Dans les bois de Chambaran avant de découvrir un autre joyau du Moyen-âge
DIDIER HEUMANN, ANDREAS PAPASAVVAS

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du GR65. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.
Pour ce parcours, voici le lien:
https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/marnans-auvergne-rhone-alpes-france-32806286
Tous les pèlerins ne sont pas forcément à l’aise avec la lecture des GPS ou la navigation sur un portable, d’autant plus qu’il existe encore de nombreuses zones sans connexion Internet. C’est pourquoi, pour faciliter votre voyage, un livre dédié à la Via Gebennensis par la Haute-Loire est disponible sur Amazon. Bien plus qu’un simple guide pratique, cet ouvrage vous accompagne pas à pas, kilomètre après kilomètre, en vous offrant toutes les clés pour une planification sereine et sans mauvaises surprises. Mais au-delà des conseils utiles, il vous plonge dans l’atmosphère enchanteresse du Chemin, capturant la beauté des paysages, la majesté des arbres et l’essence même de cette aventure spirituelle. Seules les images manquent : tout le reste est là pour vous transporter.
En complément, nous avons également publié un second livre qui, avec un peu moins de détails mais toutes les informations essentielles, décrit deux itinéraires possibles pour rejoindre Le Puy-en-Velay depuis Genève. Vous pourrez ainsi choisir entre la Via Gebennensis, qui traverse la Haute-Loire, ou la variante de Gillonnay (Via Adresca), qui se sépare de la Via Gebennensis à La Côte-Saint-André pour emprunter un itinéraire à travers l’Ardèche. À vous de choisir votre parcours.
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Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.
L’étape du jour se présente comme une aventure aussi fascinante que révélatrice. Ce n’est pas seulement une traversée de paysages apaisants et de forêts majestueuses, mais un véritable voyage initiatique, plongé dans les courants religieux et spirituels qui ont marqué le Moyen-Âge. Le parcours vous mène de découverte en découverte, tant géographique qu’historique, et vous fait pénétrer dans un univers oublié de beaucoup. Car, oserions-nous l’avouer, combien parmi nous avaient entendu parler de Saint-Antoine-l’Abbaye avant ce voyage ? Très peu, sans doute. Et pourtant, ce lieu, si discret et si singulier, mérite sans doute une place de choix dans l’imaginaire collectif. Pourquoi, d’ailleurs, l’Isère ne s’efforce-t-elle pas de mieux faire connaître les merveilles cachées en ces terres ? Ici, en effet, nous rendrons hommage à ceux qui ont façonné la spiritualité de ce territoire : les Bénédictins, les Antonins, et même les Trappistes, ordres dont les vestiges imprègnent encore les pierres des lieux. Un programme dense, une étape riche en histoire et en silence sacré.
Le Bas-Dauphiné, cette région qui précède l’arrivée des Alpes, est un pays de contrastes où la molasse, cette roche tendre, se mêle aux souvenirs d’anciennes glaciations. Les forêts qui s’étendent à perte de vue, l’air pur et presque solennel, semblent appelées à garder leurs secrets. Loin d’être une terre simplement sculptée par les glaciers, ici le sol est une accumulation de sédiments déposés au fil du temps par les eaux glacées qui descendaient des massifs alpins. Ces dépôts de l’Ère Quaternaire, souvent masqués sous une végétation touffue, recouvrent les vallées comme un manteau d’histoire figé dans le sol. Le sol lui-même est un compromis entre richesse et pauvreté. Parfois nourri par un limon fertile, parfois stérile, noyé dans un sable qui peine à retenir les bienfaits de l’humidité. L’humus, victime des intempéries, semble s’échapper sans cesse des terres. Les forêts qui recouvrent la région, longues et multiples, sont souvent le reflet d’un sol capricieux. La géographie, quant à elle, demeure simple mais rugueuse, à l’image de cette terre qui, à chaque pas, semble dévoiler un peu plus de son histoire intime. (https://www.persee.fr/doc/geoca).
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Vous partez de Marnans, petit village situé aux contreforts de la Bièvre, et gravissez les pentes jusqu’aux hauts plateaux du Chambaran. Là, les forêts s’étendent avec une majesté discrète, leurs ombres invitant à la contemplation, leurs cieux ouverts vers un avenir incertain. Puis, après avoir pénétré ces espaces boisés, vous amorcez une descente vers la vallée de l’Isère, un retour à la lumière, au fond des vallées où le fleuve, tel un serpent de métal, serpente entre les montagnes.
Difficulté du parcours : Le parcours du jour est relativement modeste, du moins en termes de dénivelés (+357 mètres/ -440 mètres). il s’agit d’une étape moyenne, à la portée de tous. Cependant, la difficulté réside dans certains passages plus abrupts, notamment en début de journée, où des pentes voisines de 15% viennent titiller les jambes des plus déterminés. Ces pentes se retrouvent également dans la forêt de Gargamelle, un lieu à la fois magique et redouté, où la montée semble ne jamais vouloir se terminer. En redescendant du plateau de Chambaran vers S Antoine-l’Abbaye, la descente se fait plus rude, le sol caillouteux et irrégulier nous obligeant à rester vigilants. Ce parcours n’est pas pour les âmes sensibles, mais il sait récompenser ceux qui persévèrent.
État de la via Adresca : L’étape du jour est à l’avantage des chemins, même s’ils sont très caillouteux :
- Goudron : 7.5 km
- Chemins : 12.3 km
Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur ces parcours. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.
Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.
Pour les vrais dénivelés, relisez la notice sur le kilométrage sur la page d’accueil.

Section 1 : Une première montagne russe d’une vallée à l’autre

Aperçu général des difficultés du parcours : pas de difficulté, sauf la montée vers le haut plateau avec souvent des pentes voisines de 15%.

