Du Canal de Bourgogne à l’Abbaye de Citeaux
DIDIER HEUMANN, ANDREAS PAPASAVVAS

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du parcours. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.
Pour ce parcours, voici le lien:
https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/de-st-jean-de-losne-a-labbaye-de-citeaux-sur-le-chemin-de-compostelle-219205368
Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore en France de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous trouverez bientôt sur Amazon un livre qui traite de ce parcours.
Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.
Au tournant des XIe et XIIe siècles, deux visions du monachisme se font face, comme deux chemins qui prétendent mener au même Dieu mais ne passent ni par les mêmes paysages ni par les mêmes épreuves. D’un côté, Cluny, fondée au cœur de la Bourgogne, règne déjà sur un empire spirituel qui rayonne sur toute l’Europe. Son abbaye est une cité de prière, où chaque heure du jour et de la nuit est consacrée à la liturgie. Les moines, dispensés des travaux manuels, se consacrent entièrement à la célébration des offices : chants ininterrompus, psaumes scandés avec solennité, encens montant comme une fumée d’offrande. Le marbre poli, les vitraux, la lumière des cierges donnent à Cluny un éclat terrestre qui veut refléter l’éclat du ciel. Pour ces moines vêtus de noir, la beauté n’est pas luxe mais louange, car ils croient que Dieu se glorifie dans la splendeur autant que dans l’humilité. Mais face à cette magnificence, certains voient un danger : l’orgueil et la mondanité qui s’invitent sous le manteau de la piété. En 1098, un petit groupe de moines, menés par Robert de Molesme, quitte la sécurité et l’opulence de Cluny pour fonder une maison nouvelle : Cîteaux. Ici, point de marbre, point d’ornement. Les églises sont dépouillées, les pierres laissées nues, la lumière tamisée, les chants réduits à leur plus sobre expression. Les moines portent le blanc, couleur de pureté, et travaillent eux-mêmes la terre. Ils sèment, ils récoltent, ils défrichent les forêts et assèchent les marais. Leur pauvreté est leur richesse, leur labeur est leur prière. Le “retour aux sources“ qu’ils prônent, c’est celui de la règle de saint Benoît, appliquée dans sa rigueur première : “prier et travailler “.
Ainsi s’installe une rivalité qui n’est pas une guerre, mais une opposition de modèles. Cluny incarne la grandeur liturgique et la puissance d’un ordre centralisé qui étend son influence jusque dans les cours royales. Cîteaux, avec Bernard de Clairvaux comme figure ardente, attire par sa radicalité et son humilité. Les cisterciens reprochent aux clunisiens de s’être enrichis au point de trahir l’esprit de pauvreté évangélique. Les clunisiens, en retour, accusent les cisterciens d’une sévérité presque orgueilleuse, d’un refus de la beauté pourtant offerte par Dieu à ses créatures. L’histoire donnera tour à tour raison à l’un et à l’autre. Cluny, au sommet de sa puissance, sera peu à peu dépassée par le souffle neuf de Cîteaux. Mais les cisterciens, en s’enrichissant eux aussi, connaîtront un jour les mêmes critiques qu’ils adressaient à leurs frères vêtus de noir. Deux voies, deux visages du monachisme médiéval, toutes deux marquées par le même désir : chercher Dieu, dans la splendeur ou dans la nudité, dans la lumière des vitraux ou dans l’ombre des forêts défrichées.
Comment les pèlerins planifient-ils leur parcours ? Certains s’imaginent qu’il suffit de suivre le fléchage. Mais vous constaterez à vos dépens que le fléchage est souvent déficient. D’autres utilisent les guides à disposition sur Internet, eux aussi souvent trop élémentaires. D’autres préfèrent le GPS, à condition d’avoir importé sur le téléphone les cartes de Compostelle de la région. En utilisant cette manière d’opérer, si vous êtes un expert de l’utilisation du GPS, vous ne vous perdrez pas, même si parfois le parcours proposé n’est pas exactement le même que celui proposé par les coquilles. Mais, vous arriverez sauf à la fin de l’étape. En la matière, le site qu’on dira officiel est le parcours européen des Chemins de Compostelle (https://camino-europe.eu/). Dans l’étape du jour, la carte est incorrecte. Avec un GPS, il est encore plus sûr d’utiliser les cartes Wikilocs que nous mettons à disposition, qui décrivent le parcours actuel fléché. Mais tous les pèlerins ne sont pas des experts de ce type de marche, qui pour eux, défigurent l’esprit du chemin. Alors, vous pouvez vous contenter de nous suivre et de nous lire. Chaque embranchement difficile à déchiffrer du parcours, a été signalé, pour vous éviter de vous perdre.
Difficulté du parcours : Le trajet du jour est plat, sans aucune difficulté (+48 mètres/-33 mètres.

