourd’hui, les grands crus issus du domaine Comte Georges de Vogüé, de Louis Jadot ou encore de Joseph Drouhin s’arrachent à prix d’or : entre mille et mille cinq cents euros la bouteille, même pour des millésimes récents. Ces sommes, qui pourraient sembler extravagantes au profane, traduisent ici l’alliance de siècles de tradition et de la rareté d’un nectar façonné avec autant de science que de patience. |
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| La route des Grands Crus longe bientôt ces terroirs de légende, frôlant les clos où s’épanouit le Musigny. Aujourd’hui, les grands crus issus du domaine Comte Georges de Vogüé, de Louis Jadot ou encore de Joseph Drouhin s’arrachent à prix d’or : entre mille et mille cinq cents euros la bouteille, même pour des millésimes récents. Ces sommes, qui pourraient sembler extravagantes au profane, traduisent ici l’alliance de siècles de tradition et de la rareté d’un nectar façonné avec autant de science que de patience. |
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Quand on évoque Monge à Beaune, ce n’est pas une simple place que l’on désigne, mais une figure tutélaire, un enfant prodige de la cité. Gaspard Monge (1746-1818), mathématicien visionnaire et inventeur de la géométrie descriptive, y est né. Cet homme, qui mit en équations le langage de l’espace et des volumes, fut aussi une grande figure politique de la Révolution française.

| À deux pas encore, et l’on découvre l’un des joyaux de la cité : la collégiale Notre-Dame. Beaucoup la surnomment cathédrale, séduits par son allure imposante et solennelle, mais elle n’eut jamais de siège épiscopal. Sa façade austère, à la beauté sévère, semble d’abord contenir l’élan, mais en réalité, elle l’exalte. |
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| Son histoire remonte au XIIe siècle, dans le sillage des grands édifices romans de Bourgogne, héritiers de Cluny et d’Autun. À l’intérieur, la nef romane, massive et sobre, s’élance avec une harmonie qui force le respect. On y retrouve la rigueur de la pierre, l’équilibre des proportions, la gravité de la lumière filtrée. Plus tard, aux XIVe et XVe siècles, l’élan gothique est venu se mêler à cette austérité romane : voûtes plus hardies, ouvertures plus généreuses, sculptures plus fines. |
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| Plus loin, la rue Carnot s’ouvre devant vous, artère commerçante et animée d’une ville de vingt et un mille habitants. Ce jour-là, jour de marché, elle était littéralement envahie, avec une foule si compacte qu’il était difficile de s’y glisser dans ce brouhaha joyeux. |
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| Au bout de cette rue foisonnante s’étend la Place de la Halle, véritable cœur battant de Beaune. C’est là que convergent habitants et visiteurs, comme si la ville entière se donnait rendez-vous dans cet espace vibrant de vie. Autour, les façades anciennes semblent garder la mémoire des siècles de foires et d’échanges qui ont façonné l’âme commerçante de la cité. |
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La halle de Beaune, avec sa vaste charpente qui impose autant qu’elle rassure, est bien plus qu’un simple marché couvert : c’est un lieu de mémoire et de continuité. Construite au XIXe siècle pour remplacer les halles médiévales, elle perpétue une tradition remontant au Moyen Âge, quand on y vendait grains, bétail, vin et produits des campagnes alentour. Aujourd’hui encore, elle vibre au rythme des marchés alimentaires. Mais la halle n’est pas qu’un espace marchand : elle accueille aussi foires aux vins, salons gourmands et expositions, transformant son immense nef en une scène ouverte aux saveurs et aux cultures. Et c’est ici, chaque troisième dimanche de novembre, que se tient l’événement qui a fait rayonner Beaune dans le monde entier : la célèbre vente des vins des Hospices. Depuis 1859, cette prestigieuse vente aux enchères attire collectionneurs, restaurateurs, négociants et amateurs venus des quatre coins de la planète. Les fûts, issus des soixante hectares de vignes des Hospices, riches en premiers crus et grands crus, sont disputés avec ferveur dans une atmosphère à la fois solennelle et festive. Sous les poutres de cette halle, les enchères résonnent comme une célébration de la vigne et du temps, où tradition, charité et excellence viticole s’unissent dans un même élan.

