04 : Culoz à Yenne

Entre Rhône et beaux vignobles de Savoie

Les pèlerins parcourent le Chemin de Compostelle tout au long de l’année, certains même en hiver. Chaque saison possède son charme unique. Imaginons maintenant quelques étapes en automne, lorsque la plaine est parfois enveloppée d’un voile de brouillard matinal, et que la lumière automnale baigne les paysages, tandis que les chemins sont jonchés de feuilles mortes et de coques de châtaignes.

L’étape du jour débute par une paisible promenade le long du Rhône, à travers des landes brumeuses, en direction de Chanaz, ce village enchanteur surnommé la Petite Venise savoyarde. De là, le très beau canal de Savières s’écoule vers le lac du Bourget, une étendue d’eau majestueuse nichée au pied des montagnes. Cette transition mène les marcheurs sous les flancs escarpés des montagnes, pour rejoindre le cœur des vignobles savoyards, où poussent des cépages méconnus mais exquis tels que l’altesse, le marchestel ou encore la mondeuse. En automne, ces vignes se parent de teintes dorées, offrant un spectacle visuel éblouissant.

À l’horizon, les mâchoires imposantes de la Dent du Chat dominent le paysage, surplombant le lac du Bourget de l’autre côté de la montagne. Voici une histoire singulière, empreinte de mystère et de légende. Autrefois, un pêcheur vivait de sa pêche sur les rives du lac du Bourget. Un jour, après une longue matinée infructueuse, il implora le ciel, promettant de remettre à l’eau le premier poisson qu’il attraperait. À sa grande surprise, il parvint à pêcher un poisson énorme, mais, oublieux de sa promesse, il le garda. Le même sort attendit le deuxième poisson. Mais au troisième lancer, ce ne fut pas un poisson qui se débattait à l’autre bout de sa ligne, mais un chat noir aux yeux étincelants… Vous ne verrez malheureusement pas le lac du Bourget depuis votre chemin, car l’étape se termine à Yenne, le long du Rhône, dans une impasse dominée par la Dent du Chat.

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du GR65. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.

Pour ce chemin, voici le lien :

https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/culoz-auvergne-rhone-alpes-france-34059011

Difficulté du parcours : Les dénivelés (+433 mètres / -441 mètres) sont tout à fait raisonnables. Le parcours est plat jusqu’à Chanaz, et la montée vers les vignobles n’est guère éprouvante, hormis un talus abrupt mais court à la sortie de Chanaz. Les pentes dans les vignobles sont parfois prononcées, en montée comme en descente, mais elles ne dépassent pas 15 % d’inclinaison, sauf lors de la rude montée vers Jongieux-le-Haut. En réalité, le passage le plus ardu de l’étape est la descente vertigineuse et éprouvante depuis la colline de Saint-Romain vers la plaine du Rhône en fin de parcours.

État du GR65 : Durant cette étape, les passages sur chemins sont un peu plus nombreux que ceux sur route :

  • Goudron : 10.7 km
  • Chemins : 14.0 km

Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous trouvez sur Amazon un livre qui traite de ce parcours.

 

 

 

  

Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.

Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur sur ces parcours. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.

Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.

Pour les “vrais dénivelés ”et pour les passionnés de véritables défis altimétriques, consultez attentivement les informations sur le kilométrage au début du guide.

Section 1 : Sur la piste cyclable, près du Rhône

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans difficulté.

Que vous ayez passé la nuit à Culoz ou non, il faut repartir du Pont de la Loi sur le Rhône. Pour rejoindre ce point de départ, il faudra parcourir environ deux kilomètres sur la route depuis Culoz, un petit périple qui, dès le début, vous immerge dans le charme tranquille de la région.

Depuis le pont, le chemin longe délicatement la berge du Rhône, bien que désormais, il ne conduise plus vers les Îles de Vion, autrefois si prisées. On peut se demander pourquoi ce détour est devenu systématique. Est-ce devenu dangereux ? Qui sait ? En tout cas, ces dernières années, une piste cyclable a été aménagée ici, offrant également aux marcheurs une occasion d’explorer ce paysage en toute quiétude. Le chemin, après avoir embrassé la berge, s’enfonce doucement dans la lande et le gravier, une transition douce entre l’eau paisible et la terre rugueuse.

Puis, il revient vers la route départementale D921, à la hauteur du carrefour de la Loi. Ce retour à la civilisation, même bref, permet de sentir le pouls de la région, ses allées et venues, ses habitants pressés ou tranquilles.

Vous aurez ensuite le privilège de marcher sur la piste cyclable, où, aux premières lueurs du matin, les cyclistes sont encore rares. Vous traversez alors une zone de faible densité, un espace où la nature semble régner sans partage, où le silence n’est troublé que par le chant discret des oiseaux. 

Rapidement, la piste cyclable et le marcheur s’éloignent de la départementale, baignée aujourd’hui par un soleil rasant. Cette piste, construite pour éviter que les vélos ne circulent sur la route départementale, est un ruban de tranquillité qui serpente à travers les champs de maïs, lesquels s’épanouissent joyeusement à proximité du fleuve. Le doux murmure du Rhône accompagne le voyage, un rappel constant de la présence bienveillante de la nature. 