État du parcours : Aujourd’hui, c’est hélas presque exclusivement sur le goudron :
- Goudron : 16.4 km
- Chemins : 2.5 km
Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur sur ces parcours. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.
Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.
Pour les “vrais dénivelés”, relisez la notice sur le kilométrage sur la page d’accueil.
Voici un exemple de ce que vous trouverez. Il suffit de prendre en compte la couleur pour comprendre ce qu’elle signifie. Les couleurs claires (bleu et vert) indiquent des pentes modestes de moins de 10%. Les couleurs vives (rouge et brun foncé) présentent des pentes abruptes, le brun dépassant 15%. Les pentes les plus sévères, supérieures à 20-25%, très rarement plus, sont marquées de noir.

Section 1 : Le long du Canal de Bourgogne

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

| Le parcours quitte aujourd’hui St Jean-de-Losne au niveau de l’Office du Tourisme, situé à deux pas du pont qui enjambe la Saône. C’est le plus bel endroit de la ville, avec ses pontons, parfois ses petits bateaux de croisière. |
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| La route quitte assez rapidement le bord de la rivière pour s’engager à travers ponts au-dessus du Canal de Bourgogne, Nous avons juste changé de canal et oublié le Canal Rhône-Rhin du jours précédent. |
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| D’un pont à l’autre, la route jongle avec le canal, se dirige vers la gare. Car le train passe ici, mais loin du village. Compter une bonne demi-heure à pied, si vous voulez prendre le train. Les gens d’ici doivent sans doute largement négliger ce moyen de locomotion. |
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| Du pont, la vue est belle d’un côté sur la rivière et sur le bourg, de l’autre sur le port où sont entassées les péniches. |
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| Puis, le parcours suit le Quay du Canal, où se présentent un mouillage et un chantier naval. |
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| Plus loin, la route traverse un nouveau pont. Vous avez alors devant vous le Canal de Bourgogne rectiligne. |
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| Le parcours s’en va alors sur la petite route qui longe le canal, où au début les péniches sont présentes en grand nombre. Pour une fois, la coquille est orientée correctement, verticale. Pourvu que cela dure ! |
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| Vous marcherez à l’ombre des énormes frênes et des rutilants peupliers noirs. |
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| Tout est divin ici, l’eau qui coule sans bruit, les peupliers en guise de parasol, les péniches qui montrent parfois une présence journalière. |
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| Plus loin, les péniches ont pratiquement disparu, et la route passe sous un pont de fer. |
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| La plaine environnante est plate comme la main avec des prés et des cultures qui se perdent à l’horizon. |
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| Ici, vous n’avez aucun risque de vous perdre. C’est tout droit, toujours dans le même décor apaisant, en vous dirigeant vers un nouveau pont plus loin. |
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| Au niveau du pont où passe la route reliant St Jean-de-Losne à Brazey-en-Plaine, le parcours saut à pieds joints pour trouver l’écluse de Varennes, un site vraiment charmant. |
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| Alors les peupliers ont disparu au profit des frênes, des chênes et des érables. Et la route file, toujours aussi rectiligne, longue, sur la berge du canal. |
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| Plus loin, vous apercevrez Brazey-en-Plaine perdu dans la campagne. |
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Section 2 : En passant par Brazey-en-Plaine, le gros bourg de la région