| Et bien sûr, Beaune, c’est avant tout l’Hôtel-Dieu. Fondé en 1443 par Nicolas Rolin, chancelier du duc de Bourgogne Philippe le Bon, l’Hôtel-Dieu fut conçu comme un havre de charité, un hôpital où la pauvreté et la maladie trouvaient refuge dans la dignité et le soin, en un temps où la Bourgogne sortait meurtrie des famines et des ravages de la guerre de Cent Ans. L’édifice, fruit d’un élan de foi et d’humanité, est demeuré un joyau du Moyen Âge, dont l’architecture à nulle autre pareille ne cesse d’éblouir les voyageurs. |
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| Ce jour-là, il était impossible d’y pénétrer : la file d’attente s’étirait comme un ruban sans fin, serpentant devant la porte. Les visiteurs, venus du monde entier, attendaient patiemment de franchir ce seuil mythique.
Derrière sa façade sobre, presque austère, la surprise se révèle soudain : une cour d’honneur aux proportions théâtrales, encadrée de galeries gothiques élancées et coiffée des célèbres toits vernissés polychromes. Ces tuiles, en losanges colorés, jouent avec la lumière comme une mosaïque flamboyante, symbole désormais universel de la Bourgogne. À l’intérieur, la majestueuse “Salle des Pôvres“ déploie sa nef longue de cinquante mètres, coiffée d’une charpente en carène de navire renversée. On y sent encore le souffle de la compassion et de la prière, tandis que les rangées de lits de bois sculpté rappellent le rôle premier de ce lieu : guérir et accueillir. Et l’écho de cette vocation a traversé les siècles, puisque l’hôpital a servi les malades jusqu’au XXe siècle. Aujourd’hui, l’Hôtel-Dieu est un musée incontournable, phare patrimonial qui attire chaque année des centaines de milliers de visiteurs. Faute d’avoir pu franchir ce jour-là le seuil, voici deux images de ses trésors, empruntées à Internet (Wikimedia Commons–Share ; Stefan Bauer, Velvet). |
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Logements officiels sur le parcours de la Suisse et l’Allemagne à Cluny /Le Puy-en-Velay
- Hôtel-restaurant Le Richebourg, Ruelle du Pont, Vosne-Romanée ; 03 80 61 59 59 ; Hôtel
- Nuits et Jardin, Avenue de Concoeur, Nuits-St Georges ; 03 80 62 84 61 ; Chambre d’hôte
- Hôtel-bar de l’Etoile, 5 Place de la Libération, Nuits-St Georges ; 03 80 61 04 68 ; Hôtel
- Hôtel Ibis, Rond-Point de l’Europe, Nuits-St Georges ; 08 92 70 20 27 ; Hôtel
- Hôtel-restaurant du Centre, Route D974, Comblanchien ; 03 80 62 94 17 ; Hôtel
- Camping du Moulin, Premaux-Prissey ; 03 80 62 31 15, Camping
- Hôtel La Gremelle, Route de Dijon, Ladoix-Serrigny; 03 80 26 40 56 ; Hôtel
- Foyer Jeunes Travailleurs, 8 Avenue Guigone de Salins, Beaune; 03 80 24 88 00 ; Gîte
Accueils jacquaires (voir introduction)
- Nuits St Georges (1)
- Ladoix- Serrigny (1)
- Beaune (7)
Airbnb
- Vosne-Romanée (5)
- Nuits-St Georges (15)
- Comblanchien (7)
- Premaux-Prissey (3)
- Ladoix-Serrigny (13)
- Aloxe-Corton (4)
- Beaune (22)
Chaque année, le chemin évolue. Certains hébergements disparaissent, d’autres apparaissent. Il est donc impossible d’en dresser une liste définitive. Celle-ci ne comprend que les logements situés sur l’itinéraire ou à moins d’un kilomètre. Pour des informations plus détaillées, le guide Chemins de Compostelle en Rhône-Alpes, publié par l’Association des Amis de Compostelle, reste la référence. On y trouve aussi les adresses utiles des bars, restaurants et boulangeries qui jalonnent le parcours. Dans cette étape, il ne devrait pas y avoir de grands problèmes pour se loger. Aujourd’hui, airbnb est devenu une nouvelle référence touristique, que nous ne pouvons ignorer. C’est devenu la source la plus importante de logements dans toutes les régions, même les régions touristiques peu favorisées. Comme vous le savez, les adresses ne sont pas disponibles directement. Il est toujours vivement conseillé de réserver à l’avance. Un lit trouvé au dernier moment est parfois un coup de chance ; mieux vaut ne pas s’y fier tous les jours. Renseignez-vous, lors de vos réservations des possibilités de repas ou de petit déjeuner. A Beaune, les hôtels sont très nombreux.
N’hésitez pas à ajouter des commentaires. C’est souvent ainsi que l’on monte dans la hiérarchie de Google, et que de plus nombreux pèlerins auront accès au site.
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