01: Genève au Col du Mont-Sion

Du Lac Léman aux contreforts du Salève

 

DIDIER HEUMANN, ANDREAS PAPASAVVAS

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du GR65. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.

Pour ce parcours, voici le lien:

https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/de-st-genix-sur-guiers-au-pin-lac-paladru-par-la-via-gebennensis-34124887

Tous les pèlerins ne sont pas forcément à l’aise avec la lecture des GPS ou la navigation sur un portable, d’autant plus qu’il existe encore de nombreuses zones sans connexion Internet. C’est pourquoi, pour faciliter votre voyage, un livre dédié à la Via Gebennensis par la Haute-Loire est disponible sur Amazon. Bien plus qu’un simple guide pratique, cet ouvrage vous accompagne pas à pas, kilomètre après kilomètre, en vous offrant toutes les clés pour une planification sereine et sans mauvaises surprises. Mais au-delà des conseils utiles, il vous plonge dans l’atmosphère enchanteresse du Chemin, capturant la beauté des paysages, la majesté des arbres et l’essence même de cette aventure spirituelle. Seules les images manquent : tout le reste est là pour vous transporter.

En complément, nous avons également publié un second livre qui, avec un peu moins de détails mais toutes les informations essentielles, décrit deux itinéraires possibles pour rejoindre Le Puy-en-Velay depuis Genève. Vous pourrez ainsi choisir entre la Via Gebennensis, qui traverse la Haute-Loire, ou la variante de Gillonnay (Via Adresca), qui se sépare de la Via Gebennensis à La Côte-Saint-André pour emprunter un itinéraire à travers l’Ardèche. À vous de choisir votre parcours.

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Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.

Genève, cette métropole cosmopolite nichée au bord du Lac Léman, se transforme en carrefour incontournable pour d’innombrables pèlerins venant d’Allemagne, d’Autriche ou des pays de l’Est. C’est également le point de départ pour de nombreux pèlerins suisses qui se dirigent vers la lointaine Galice. L’itinéraire principal, emprunté par la grande majorité des pèlerins, est la Via Gebennensis, reliant Genève au Puy-en-Velay. Contrairement au chemin de Compostelle en France, où la traversée des grandes villes est rare, la Suisse, par sa petite taille, oblige souvent à passer par des centres urbains. Genève, encastrée entre le Léman et les monts du Salève, ne fait pas exception.

Pour quitter Genève, il faut traverser toute la ville, notamment Carouge, un bourg pittoresque qui ajoute au charme de cette traversée. Si Genève est réputée pour ses banques, elle recèle aussi une vieille ville exiguë mais belle. Une fois hors des limites de la ville, la frontière franco-suisse se trouve à une courte distance. Le parcours se transforme alors en une randonnée bucolique sous les contreforts du Salève, offrant un contraste saisissant avec l’agitation urbaine. Vous serez frappé par la transition rapide de la ville à la campagne, malgré le développement des villages satellites autour de Genève. En juillet 2016, le cap des 100’000 personnes étrangères titulaires d’un permis frontalier a été franchi pour la première fois dans le canton de Genève, selon l’Office cantonal de la statistique. La plupart de ces frontaliers vivent en Haute-Savoie (74%), les autres dans les départements voisins. Dans les villages que vous traverserez, la majorité des habitants, qu’ils soient français ou suisses résidant en Haute-Savoie, travaillent à Genève.

Difficulté du parcours : Les dénivelés de cette étape (+567 mètres / -163 mètres) ne sont pas extrêmement élevés, considérant que l’on atteint un col de basse altitude. Jusqu’à la frontière franco-suisse, après Compesières, le parcours est relativement plat ou en légère montée. Mais dès la frontière franchie, le parcours grimpe de manière quasi continue jusqu’au col du Mont Sion. Les pentes, bien que jamais trop abruptes, ne dépassant pas les 15% d’inclinaison, offrent néanmoins quelques belles rampes à surmonter, surtout du côté de Verrières.

État du GR65 : Durant cette étape, une grande partie du trajet se déroule sur des routes goudronnées. C’est inévitable, car vous évoluez longtemps dans ou à proximité d’une grande ville :  

  • Goudron : 15.3 km
  • Chemins : 7.9 km

Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur ces parcours. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.

Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.

Pour les vrais dénivelés, relisez la notice sur le kilométrage sur la page d’accueil.

Section 1 : La traversée de Genève et de Carouge

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté. 