Il n’est pas de longues distances à parcourir pour quitter la banlieue de Marnans. En vérité, il n’y en a guère. La route, d’un caractère pragmatique, grimpe sans cérémonie derrière l’église, se faufilant vers la forêt, comme un secret partagé entre l’asphalte et l’ombre des arbres. |
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Mais le parcours ne s’attarde pas, il ne perd pas son temps sur le goudron rugueux. Dès la première ouverture, l’évasion se profile. Un chemin s’échappe discrètement par le Chemin des Essarts, comme une promesse de liberté, vers les sous-bois touffus des Grands Champs. |
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Là, paisible et discrète, serpente la Rapillière, un ruisseau qui semble endormi dans son petit vallon, affluent tranquille de l’Ologne. Vous avez peut-être cru, un instant, que la nuit avait englouti les pierres, que tout le chemin s’était adouci sous la lune. Détrompez-vous : les galets sont toujours là, fidèles à leur poste, obstinés, éparpillés comme des témoins invisibles du temps qui passe. |
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Le chemin, dans une danse lente et solitaire, frôle le ruisseau, glissant entre les chênes centenaires, les châtaigniers torturés par le vent, parfois greffés de cicatrices anciennes, les érables au feuillage frémissant, et les hêtres majestueux qui semblent murmurer des secrets à ceux qui savent les écouter. Les charmes sont rares comme une étoile filante sur les Chemins de Compostelle. Ce n’est le plus souvent que de la basse charmille qui s’accroche au bord des talus, tendres et secrets. Plus loin, vous croiserez quelques épicéas, hauts et fiers, témoignant que l’on monte, que l’air se fait plus vif, plus rare. |
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Ici, sous-bois et broussailles cohabitent dans une douce anarchie. Les buissons règnent en maîtres, et la pente est encore douce, comme une caresse qui n’impose pas son rythme. Lorsque l’herbe, nourrie par les premières chaleurs, s’élève en une mer de vert, les galets semblent se cacher, timidement. On peut, alors, s’aventurer à frôler la fraîcheur de l’herbe, effleurant la terre sans craindre trop les pierres, si tant est qu’elles ne se montrent plus à chaque pas. D’un dernier regard, on aperçoit Marnans, qui se blottit au fond du vallon, comme un village endormi dans une étreinte verte. |
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Bientôt, le chemin abandonne la fraîcheur du sous-bois et prend le cap des prairies, s’élevant à travers une clairière baignée de lumière. La pente se fait plus rude, supérieure à 15%, comme un défi silencieux lancé aux pas du marcheur. |
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Plus haut, une ferme en pisé, aux murs de galets roulés, se dresse, solitaire, en bordure du bois. Ses pierres, jadis témoins de vie, semblent aujourd’hui figées dans le temps. La ferme des Essarts, sans doute, n’a pas connu de nouvelles voix depuis bien des années, son souffle éteint, effacé sous les aléas du temps. |
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Là, la montée touche à sa fin. Un large chemin de terre, durci par les années et les intempéries, s’étend devant vous. L’argile, parfois presque glaise, s’adhère aux semelles, tandis que les châtaigniers commencent à dominer l’horizon, leurs branches tendues comme des bras vers l’infini. Les chênes, les hêtres, les érables se font rares, relégués au second plan, tandis que le châtaignier, fier et conquérant, règne sans partage, comme un seigneur dans ses terres. Le chemin s’étire, indifférent. Jusqu’à l’Ardèche et la Haute-Loire, les châtaigniers, comme des sentinelles, gouverneront jusqu’au bout du parcours. |
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Le chemin traverse alors un haut plateau, un espace ouvert où la terre respire et où la lumière, généreuse, éclaire les vastes clairières. C’est là que paissent les Charolaises, ces vaches à viande, aujourd’hui bien loin de leur terre natale. Un peu plus petites que leurs cousines aquitaines, elles paissent tranquillement sous l’œil vigilant des frênes, ces arbres que les paysans aiment tant. Car, auprès de ces géants, les hommes ne sont jamais bien loin. Jadis, ces frênes offraient des bienfaits aux troupeaux, leurs graines nourrissant le bétail. Aujourd’hui, les frênes dansent au vent, leurs branches se balançant comme de grandes mains lustrées par le temps. |
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Plus haut, le chemin s’ouvre sur La Croix de Frère Jacques, un carrefour isolé en pleine campagne, où le vent joue à travers les bouquets de feuillus. Un ultime souffle de liberté avant de se perdre à l’horizon. |
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La Via Adresca s’étend encore un peu sur le large chemin pierreux, comme si elle hésitait à quitter cette vaste étendue avant de trouver enfin une route qui traverse le haut plateau. Là, l’herbe se mêle aux céréales, sous l’ombre protectrice de grands arbres aux branches pleines de secrets. |
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Sur ce plateau déserté par les hommes, les rares maisons se cachent timidement derrière des haies épaisses. Ici, les gestes ancestraux de l’élevage se perpétuent dans une quiétude presque intime, et la terre nourrit, tant bien que mal, quelques cultures céréalières. La nature semble avoir trouvé son équilibre fragile, entre le monde sauvage et les mains des hommes. |
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Un peu plus loin, le parcours quitte le goudron pour s’enfoncer dans un chemin de pierres et de petits graviers. Ce chemin longe les champs de céréales, les étendues de maïs aux feuilles vertes et cuivrées. La terre, d’un ocre profond, se fait ferrugineuse, imprégnée de l’esprit ancien des lieux. Les cultures se composent principalement d’avoine et de triticale, dans ces terres pauvres mais tenaces, qui offrent tout ce qu’elles peuvent à ceux qui savent y puiser la vie. |
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Ici, en cette région, les chemins se transforment souvent : de larges chemins de pierre cèdent la place à des bouts de routes goudronnées, comme une mise en scène silencieuse entre la rusticité et la modernité. Les tracteurs, lourds et puissants, préfèrent le goudron lisse, fuyant les terrains marécageux où leurs roues risquent de s’enliser dans la boue profonde. |
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Mais cette incursion sur le goudron est de courte durée. Très vite, le chemin reprend son indépendance, oscillant entre les champs, grimpant, redescendant, traçant son sillon dans cette campagne dénuée de toute prétention. C’est là la campagne dans sa plus pure expression : simple, sereine, sans ornement superflu. |
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Au sommet de la petite butte, la route se glisse à nouveau, douce et sinueuse, à travers un paysage varié où les cultures se disputent la place, cherchant à s’imposer face aux prairies. La terre se fait plus généreuse ici, créant des harmonies de verts et de jaunes. |
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Ici, le ruisseau de Galaveyson coupe la route comme une ligne de démarcation. Cette région est aussi riche en petits étangs, des miroirs d’eau qui, malheureusement, restent hors de portée du chemin. Il aurait été agréable de s’y arrêter, mais le parcours a son propre rythme, qui ne permet pas de se perdre dans les détours de l’eau. |
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La route poursuit son chemin, traverse ensuite le lieudit Pré Reynaud, à seulement deux kilomètres de Roybon, comme une promesse de réconfort avant de s’enfoncer plus loin dans la vallée. |
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Vous voici sur la route de la Feyta. Ces “feytas” sont des plateaux morainiques, posés là comme des îles au-dessus des grandes plaines du Dauphiné. On en a déjà croisé en Bièvre-Valloire, ces terres qui, en plus d’être offertes aux cultures, cachent sous leur sol les galets, témoins silencieux des anciens glaciers. La Via Adresca poursuit son chemin sur le goudron, franchissant la départementale D156 qui mène à Roybon. Puis elle emprunte la petite route du Blain Haut, plus discrète, mais tout aussi empreinte de l’histoire des lieux. |
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Section 2 : Une pause au lac de Roybon

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans difficulté.

