En route pour le grand vignoble de Bourgogne
DIDIER HEUMANN, ANDREAS PAPASAVVAS

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du parcours. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.
Pour ce parcours, voici le lien:
https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/de-labbaye-de-citeaux-a-vougeot-par-le-chemin-de-compostelle-228206310
Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore en France de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous trouverez bientôt sur Amazon un livre qui traite de ce parcours.
Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.
Pour beaucoup, la Bourgogne se résume à son vignoble, tant il incarne l’âme et la renommée de la région. De Dijon à Beaune, et bien au-delà encore, s’étend un chapelet de villages, de clos et de coteaux sculptés par des siècles de travail patient. C’est le domaine de la Route des Grands Vins, ce ruban qui serpente entre collines et vallées, reliant des noms qui résonnent comme des promesses : Gevrey-Chambertin, Nuits-Saint-Georges, Pommard, Meursault… Chaque étape est une halte dans un paysage façonné par l’homme, où les vignes se déploient comme un damier d’or et de vert, suivant la lumière et les saisons. Ces terres, classées pour certaines au patrimoine mondial de l’UNESCO, sont bien plus qu’un terroir : elles sont un héritage vivant, transmis de génération en génération. Le vignoble de Bourgogne n’est pas seulement une géographie, mais une culture, une manière d’habiter le temps et la terre, une rencontre intime entre le sol, la vigne et la main du vigneron.
Mais avant de parvenir au cœur de ce royaume viticole, avant que n’apparaissent les noms prestigieux gravés dans la mémoire des amateurs, il faut traverser d’autres paysages, plus secrets et tout aussi essentiels. Champs de blé, prairies ponctuées de haies vives, grands bosquets qui dessinent des ombres au détour des chemins, ce sont les avant-postes du vignoble, les terres qui l’annoncent sans encore le montrer. Cela vos permettra d‘atteindre Vougeot, au cœur battant de la Bourgogne viticole. Là, soudain, le paysage change : les coteaux se couvrent de ce damier de ceps réguliers, les clos se dessinent derrière leurs murets de pierre, et l’on entre dans un monde façonné depuis des siècles par la patience des moines et des vignerons.
Comment les pèlerins planifient-ils leur parcours ? Certains s’imaginent qu’il suffit de suivre le fléchage. Mais vous constaterez à vos dépens que le fléchage est souvent déficient. D’autres utilisent les guides à disposition sur Internet, eux aussi souvent trop élémentaires. D’autres préfèrent le GPS, à condition d’avoir importé sur le téléphone les cartes de Compostelle de la région. En utilisant cette manière d’opérer, si vous êtes un expert de l’utilisation du GPS, vous ne vous perdrez pas, même si parfois le parcours proposé n’est pas exactement le même que celui proposé par les coquilles. Mais, vous arriverez sauf à la fin de l’étape. En la matière, le site qu’on dira officiel est le parcours européen des Chemins de Compostelle (https://camino-europe.eu/). Dans l’étape du jour, la carte est incorrecte. Avec un GPS, il est encore plus sûr d’utiliser les cartes Wikilocs que nous mettons à disposition, qui décrivent le parcours actuel fléché. Mais tous les pèlerins ne sont pas des experts de ce type de marche, qui pour eux, défigurent l’esprit du chemin. Alors, vous pouvez vous contenter de nous suivre et de nous lire. Chaque embranchement difficile à déchiffrer du parcours, a été signalé, pour vous éviter de vous perdre.
Difficulté du parcours : Le trajet du jour est presque plat, sans aucune difficulté (+85 mètres/-50 mètres).

État du parcours : Aujourd’hui, les chemins prennent le pas sur les routes :
- Goudron : 4.2 km
- Chemins : 8.3 km
Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur sur ces parcours. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.
Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.
Pour les “vrais dénivelés”, relisez la notice sur le kilométrage sur la page d’accueil.
Voici un exemple de ce que vous trouverez. Il suffit de prendre en compte la couleur pour comprendre ce qu’elle signifie. Les couleurs claires (bleu et vert) indiquent des pentes modestes de moins de 10%. Les couleurs vives (rouge et brun foncé) présentent des pentes abruptes, le brun dépassant 15%. Les pentes les plus sévères, supérieures à 20-25%, très rarement plus, sont marquées de noir.