Plus loin, le GR65 quitte la piste cyclable pour emprunter une petite route, partagée également par les cyclistes. La campagne environnante reste dominée par les champs de maïs, parsemée de petits bosquets désordonnés qui, malgré leur apparente anarchie, ajoutent une touche de charme sauvage au paysage.

La route goudronnée mène ensuite au hameau du Mollard, avec ses maisons en pierre typiques de la Savoie. Les habitations savoyardes, souvent rustiques et parfois construites en pisé, évoquent une histoire ancienne. Les murs de pierre, enduits à la chaux, se parent des teintes des sables et des terres, créant une harmonie visuelle avec le paysage environnant, comme si chaque maison était une extension naturelle de la terre elle-même.

Section 2 : Dans la lande, sur les berges du Rhône

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans difficulté.

À partir du Mollard, la route s’étire doucement à travers un paysage d’une tranquille élégance, bordée de haies basses de feuillus qui semblent encadrer le chemin comme des gardiens verdoyants au printemps, rouges et ocre en automne. Ces arbres confèrent à l’ensemble une atmosphère de calme et de sérénité, invitant le marcheur à une contemplation paisible.

Plus loin, le panorama s’enrichit d’une nouvelle dimension : une imposante barre de falaises calcaires se dresse fièrement sur une colline élevée qui domine majestueusement le Rhône. Ces parois rocheuses, ciselées par les siècles, offrent un contraste saisissant avec les arbres alentour. Elles sont comme les remparts naturels d’un royaume oublié, témoins silencieux du passage du temps et de l’érosion patiente de la nature.

Après avoir contourné ces murailles minérales, la route débouche finalement sur l’enchanteur L’Étang Bleu. Jadis, ce havre privé de pêche captivait les âmes en quête de quiétude, ses eaux limpides puisant leur clarté dans les secrets du Rhône. Autrefois d’un bleu profond et mystérieux, l’étang semblait reposer tel un joyau naturel dans l’écrin des collines environnantes. Cependant, le temps et les caprices de la nature ont laissé leur empreinte : aujourd’hui, sa couleur s’est adoucie, par manque de renouvellement d’eau de la rivière, un témoignage poignant du changement perpétuel qui caractérise notre monde.

Juste après, le marcheur atteint un point charnière où la ligne ferroviaire Lyon-Genève traverse majestueusement le Rhône, s’enfonçant avec assurance vers l’horizon lointain de Culoz. Cet ouvrage d’ingénierie, symbole de la rencontre entre l’homme et la nature, se fond harmonieusement dans le paysage.

Sur la berge rocailleuse du Rhône, un chemin s’engage dans une steppe grandiose, où chaque pas résonne dans le silence majestueux de près de 3 kilomètres. Une grille, garante de ce sanctuaire naturel, marque l’entrée de ce paradis terrestre. Là, dans cet espace béni, l’immensité du cosmos se fait présente, invitant à une profonde contemplation et à une intimité renouvelée avec l’univers.

Au cœur de cette steppe où le ciel et la terre se rencontrent sans contrainte, s’étend un paysage d’une grandeur infinie. Des vagues vertes d’herbes ondulent doucement sous la caresse légère du vent, dessinant un océan terrestre qui semble s’étendre jusqu’aux confins de l’horizon lointain. Au printemps, les moutons gambadent librement, ponctuant ce tableau de leur mouvement gracieux, tout comme les crottins, modestes rappels de la vie rustique. De l’autre côté du Rhône, un petit canal serpente paisiblement, ajoutant une touche bucolique à ce décor envoûtant.

C’est un moment de grâce et de plénitude, un éveil hors du temps, où de frêles arbres se dressent comme des sentinelles lointaines, leur feuillage vert offrant un contraste saisissant avec l’immensité brunâtre des herbes automnales de la steppe.

À l’approche de Chanaz, des panneaux de signalisation orientent les canoéistes et plaisanciers vers le lac du Bourget, évoquant les plaisirs nautiques et la quiétude des eaux paisibles.

Chaque aube et chaque crépuscule transfigurent ce paysage en un théâtre céleste de couleurs et de lumières, où le soleil, en maître de cérémonie, orchestre avec une grâce infinie. Ce matin-là, la brume danse avec la lande dans une atmosphère féerique et évanescente, tandis que le Rhône coule calme, presque imperceptible dans son murmure. 

Pourtant, comme toute magie, ce moment privilégié se dissipe peu à peu, laissant place au retour à la réalité quotidienne. À l’extrémité de cette parenthèse enchantée, une autre grille marque la fin de ce rêve éveillé, rappelant la fugacité des instants de grâce dans notre existence. 

