Les pèlerins parcourent le Chemin de Compostelle tout au long de l’année, certains même en hiver. Chaque saison possède son charme unique. Imaginons maintenant quelques étapes en automne, lorsque la plaine est parfois enveloppée d’un voile de brouillard matinal, et que la lumière automnale baigne les paysages, tandis que les chemins sont jonchés de feuilles mortes et de coques de châtaignes.
L’étape du jour débute par une paisible promenade le long du Rhône, à travers des landes brumeuses, en direction de Chanaz, ce village enchanteur surnommé la Petite Venise savoyarde. De là, le très beau canal de Savières s’écoule vers le lac du Bourget, une étendue d’eau majestueuse nichée au pied des montagnes. Cette transition mène les marcheurs sous les flancs escarpés des montagnes, pour rejoindre le cœur des vignobles savoyards, où poussent des cépages méconnus mais exquis tels que l’altesse, le marchestel ou encore la mondeuse. En automne, ces vignes se parent de teintes dorées, offrant un spectacle visuel éblouissant.
À l’horizon, les mâchoires imposantes de la Dent du Chat dominent le paysage, surplombant le lac du Bourget de l’autre côté de la montagne. Voici une histoire singulière, empreinte de mystère et de légende. Autrefois, un pêcheur vivait de sa pêche sur les rives du lac du Bourget. Un jour, après une longue matinée infructueuse, il implora le ciel, promettant de remettre à l’eau le premier poisson qu’il attraperait. À sa grande surprise, il parvint à pêcher un poisson énorme, mais, oublieux de sa promesse, il le garda. Le même sort attendit le deuxième poisson. Mais au troisième lancer, ce ne fut pas un poisson qui se débattait à l’autre bout de sa ligne, mais un chat noir aux yeux étincelants… Vous ne verrez malheureusement pas le lac du Bourget depuis votre chemin, car l’étape se termine à Yenne, le long du Rhône, dans une impasse dominée par la Dent du Chat.