La route s’épanouit bientôt au lieudit Le Blain Haut, serpentant à travers les grandes étendues céréalières, où la nature se fait moins élégante, plus pragmatique, comme un tableau fonctionnel. Les champs semblent s’étirer à perte de vue, témoins d’un monde où l’humain impose sa marque sur le paysage. Les céréales ondulent au vent, mais l’horizon reste sec, dominé par cette nature qui se plie aux exigences de l’agriculture. |
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Peu à peu, la route change de ton, se métamorphosant sous vos yeux. Elle s’enfonce désormais dans un décor plus sauvage, où les haies d’arbustes se mêlent aux broussailles. Les végétaux, moins disciplinés, semblent offrir un autre visage de la nature, plus rebelle et indompté. On y devine la vie en son état le plus brut, où chaque rameau, chaque brindille, lutte pour se tailler sa place dans ce monde imparfait. |
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Un peu plus loin, le parcours se fait plus intime, comme une invitation à la découverte. Il laisse derrière lui l’asphalte de la route et s’engouffre dans un chemin qui s’épanouit parmi les herbes hautes, épargnées par l’agriculture, comme un coin secret du monde. Ici, la nature reprend ses droits, offrant une sensation de liberté, où l’on pourrait presque entendre les murmures d’un univers qui vit au rythme de la saison, insouciant des structures humaines. |
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Le regard, guidé par le chemin, plonge en contrebas vers le bourg de Roybon. Du sommet, le bourg se dévoile comme une perle délicatement nichée dans son écrin verdoyant, comme un joyau posé au fond d’un écrin de verdure, presque intime dans sa simplicité. Il semble suspendu dans le temps, une pause dans le flux incessant de la nature environnante, tranquille, presque secrète.

La pente se fait alors plus marquée. Dans la région, chaque chemin qui descend semble presque se soumettre à une loi géologique, une norme où le galet est roi. Ici, il n’est pas question de petites pierres, mais de galets de toutes tailles, polis par des siècles d’histoire naturelle. Leur rondeur et leur éclat doux, presque apaisants, témoignent de l’érosion patiente des éléments, une danse lente mais persistante qui façonne le paysage. |
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Les forêts environnantes sont dominées par une végétation modeste mais fière : de petits châtaigniers chétifs luttent contre la frénésie du temps, tandis que les frênes, majestueux et robustes, s’élèvent fièrement vers le ciel. Quelques chênes, solides et imposants, se dressent avec une grande dignité, tandis que des érables graciles dessinent une silhouette plus délicate, comme une contrepartie plus légère à la lourdeur des autres arbres. C’est un équilibre fragile, où chaque espèce semble tenir son rôle dans cette symphonie forestière. |
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Puis, le chemin s’incline de manière plus marquée, s’engouffrant dans un sous-bois touffu, où les broussailles se font plus denses, plus sauvages. L’atmosphère devient plus étouffée, comme si la nature se faisait plus dense sous la pression de la descente. Le chemin serpente entre les arbres, plongeant dans la végétation pour rejoindre la départementale qui mène à Roybon, la ville se rapprochant petit à petit, témoin d’un monde civilisé qui se profile à l’horizon. |
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La Via Adresca, fidèle à sa vocation de route historique, arrive alors rapidement à l’entrée du bourg, offrant à ceux qui la suivent une dernière image de la campagne avant d’entrer dans l’agglomération, comme une transition entre deux mondes, deux rythmes. |
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À l’entrée du bourg, la Galaure, bien plus qu’un simple ruisseau, cascade joyeusement, sauts et bonds frénétiques sur les pierres, créant un spectacle sonore et visuel qui réveille les sens. Elle s’épanouit au cœur du paysage, ajoutant une touche de vie, une éclatante fraîcheur qui contraste avec la sécheresse du monde agricole environnant. L’eau, en perpétuel mouvement, semble incarner l’essence même de la nature qui résiste et persévère, joyeuse et libre, dans sa course.

Roybon, petit bourg d’environ 1 300 âmes, possède tous les commerces nécessaires pour satisfaire les besoins de ses habitants. Mais au-delà de son activité locale, c’est aussi un lieu où les pèlerins, en route vers leur propre quête, s’arrêtent volontiers, attirés non seulement par la tranquillité du bourg, mais aussi par un curieux symbole : la réplique miniature de la statue de la Liberté. Un clin d’œil à l’Amérique, mais aussi à cette liberté de circuler, d’errer, de s’épanouir sous le ciel du Bas-Dauphiné. Le bourg se distingue par ses nombreuses maisons bâties en galets roulés, témoignages silencieux d’une époque entre le XVIIIe et XIXe siècle, où l’architecture locale se façonnait avec les ressources du sol. L’église néo-romane, toute de galets également, s’élève majestueusement et raconte à sa manière l’histoire de ce lieu, comme un gardien des souvenirs. Avec cette imbrication de pierres lisses, comme un puzzle ancien qui n’a jamais été totalement mis en ordre, on peut difficilement douter : ici, vous êtes bel et bien dans le Bas-Dauphiné, en Isère. |
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La Via Adresca, qui s’éloigne du cœur du bourg, prend la direction de l’Office de Tourisme. Ce dernier n’est autre qu’une ancienne gare, témoin d’un passé révolu où le rail était roi. Il fut un temps, il y a bien des décennies, où un chemin de fer reliait Lyon à St Marcellin, serpentant au cœur de la vallée de l’Isère. Le train, qui passait ici, continuait son parcours jusqu’à St Antoine-l’Abbaye. Cette ligne, surnommée la « Voie du Tram », fut inaugurée en 1899, avant d’être fermée définitivement en 1936. Aujourd’hui, la voie n’est plus qu’un sentier de randonnée, mais une lueur d’espoir demeure : elle renaîtra un jour, sans doute. Le président Macron lui-même l’a promis. Peut-être s’agira-t-il d’un TGV, qui sait ? Le rêve des anciens, nourri de rails et de voyages, pourrait ressurgir sous une forme plus moderne?

Roybon se trouve à environ sept kilomètres du monastère de la Trappe. La Via Adresca quitte le bourg, s’engageant sur l’allée du Lac, comme un prélude paisible à la suite du parcours. |
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Peu après, elle traverse l’Aigue Noire, un ruisseau qui porte bien son nom. Il serpente, se dissimule sous des broussailles épaisses, avant de se jeter dans la Galaure, le cours d’eau qui traverse le bourg. Ce ruisseau, modeste et secret, semble faire corps avec la nature environnante, dans une forme de discrétion sauvage. |
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La petite route, qui suit ensuite la rivière, se dirige vers le lac, un plan d’eau artificiel, un peu surélevé par rapport au bourg, offrant une vue pittoresque. |
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La route longe le lac, tranquille et accueillant. Son calme, presque serein, en fait un lieu propice à la détente, où il fait bon s’adonner à la baignade, à la pêche ou au pédalo, selon la saison. Les eaux, peu profondes et limpides, murmurent paisiblement sous les rayons du soleil, et le cadre qui les entoure semble inviter à la flânerie. |
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Mais la route qui longe le lac n’est pas celle des automobilistes pressés. Elle mène à une impasse, tandis que les marcheurs, eux, peuvent s’aventurer sans crainte, franchissant les frontières tracées par les voitures. Les pèlerins, eux, passent partout, comme si le monde leur appartenait. |
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Un chemin descend alors vers le camping, dont l’emplacement n’a rien de fortuit. En bout de lac, dans ce cadre particulièrement agréable, il s’intègre parfaitement à l’environnement, offrant un havre de tranquillité aux voyageurs en quête de détente. |
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Une petite route contourne ensuite le camping, avant de traverser à nouveau l’Aigue Noire, cette fois encore cachée dans les broussailles, comme un secret bien gardé. |
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La Via Adresca, quant à elle, prend alors de l’altitude, montant la route menant à Chevrières vers La Trappe, situé à cinq kilomètres plus loin. Mais ici, vous ne verrez guère les traces classiques d’un GR. Pourquoi ? Parce que vous ne suivez pas un GR traditionnel, mais un itinéraire spécialement aménagé pour Compostelle, en compagnie d’autres parcours régionaux (PR), souvent signalés par des flèches jaunes. Pourtant, la coquille bleue de Compostelle sera votre guide, votre boussole, l’emblème de votre voyage intérieur. Ce que vous entreprenez ici, c’est un périple de longue haleine, un voyage qui marquera sans doute votre mémoire, à travers les forêts particulières du Chambaran. |
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Section 3 : Du côté de chez Gargamelle

Aperçu général des difficultés du parcours : pas trop de difficulté, si ce n’est la montée très sévère sur les galets au départ de la forêt de Gargamelle.