Section 1 : Le long du Canal de Bourgogne

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

| Le voyage s’ouvre sur une note solennelle : c’est depuis l’église de Citeaux, cœur battant de l’antique abbaye, que l’on franchit le grand portail, celui-là même qui borde le parking, comme si le présent devait céder doucement la place au passé. Là commence votre parcours. |
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| Au carrefour, le parcours n’hésite pas et choisit résolument la route de Villebichot. Ce n’est pas un croisement anodin : c’est une bifurcation du réel, un discret clin d’œil au marcheur qui sait lire entre les lignes. |
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| Sous un ciel vaste et silencieux, la route file droit, son tracé net tranchant la campagne comme une incision précise. Elle s’élance en direction de la forêt, comme un bras tendu vers le mystère. |
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Voici un moment charnière, un de ces instants que seul le voyageur attentif saisit : après un kilomètre, surgit une dissonance. Les cartes officielles du Chemin de Compostelle en Bourgogne vous trahissent ici, menant tout droit sur l’asphalte. Mais une coquille, posée là comme une énigme, vous intime doucement de bifurquer, de plonger dans l’ombre des arbres. Un choix s’impose : la sécurité de la carte ou l’appel vibrant de la coquille ?

| Ne craignez rien, si vous suivez la coquille : vous ne vous perdrez pas. Le guide mentionne une borne de bois, timide sentinelle du Chemin des Moines. Nous ne l’avons pas aperçue. Mais le chemin est là, évident, ample, pierreux à souhait. Il fend la forêt comme une veine blanche, rectiligne, infatigable, bordée d’ombres et de bruissements. |
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| À chaque pas, ce sont les mêmes hôtes végétaux qui vous saluent, sentinelles dressées dans un silence épais. Les hêtres et les charmes, élancés et souples, dansent au moindre souffle. Des frênes, vastes et généreux, étendent leurs bras en parasols. Les érables, chétifs mais tenaces, ponctuent le chemin, tandis que les chênes, hirsutes et touffus, s’imposent comme de vieux sages un peu fous. Il n’y a guère de châtaigniers, de frênes ou de conifères : c’est un bois de feuillus, un sanctuaire clair. |
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| Parfois, le sol se fait plus clément, les cailloux s’estompent, et une clairière s’ouvre, fragile respiration au milieu de l’avancée implacable. Mais le chemin, insatiable, reprend aussitôt sa course. Il ne courbe pas l’échine. Il file, droit comme une promesse. |
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| Et soudain, presque imperceptiblement, une nouveauté surgit : le chemin esquisse un virage. C’est un frémissement dans la monotonie, une courbe comme un clin d’œil. Quelque chose pourrait se produire. |
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| La forêt s’ouvre alors dans un élan grandiose, juste un instant. Une petite clairière, baignée de lumière, dévoile les feuillus qui s’élèvent haut, si haut qu’ils semblent vouloir rattraper les nuages. La nature ici devient cathédrale. |
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| IMais ce répit ne dure qu’un battement de cœur. Le large chemin reprend sa marche obstinée. Droite, implacable, la ligne se prolonge comme un fil tendu vers l’invisible. On y sent presque le murmure du silence, comme une invitation à l’abandon. |
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| Plus loin, le chemin croise une discrète voie de terre battue, usée par les allers-retours patients des forestiers. Mais ici, pas d’ambiguïté : une coquille, barrée d’un trait sec, interdit ce détour. Soulagement immédiat. Même au cœur de ces bois profonds, une balise veille. Le pèlerin n’est pas abandonné ; il suit toujours la veine sacrée du Chemin de Compostelle. |
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| Dans ce silence séculaire, il arrive parfois qu’une silhouette surgisse : un joggeur, seul et concentré, comme un souffle humain fugace dans cette cathédrale verte. Ils sont rares, mais plus fréquents que les marcheurs. Leur foulée tranche l’air, mais ne trouble pas la paix du lieu. |
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| Et la route de terre continue, implacable. Droite comme un serment, elle s’étire à l’infini, monotone, dépourvue de détours comme d’accidents, obstinée dans son avance. Une ligne tendue entre deux silences. |
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| Bientôt, les signes de l’exploitation humaine reparaissent. Les bûcherons ont laissé leur empreinte : des zones plus clairsemées, le long desquelles les arbres, serrés comme des sardines dans une boîte de fer, témoignent d’un ordre imposé à la nature. Une cadence industrielle s’insinue ici, discrète mais perceptible. |
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Section 2 : Dans la forêt à l’approche de Gilly-lès-Citeaux