Le GR65 quitte alors la steppe pour se diriger vers un petit bras du Rhône où se cachent l’écluse et le port du Canal de Savières, reliant ainsi le Rhône au majestueux Lac du Bourget. Ce canal, s’étendant sur quatre kilomètres, joue un rôle crucial à la fois de déversoir naturel et de voie navigable stratégique. Il régule les eaux entre le lac et le fleuve pendant les crues, maintenant un niveau optimal tout en permettant une navigation continue toute l’année. L’écluse, pièce maîtresse de ce système, facilite le passage des bateaux de plaisance, enregistrant plus de 2’500 traversées annuelles, surtout pendant la saison estivale. Ce lieu évoque un sentiment méridional, presque méditerranéen, renforcé par des décennies de travaux qui ont transformé ce tronçon en un axe fluviatile vital depuis le XIXe siècle. L’installation d’un barrage et d’une écluse dans les années 80 a renforcé son rôle primordial dans la navigation fluviale.

Au port, où le Rhône et le canal se rencontrent, une multitude de bateaux de plaisance et de croisière animent le paysage. Le Canal de Savières offre une voie directe vers le Lac du Bourget et la pittoresque Aix-les-Bains. En plus des plaisanciers, de petits bateaux de croisière assurent des trajets réguliers très appréciés des touristes, surtout en période estivale. Ici, les eaux sont calmes et tranquilles, rarement troublées par le passage des embarcations. Depuis le Néolithique, ce canal a été une voie de communication essentielle, facilitant le transport et le commerce. Autrefois, Yenne était dotée d’un péage terrestre et fluvial, incluant une taxe sur le sel et un poste de douane, témoignant de son rôle historique dans la région.  

Le GR65 remonte ensuite pour franchir le canal via une élégante passerelle construite en 1989. L’architecture de cette passerelle évoque parfois l’atmosphère d’un parc d’attractions ou d’un jardin japonais, offrant aux promeneurs une vue spectaculaire sur les eaux paisibles du canal et les embarcations qui y naviguent.

Les terrasses bordant le canal invitent à savourer les spécialités locales, offrant une expérience où l’on peut littéralement déjeuner ou dîner “les pieds dans l’eau”. Cependant, le GR65 préfère vous conduire à travers les méandres pittoresques du village. 

Chanaz se dévoile comme un joyau pittoresque, imprégné de charme et d’histoire. Ses ruelles en pente serpentent entre des façades ornées et des enseignes centenaires, témoignant d’un passé riche en récits. Les maisons, certaines datant des XVIe et XVIIe siècles, captivent par leur architecture authentique et leur préservation soignée.

Si vous avez l’opportunité de visiter la Maison de Boigne, ouvrez ses portes pour découvrir cette grande demeure de pierre aux fenêtres caractéristiques et aux tuiles patinées par les siècles. Ici, le four à pain encore en activité rappelle l’époque où il nourrissait toutes les familles du village, ajoutant une dimension vivante à son héritage historique.

Section 3 : En route pour les vignobles de Savoie

Aperçu général des difficultés du parcours : des successions de montagnes russes, avec des pentes assez raisonnables, ne dépassant pas 15%, sauf au départ où c’est encore plus pentu.  Mais, certains diront que 15% de pente, ce n’est pas négligeable. Avec raison.

En quittant Chanaz, une étroite route serpente abruptement vers le moulin, grimpant avec une inclinaison vertigineuse qui défie les mollets des randonneurs.

Il fut un temps où trois moulins prospéraient ici depuis le XIXe siècle, mais seul l’un d’eux a survécu, ressuscité après plus de cinquante ans d’oubli. Ce vieux moulin continue de tourner grâce à sa roue à auges, animant la meule de pierre à travers un ingénieux système d’engrenages en bois. Si vous avez la chance de visiter pendant les heures d’ouverture, peut-être entendrez-vous le doux bruit de la meule écrasant le grain pour produire de la farine et de l’huile de noix, réveillant ainsi les échos du passé artisanal de la région.

Du moulin, un sentier étroit s’élève abruptement, défiant toute ascension avec ses pentes dépassant les 20%, serpentant à travers le sous-bois jonché des feuilles mortes de l’année précédente.

Heureusement, sur une telle pente, la montée impitoyable est de courte durée. Après une centaine de mètres, le chemin rejoint une petite route, offrant un répit temporaire avant de replonger dans les bois denses. Là, parmi les repousses de hêtres et de châtaigniers sauvages, le chemin continue avec une pente plus modérée, guidant les randonneurs à travers une atmosphère feutrée de tranquillité forestière.

À flanc de colline, le GR65 retrouve la route au hameau de Praille, où se dressent avec dignité de robustes demeures à l’architecture bourgeoise typique de la région.

Poursuivant son ascension vers le village de Poisat, la route dévoile progressivement des vignobles qui s’étirent sur les coteaux. Les châtaigniers, grêles et foisonnants, parsèment généreusement les talus, ajoutant une touche de sauvagerie à ce paysage bucolique. 

Le regard porté en arrière révèle la silhouette imposante du Grand Colombier, qui se découpe majestueusement au-dessus de Culoz. Ce sommet, chéri des cyclistes du Tour de France et des amateurs de cyclotourisme, offre un panorama à couper le souffle sur les vallées et les montagnes environnantes.

En automne, les chemins et les routes sont semés des bogues épineuses des châtaigniers, créant un tapis rustique et parfumé à travers lequel il faut cheminer avec précaution. Ce paysage, riche en de tels arbres, est une caractéristique distinctive des chemins de pèlerinage traversant la France, mais nettement plus rare dans les contrées suisses ou espagnoles.