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

| La route longe le bourg, éloigné de la berge, mais elle est encore longue et lancinante pour y arriver. Sur le canal les bateaux de croisière ne sont sans doute pas légion. |
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| Mais, à force de patience, vous finirez par y arriver, car les maisons grandissent à vue d’œil. |
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| Dans les champs poussent les blés et le colza. |
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| Inexorablement, la route se rapproche de la civilisation. Vous serez tout de même resté près de 5 km à vous balader le long du canal. |
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| Le parcours, justement signalé pour une fois, tourne alors en gauche, laissant le canal à ses propres aventures. |
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| Brazey-en-Plaine est un petit bourg de 2’500 habitants. Le train passe ici, sur la ligne Dijon-Bourg-en-Bresse, la même ligne qui passe à St Jean-de-Losne. Le parcours est bien fléché ici, et la route arrive à un premier carrefour. |
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| Une longue avenue vous mène au centre du bourg, près de la mairie et de l’église. Au début du XIXe siècle, la vieille église de St Rémi qui datait du Moyen âge tombait en ruine. On la modifia donc. |
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| Les commerces sont présents ici. A partir du carrefour de la mairie, le parcours tourne à gauche sur la Rue du Maréchal de Lattre. |
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| Il longe un parc… |
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| … puis gagne la départementale D8 en direction de Nuits-St Georges. |
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| A la sortie du bourg, la route traverse la Biètre, perdue dans les feuillages. |
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| Peu après, la route passe sur la ligne de chemin de fer. |
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Petite remarque. Ici ce ne sont pas les coquilles qui signalent le parcours, mais des bandes jaune et bleu, dessinées à la manière d’un GR.

| Plus loin, la route traverse la banlieue et le parcours tourne à gauche sur la C9 en direction de Magny-Lès-Aubigny. |
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| La petite route file dans la plaine et quitte définitivement les dernières maisons du bourg. |
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| Il y a parfois un petit arbre pour vous apporter un peu d’ombre dans la campagne nue. |
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| Ici, c’est une grande plaine où les cultures s’étendent à l’infini. |
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| Plus loin, pour apporter un peu de variation dans cette partition, la route croise le discret ruisseau de Mornay. |
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| Puis, c’est à nouveau sans fin dans la plaine nue, au milieu des cultures. |
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Section 3 : Une très longue route dans les champs

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

| Rien ne se passe dans cette morne plaine, si ce n’est un coup d’œil sur les cultures. Magny-lès-Aubigny, vous le voyez toujours loin devant vous. |
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| Puis, un peu de fraicheur. La route traverse le bau ruisseau de la Vouge. |
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| Vous avez le village devant vous à l’horizon, et la route fait un long virage à ange droit… |
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| …puis virevolte un peu dans la plaine. |
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Peu après voilà que le parcours devient momentanément complexe. Le guide dit : “Prendre un chemin privé pour gagner le château“. Mais, il n’y a aucun signe pointant dans cette direction, si ce n’est une croix barrant le parcours sur la route. Est-ce le bon chemin ? Alors, n’hésitez pas. Suivez la route. C’est à peu près la même distance.