La Via Adresca s’éloigne à peine de la route, presque imperceptiblement, et bientôt un chemin se profile, discret, presque secret : le Chemin de Gargamelle. Mais pourquoi ce nom étrange ? Pourquoi évoquer Gargamelle, la femme de Grandgousier et la mère de Gargantua, dans ce lieu où l’histoire semble se faire silencieuse ? En provençal, le terme “Gargamelle” désigne “gosier” ou “gorge”, mais ici, il n’y a aucune gorge, pas même un défilé escarpé, juste des galets roulants, indifférents. Peut-être des admirateurs de Rabelais, de ceux qui chérissent son univers foisonnant, ont-ils voulu, par une touche d’humour, insérer ce nom dans le décor. Qui sait ? Un clin d’œil à la sagesse du géant de la littérature ? La question reste ouverte. |
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Le chemin, après cette introduction, traverse le ruisseau de l’Oursière, et c’est là qu’on entre véritablement dans le Chambaran. Ce nom évoque une vaste étendue de terres sauvages, marquées par des bois touffus, des landes délaissées et des bruyères qui semblent se perdre dans un crépuscule perpétuel. Bien que l’on remarque les ornières profondes laissées par les tracteurs, témoignages de l’exploitation passée, cette partie de la forêt demeure encore peu cultivée. À mesure que l’on s’élève, l’environnement gagne en rusticité, la terre devient plus lourde et la végétation plus indomptée. |
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Rapidement, la pente se fait plus abrupte, dans un défilé, un vrai pierrier en quelque sorte. L’effort physique se fait sentir. Les galets, omniprésents, semblent se dérober sous les pas. Gargamelle, cette figure imposante, aurait-elle approuvé l’idée que son nom soit accolé à ces pierres indisciplinées, disséminées sur des pentes aussi raides ? Il semble que la nature elle-même ait voulu se jouer de l’étymologie, car ici, la terre est tout sauf docile.

Ces galets, plus durs, plus massifs, plus imposants que ceux de la Bièvre, vous confrontent à l’intemporalité du lieu. Ici, tout paraît colossal, hors du temps, presque préhistorique. À chaque pas, on s’attend presque à voir surgir, derrière les troncs serrés des châtaigniers, l’ombre d’un dinosaure, témoin d’un autre âge.

Les forêts de Chambaran, comme celles du Dauphiné, sont dominées par les châtaigniers, ces arbres dont les racines semblent s’enraciner dans les âges. Dans certaines régions, plus de 90% des arbres sont des châtaigniers, et l’on se sent tout petit sous l’ombre imposante de ces arbres ancestraux. Viennent ensuite les chênes pédonculés, à l’envergure plus majestueuse encore. D’autres essences, tels les robiniers, les hêtres, les noisetiers, les frênes et les érables, se glissent entre ces géants, comme de petites touches de vert, des nuances discrètes mais essentielles. Parmi les conifères, l’épicéa est roi, tandis que les sapins blancs, les pins de Douglas et les pins sylvestres n’ont ici pas le droit au chapitre. |
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Plus haut, Gargamelle semble traîner ses pieds dans une boue épaisse et collante, mais cet embarras ne dure pas. Les sangliers, invisibles mais présents, semblent approuver cette terre détrempée, la hantant sans relâche. Le chemin commence à s’éclaircir, et la clairière ne tarde pas à s’ouvrir devant vous. Les taillis, d’abord touffus et impénétrables, laissent place à un enchevêtrement de ronces, mais aussi à des buissons de chèvrefeuille, d’aubépine, de cornouillers et de genêts. Les fougères, éclatantes de vert, s’élèvent ici et là, ajoutant à ce décor une touche de fraicheur. |
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La pente s’adoucit progressivement, la marche devient plus aisée, et l’on se trouve dans une clairière, un espace presque sacré. La chasse, on le devine, doit être pratiquée ici, comme en témoignent les palombières, ces cabanes sommaires qui bordent l’orée du bois. La faune est sans doute présente, discrète mais omniprésente. |
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Ici, souvent, les randonneurs façonnent de petits cairns, ces tas de pierres empilées en toute simplicité. Ce n’est pas le manque de pierres qui manque, bien sûr, mais plutôt l’absence de voyageurs. La solitude semble régner en maître ici, comme une vieille amie de passage. Les rares promesses de rencontre sont ténues. Si le calme et la tranquillité vous sont chers, alors cette route vous envoûtera. Lors de notre traversée, en été, nous n’avons rencontré qu’une dizaine de personnes en une semaine, une rareté, un luxe presque. Ce chemin, comme une méditation solitaire, se déploie sous vos pas. |
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Au détour d’un bois, dans un silence si absolu qu’il en devient presque palpable, on entend meugler le bétail. Pui, le bruit d’un moteur lointain, rugit au coin du bois. Le bruit se fait plus fort, plus perçant, jusqu’à ce qu’un homme, monté sur son buggy, surgisse des prés. C’est un paysan, silhouette familière de la campagne, qui, à la place des vieux bergers marchant des heures sous le soleil, roule désormais à toute vitesse dans son engin motorisé. Le temps a changé. Les kilomètres d’antan, désormais avalés en un clin d’œil, sont devenus des souvenirs. |
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Ce paysan, qui vit en harmonie avec ses bêtes, élève des vaches splendides, ces majestueuses créatures à la robe dorée et aux cornes sculptées, qui pâturent l’herbe avec un appétit que l’on devine infini. Blondes d’Aquitaine, Charolaises, Limousines, Aubrac, et les superbes Salers, avec leurs cornes arquées en forme de lyre, trouvent leur bonheur dans ce pré luxuriant. Mais cette beauté de la nature a son revers, et le paysan, avec une pointe de désillusion, révèle que, malgré leur splendeur, ces vaches, dont l’existence semble un poème vivant, sont vendues au même prix que les vaches Holstein, dont la vie ne se résume qu’à traîner leur poids sur des pâturages trop souvent stériles. Quelle dérision ! Quelle injustice dans le monde marchand qui, dans sa logique froide, nivelle tout, effaçant la différence entre la beauté et la banalité. |
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La montée est désormais terminée, et vous avez atteint le haut plateau du Chambaran, là où le paysage semble s’ouvrir à l’infini. Gargamelle et son mystère s’éloignent derrière vous, laissant place à un nouvel espace, celui du Bois Secret. Les habitants de ces terres ont un goût certain pour la poésie, comme en témoigne le nom de ce bois mystérieux. |
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Ici, la Via Adresca file tranquillement à plat, serpentant dans une forêt majestueuse et sereine, d’une beauté presque surnaturelle. Mais, sous la douceur de ce cadre, le sol, argileux et réfractaire, résiste à l’eau, créant des mares où l’eau s’attarde sans jamais se laisser évaporer, même en période de sécheresse. Les traces laissées par les roues des tracteurs ont creusé ces poches d’eau stagnante, rendant le passage difficile et la nature, elle aussi, à la fois rude et généreuse. |
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Face à ce défi, les randonneurs, par souci de confort, ont créé des détours, des zones d’évitement où l’eau ne les empêche pas de progresser. On peut se demander si les sangliers et les chevreuils empruntent eux aussi ces passages secrets, comme des complices invisibles des voyageurs. |
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Le chemin continue, se faufilant sous les arbres, entre les troncs noueux et les feuillages denses. Et, un peu plus loin, il atteint enfin le Bois Secret. C’est ici que, seul, chaque panneau de direction devient un phare, un guide précieux dans cet univers végétal où l’on pourrait aisément se perdre. Ce sont des bouées de sauvetage, des signes qui rassurent : non, vous n’êtes pas perdu. Ici, le chemin se dirige vers la Croix de Mouze, un point de repère à seulement un kilomètre de là. |
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La forêt, elle, reste inchangée, fidèle à elle-même, aussi belle, aussi dense, aussi sereine. Elle n’est ni défigurée par le passage du temps ni affectée par l’homme, mais se laisse simplement vivre, en toute simplicité. Elle est riche de châtaigniers, d’une végétation foisonnante et d’une paix presque palpable, comme un lieu hors du monde. |
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Mais parfois, dans ce paysage essentiellement feuillu, un pin sylvestre se dresse, audacieux, défiant les autres arbres, et revendiquant sa place parmi eux. Il est là, solide, bien ancré dans la terre, pour prouver que lui aussi a sa place dans cette nature majestueuse. |
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Puis, au détour d’une petite clairière, la lumière fait son apparition, se faufilant entre les arbres. Un instant de lumière, un répit, avant que le chemin ne retourne s’enfoncer dans l’ombre tranquille de la forêt. C’est un paradoxe étrange. Ici, dans la forêt, les galets ont disparu, mais le terrain est toujours marqué par les traces des anciennes moraines glaciaires. La question reste en suspens : ont-ils été épierrés par l’homme, ou est-ce la géologie qui a fait son œuvre, faisant ressortir ces pierres à la surface, là où le sol est moins incliné ? |
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Le chemin finit par atteindre la Croix de Mouze, ce point de convergence, à deux pas de la Trappe, une belle croix en bois qui signale la fin d’une aventure spirituelle et géographique. La chrétienté, comme une évidence, reprend place après avoir traversé ces bois sublimes du Chambaran, mystiques et sauvages, empreints d’une beauté brute et essentielle. |
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Section 4 : En passant par la Trappe et les montagnes russes sur le plateau de Chambaran