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

| Enfin, après trois longs kilomètres d’immersion forestière, une petite route goudronnée se dresse devant vous, comme une tentation moderne, une échappée facile vers le monde civilisé. Mais la coquille, fidèle compagne, vous détourne gentiment de cette voie. |
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Et comme un clin d’œil bienveillant, une autre coquille, orientée sans équivoque, vous rappelle que votre chemin ne fléchit pas. Il poursuit son tracé, droit devant, avec une calme assurance.

| Le chemin poursuit sa course au cœur du bois, serpentant sur la terre battue, que les lourds pneus des tracteurs forestiers ont par endroits labourée. Le sol en garde les cicatrices, comme un parchemin griffonné par des mains impatientes. |
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| Un peu plus loin, l’herbe prend la relève. Elle envahit doucement le chemin, recouvrant la terre d’un tapis doux, presque moelleux, comme si la forêt voulait panser ses plaies. |
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| Puis, sans crier gare, le chemin s’échappe enfin du couvert des arbres. Il débouche dans une clairière vaste et lumineuse, un souffle d’air après la densité du bois. |
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| Ici, aujourd’hui, c’est une mer d’oléagineux qui vous accueille : le chemin traverse un océan de colza, ondulant sous la brise comme une houle végétale. Des centaines d’hectares vibrent sous le soleil. Demain, ce pourrait être du blé, du tournesol ou de la jachère. La terre change de visage au rythme des saisons et des hommes. |
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| Puis, comme un battement de cœur, le chemin replonge dans la forêt. Les hêtres et les charmes y forment à nouveau leur arche feuillue, familière et apaisante. |
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| Un peu plus loin, une nouvelle clairière s’ouvre, paisible et déserte. Mais ici, aucun signe, aucune coquille, aucun murmure d’orientation. Le doute s’installe. Alors, comme un vieux routard, vous sortez votre boussole, car le guide des Amis de Compostelle ne vous est d’aucune aide. C’est à gauche que vous sentez l’appel du chemin. Intuition ou expérience, peu importe : il faut choisir. Nous vous donnons la solution. |
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| Le chemin qui s’offre à vous est large, en terre battue, presque doux sous les pas. Peu de cailloux, une forêt moins dense, qui semble s’effacer en silence. La route de terre battue longe ce bois assagi sur près d’un kilomètre. Tout semble indiquer que vous êtes encore sur la bonne voie. |
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| Et soudain, comme une grande respiration, la forêt s’éloigne. Devant vous, la plaine s’ouvre, nue et vaste, labourée de champs qui s’étendent jusqu’à l’horizon. De petits villages percent la ligne de terre, comme des îlots tranquilles au bord du monde. |
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| Mais ce calme est trompeur. Vous venez d’entrer dans un vrai traquenard. Vous cherchez, vous inspectez, vous scrutez la moindre souche, le moindre poteau. Pas de coquille. Rien. Seulement une borne : celle du Chemin des Moines, signalée dès le départ par le guide. Elle est bien là… mais elle pointe dans la mauvaise direction. Car ici, un autre itinéraire, le circuit des Moines, vient brouiller les pistes. Alors vous sortez à nouveau votre boussole, ou votre GPS capricieux qui vous indique Gilly, sur la droite. Vous comprenez alors : dans ce labyrinthe champêtre, sans guide fiable, sans balise claire, il faut une intuition, ou un compagnon de route invisible. Car ni le petit guide des Amis de Compostelle, ni les cartes européennes n’offrent ici une vérité tangible. |
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| La large route de terre battue s’incline alors avec une docilité presque imperceptible. Elle descend doucement, longeant les lisières du bois comme un ruban qui glisse le long d’un manteau. À gauche, les champs s’étendent à l’infini, vastes et muets, baignés de lumière. |
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| Puis la piste s’affranchit de la forêt. Elle ondule lentement à travers les terres ouvertes, sans arbre, sans le moindre coin d’ombre. Le soleil y règne en maître absolu sur les prairies et les champs. Le regard se perd dans l’horizon, dans cette nudité paisible du paysage. |
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| Elle finit par croiser une petite route agricole, discrète et usée, et s’approche d’un nouveau bosquet qui surgit comme une promesse d’ombre dans cette mer de champs. |
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| Alors, le chemin longe le bois, patiemment, longuement, comme s’il lui faisait la cour. À perte de vue, les champs déroulent leur monotonie ondulante, et le chemin, imperturbable, trace son sillon entre nature et cultures. |
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| Peu à peu, la terre cède la place au goudron. Le chemin rejoint la D116b, une route étroite et tranquille qui mène au village de Saint-Bernard. L’asphalte ramène un soupçon de civilisation, mais l’incertitude, elle, ne faiblit pas. |
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| Et voici que le doute s’invite à nouveau. Le guide vous prévient : “Prendre à droite la route. Après quelques mètres, emprunter à gauche le petit sentier longeant la forêt. Le suivre pour déboucher plus loin sur la départementale D25“. Oui, une coquille, discrète et presque avalée par les hautes herbes, vous indique de suivre la route vers la droite. Mais pas de trace claire d’un sentier. Et pourtant, il y a bien un chemin qui longe la lisière du bois, mais il est mal dessiné dans les hautes herbes, peu engageant. L’incertitude s’épaissit ici comme une brume. Ce fléchage approximatif, dans toute cette région, frôle parfois l’absurde, d’autant plus qu’un signe de direction peint en rouge, vous incite à prendre la route. Alors, avec un soupçon de résignation, choisissez la sagesse : suivrez simplement la route à droite. Au bout de la route, tournez à gauche en direction de Gilly. Après tout, peu importe l’embranchement choisi, les deux conduisent à la D25 sur la route de Gilly. |
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Section 3 : A l’approche du vignoble de Vougeot