 

 

Depuis la grande Place de Cornavin, véritable carrefour cosmopolite de Genève, il est conseillé d’amorcer depuis la gare la descente de la Rue du Mont-Blanc en direction du lac Léman, jusqu’à atteindre le Pont du Mont-Blanc et le Quai des Bergues. Ce pont majestueux, enjambant la rade, relie harmonieusement les deux rives de la cité. Tout au long de la journée, il devient l’épine dorsale de la ville, tantôt animé par le flux incessant des véhicules, tantôt baigné dans la lumière changeante du lac.

Pour traverser le Rhône, une alternative plus tranquille s’offre le long du Quai des Bergues, où les Ponts des Bergues et de la Machine se dressent comme des gardiens historiques. Genève rêve aujourd’hui d’une rade idéale, réaménagée pour rendre ses quais aux promeneurs, mais les défis financiers demeurent un frein constant à ces ambitions grandioses.  
À droite du Pont de la Machine, s’étend le paisible Quai de l’Île, où un autre pont historique franchit le Rhône. Ce lieu stratégique, témoin des premières civilisations humaines, fut d’abord un banc de sable naturel divisant le fleuve. Citée par Jules César, cette zone fut marquée par les tumultes de l’histoire. Détruit et reconstruit à maintes reprises, ce pont incarne la résilience et la permanence à travers les âges.
Traversant le Pont des Bergues, vous pénétrez dans la rive gauche, où les rues commerçantes, réputées sous le nom des Rues Basses, vous accueillent dans une atmosphère chic et animée. Laissez-vous ensuite guider vers la Vieille Ville et sa majestueuse Cathédrale Saint-Pierre, symboles intemporels de l’histoire et de la spiritualité genevoise. 
À l’ombre de cet édifice séculaire, vous plongez dans la Vieille Ville, un véritable joyau préservé de Genève. Niché sur une colline modeste, ce quartier historique abrite non seulement la cathédrale, mais aussi l’hôtel de ville et un labyrinthe de ruelles pavées. Chaque pas résonne avec l’écho des grands penseurs et réformateurs qui ont marqué cette cité au fil des siècles, un témoignage palpable de son identité profonde et de sa sérénité préservée.  Flâner dans ces décors pittoresques, c’est naviguer entre passé et présent, capturant l’essence même d’une cité où la beauté naturelle se mêle harmonieusement à l’empreinte de l’histoire.

Le parcours serpente devant l’Ancien Arsenal, à l’ombre de l’Hôtel de Ville majestueux. Sous les arcades séculaires, aux pieds des fresques évoquant Genève depuis Jules César jusqu’à la Réforme, reposent cinq canons ancestraux, gardiens muets des remparts d’antan. Aujourd’hui, ce lieu historique abrite les archives précieuses de l’État, témoin silencieux des époques révolues.

Au-delà, surplombant la ville, l’église se dresse fièrement depuis le IVe siècle, dédiée à St Pierre. L’actuelle cathédrale, édifiée entre le XIIe siècle et le XIIIe siècle, est un chef-d’œuvre d’architecture romane et gothique. Ravagée par les guerres et les incendies au fil des siècles, elle a su résister et se métamorphoser, témoin des bouleversements historiques qui ont marqué Genève. Après l’abolition de la messe en août 1535, elle devient un temple protestant, conservant aujourd’hui encore le nom de Temple de Saint-Pierre, symbole de résilience et de continuité spirituelle. Après la séparation de l’Église et de l’État en 1907, elle fut cédée à l’Église Protestante de Genève, tout en continuant d’accueillir des cérémonies civiles majeures, y compris la prestation de serment du gouvernement républicain. Sous les fondations vénérables de la cathédrale réside le secret bien gardé de l’église paléochrétienne, vestige précieux d’une foi antique, témoin de la continuité spirituelle à travers les âges.
Depuis ce bastion spirituel, le parcours s’élance vers la Place du Bourg-de-Four, à l’orée de la Vieille Ville, là où battait autrefois le cœur vibrant du marché médiéval. Ici, se révèle la trace bienveillante de la Via Jacobi 4, marquée de l’azur profond qui la guide jusqu’aux confins de la Suisse, où elle devient le GR65. Ces signes, modestes sentinelles bleutées, sont vos guides assurés à travers les méandres urbains, préservant ainsi la magie intemporelle de ce chemin de pèlerinage.
La Via Jacobi suit alors la Rue de Saint-Léger et longe gracieusement le parc des Bastions, un véritable écrin de verdure au cœur de la ville. En pénétrant dans ce havre de paix, on découvre avec émerveillement le majestueux Mur des Réformateurs, un monument imposant qui raconte avec éloquence l’histoire de la Réforme à Genève et son influence à travers le monde. Inauguré en 1909 pour célébrer le 400ème anniversaire de Jean Calvin, ce mur impressionnant présente les figures emblématiques de Guillaume Farel, Jean Calvin, Théodore de Bèze et John Knox, vêtus de la noble robe de Genève, tels des apôtres du protestantisme rayonnant de sagesse et de détermination. 
La Rue Saint-Léger, après avoir dévoilé ses secrets, débouche sur le Boulevard des Philosophes. Ce lieu, imprégné d’une atmosphère intellectuelle, rappelle que Jean-Jacques Rousseau, illustre philosophe et écrivain, est né ici, dans la vieille ville, au sein d’une famille calviniste d’origine française. Son enfance fut bercée par le tic-tac des horloges dans l’atelier de son père, un artisan horloger. Avant de quitter ces terres, Rousseau a sans doute été influencé par les idées progressistes de Genève, un foyer de pensée contestataire au XVIIIe siècle, qui inspirèrent son œuvre monumentale, “Le Contrat social”.  
Ici, au cœur de Genève, il est facile de se perdre dans le dédale des rues historiques. Le boulevard doit être traversé avec précaution, et il faut suivre les indications de la Via Jacobi en prenant légèrement à gauche pour rejoindre la Rue Prévost-Martin, une artère paisible et rectiligne.  