Aperçu général des difficultés du parcours : cela oscille sans cesse, mais de manière plutôt confortable.

À la Croix de Mouze, une petite route s’épanouit, mais la Via Adresca ne s’y attarde pas. Elle s’engage, d’un coup, à angle droit, sur un large chemin qui se faufile à travers la forêt. Ici, les pins commencent à se faire plus nombreux, dressant leurs troncs droitement vers le ciel, comme une armée silencieuse, se confondant avec la lumière qui filtre à travers les cimes. |
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En approchant du bout de la forêt, le chemin mène à un lieu étrange, nommé Le Mur de la Trappe. Toutefois, en dépit de l’intuition qu’inspire ce nom, aucun mur ne se profile à l’horizon. Est-ce une illusion, un vestige des mystères de Gargamelle, ou bien est-ce un souvenir d’un vieux mur, érigé jadis pour délimiter le domaine de la Trappe ? L’imaginaire, ici, prend le pas sur la réalité ? |
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En quittant les ombres boisées pour pénétrer dans les champs de maïs et de blé qui s’étendent à perte de vue, l’abbaye de Chambarand se révèle soudain, surgissant dans la vallée, majestueuse et tranquille, comme un secret bien gardé du passé. C’est ici, au cœur de la campagne, que la Trappe, dans toute sa splendeur discrète, fait son apparition. |
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Le chemin se fait plus rocailleux, comme si les pierres elles-mêmes cherchaient à ralentir les pas des voyageurs. Une haie de broussailles se forme sur le bord, et à chaque pente, les galets réapparaissent, aussi inévitables que la pluie qui lessive la terre, dévoilant sans cesse, encore et encore, ces témoins immobiles du temps. Ce sous-sol, sans doute, cache une réserve infinie de galets qui, au gré des intempéries, se révèlent à la surface comme les souvenirs d’une époque révolue. |
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Le chemin approche rapidement de l’abbaye. D’abord perdue dans le décor naturel, l’abbaye semble une apparition, un édifice solitaire qui, au-delà de ses murs de galets, incarne l’harmonie entre l’homme et la nature. La bâtisse impose, sans ostentation, sa tranquillité et sa majesté, comme un phare silencieux dans la forêt. |
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Le chemin arrive bientôt au portail de l’abbaye Notre-Dame de Chambarand, un lieu empreint d’histoire et de spiritualité. Fondée en 1868, l’abbaye s’est éteinte en 1903, victime des suppressions de congrégations, avant de renaître en 1931 grâce à l’installation de religieuses trappistes, cisterciennes ferventes qui ont redonné vie au monastère. |
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Un peu d’histoire s’impose pour comprendre l’âme des trappistes. C’est au XIe siècle, dans l’Orne, à Soligny-la-Trappe, qu’a germé le mouvement monastique. L’abbaye de la Trappe, d’abord rattachée à l’Ordre des Cisterciens en 1147, a traversé les siècles et les réformes. Au XVIIe siècle, la ferveur de la règle monastique s’étant effritée, le trappisme est né, une stricte observance qui renoue avec la rigueur des anciens. Moines et sœurs, voués à une vie de contemplation et de prière, vivent selon la règle de saint Benoît, qui encadre chaque aspect de leur existence.
Mais la Révolution française, dans son élan de destruction, n’épargna pas ces refuges de paix. Plusieurs centaines de monastères cisterciens furent anéantis, et les trappistes, persécutés, se réfugièrent en Suisse, en Allemagne et même en Russie. Ce n’est qu’après la chute de Napoléon que les trappistes ont pu revenir en France. En 1814, l’ordre fut refondé à la Trappe, et son influence se répandit à travers le monde, donnant naissance à de nombreuses abbayes. Aujourd’hui, l’ordre de la Stricte Observance compte plus de 2600 moines et 1800 moniales, répartis dans quatre-vingt-seize abbayes.
L’abbaye Notre-Dame de Chambarand, située dans la vallée tranquille de l’Isère, est la dernière abbaye cistercienne active dans cette région. Son architecture, façonnée de galets roulés, s’intègre parfaitement à l’environnement naturel. Loin des bières et des fromages célèbres produits dans d’autres monastères, ici, les sœurs se consacrent à la prière, à l’artisanat et à la vente de produits provenant d’autres abbayes. Trente-quatre sœurs vivent ici, dans une existence simple, mais profonde, en communion avec la nature et la spiritualité. |
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Un chemin dans l’herbe, doux et sinueux, descend lentement sous l’abbaye de la Trappe, guidant les pas vers un monde plus bas, plus secret. Il se faufile entre les herbes hautes et les fleurs sauvages, emportant le marcheur dans une quiétude profonde. |
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Bientôt, il aboutit sur la route, là, juste en dessous du monastère, là où le monde extérieur semble encore plus lointain, presque irréel. C’est un retour au concret, mais un retour dans une paisible solitude, loin de l’agitation humaine. |
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La Via Adresca, en suivant sa course tranquille, longe le ruisseau du Galauret, qui s’étire ici comme une fine rivière, ou plutôt comme un étang serein. L’eau s’étend en une grande surface calme, reflétant les arbres et les cieux comme un miroir, et reliée à plusieurs étangs cachés sous la végétation luxuriante. Au-dessus, l’abbaye veille, imposante et silencieuse, tandis que la paix du lieu envahit l’âme.

