Aujourd’hui, vous allez d’abord poursuivre votre voyage à travers la vaste plaine de la Bièvre-Valloire, que vous avez suivie depuis tant de jours, pour enfin atteindre le majestueux Rhône à Chavanay. À partir de ce point, le paysage se transforme radicalement. Vous quittez le département de l’Isère pour pénétrer dans celui de la Loire. Adieu la plaine, bonjour aux collines, et même aux petites montagnes et aux puys, qui vous guident vers le Puy-en-Velay. D’ici quatre à cinq jours, vous aurez rejoint Le Puy, ce point de départ emblématique que tant de pèlerins, principalement des Européens et des Français, considèrent comme le véritable commencement du Chemin de Compostelle. Une vision simpliste, n’est-ce pas, cette idée si franchouillarde que la France est le centre de l’univers ? Pourtant, les chiffres parlent d’eux-mêmes : en moyenne, 150 pèlerins partent chaque jour du Puy, tandis que parfois 3 000 parviennent à Santiago en Espagne. Alors ?
Dans l’art de la construction, le souci de la proximité a toujours prévalu pour le choix des pierres. Si ce choix était restreint en Isère, comme nous l’avons observé, le Pilat et la Haute-Loire reposent sur des socles granitiques et volcaniques, et plus on s’approche du Puy-en-Velay, plus la densité des roches volcaniques s’accroît. Des éboulis aux carrières, on a directement puisé les matériaux de construction. Ici, granites, gneiss et schistes affleurent, avec même quelques roches volcaniques comme les phonolites grisâtres, les trachytes clairs, qui de loin ressemblent à du calcaire, ou encore les basaltes noirs. Les lauzes, ces dalles plates parfaites pour les toits, sont souvent issues de phonolite volcanique, aisément débitables. Le patrimoine architectural de cette région est exceptionnel, avec des demeures anciennes et récentes qui témoignent de l’abondance de matériaux locaux. Les nouvelles constructions, semblables à des parasites, sont rares ici. Les pierres de taille granitiques confèrent aux façades une élégance soignée. Dans cette région, les constructions anciennes se distinguent par la grande régularité des blocs de granit, souvent gris. Les murs en granit sont généralement liés par un enduit à la chaux. Quand les toits ne sont pas en lauzes, souvent de phonolite volcanique, on trouve des tuiles rouges.