| La route longe alors un petit bosquet. Le village apparaît de plus en plus proche. |
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| Peu après la route croise la petite départementale D20g et se dirige vers le village. |
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| Mais, comme elle aime vous faire traîner en longueur, elle fait encore quelques virages pour votre plaisir. |
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| De guerre lasse, la route arrive alors à Magny-lès-Aubigny. |
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| Il y a ici un beau lavoir, qui meurt de sa plus belle mort, enfermé derrière les grilles. |
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| Le château est à deux pas du village. Il remonte loin dans le haut temps du Moyen-âge, Reconstruit au XVIe siècle, il est la propriété d’une famille noble. Entouré d’un parc de 5 hectares, ce château d’allure classique possède de beaux communs en brique. Un vieux tilleul qui défie les siècles est présent dans la propriété, mais les grilles sont fermées. |
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| Aux abords du château, le parcours suit le Chemin de la Borde, signalé de nouveau par une coquille et une flèche directionnelle. La route longe d’abord la haie du parc, puis une entrée plus commune du château C’est peut-être bien le tilleul multi centenaire qui se dresse ici. |
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| La route repart alors à travers champs jusqu’à croiser la départementale D34. |
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| Mais voilà qu’au carrefour, il n’y a pas de direction, si ce n’est une croix barrée sur une des deux sorties de la départementale, pas sur l’autre. Que faire ? Ouvrir son petit guide qui vous rassure : “Ici, poursuivre en face sur le chemin empierré“. Sans guide, et sans cartes, vous allez vous perdre en Franche Comté et en Bourgogne. Il est illusoire de suivre les coquilles ou les marques des GR, comme sur les grands chemins de Compostelle. |
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Section 4 : Dans la forêt de feuillus

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

| Une large route de terre battue se dirige alors vers le sous-bois à travers champs. |
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A l’entrée de la forêt, on retrouve une trace des bandes jaune et bleu du parcours. Pourquoi ne l’a at-on pas mise plus tôt, au carrefour, là où elle aurait été plus utile.

| Dans le bois, on chasse aussi les palombes, comme partout dans la région. Ici, le sous-bois est envahi de renouées du Japon, des arbustes très envahissants. |
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| Les frênes ici grattent le ciel. |
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| Sur le chemin rechigne, où les fougères et les orties se plaisent, poussent en dehors des frênes et des chênes, des hêtres et des charmes serrés comme des sardines, parfois un tilleul et un érable aussi. |
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| La forêt est belle, assez magique. Il n’y a hélas aucun endroit pour faire la pause, si ce n’est plus loin, là où les bûcherons ont abandonné des fûts de chênes et de hêtres, là où ils ont déboisé en partie le bois. |
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| Plus loin, le chemin devient soudain empâté, boueux à l’extrême, même par temps sec. Il est vrai que les roues de tracteurs des forestiers n’arrangent guère ce type de chemin. |
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| Il vaut mieux, dans ces conditions désagréables, faire quelques pas hasardeux hors du chemin pour retrouver plus loin un terrain sec, plus abordable. |
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| Plus loin le chemin se resserre sous les grands arbres. Un signe sur un arbre indique que le chemin va tourner à angle droit vers la droite. |
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| Alors, un sentier mal dessiné s’en va dans l’herbe, avec sur votre gauche la forêt, où abondent les charmes et poussent aussi ici des trembles, et sur votre droite, une haie de buissons diffus et ébouriffés. |
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| La nature est sauvage à souhait, désordonnée et le chemin brasse les genêts et les herbes folles. |
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| Peu après, le chemin cahoteux débarque sur la route départementale D8. |
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| C’est alors la route, à gauche, pour le reste du voyage, qui traverse le bois. La circulation n’est pas dense, mais présente. Certains pèlerins préfèrent marcher l’asphalte, d’autres choisiront l’herbe cahoteuse qui borde la route. |
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| Beaucoup plus loin la route tourne un peu et arrive près des beaux étangs de Saule, des belles nappes d’eau calme, comme égarées dans la nature vierge. |
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Section 5 : En route pour l’Abbaye

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

| La route passe alors à la ferme de Saule, où il est possible de loger. La ferme n’est pas visible de la route. Et la route continue, inlassable. |
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En vous retournant, vous apercevrez le grand cops de ferme sur la droite de la route.