Depuis l’étang, un chemin s’élève doucement, tout d’abord caillouteux, grimpant lentement dans la forêt de Bessins, qui semble se refermer autour du voyageur comme un écrin de verdure. Chaque pas, chaque respiration, semble se fondre dans l’harmonie tranquille de ce monde clos. |
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À mesure que l’on progresse, les galets disparaissent comme par enchantement, engloutis sous les ombres des pins, des chênes et des châtaigniers. Le sol devient plus souple, moins rude, mais les traces laissées par les tracteurs, comme des ornières invisibles, rappellent que cette forêt, aussi sauvage soit-elle, porte les marques de l’homme. Le Chambaran, toujours, joue sa valse étrange et cadencée entre galets, terre glaise et sol plus dur, comme un souvenir de la nature brute. |
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Bientôt, le chemin mène au lieudit Forêt de Bassins, à six kilomètres de St Antoine-l’Abbaye. |
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Ici, les forestiers ont pris la main sur la nature, débroussaillant le lieu et offrant une vue dégagée sur une mer de châtaigniers élancés, parsemés de pins plus rares et de frênes, eux aussi attirés par la lumière, préférant s’épanouir loin des ombres des autres arbres. Ce sont des essences fières, mais qui semblent se battre pour l’espace, cherchant leur place sous un ciel clair. |
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Le chemin, cependant, quitte à un moment la forêt et se fraie un passage vers la route de Roybon, qui serpente elle aussi près de la Trappe. Ce n’est pas une sortie brutale du bois, mais plutôt une rencontre douce entre la nature et les traces de civilisation. |
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À ce moment précis, le hameau de la Blache se trouve tout proche, mais l’itinéraire n’y conduit pas. « Blache », ce nom qui résonne comme une clé ancienne, provient du gaulois et signifie « chêne ». C’est un nom que l’on rencontre souvent dans la région, un hommage à ces lieux où les taillis ont été nettoyés, débarrassés de leurs chênes. Ces terres, débarrassées de leurs lourdes ombres, laissent maintenant place à la lumière et à l’air.
Le chemin reprend ensuite sa montée, encore caillouteux, mais plus léger cette fois, s’élevant en pente douce vers la forêt, longeant les prés et les bois. Chaque pas semble faire renaître l’envie d’avancer, comme une invitation à se fondre davantage dans la nature, à devenir un avec elle. |
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La forêt, à cet endroit, s’éclaircit, comme si elle avait décidé de s’épanouir moins densément, laissant respirer l’air. On devine que l’homme est passé par là, que les ciseaux du déboisement ont tracé des cicatrices sur le sommet de la colline. La terre hésite entre l’ocre profond et le gris sale, créant une toile de fond un peu rude sur ce chemin d’argile, qui reste passablement détrempé, comme un souvenir humide d’une pluie récente. |
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Ici, les châtaigniers, les frênes et d’autres essences profitent pleinement de cet espace dégagé. Ils se dressent avec fierté, leurs branches étendues comme des bras accueillants, savourant chaque rayon de soleil qui atteint enfin leur sol. L’horizon semble plus vaste, plus libre, sans les lourds ombrages des anciennes futaies. |
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Et puis, encore une dernière danse avec les galets de Chambaran. Un dernier contact avec ces pierres qui vous suivent tout au long de la journée, avant que le chemin n’achève son périple dans la forêt et n’en sorte définitivement. |
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Alors, soudainement, tout bascule. Vous avez passé le plus clair de la journée dans les forêts, denses, mystérieuses, magnifiques. Mais maintenant, l’univers qui s’offre à vous est celui de collines douces, légères, qui semblent épouser le ciel. Là où la terre s’épanouit, les courbes de l’horizon dessinent des paysages paisibles, presque sereins. Quelques sous-bois subsistent, disséminés çà et là, mais ce sont désormais les cultures qui dominent le paysage, une mosaïque vivante d’agriculture. Quand vous avez marché, seul, à travers ces forêts profondes, et que vous revenez à la vue des champs, il y a toujours une sorte de soulagement, comme si l’on respirait enfin plus librement, un peu plus près des humains. |
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Enfin, des humains, c’est une façon de dire. Le chemin descend, d’abord raide sur un petit tronçon, avant de se faire plus sage et tranquille, serpentant entre herbes hautes et galets, tout en douceur. Pas un arbre, ou presque, juste des prairies qui s’étendent et quelques champs de maïs qui viennent ponctuer l’espace. |
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Au bout de la descente, la terre a changé. Le chemin devient presque sableux, doux sous les pieds, comme une promesse de légèreté. Il débouche alors sur une petite route, toute proche de la Grange Bernier, un endroit tout simple, presque intime, où l’on se sent tout de suite chez soi. |
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Le parcours poursuit sa route, cette fois en suivant la route principale qui grimpe doucement vers un carrefour, celui qui permet de rejoindre le Château Renard. |
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Section 5 : En route pour St Antoine-L’Abbaye, encore un bijou qui nous vient du Moyen-âge

Aperçu général des difficultés du parcours : quelques belles pentes, mais surtout descente. On dépasse rarement le 15%.