Depuis Le Poisat, la route bitumée se faufile avec élégance sur les versants du Mont Landard, offrant des panoramas qui se déploient à perte de vue. La montée régulière révèle la beauté brute de la campagne, où les collines se parent de nuances changeantes qui varient selon les saisons ou sous la lumière du jour qui s’échappe à travers les frondaisons des arbres.

Plus haut, la rugosité du goudron cède la place à la douceur de la terre battue, tandis que parfois, il s’enfonce discrètement sous le couvert des arbres. Ici, les vaches, majoritairement de race Taurine, arborant toutes un pelage brun, rappellent les origines du Reblochon, aux côtés de l’Abondance et de la Montbéliarde, bien que ces terres ne soient plus baignées par l’AOP du célèbre fromage.

Le chemin croise alors la chapelle d’Orgeval, modeste oratoire érigé en 1845 sous la bénédiction de la Vierge Marie, destiné à conjurer la peste. Rénovée en 2005, elle trône avec dignité, témoin silencieux de temps tourmentés et apaisés. 

Après ce moment de piété, le chemin, rocailleux sous les pieds, entame une ascension persévérante sur les flancs du Mont Landard. Pas à pas, le promeneur se fraie un chemin sur une moraine façonnée durant l’ère quaternaire par les glaciers du Rhône. Large et accueillant, le chemin s’élève en douceur, promesse d’une solitude bienfaisante. La lande se déploie, éparse, parée des feuillus entrelacés qui dominent la pente, tandis que les majestueux châtaigniers demeurent les gardiens immuables de ce paysage. 

Plus haut encore, la pente se fait indulgente, s’apaisant au milieu des prés où s’ébroue le bétail. C’est là que s’annoncent, fières sous le soleil d’automne, les premières vignes de Savoie, vêtues de leurs reflets chatoyants. 

La balade se fait alors sereine sur ce large chemin bordé de haies touffues. Les vignobles s’étendent, se multiplient, créant une symphonie de verts et de pourpres. Plus loin, le chemin, dans un geste indulgent, s’abaisse légèrement pour rejoindre La Rodière, nichée dans l’ombre bienveillante du vallon.

Section 4 : Dans les premiers vignobles de Savoie

Aperçu général des difficultés du parcours : de la descente avant tout, le plus souvent raisonnable.

Un chemin rocailleux, strié de pierres comme autant de défis posés par la nature, serpente avec détermination en montant à travers le sous-bois dense, émergeant finalement sur une route goudronnée peu avant Vétrier.

Au sommet de cette montée exigeante se dresse Vétrier, un hameau modeste mais imposant dans son écrin de collines.

Des maisons vigneronnes, bâties avec la solide pierre locale, se dressent fièrement, semblant jaillir du sol telles des gardiennes de la tradition et du paysage qui s’étend sous leurs pieds. Les bâtisses, façonnées de mains expertes, sont comme des poèmes sculptés dans le temps, offrant un refuge solennel à leurs habitants tout en contemplant majestueusement la vallée du Rhône qui s’étend à leurs pieds.

Le Christ protecteur, observant silencieusement depuis son perchoir, semble veiller sur les vignobles environnants avec bienveillance et autorité. D’ici, il vous faut encore plus de 3 heures pour gagner Yenne.

La vue panoramique offerte à cet endroit est un tableau vivant où chaque détail – des courbes douces du Rhône aux contours de l’Île aux Oiseaux – s’anime sous la lumière changeante de l’automne. Cette saison, avec ses couleurs riches et profondes, enflamme le paysage et souligne la grandeur de l’ascension accomplie jusqu’à présent.

Sous le village perché, le GR65 entame une descente gracieuse à travers les prairies, avant de rejoindre brièvement la route qui mène aux vignobles.

Le vignoble de Savoie s’étend bien au-delà des frontières perçues, bordant la vallée du Rhône et ses contreforts depuis Frangy. Ici, dans cette région vallonnée, le parcours traverse deux terroirs distincts : celui de Lucey et celui de Marestel et Jongieux. Les premières vignes remontent au XVIe siècle, mais ce n’est qu’à partir des années 1990 que les vignerons ont entrepris de réaménager les coteaux, facilitant ainsi le travail et l’accès aux vignes. Ces régions jouissent aujourd’hui d’appellations contrôlées, fières de leurs Crus de Savoie. 

Le premier grand vignoble à rencontrer est celui de Montagnin, où les coteaux se parent de vignes soigneusement entretenues et de panoramas à couper le souffle.

De Vétrier à Vraisin, tous ces hameaux font partie intégrante de la commune de Lucey, blottie en contrebas dans la plaine. L’attrait inépuisable de ces paysages atteint son apogée lorsque les vignes s’embrasent sous le soleil d’automne. Chaque cépage révèle alors sa palette de teintes chaudes, éclairées par la lumière rasante du soleil.

Le sentier caillouteux serpente à travers les rangées de vignes, offrant en perspective la silhouette majestueuse de la Dent du Chat.  