| La route avance encore dans le sous-bois, rectiligne…. |
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| …jusqu’à rejoindre la grande départementale D966, qui transite de Dijon à Seurre. D’ici, vous voyez le complexe de l’abbaye, juste au-dessus. |
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| Au carrefour, le parcours suit quelques centaines de mètres la route départementale. |
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| La route traverse peu après la Vouge. |
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| La route monte sous l’abbaye. |
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| Puis, le parcours oublie la route pur une allée qui monte alors sous les murs de l’abbaye. |
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Le mot cistercien vient du latin Cistercium, nom du lieu où fut fondée l’abbaye de Cîteaux, berceau de l’ordre. Il signifie littéralement “du lieu de Cîteaux“. Pourtant, derrière ce nom, il faut comprendre une filiation plus vaste : les cisterciens sont des héritiers des bénédictins et de la tradition monastique inaugurée par saint Benoît de Nursie au VIᵉ siècle. Né en Ombrie, en Italie, Benoît s’était retiré comme ermite avant de fonder un monastère près de Rome. Il y rédigea sa célèbre Règle, destinée à organiser la vie des moines. Cette Règle, centrée sur la prière, le travail et l’obéissance, structure encore aujourd’hui la vie monastique : alternance des offices (sept par jour et un de nuit), travaux manuels ou intellectuels, temps de lecture et de silence, sous l’autorité d’un abbé élu à vie.
Les bénédictins ne sont pas nés d’un seul élan fondateur, mais de la diffusion progressive de cette Règle dans les monastères d’Occident. Entre le VIIe et le IXe siècle, elle s’impose peu à peu, notamment grâce à Charlemagne. Puis, au Xe siècle, l’abbaye de Cluny, fondée en 910 par Guillaume le Pieux, duc d’Aquitaine, donne un essor nouveau au monachisme. Placée directement sous l’autorité du pape, affranchie de toute tutelle féodale, Cluny devient rapidement un centre spirituel et politique majeur, modèle pour des centaines d’abbayes. Les clunisiens mettent l’accent sur une liturgie splendide, des églises monumentales et une organisation centralisée.
Un siècle plus tard, en 1098, naît l’abbaye de Cîteaux. Robert de Molesme et quelques compagnons veulent retrouver une austérité que Cluny semble avoir perdue. Installés au milieu d’un marécage, ils fondent une communauté pauvre, laborieuse, retirée. Cîteaux attire bientôt un jeune moine, Bernard de Clairvaux, entré en 1112 ou 1113. En 1115, il fonde l’abbaye de Clairvaux, et sa personnalité ardente, son éloquence, son rayonnement spirituel font exploser l’influence cistercienne. À la fin du XIIe siècle, l’ordre compte environ cinq cents abbayes.
Cîteaux se veut une réforme dans la réforme. Les cisterciens reprochent à Cluny ses fastes, ses alliances avec les puissants, son éloignement du travail manuel. Eux veulent revenir à la pureté de la Règle bénédictine, où pauvreté, simplicité et prière sont au centre. Leurs églises sont dépouillées, leurs liturgies sobres, leur architecture fonctionnelle. Cluny rayonne par la splendeur, Cîteaux par l’austérité. Deux modèles s’opposent, mais tous deux demeurent bénédictins. Les relations oscillent entre rivalité et respect, les abbés échangeant parfois lettres et moines.
Aux XIIe et XIIIe siècles, Cîteaux devient aussi un centre agricole et technique de premier plan : défrichements, aménagements hydrauliques, vignobles comme le Clos de Vougeot fondé en 1167, artisanat d’enluminure et de reliure. Mais, comme Cluny avant lui, l’ordre finit par s’enrichir et s’éloigner de ses idéaux. Dès le XIVe siècle, guerres et relâchements spirituels entraînent un lent déclin. Les siècles suivants voient renaissances et reconstructions, jusqu’à la Révolution française qui disperse les moines et démolit en grande partie les bâtiments. Les pierres de l’abbaye deviennent carrière, sucrerie, colonie agricole. Aujourd’hui, il ne reste presque rien du Cîteaux médiéval. Mais son héritage demeure : celui d’un retour aux sources, d’une quête d’austérité et d’équilibre, qui a profondément marqué la spiritualité médiévale et façonné l’histoire monastique de l’Europe.