La Rue Prévost-Martin, sereine et peu fréquentée, tranche le Boulevard du Pont d’Arve. En longeant ces rues, on ressent la quiétude et l’harmonie qui émanent des paysages urbains de Genève, un mélange subtil de tradition et de modernité, où chaque coin de rue raconte une histoire, chaque édifice murmure des légendes anciennes.

Ces grands boulevards, imposants et silencieux, ne révèlent que peu de leurs secrets à ceux qui ignorent l’histoire de ce pays. Mais peu importe, car ils servent de pont entre la vibrante Genève et la charmante Carouge.  
La Via Jacobi suit la Rue Prévost-Martin jusqu’à la Place des Augustins, où elle s’engage alors sur la Rue de la Ferme, une voie au charme pittoresque, bordée de bâtiments aux façades anciennes.  
Au bout de la Rue de la Ferme, elle bifurque à droite pour quelques instants sur la Rue de la Colline, une rue au nom évocateur de paysages vallonnés, alors qu’il n’y a aucune trace de colline par ici.  
L’Arve, tumultueuse et boueuse, est à deux pas. Descendant majestueusement du massif du Mont Blanc en France, elle se jette dans le bleu profond du Rhône à la sortie de la ville, direction ouest. En traversant le pont, vous vous retrouvez dans la commune de Carouge, une enclave pittoresque de 22,000 habitants. Carouge est particulièrement réputée pour son Vieux Carouge, un quartier enchanteur aux places animées, terrasses accueillantes et maisons pittoresques, que vous aurez le plaisir de traverser.  
De l’autre côté de l’Arve, se dresse la belle Place de l’Octroi, point d’arrivée de la célèbre ligne de tram 18, qui serpente à travers les vieux quartiers de Carouge, ajoutant une touche de nostalgie à cette ville historique.

La rivalité entre Genève et Carouge est ancrée dans l’histoire. Au XVIIIe siècle, Carouge fut entièrement reconstruite pour rivaliser avec Genève, sous la direction d’architectes italiens qui dessinèrent une ville aux lignes quadrillées, empreinte de charme méditerranéen. Les habitants de Carouge, fiers de leur ville, ne manqueront pas de vanter ses mérites, affirmant avec un soupçon de chauvinisme la douceur de vivre et l’attrait de flâner dans ses rues.  