Après la vendange, une observation attentive révèle les grappes desséchées encore attachées aux ceps. Ici, l’utilisation des machines à vendanger est courante, facilitant toutes les opérations nécessaires en une seule manœuvre. Ces machines, équipées de bras cueilleurs et secoueurs, récoltent les grains dans des godets, tandis qu’un système d’aspiration évacue les feuilles et branches détachées lors du processus. Cependant, tous les cépages AOP ne peuvent pas être récoltés de cette manière, certains nécessitant une manipulation plus délicate pour préserver l’intégrité des grappes jusqu’au pressoir. De plus, les vignobles doivent être aménagés spécifiquement pour permettre l’accès des machines, marquant ainsi une convergence entre tradition et technologie dans la viticulture moderne.

Au bas du vignoble, le GR65 passe à Montagnin. 

C’est un charmant hameau où de robustes maisons de pierre abritent à la fois vignerons et paysans, souvent partageant les mêmes terres dans cette petite communauté où les surfaces sont modestes. 

Une étroite route s’échappe du village pour mener au hameau voisin de Cremon, à quelques pas de là. Le GR65 reprend rapidement son chemin à travers les bois paisibles.

Traversant un petit ruisseau, le chemin descend à travers les prairies pour se perdre sous le couvert d’un sous-bois.

Ce sous-bois révèle une ambiance presque fantasmagorique, où la mousse et les lichens s’accrochent aux arbustes dénudés. Seul un environnement riche en humidité peut donner naissance à de tels chefs-d’œuvre naturels, témoins de l’exubérance créative de la nature.

À la sortie du bosquet, le GR65 retrouve la route et descend légèrement jusqu’à deux étangs enchâssés dans une végétation luxuriante, des trésors naturels nichés au bord du chemin. Vous traversez ensuite le hameau relativement récent de Les Puthod/Les Greffiers. 

La route dévale ensuite abruptement à travers ce village étendu, où se mêlent constructions récentes et anciennes maisons vigneronnes en pierres de taille.

La route serpente gracieusement vers Vraisin, offrant en chemin une option séduisante qui conduit vers Lucey, où les vignobles luxuriants et le château historique attendent sous le doux baiser du soleil. Cette bifurcation vous invite à choisir entre l’exploration directe ou un détour par la splendeur viticole avant de retrouver plus bas le sinueux GR65.

Optez pour la route, et bientôt les vignobles vous accueilleront à l’entrée du village de Vraisin. En automne, c’est une métamorphose : les feuilles se parent de riches teintes d’or et d’orange, les signes subtils d’une transition saisonnière où la nature ralentit son rythme. Les anthocyanes, ces pigments naturels, éclatent en nuances chatoyantes, évoquant la richesse des cépages blancs et rouges qui trouvent ici leur expression la plus vibrante.

La route, finissant en impasse, guide vos pas à travers Vraisin, un hameau où l’histoire et la beauté naturelle s’entrelacent harmonieusement. Les maisons vigneronnes, façonnées dans la robuste pierre locale, oscillent entre des nuances de gris et d’ocre, témoignages vivants d’une tradition ancrée dans le terroir. Au cœur de ce tableau pittoresque, une fontaine ancienne réfléchit la lumière du jour, rappelant un temps où l’eau était le lien vital de la communauté. Depuis son promontoire, la vue s’ouvre majestueusement sur la plaine du Rhône, étendue comme un tapis de verdure à perte de vue.

Un sentier dévale sous le village, s’enfonçant dans un chemin escarpé ombragé par de majestueux châtaigniers centenaires.

Plus bas, parmi les broussailles, vous retrouvez le chemin mentionné précédemment, celui qui conduit à Lucey.

Cependant, le GR65 dévie de cette direction et s’engage à nouveau dans les méandres du vignoble. Vous cheminez alors sous les vignes qui s’étirent au pied du promontoire de Vraisin. .

Le chemin descend ensuite dans le prestigieux vignoble de Marestel-Jongieux, où un panorama saisissant dévoile l’étendue entière du domaine. Au loin, se dessine l’église de Jongieux. Ce vignoble est enraciné dans des sols argilo-calcaires et des éboulis calcaires. Parmi les cépages blancs cultivés ici, l’Altesse et la Jacquère, la plus répandue des variétés locales, côtoient le Chardonnay et le Velteliner. Quant aux cépages rouges, la Mondeuse prédomine, accompagnée du Gamay et du Pinot Noir.

Section 5 : Des vignobles à la chapelle St Romain

Aperçu général des difficultés du parcours : sur le parcours, il y a la montée à Jongieux-le-Haut dans les vignes, où la pente frôle et dépasse 15%.

Plus bas, au bas de la descente dans les vignes, la route pend le relais du chemin. À chaque détour, le paysage se transforme, se métamorphose, révélant la magie discrète de cette région. Les vignes peignant des paysages d’une beauté presque irréelle. Ici, le temps semble s’être arrêté, laissant place à une tranquillité presque mystique, à une sérénité qui apaise l’âme et nourrit l’esprit. C’est un voyage à travers le temps, une immersion dans une nature préservée, où chaque pas résonne comme un hommage à la beauté simple mais profonde de ce coin de Savoie.