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

| Si vous suivez la route, vos pas vous mèneront inexorablement jusqu’au carrefour de la départementale D25, ce ruban d’asphalte où convergent tant de destins anonymes. |
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Évidemment, la coquille tant recherchée brille ici par son absence, comme si le chemin s’était dérobé à la vue, tel un fil fragile perdu dans la trame du paysage. Sans doute fallait-il suivre cette voie hypothétique, mal signalée, presque fantomatique, que la main maladroite des hommes a négligé d’indiquer. Qu’importe ! Tournez à gauche sur la route, et laissez-vous guider vers Gilly-lès-Cîteaux, là où les clochers semblent veiller sur les voyageurs.

| La route, dès lors, se déploie dans un élan droit et têtu, s’enfonçant dans une forêt épaisse où la lumière se fait rare. L’ombre des arbres se referme sur vous comme un manteau sombre. |
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Plus loin, réapparaît enfin une coquille, fragile balise de pierre qui scintille au bord du chemin, rappelant que la voie authentique passait bien par le sentier discret. Le pèlerin, rassuré, comprend qu’il n’a pas erré en vain : ce détour, jugé plus sûr, n’était pas une trahison mais une variante offerte à ceux qui doutent.

| À la sortie de ce bois profond, la route vient épouser un discret ruisseau, le Saviot, qui serpente modestement entre les herbes hautes. On pourrait presque l’ignorer, tant il se cache, mais son murmure discret suffit à rappeler que l’eau, invisible parfois, demeure l’âme secrète des paysages. |
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| La route, ensuite, s’ouvre largement sur la plaine. Elle fend de vastes champs qui s’étirent à perte de vue, véritables nappes dorées ou vertes, suivant la saison, où la main des hommes dialogue avec la patience de la terre. |
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| Peu après, voici l’ombre écrasante de l’autoroute A31, ce fleuve d’acier et de bitume que l’on surnomme Autoroute de Lorraine-Bourgogne. Elle relie le Luxembourg à Beaune, charriant inlassablement le flux des poids lourds venus d’Allemagne, de Belgique et des Pays-Bas, sillonnant l’Europe comme des fourmis obstinées. Elle traverse Metz, Nancy, Dijon : autant de haltes anonymes sur ce grand chemin moderne. |
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Quel étonnement, alors, de retrouver une coquille gravée sur le pont : belle, claire, presque insolente dans son évidence, mais ici parfaitement inutile. Car nul pèlerin sensé n’irait se risquer à suivre les entrailles d’une autoroute, royaume du bruit et du danger.