La Via Jacobi ne suit pas immédiatement le tramway. Elle entame un gracieux détour autour de la place, frôlant l’oratoire catholique de Saint Joseph, avant de se faufiler dans la Rue Vautier. Cette rue, semblable à un fil d’Ariane, guide le voyageur à travers les méandres du paysage urbain. La diversité architecturale et la tranquillité bucolique se marient ici dans une harmonie sereine.
La Rue Vautier borde la Place du Marché. Carouge, ville aux multiples visages, n’a pas de centre unique mais plusieurs cœurs qui battent en différents points. À partir de cet endroit et en remontant la Rue Ancienne, on perçoit véritablement le pouls de ce vieux quartier, là où l’histoire et la modernité se rencontrent dans un ballet incessant.  
Au bout de la Rue Vautier, le parcours se prolonge vers la Rue Ancienne. Ce passage est une invitation à remonter le temps, chaque pavé racontant une histoire, chaque façade murmurant des secrets d’antan.
C’est sans doute la rue la plus belle de la région, où le tramway semble flotter parmi les belles demeures, les petits commerces pittoresques, les cafés animés et les restaurants accueillants. Le charme de cette rue à taille humaine réside dans l’atmosphère chaleureuse et conviviale qui y règne. On comprend aisément l’amour et l’enthousiasme que les Carougeois nourrissent pour leur ville, tant la magie des lieux envoûte le passant.
Au terme de la Rue Ancienne, on rejoint la Place du Rondeau. C’est ici que la Via Jacobi quitte définitivement le confort de la ville pour embrasser la quiétude de la banlieue. Il aura fallu près de quatre kilomètres pour traverser la ville depuis le lac. En flânant, on peut aisément passer près de deux heures, savourant chaque instant de cette promenade. Avec le tram, certes, le voyage aurait été plus rapide, mais on aurait manqué la poésie des détours.  

Section 2 : Dans la campagne genevoise, ou du moins ce qu’il en reste

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté. 

 

Dans l’écrin paisible et verdoyant de Genève, où la modernité et la nature cohabitent en une harmonie surprenante, la Via Jacobi chemine paisiblement, s’éloignant du tumulte urbain pour se perdre bientôt dans des méandres plus bucoliques. À la Place du Rondeau, la Via Jacobi bifurque sur la Route de Drize, traversant devant le parc majestueux de l’Institut de recherche Battelle. Jadis lieu d’explorations génétiques, ce quartier s’est aujourd’hui métamorphosé, privilégiant désormais l’innovation dans les domaines de l’informatique et de la gestion. Genève, loin d’être une cité industrielle conventionnelle, s’affirme plutôt comme un hub dynamique, dédié aux services tant nationaux qu’internationaux.

La route serpente à travers une banlieue discrète, un havre de quiétude rare à Genève, où chaque parcelle d’espace est précieuse et soigneusement préservée.  
Peu après, la Via Jacobi s’écarte des artères bruyantes pour s’aventurer dans les sous-bois enchanteurs, où se nichent de charmantes demeures, douillettes comme des nids d’oiseaux bien gardés.
C’est ici que le pèlerin retrouve le goût de la vie, enchanté de retrouver la terre battue sous ses pas, le murmure apaisant des arbres et le doux picotement des petits cailloux sur le chemin, qui réveillent son âme vagabonde. Son univers favori, en quelque sorte.  
Le chemin bordé de haies touffues et discrètes, protégeant à peine les demeures opulentes dissimulées, franchit le large ruisseau de la Drize, parmi une végétation qui semble retenir son souffle.
Mais la pastorale ne dure qu’un instant, car la réalité reprend vite le dessus. Le chemin remonte des rives de la rivière dans le sous-bois, retrouvant bientôt le bitume de la route. La Via Jacobi se dirige alors vers Saconnex d’Arve, laissant derrière elle l’éphémère idylle champêtre pour gravir doucement les hauteurs.
La route s’élève graduellement à travers une banlieue parsemée, où s’étirent avec élégance des lotissements impeccables menant à Saconnex d’Arve Dessous.
Ici, les paysans résistent encore à la vente totale de leurs terres, mais l’urbanisation inexorable guette, justifiée par les nécessités d’une Genève densément peuplée et cosmopolite. Avec ses 500’000 habitants sur un territoire restreint, Genève se distingue comme le canton le plus international de Suisse, abritant une communauté où les étrangers représentent une part significative, loin des tumultes urbains des grandes métropoles européennes.
À Saconnex d’Arve Dessous, le village respire la quiétude et la propreté, reflétant un bien-être où l’argent, parfois le luxe discret, cultivent une atmosphère cossue et sereine, loin des agitations de la grande ville.  
Dans l’ombre majestueuse des grands chênes, la Via Jacobi s’échappe gracieusement du village, sur un chemin prometteur vers l’Étang de Paradis. Tout un programme, non ? C’est comme une invitation à une aventure poétique, où chaque pas révèle un nouveau tableau de la nature, un pont entre le monde terrestre et céleste.  

On ne saura jamais si le paradis ou simplement l’étang sont présents ici. Du moins, la Via Jacobi n’y va pas et l’atmosphère énigmatique se dissipe alors que la Via Jacobi émerge des bois et rencontre à nouveau l’asphalte, un rappel de la réalité pragmatique.