La route passe alors à Barcotian, devant le domaine du Château de La Mar, producteur, entre autres, de Marestel…

…où le cépage Altesse, aussi appelé Marestel, trouve ses origines. Ce vignoble, niché au cœur de la vallée, est un véritable trésor pour les amateurs de vins fins. Le nom Marestel aurait été donné par Claude Mareste, qui, au XIVe siècle, aurait introduit de Chypre ce cépage unique, qu’il offrit à Anne de Lusignan, duchesse de Savoie. Une autre légende veut que ce soit un descendant du Furmint hongrois, vin autrefois réservé aux élites de l’Empire Austro-Hongrois, d’où le nom d’Altesse. Cette richesse de saveurs, empreinte de la tradition et du terroir, fait de la Roussette de Savoie un vin d’exception, dont les amateurs sont prêts à parcourir des kilomètres pour goûter à cette douceur rare.

À quelques encablures, la route serpente à travers Jongieux, le bourg principal de la région, un véritable bijou de la Savoie. Là, les maisons vigneronnes en pierre, ornées de lierre, se dressent fièrement, témoignant d’un passé viticole riche et d’un savoir-faire inégalé. Le village, avec ses ruelles pavées et ses demeures en pierre, offre un décor pittoresque, où chaque bâtiment semble conter une histoire, une époque révolue mais toujours vivante. La mairie, l’église, les anciens pressoirs, tout ici respire l’âme des vignerons, les traces de générations qui ont su conjuguer l’amour de la terre et celui de la vigne.

La route continue son ascension vers l’église Saint-Maurice de Jongieux, érigée pendant plus de deux siècles à Jongieux-le-Haut, avant d’être déplacée au centre de la commune à la fin du XIXe siècle, suite à un projet municipal. Ce déménagement, bien que contesté par les habitants du haut du village, fut finalement décidé, les communautés d’Aimavigne, de Barcontian et du Vernay représentant alors les deux tiers de la population. Cette église, désormais au cœur de la plaine, domine le paysage, ses murs anciens racontant l’histoire tumultueuse de ces terres. Elle se dresse fièrement, un phare de pierre au milieu des vignes, un symbole de l’ancrage et de la continuité.

Au détour de la route, un chemin vigneron se profile, s’élevant avec une assurance déterminée à travers les vignobles qui s’accrochent aux flancs de la colline.

L’ascension est à la fois exigeante et gratifiante, chaque lacet offrant un nouveau panorama sur le paysage spectaculaire qui s’étend sous vos pas vers Jongieux-le-Haut.  

En regardant en arrière, on embrasse du regard le chemin parcouru, une mosaïque de vignobles en terrasses sous le regard bienveillant du Grand Colombier, la montagne majestueuse qui a vu naître ce voyage au lever du jour.

Pour les pèlerins, atteindre Jongieux-le-Haut représente un moment de répit bienvenu. Au cœur du village, les maisons vigneronnes, modestes dans leur simplicité rustique, se dressent le long des ruelles étroites comme des gardiennes silencieuses d’un passé chargé d’histoire.  Chaque pierre, chaque recoin raconte une histoire, évoque des siècles d’efforts et de traditions, où la vie quotidienne des vignerons a sculpté le paysage et forgé l’âme de ce lieu.

La route serpente à travers un village où chaque nom évoque une promesse de bonheur : Aimavigne, Jongieux-le-Haut. Ces appellations s’épanouissent fièrement sur les panneaux des propriétaires, annonciateurs des nectars qui mûrissent ici. Parfois, les portes des caves s’entrouvrent, invitant le voyageur à un arrêt bienfaiteur. Pourtant, trop souvent, le pèlerin pressé méconnait ces haltes providentielles. Un détour par une de ces caves, un verre de ce vin aux saveurs raffinées, pourrait bien éclairer son chemin de mille plaisirs. Mais encore faut-il saisir l’opportunité, comme celle de découvrir une cave ouverte au moment propice.

Au-delà du village, la route s’évade progressivement, capturant l’essence même de la campagne savoyarde. Devant le regard du promeneur, une vis de pressoir s’élève telle une relique historique, tandis qu’une fontaine ancienne, gracieuse comme une muse, dispense son eau non potable. Pourtant, la récolte de ces terres, noble et riche en terroir, se transforme en breuvage exquis, le vin, joyau des vignobles locaux.

Le GR65 suit la courbe de la terre jusqu’au sommet d’une colline, là où se profile le lieu-dit Le Noyer. Un chemin de terre bifurque vers la Chapelle St Romain, couronnant une autre éminence lointaine. L’illusion de proximité se dissipe alors que le voyageur réalise la réelle distance qui le sépare de ce sanctuaire majestueux.

De ce belvédère naturel, s’ouvre une toile panoramique sur les vignobles de Savoie. Les coteaux en cascade, les rangées de vignes alignées comme des soldats au garde-à-vous, offrent un spectacle aussi captivant que le Grand Colombier en arrière-plan, sa silhouette majestueuse émergeant des brumes matinales. C’est ici que se révèle toute la splendeur d’une terre façonnée par des mains expertes, une terre où chaque parcelle raconte une histoire de labeur et de passion, sous l’égide d’un paysage à couper le souffle.