La route s’élève lentement, serpentant sur la colline. Bien que la pente soit modérée, elle impose tout de même un effort. Pas extrême, mais suffisamment pour conseiller aux automobilistes de se munir de bons équipements en cas de neige. Nous sommes ici à moins de 600 mètres d’altitude, dans une région où, en hiver, la nature se fait plus sévère. |
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Arrivé au sommet de la colline, la route descend presque aussi abruptement, suivant le contour des petites collines qui s’enchaînent en ondulations. Devant vous, l’horizon s’élargit pour dévoiler le Vercors, imposant et distant, qui se dresse fièrement de l’autre côté de la vallée de l’Isère. |
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Bientôt, la route atteint un lieu au nom curieux : Le Cul de Perrette. Un nom qui, s’il n’a rien de poétique en soi, semble tout de même chargé de l’histoire du pays, comme un vestige oublié des temps anciens. |
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La route poursuit sa descente dans la campagne, qui se déploie généreusement, entre les noyers. Les arbres semblent s’étirer indéfiniment, alignés les uns après les autres, comme des soldats prêts à marcher, mais ici, c’est la douceur de la nature qui règne. Vous marchez en marge des célèbres domaines de la noix de Grenoble, ces noyers qui bordent le paysage sur des kilomètres, ombrageant la terre et l’âme de ceux qui les regardent. |
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Puis, lentement, la route remonte, une petite ascension qui vous fait quitter pour un instant la douceur des vallées. |
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Au détour de cette montée, vous passez devant la chapelle de St Jean-Fromental, un endroit paisible où le temps semble suspendu. La chapelle, simple mais gracieuse, est connue depuis l’époque romane, époque où elle faisait partie des possessions des Antonins de St Antoine-L’Abbaye. Le portail en arc, typiquement roman, témoigne de cette époque ancienne, mais la chapelle a été transformée au fil du temps. Toutefois, son âme reste intacte. Classée Monument Historique, elle abrite encore une cloche du XVe siècle, qui, chaque dimanche d’été, sonne les offices, apportant une résonance douce et familière à l’âme des pèlerins comme des locaux. |
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Juste après la chapelle, la route grimpe encore pendant près d’un demi-kilomètre, pour atteindre le sommet des collines qui dominent St Antoine-L’Abbaye. La montée est longue, mais le paysage champêtre qui se dévoile au fur et à mesure offre une quiétude rassurante, presque divine. L’âme s’y repose. |
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Au sommet, le goudron cède la place à un chemin de terre et de gravier qui descend tranquillement sur le flanc opposé de la colline, offrant une perspective nouvelle sur la vallée. |
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La campagne qui s’étend devant vous semble tout droit sortie d’une carte postale, bucolique et sereine. Des rangées de vignes émergent entre les noyers, comme un clin d’œil aux traditions locales, tandis que les grandes prairies ondulent sous la brise légère. |
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Plus bas, la route retrouve son revêtement goudronné et reprend son rythme sinueux, se faufilant entre les fermes et les champs qui bordent le paysage. Elle oscille, comme un fil d’Ariane tissé entre les collines. |
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Dans cette région, les petites collines s’enchaînent sans fin, créant une danse infinie. La route, quant à elle, ondule doucement entre elles, comme une mélodie que l’on écouterait sans jamais se lasser.