En 1898, des moines trappistes, des bénédictins de la Stricte Obédience, reprirent les lieux malgré les difficultés : bâtiments délabrés, communauté hétérogène, ventes de terres, L’abbaye devient hôpital militaire durant la Grande Guerre, et connut un renouveau spirituel dans les années 1930 avec une croissance des vocations. En 1998, pour les 900 ans, la nouvelle église fut inaugurée, et une restauration des bâtiments classés, dont la bibliothèque, fut lancée. Aujourd’hui, Cîteaux abrite une communauté de 30 à 40 moines trappistes, fidèle à la règle de St Benoît, combinant prière, travail agricole (fromage, produits monastiques) et hôtellerie. L’abbaye est classée monument historique et propose des visites guidées, retraites spirituelles, ainsi qu’une production fromagère réputée.

| Un grand parc enveloppe tout le monastère, les bâtiments postrévolutionnaires, comme les bâtiments reconstruits. Si l’on ne fait pas la visite guidée proposée à l’accueil, il est difficile de trier entre l’ancien et le récent. Mais, à part pour des raisons historiques, seule l’ambiance compte vraiment, une ambiance feutrée, presque monastique. Certains espaces ne sont pas ouverts au public, réservés aux moines. D’autres espaces ne sont réservés que si vous logez à l’abbaye. |
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| L’église est moderne, lumineuse et sobre. Les visiteurs sont bienvenus durant les offices des moines. |
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Voici une gravure prérévolutionnaire pour vous donner un aperçu des lieux de l’époque, bien après le Moyen-âge, le temps de la splendeur du couvent.

Logements officiels sur le parcours de la Suisse et l’Allemagne à Cluny /Le Puy-en-Velay
- Camping Les Harlequins, St Usage ; 03 80 39 22 26/ 06 23 96 19 33 ; Camping
- Les Chambres de Marie, 19 Rue de Brevail, Brazey-en-Plaine ; 06 83 95 13 79 ; Chambre d’hôte
- Hôtel-restaurant Le Bouclier de Bourgogne, 76 Route de st Jean-de-Losne, Brazey-en-Plaine ; 03 80 29 90 70 ; Hôtel
- Ma Maison, Magny-lès-Aubigny; 03 80 43 02 10/06 7787 34 49 22 26 ; Gîte
- Gîte Deprey, 6 Bastion Vauxhall, St Jean-de-Losne; 03 80 39 28 04 ; Gîte
- Abbaye Notre-Dame de Citeaux; 03 80 61 11 53 ; Gîte
Accueils jacquaires (voir introduction)
Airbnb
Chaque année, le chemin évolue. Certains hébergements disparaissent, d’autres apparaissent. Il est donc impossible d’en dresser une liste définitive. Celle-ci ne comprend que les logements situés sur l’itinéraire ou à moins d’un kilomètre. Pour des informations plus détaillées, le guide Chemins de Compostelle en Rhône-Alpes, publié par l’Association des Amis de Compostelle, reste la référence. On y trouve aussi les adresses utiles des bars, restaurants et boulangeries qui jalonnent le parcours. Dans cette étape, il ne devrait pas y avoir de grands problèmes pour se loger. Il faut le dire : la région n’est pas touristique. Elle offre d’autres richesses, mais pas l’abondance des infrastructures. Aujourd’hui, airbnb est devenu une nouvelle référence touristique, que nous ne pouvons ignorer. C’est devenu la source la plus importante de logements dans toutes les régions, même les régions touristiques peu favorisées. Comme vous le savez, les adresses ne sont pas disponibles directement. Il est toujours vivement conseillé de réserver à l’avance. Un lit trouvé au dernier moment est parfois un coup de chance ; mieux vaut ne pas s’y fier tous les jours. Renseignez-vous, lors de vos réservations des possibilités de repas ou de petit déjeuner.
N’hésitez pas à ajouter des commentaires. C’est souvent ainsi que l’on monte dans la hiérarchie de Google, et que de plus nombreux pèlerins auront accès au site.
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Etape suivante : Etape 14: Abbaye de Citeaux à Vougeot |
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