Le chemin de terre sinue à travers les dernières vignes qui ondulent comme des vagues douces, avec une croix plantée sue le talus. Les pas du pèlerin résonnent sur la terre battue, une symphonie de simplicité et de rusticité qui guide vers la colline.

La chapelle se dessine de plus en plus distinctement à mesure que le chemin devient un moment devient bitumé. La pente s’accentue alors, incitant à un effort supplémentaire alors que l’on quitte derrière soi les vignobles dorés de Savoie, témoins muets du dur labeur des hommes.

L’ascension devient une danse avec la gravité, une lutte gracieuse contre la pente prononcée qui mène à la chapelle St Romain. Dressée solitaire sur sa colline, cette humble église semble être un pont entre le passé et le présent. Bien que datant seulement de 1995, elle remplace une chapelle primitive du VIe siècle, gardienne d’un héritage millénaire d’adoration et de contemplation.

Du parvis de la chapelle, un spectacle inattendu et époustouflant s’ouvre devant les yeux émerveillés des visiteurs. Les méandres scintillants du Rhône serpentent à travers la plaine de Yenne, offrant un contraste saisissant avec la silhouette majestueuse de la Dent du Chat qui domine l’horizon. C’est un tableau d’une beauté divine, où la terre et l’eau se rencontrent dans une harmonie parfaite, comme une peinture vivante sur le canevas infini du ciel.

La descente vers la plaine du Rhône est loin d’être une simple formalité. De nombreux pèlerins se remémorent encore la redoutable descente de Roncevaux sous la pluie, considérée comme l’une des plus grandes épreuves du Chemin de Compostelle. Ici, par temps de pluie, cette descente peut également se transformer en un véritable cauchemar, un enfer pour les moins aguerris. Dès le départ, des avertissements mettent en garde le randonneur quant aux précautions à prendre. Ces consignes sont aussi rédigées en allemand pour les nombreux pèlerins allemands et suisses qui empruntent la Via Gebennensis. C’est une précaution bien nécessaire compte tenu de la difficulté du terrain.

En s’approchant du bord de la falaise, on peut apercevoir Lagneux en contrebas, minuscule et lointain, à plus de 200 mètres plus bas. La descente s’étend sur un kilomètre, avec des pentes vertigineuses atteignant parfois plus de 35%. C’est une véritable épreuve de courage et d’endurance, un test de la détermination du pèlerin face à la nature implacable.

Section 6 : Une descente vertigineuse, avant de rejoindre les berges du Rhône

Aperçu général des difficultés du parcours : descente casse-pattes depuis la chapelle St Romain. Ici, les pentes vont jusqu’à 35% dans un mauvais chemin. Puis, les vacances…

Au départ, le chemin semble presque accueillant, oscillant doucement sur la crête avant de se lancer dans une descente vers la vallée. Cependant, progressivement, il s’enfonce dans un enchevêtrement de broussailles et de feuillus rabougris, plongeant le marcheur dans une nature plus sauvage et intime. 

Le sentier évite prudemment le bord de la falaise, préférant se faufiler en zigzags parmi les feuillus recouverts de lierre et de mousse. Lors d’une descente sous la pluie, les difficultés se multiplient : chaque pas devient un défi, chaque mètre parcouru une lutte pour ne pas glisser. Il faut s’agripper aux rejets de hêtres et aux jeunes châtaigniers, les feuilles mouillées transformant le sol en une trappe glissante. Les plus aguerris savent que cette partie du chemin demande non seulement de l’endurance, mais aussi une vigilance constante.

Dans les sections les plus escarpées, des rondins de bois, usés par le temps et les intempéries, retiennent la terre et empêchent les glissades. Ces aménagements, simples mais efficaces, offrent un semblant de sécurité. Quelques chênes majestueux et pins robustes s’accrochent aux pentes, comme des sentinelles veillant sur le passage, mais la plupart du temps, ce sont de petits châtaigniers et hêtres chétifs, maigres et tordus, qui bordent le chemin. Leur présence rappelle la résilience de la nature dans les conditions les plus rudes.

Plus bas, à l’approche du bout de la descente, la pente s’adoucit progressivement. Sous les falaises abruptes, la végétation humide et exubérante prend le relais, offrant un contraste saisissant avec la rudesse des pentes précédentes. Ici, les fougères luxuriantes et les mousses émeraudes tapissent le sol, créant un tapis naturel sous les pas du randonneur. Malgré la difficulté de cette descente laborieuse, il n’y a aucun véritable danger, seulement la promesse d’un terrain plus clément à mesure que l’on progresse. Chaque pas est une victoire, chaque respiration une célébration de la résilience et de la persévérance.

Quelles que soient les conditions météorologiques, l’arrivée au bas de la descente est une bénédiction pour les genoux et les articulations, surtout pour les marcheurs du troisième âge. La satisfaction de toucher enfin terre au lieu-dit Cotonnière est immense. Ici, le paysage s’ouvre à nouveau, la nature reprend une allure plus douce et accueillante dans le sous-bois, offrant un répit bien mérité après les épreuves de la descente. 