| La départementale D25 poursuit sa marche, imperturbable, entre les champs. Déjà se profilent les premiers signes annonciateurs du Clos de Vougeot : ce nom seul résonne comme une promesse de bonheur pour les amateurs éclairés, car il incarne l’excellence des vins et le génie séculaire des vignerons. |
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| Un peu plus loin, le guide murmure : “Avant les lignes à haute tension, prenez le sentier herbeux qui remonte la Vouge“. Sur le bas-côté, il existe bien une ouverture, mi-sentier, mi-illusion, qui semble inviter à l’aventure. Mais à ce stade du chemin, après tant de chausse-trappes et de faux départs, et comme nulle coquille ne l’atteste, il est sage de renoncer à cette échappée incertaine. La route, fidèle, conduit droit vers Gilly, visible déjà à l’horizon, comme un havre attendu. |
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| Enfin, vos pas vous portent jusqu’à Gilly-lès-Cîteaux. Le village, avec ses 800 habitants, apparaît comme une halte bénie. À l’entrée, un hôtel de belle allure tend ses portes aux pèlerins, ceux qui n’ont pas pris le temps de s’arrêter plus tôt, à l’Abbaye de Cîteaux. |
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| Le parcours s’engage désormais sur la Route des Graviers, comme une invitation à glisser doucement vers la Vouge, cette rivière capricieuse et complexe, aux humeurs changeantes, qui traverse et façonne le pays. |
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| Après avoir franchi la Vouge par un modeste pont, le parcours emprunte brièvement la Route de Flagey. Cette traversée, quoique rapide, donne au voyageur le sentiment de s’avancer encore davantage vers le cœur historique et spirituel de la contrée. La route devient ainsi une transition, un passage, presque un rite, avant de s’enfoncer dans la mémoire des lieux. |
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| Une coquille, posée avec justesse cette fois, comme une étoile bienveillante, vous invite à quitter l’asphalte monotone. Elle brille comme une promesse, rappelant que le chemin de Saint-Jacques ne se parcourt jamais dans la banalité des routes droites, mais dans le détour, dans l’écart, là où commence la vraie rencontre avec le paysage. |
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| Un sentier herbeux s’ouvre alors, longeant le sous-bois du château. Bordé d’un vieux mur moussu, il court en parallèle au ruisseau qui murmure à votre droite. |
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| A la sortie du sous-bois, le lieu tout entier respire un charme absolu. Gilly, bien que réduit à la taille d’un modeste village, fut au Moyen Âge un centre de rayonnement insoupçonné. Dès le VIe siècle, un prieuré bénédictin s’y établit, jetant les fondations spirituelles qui allaient façonner l’histoire du site. À la fin du XIIe siècle, le domaine passe entre les mains de l’Abbaye de Cîteaux. Les moines, maîtres dans l’art de dompter l’eau, aménagent la Vouge qui traverse le parc, y développant irrigation et aquaculture. Le château, ancienne résidence des abbés de Cîteaux, s’élève alors : un édifice des XVe et XVIIe siècles dont la vie fut tourmentée. Construit à l’emplacement d’un ancien prieuré confié jadis aux Cisterciens par les moines de Saint-Germain-des-Prés, il s’orne bientôt de fortifications pour résister aux menaces de la guerre de Cent Ans. Mais le temps n’épargne rien : pillé, détruit durant les guerres de Religion, il devient à la Révolution un bien national, vendu en 1791 à un marchand de bois parisien. Par la suite, il passe de main en main, déchu en simple exploitation agricole.
Le XXe siècle le sauve pourtant de l’oubli : acquis en 1977 par le Conseil Général de la Côte-d’Or, il abrite un temps le théâtre du “Grenier de Bourgogne“ avant de renaître, en 1988, en hôtel de luxe. Ses pierres anciennes recèlent encore des trésors : l’ancienne cuisine du XIIIe siècle, massive et intacte, ainsi qu’un superbe cellier voûté d’ogives où les moines entreposaient leurs tonneaux. Le château s’entoure enfin d’un parc aux jardins à la française, ordonnés et raffinés, qui rappellent la grandeur de son passé. |