Peu après, la route amorce une légère montée, presque imperceptible, sur un tracé qui oscille entre gravier et goudron. |
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Cette hésitation du parcours semble annoncer l’approche de son terme, un dernier effort avant d’atteindre le lieudit L’Enclos, ultime halte avant le point final de cette étape. |
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La, la route goudronnée, marquée par le passage du temps et des saisons, se prolonge. Elle passe devant un self-service de fruits et légumes installé par une ferme voisine. |
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Depuis la ferme, un chemin cabossé, déformé par les intempéries, amorce la descente vers St Antoine-l’Abbaye. |
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La pente se fait plus marquée, exigeant une certaine vigilance. Tout au fond du vallon, l’abbaye se dévoile peu à peu, comme un trésor encore distant. Le chemin, manifestement épierré par des mains patientes, progresse vers le bourg avec une détermination tranquille. |
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Et puis, soudain, l’œil est saisi, presque ébloui, par la majesté du lieu. La grandeur imposante de l’abbaye domine le paysage, telle une sentinelle figée dans le temps, gardienne silencieuse de l’histoire des lieux. |
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Le parcours traverse les jardins de l’abbaye, aujourd’hui aménagés en parc public. Jadis, ces espaces verdoyants faisaient partie d’un vaste complexe monastique. Les bâtiments, remodelés aux XVIIe et XVIIIe siècles, témoignent des heures de gloire des Antonins avant leur déclin. Là se tenaient la maison de l’abbé, le grand cloître, le réfectoire, les bibliothèques, l’infirmerie, les écuries, et bien sûr, ces jardins soigneusement entretenus. L’ombre du passé flotte encore dans cet agencement harmonieux, même si le temps et l’histoire ont redéfini leur usage. |
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À l’entrée du bourg, les bâtiments de l’Office du Tourisme et de la Maison du Tourisme et du Patrimoine accueillent les visiteurs. Ces lieux, sobres mais accueillants, servent de passerelle entre le passé et le présent, invitant chacun à plonger dans l’histoire fascinante de l’abbaye et de son environnement. |
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En franchissant un portique baroque enchâssé dans une maison voisine, on débouche sur une grande place rectangulaire, ombragée et paisible. Les cafés et les petites boutiques se fondent discrètement dans l’architecture des lieux, prolongeant l’atmosphère de sérénité qui émane des bâtiments annexes de l’abbaye. Ici, le murmure du passé et le souffle du présent s’entrelacent dans une harmonie douce et intemporelle. |
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Au cœur des récits fondateurs de St Antoine-l’Abbaye se dresse une figure marquante : le chevalier Jocelin de Châteauneuf. Ayant miraculeusement été guéri par saint Antoine, Jocelin entreprit un voyage en Terre Sainte afin de ramener les reliques de ce saint vénéré. Ce geste de gratitude devint l’épicentre d’une série d’événements qui marquèrent à jamais l’histoire de l’abbaye. Sur ordre du pape, les reliques furent confiées aux moines de l’abbaye de Montmajour, près d’Arles, et transportées en 1088 à St Antoine, où débuta la construction de l’abbaye, lieu propice au culte. L’arrivée des reliques coïncida avec une période troublée : l’émergence du « feu sacré », une gangrène atroce causée par l’ergot de seigle. Cette épidémie, relatée lors d’une précédente étape et également sur le chemin de la Via Podiensis entre Auvillar et Lectoure, fut le terreau sur lequel se développa l’ordre des Antonins.
En 1191, un conflit éclata entre les Bénédictins, déjà installés, et les Antonins, fraîchement arrivés, autour de la gestion des quêtes. Ces derniers réclamaient une chapelle indépendante, ce à quoi les Bénédictins s’opposèrent fermement. La rivalité prit un tour architectural, les Bénédictins agrandissant l’église tandis que les Antonins obtinrent l’autorisation de construire une modeste chapelle. Derrière ces différends religieux, se jouaient des luttes de pouvoir et de revenus, inhérentes aux institutions religieuses de l’époque. Cependant, les Antonins prirent rapidement l’ascendant. À la fin du XIIe siècle, ils avaient établi neuf commanderies dans le Dauphiné et s’étaient même étendus jusqu’en Hongrie. Au début du XIIIe siècle, ils obtinrent leur indépendance vis-à-vis des Bénédictins, adoptant la règle des chanoines de saint Augustin. Avec cette autonomie, ils bâtirent un hôpital impressionnant, malheureusement abandonné et détruit par la suite. Les tensions avec les Bénédictins atteignirent un point culminant lorsque des hommes en armes, levés par les Antonins, forcèrent les premiers à quitter St Antoine. Ce coup de force permit aux Antonins de devenir les maîtres incontestés du lieu. Les querelles s’étendirent jusqu’aux reliques : étaient-elles véritablement ici ou à Arles ? En 1297, le pape Boniface VIII trancha, dédommagea les Bénédictins et éleva le prieuré au rang d’abbaye. Avec ce statut, l’abbaye entama une grande reconstruction, mêlant styles architecturaux successifs. Vers 1400, la nef fut voûtée. Les Guerres de Religion et la Révolution française laissèrent également leur empreinte, avec des modifications, destructions et pillages.
Le déclin des Antonins s’accéléra à la fin du XVIIIe siècle, en grande partie grâce à la disparition du « feu sacré ». Sans cette terrible maladie, leur raison d’être s’évanouit. En 1777, l’ordre des Antonins s’éteignit, les bâtiments furent cédés aux Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, qui n’y restèrent pas longtemps. La Révolution précipita le démantèlement de l’abbaye : ses biens furent vendus, et les chanoinesses, dernières habitantes des lieux, en furent chassées en 1792. Au XIXe siècle, l’abbaye connut un bref renouveau lorsque Jean-Claude Courveille acquit une partie des bâtiments pour y fonder une école. En 1840, grâce à l’intervention de Prosper Mérimée, l’église abbatiale fut classée monument historique. Aujourd’hui, bien que dépouillée de son faste d’antan, elle reste un témoin précieux de l’histoire, accueillant occasionnellement des offices religieux. Rattachée au diocèse de St Marcellin, l’église continue de faire vivre, dans le silence de ses murs, la mémoire des siècles passés. |
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L’abbaye est un chef-d’œuvre architectural qui, à première vue, semble incarner l’élégance du style gothique flamboyant. Pourtant, elle révèle un mélange fascinant de styles divers, fruit des époques successives de construction et de restauration. Ce monumental édifice, inscrit parmi les Monuments Historiques, impose par sa silhouette austère et raffinée. Le portail sculpté, véritable dentelle de pierre, retient d’abord le regard par sa précision et sa richesse. Une fois à l’intérieur, la nef, élancée et solennelle, mène naturellement l’œil vers l’autel. C’est là, au cœur de cette grandeur sacrée, que reposent les reliques de saint Antoine, le thaumaturge. L’ensemble, avec sa façade majestueuse, son parvis accueillant, son portail monumental et son grand escalier, confère à l’abbaye une allure qui captive et impose le respect. |
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Les trésors qu’elle abrite sont tout aussi impressionnants. Les peintures murales, bien que relativement récentes dans leur facture, semblent imprégnées d’une patine intemporelle, comme si les murs eux-mêmes avaient absorbé des siècles d’histoire. L’orgue du XVIIe siècle, massif et élégant, ajoute une dimension sonore et visuelle incomparable. Dans les sacristies, le trésor des Antonins scintille encore, témoignage tangible de l’opulence et du pouvoir de l’ordre en son temps. |
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Depuis le parvis de l’église, une vue plongeante s’ouvre sur le vieux village et sur la rivière du Furand qui serpente à ses pieds. Cette perspective rappelle l’importance stratégique et spirituelle de l’abbaye, dominant le paysage environnant comme un phare de pierre. |
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Le village lui-même est un joyau médiéval, où l’histoire semble imprégnée dans chaque ruelle tortueuse et chaque pierre. Ses maisons anciennes, certaines érigées entre le XIVe et le XVe siècle, varient entre les constructions simples en moellons et les structures plus élaborées à colombages. Ici, des échoppes d’un autre temps côtoient les halles, témoins d’un quotidien médiéval qui a su résister à l’épreuve des siècles. |
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Pour les visiteurs en quête d’une expérience insolite, à deux kilomètres du village se trouve une retraite unique : les cabanes de Fontfroide. Ces logements perchés dans les arbres, au cœur de la forêt de châtaigniers, offrent un séjour hors du commun. Chaque cabane, solidement ancrée dans des fûts longilignes, semble flotter dans un écrin de verdure. Le service y est aussi particulier que raffiné. Les repas, l’apéritif, et même le petit déjeuner sont livrés via une corde et une poulie, dans une élégance toute rustique. Bien que les cabanes soient étonnamment stables, un vent fort peut faire tanguer doucement leur structure, offrant aux hôtes la sensation de naviguer sur un navire imaginaire. Cette expérience, conjuguant confort et nature, procure un sentiment rare d’évasion et de communion avec l’environnement. Pour rejoindre ces cabanes ou la Via Adresca, les indications vous guideront à travers des chemins forestiers empreints de sérénité. L’aventure, qu’elle soit spirituelle ou bucolique, commence ici, dans ce coin du Dauphiné, où l’histoire et la nature se rejoignent dans une harmonie parfaite. |
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Logements officiels sur la Via Adresca
- Camping de Roybon, avril-septembre, Roybon; 04 76 36 23 67/06 86 64 55 47 ; Camping, caravanes, repas
- Abbaye des sœurs cisterciennes, Abbaye de Chambarand, La Trappe ; 04 76 36 22 68 ; Accueil monastique, réserver
- L’Arche de St Antoine, Place de l’Abbaye, St Antoine-L’Abbaye ; 04 76 36 45 97 ; Communauté, repas, petit déj.
- L’Antonin, 106 Rue Corsière, St Antoine-L’Abbaye ; 06 87 59 40 77/ 04 76 36 41 53 ; Chambre d’hôte, repas, petit déj.
- Chez Camille, 411 Rue Commandant Garaud, St Antoine-L’Abbaye ; 06 82 43 05 99 ; Hôtel, repas, petit déj.
- Cabanes de Fontfroide, à 1 km du GR, St Antoine-L’Abbaye ; 06 17 09 55 75 ; Cabanes sur les arbres, repas, petit déj.
Accueils jacquaires (voir introduction)
- Roybon (1)
- St Antoine-L’Abbaye (1)
Sur la Via Adresca, les options d’hébergement sont presque toujours limitées. Vous ne traversez pas l’Ardèche touristique du Sud. Le logement est limité, même pour les AirBnB, dont les adresses ne sont pas disponibles. La liste ne répertorie que les logements situés directement sur le parcours ou à moins de 1 km du chemin. Le guide des Amis de Compostelle, quant à lui, recense toutes les adresses de logements disponibles, ainsi que celles des bars, restaurants et boulangeries le long du tracé, et même à plusieurs kilomètres du parcours. Pour se restaurer, il est possible de faire une pause à Roybon. À la fin de l’étape, il y a aujourd’hui plus de possibilités de trouver nourriture et logement à St Antoine L’Abbaye. Ici, il est aussi possible de faire un kilomètre de plus pour aller passer la nuit sur les châtaigniers.
N’hésitez pas à ajouter des commentaires. C’est souvent ainsi que l’on monte dans la hiérarchie de Google, et que de plus nombreux pèlerins auront accès au site.
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Etape suivante : Etape 10: De St Antoine L’Abbaye à Mours-St Eusèbe |
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