Depuis ce point, le chemin ondule légèrement dans le sous-bois, offrant un répit ombragé et tranquille avant de retrouver l’air libre et de croiser la départementale D921 à la sortie de la forêt. Les arbres s’écartent progressivement, laissant place à un panorama plus ouvert et accueillant.

Une croix de granite est plantée là, telle un symbole intemporel, faisant face à la falaise majestueuse. Elle semble veiller sur les voyageurs, une sentinelle silencieuse qui marque le passage entre la forêt dense et l’espace dégagé.  

Le GR65 suit alors la route départementale sur quelques centaines de mètres avant de bifurquer à nouveau vers la falaise. La vue s’ouvre alors sur une magnifique perspective du Massif du Chat à l’horizon, un spectacle grandiose qui semble récompenser les efforts fournis jusque-là. À partir de ce point, les efforts se réduisent considérablement. Le parcours devient une promenade agréable et presque plate jusqu’à Yenne, offrant aux marcheurs un répit bien mérité après les rigueurs de la descente.

Une petite route mène à Petit Lagneux, un hameau pittoresque où de belles maisons de pierres vives, partiellement recouvertes de chaux, se dressent fièrement., chaque pierre murmurant des souvenirs d’antan.

Mais ici encore, comme souvent sur le Chemin de Compostelle, le passage par Petit Lagneux n’est qu’un détour pour éviter la route départementale, où la circulation, bien que modérée, reste présente. La route quitte alors le hameau pour revenir vers la D921, rappelant aux pèlerins que même les chemins les plus pittoresques doivent parfois s’accommoder des nécessités modernes.  

Le GR65 traverse la route départementale, s’aventurant ensuite à travers les champs de maïs en direction du Rhône et du sous-bois qui le longe. Ici, le paysage devient monotone, tristounet, comme toutes les plaines dévolues aux cultures céréalières. Les étendues de maïs, uniformes et assoiffées, s’étendent à perte de vue, dénuées du charme bucolique des vignobles ou des prairies fleuries.

Le chemin poursuit sa route à travers cette morne plaine, où bientôt, seules les tiges insipides des maïs friands d’eau domineront le paysage. La monotonie des cultures intensives contraste fortement avec la richesse des paysages traversés plus tôt.

Puis, le chemin franchit discrètement le ruisseau du Lône, à peine perceptible, avant de retrouver les rives majestueuses du Rhône. Ici, le plaisir de marcher le long du fleuve renaît, avec la palette presque complète de feuillus qui bordent ses berges. Frêles châtaigniers, modestes érables champêtres, et les aulnes gardiens des rivières, se disputent la vedette, ajoutant une touche de verdure et de sérénité à cette fin d’étape. 

Le GR65 longe un moment la berge du Rhône, offrant enfin aux pèlerins la possibilité de marcher au bord de ce fleuve souvent interdit aux randonneurs en aval. La présence apaisante de l’eau et des arbres offre une trêve bienvenue. 

Plus loin, le chemin s’écarte du fleuve au lieu-dit L’Île, un endroit pittoresque où deux bras du Rhône enserrent une petite île.

Peu après, le chemin retrouve le fleuve, procurant aux marcheurs un sentiment de plaisir et de satisfaction. Le Rhône se dévoile alors dans toute sa splendeur, d’un bleu resplendissant sous un ciel clément. Cependant, par temps de pluie prolongée, le fleuve change de visage, se parant de gris et de brun, et charriant des débris de bois. Les chemins deviennent alors passablement embourbés, transformant la marche en une véritable épreuve de résistance.  

Au printemps, le long du Rhône, une surprise olfactive attend les randonneurs : des hectares d’ail des ours tapissent les berges, leur arôme subtil s’insinuant presque jusque dans les vêtements. Ces tapis de verdure et de fleurs ajoutent une note parfumée et sauvage au paysage, rendant la promenade encore plus agréable et immersive.

Lorsque le chemin quitte la berge du Rhône à l’entrée de Yenne, il traverse le ruisseau du Lône, dont les eaux coulent calmes et sereines. Le doux murmure du ruisseau offre un moment de quiétude avant d’entrer dans la petite cité.

À l’entrée de Yenne, un camping et un parc agréable jouxtent la rivière, accueillant les voyageurs avec des espaces verts propices à la détente. Un tunnel permet de traverser en toute sécurité la grande départementale très circulante, préservant ainsi la tranquillité des randonneurs.

Yenne est une petite cité paisible de 3 000 habitants, nichée dans un cul-de-sac au fond de la vallée. La ville est dominée par la majestueuse Dent du Chat, cette imposante formation rocheuse en forme de mâchoire qui veille sur la cité. Deux principales voies de sortie s’offrent aux visiteurs : l’une à travers un tunnel sous la Dent du Chat menant vers Le Bourget et Chambéry, et l’autre longeant le Rhône.  

Si vous arrivez ici un lundi, vous découvrirez une ville quasi endormie. Seules les deux pharmacies et le PMU, dernier bastion des petites villes françaises en déclin, demeurent ouverts. Ce bistrot emblématique, refuge des habitués, reste un témoignage vivant de la culture locale, alors que le reste de la ville semble plongé dans une torpeur silencieuse, illustrant le lent déclin des petites cités rurales.

Logements

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