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| Entre la maison du Seigneur et l’ancien presbytère aujourd’hui réhabilité, un discret passage mène jusqu’à l’un des deux lavoirs du XIXe siècle. Celui-ci se cache, équipé de tablettes en pierre pour faciliter le travail des lavandières, près d’une fine passerelle qui se déploie gracieusement sur la Vouge. Ici, l’on devine encore les gestes quotidiens d’un autre âge. |
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| Il faut franchir les fossés du château, enjambés par une passerelle, pour gagner l’église cistercienne Saint-Germain, édifiée au XIVe siècle puis modifiée au XVIe. Après la Révolution, elle devient paroissiale, accueillant désormais les habitants du village. Une porte dérobée, dissimulée dans la pierre, permettait jadis aux abbés de passer directement du château à l’église : un passage secret qui témoigne du lien intime entre pouvoir spirituel et pouvoir temporel. Au XVIIe siècle, les abbés de Cîteaux firent reconstruire, sur les vestiges anciens, une résidence prestigieuse, rétablissant douves et pont-levis des remparts. |
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| Le parcours s’éloigne peu à peu du château, franchissant son enceinte pour s’engager dans la rue des Abreuvoirs. Bientôt, celle-ci débouche sur l’avenue du Recteur Marcel Bouchard, là où s’élève la mairie, symbole moderne de l’organisation collective, face aux témoins séculaires des moines et des seigneurs. |
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| Cette longue avenue s’étire avec majesté sous la voûte des arbres. Comme une allée d’honneur, elle file droit, implacable, vers la gare de Vougeot. |
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| Tout au bout de l’avenue, près d’une aire de stationnement, le parcours change brusquement d’orientation. À angle droit, il s’incline vers la gare, lieu de départ et d’arrivée, carrefour où se croisent pèlerins et voyageurs ordinaires. |
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| PIci, Gilly et Vougeot s’unissent sans frontière visible. Comme deux sœurs jumelles aux caractères distincts mais inséparables, elles partagent cette même gare, témoin discret de leur destin commun. Le parcours, lui aussi, ignore toute séparation, glissant naturellement d’un village à l’autre, comme si le territoire entier n’était qu’une seule respiration. |
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| Deux rampes d’escaliers, symétriques, permettent de franchir l’obstacle ferroviaire et d’accéder à la gare par deux côtés différents. |
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| Le parcours reprend ensuite son cours par la rue de la Gare, bordée de villas coquettes. L’alignement des demeures, avec leurs jardins soignés, contraste avec la sauvagerie des forêts et des vignes traversées plus tôt. À l’extrémité, la route se détourne vers la gauche pour emprunter le Chemin du Closeau, modeste et discret. |
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| Le parcours devient alors sinueux, épousant les contours du terrain comme pour éprouver la patience du marcheur. Cette ondulation le conduit à retrouver, un peu plus loin, la Vouge, fidèle compagne du parcours, qui revient à lui comme une amie jamais vraiment absente. |
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| Par un jeu gracieux de petits ponts, le chemin traverse à nouveau la rivière. Ici, la Vouge se déploie librement, dessinant de larges méandres dans une nature intacte, à peine troublée par la rumeur lointaine des routes. On dirait que l’eau, dans ses détours capricieux, cherche à retenir le voyageur, à ralentir son pas pour lui rappeler la beauté de l’instant. |
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| Sur l’autre rive, un lavoir d’un autre âge repose encore, solide témoin du quotidien des générations passées. Ces lavoirs, modestes mais essentiels, sont le patrimoine vivant de toute cette région. Leur présence ponctue le parcours comme une respiration, rappelant que l’histoire la plus humble mérite aussi mémoire et respect. |
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| La Rue du Moulin s’avance doucement vers le cœur de Vougeot, longeant fidèlement la Vouge dont le murmure accompagne les pas du voyageur. Ici se dressent de magnifiques maisons vigneronnes, bâties en moellons clairs, patinés par les siècles et le soleil bourguignon. Leurs caves voûtées, parfois encore en usage, rappellent que le vin n’est pas seulement un produit de la terre, mais un art de vivre inscrit dans les pierres mêmes des demeures. |
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| La rue débouche bientôt au centre du village, près du splendide Clos de la Vouge. Cet hôtel, d’un raffinement discret, trempe littéralement ses pieds dans le ruisseau qui l’enserre de ses eaux fraîches et limpides. Le cadre semble presque irréel : entre l’eau vive et les vieilles pierres, le promeneur retrouve l’harmonie subtile d’un lieu qui sait marier élégance et authenticité. |
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| Vougeot, petit village touristique et viticole de seulement 150 habitants, n’en rayonne pas moins à travers le monde. Situé sur la mythique Route des Grands Crus, entre Chambolle-Musigny et la Côte de Nuits, il incarne à lui seul le prestige de la Bourgogne. Sa renommée repose avant tout sur le célèbre grand cru du Clos de Vougeot, mais d’autres appellations de premiers crus ajoutent leurs accents à ce chœur de noblesse : le Clos de la Perrière, le Clos Blanc, Les Crâs, ou encore les Petits Vougeots. Autant de noms qui résonnent comme des promesses de plaisirs raffinés, à déguster lentement, si vos moyens financiers vous le permettent, bien sûr. À cette richesse viticole s’ajoute un folklore gourmand : le Château du Clos de Vougeot, véritable sanctuaire du vin, et sa Confrérie des Chevaliers du Tastevin, dont les banquets fastueux célèbrent avec panache l’art gastronomique bourguignon. Ici, la vigne et la table se rencontrent dans une alliance éternelle, et chaque pierre semble imprégnée de cette culture du partage et de la fête. |
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Logements officiels sur le parcours de la Suisse et l’Allemagne à Cluny /Le Puy-en-Velay
- La Closerie de Gilly, 16 Avenue Bouchard, Gilly-lès-Citeaux ; 03 80 60 87 74 ; Chambre d’hôte
- L’Orée des Vignes, 6 Route d’Epernay, Gilly-lès-Citeaux ; 03 80 62 49 77 ; Hôtel
- Hôtel-restaurant du Château de Gilly, Gilly-lès-Citeaux ; 03 80 62 89 98 ; Hôtel
- Hôtel de Vougeot, 18 Rue du Vieux Château, Vougeot ; 03 80 62 01 15 ; Hôtel
- Hôtel-restaurant Le Clos de la Vouge, Rue du Moulin, Vougeot ; 03 80 62 89 65 ; Hôtel
Accueils jacquaires (voir introduction)
Airbnb
- Gilly-lès-Citeaux (7)
- Vougeot (3)
Chaque année, le chemin évolue. Certains hébergements disparaissent, d’autres apparaissent. Il est donc impossible d’en dresser une liste définitive. Celle-ci ne comprend que les logements situés sur l’itinéraire ou à moins d’un kilomètre. Pour des informations plus détaillées, le guide Chemins de Compostelle en Rhône-Alpes, publié par l’Association des Amis de Compostelle, reste la référence. On y trouve aussi les adresses utiles des bars, restaurants et boulangeries qui jalonnent le parcours. Dans cette étape, il ne devrait pas y avoir de grands problèmes pour se loger, sauf en haute saison, où le vignoble est très fréquenté. Aujourd’hui, airbnb est devenu une nouvelle référence touristique, que nous ne pouvons ignorer. C’est devenu la source la plus importante de logements dans toutes les régions, même les régions touristiques peu favorisées. Comme vous le savez, les adresses ne sont pas disponibles directement. Il est toujours vivement conseillé de réserver à l’avance. Un lit trouvé au dernier moment est parfois un coup de chance ; mieux vaut ne pas s’y fier tous les jours. Renseignez-vous, lors de vos réservations des possibilités de repas ou de petit déjeuner.
N’hésitez pas à ajouter des commentaires. C’est souvent ainsi que l’on monte dans la hiérarchie de Google, et que de plus nombreux pèlerins auront accès au site.
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Etape suivante : Etape 15: Vougeot à Beaune |
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