Au sortir des bois, la route serpente gracieusement à travers les champs, tel un ruban d’émeraude et de jaune sur la toile de la campagne genevoise encore préservée. Mais, oui, il y a encore un peu de campagne dans le canton de Genève, comme une ode à la sérénité et à la vie simple.  
La route conduit désormais à Saconnex d’Arve Dessus. Ces petits villages de la campagne genevoise paraissent tous très neufs, comme s’ils avaient été construits ces dernières années. Ce qui n’est pas le cas, bien sûr !   

Section 3 : De la Suisse à la France dans la campagne

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté. 

 

À la sortie du village de Saconnex, le regard est immédiatement captivé par la vision charmante de Compesières, niché fièrement au sommet des collines ondoyantes de blé doré. Ce lieu, empreint d’une sérénité intemporelle, semble raconter une histoire ancienne à chaque brise caressant les épis. Compesières n’est pas un perdreau de l’année ; son existence vénérable s’inscrit dans le temps avec une dignité palpable.  
Compesières se situe à quelques encablures de la frontière franco-suisse. Bien que sa population soit réduite à une vingtaine d’âmes, ce site jouit d’une notoriété particulière parmi les Genevois. De nos jours, il incarne le cœur administratif, religieux et scolaire de la commune de Bardonnex. Classé d’importance nationale, ce lieu vibre encore des échos de son passé glorieux.

Les fouilles archéologiques ont mis au jour les vestiges d’un établissement romain, suggérant qu’autrefois, un village prospérait ici. À l’époque féodale, les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem y établirent une commanderie, fortifiant le domaine de remparts et de tours au XVIIe siècle. Cette commanderie passa ensuite sous l’autorité de l’Ordre de Malte jusqu’en 1793, avant de devenir une fabrique de salpêtre. Depuis 1822, le hameau s’est réorganisé autour de son église, de la commanderie, d’une ferme et de plusieurs dépendances, ainsi qu’un cimetière d’une ampleur surprenante, témoignant de vies antérieures marquées par l’histoire.   

La Via Jacobi, nommée ainsi en hommage à son parcours à travers la Suisse, s’étire d’abord sur un ruban de goudron avant de s’effacer doucement dans la terre battue, guidant les pas vers le village de Charrot. Ce hameau pittoresque, partagé entre les paysans, horticulteurs et les navetteurs de Genève, marque la transition définitive hors du Grand Genève. Les collines et les champs deviennent plus authentiques, comme si la nature reprenait doucement ses droits.  
La Via Jacobi quitte Charrot pour se diriger vers Lathoy, traversant d’abord une route asphaltée avant de se transformer en chemin de terre. Ici s’étend une vaste plaine parsemée de champs, de vignes et de maraîchers. La présence sporadique de haies préservées avec soin donne vie au paysage, contrastant avec la tendance moderne à raser toute végétation sur les chemins de Compostelle. Ces haies offrent un répit visuel et abritent une biodiversité précieuse, rappelant que même dans l’agriculture intensive, il est possible de ménager des îlots de nature sauvage.  
Le chemin de gravier se dirige, avec une douceur presque insouciante, vers un sous-bois discret, où la lumière tamisée par le feuillage crée une douce atmosphère. Là, devant vous, se dressent les édifices modernes et audacieux du Technopole d’Archamps, tels des sentinelles de verre et d’acier au milieu de la verdure. En longeant le chemin, vous passez devant un mur imposant, évocateur des fortifications d’autrefois. Ce vestige murmure les récits d’une époque révolue où la frontière, aujourd’hui paisible, était une ligne de défense cruciale. Il est facile d’oublier que ces pierres solides ont été érigées à une époque où la Suisse craignait peut-être encore les ambitions militaires de la France, bien que ces craintes se soient apaisées au fil des deux derniers siècles. Napoléon, en dernier, leur a causé de vrais soucis.
Pénétrant plus profondément dans le sous-bois, le chemin de terre battue croise le ruisseau de l’Arcande, un cours d’eau discret, presque perdu dans les haies denses et les herbes folles. Ce ruisseau, serpentant avec une tranquillité poétique, évoque la beauté sauvage et intouchée de la nature.

La Via Jacobi atteint son terme aux Combes, à quelques pas seulement du Technopole et de la frontière. Ici, la tranquillité règne en maître, et les formalités douanières semblent appartenir à un autre monde. La frontière, à deux pas, n’est qu’une ligne invisible que personne ne remarque, renforçant le sentiment d’unité et de liberté.

Désormais, vous marchez en Haute-Savoie, sur le célèbre GR65, le Chemin de Compostelle du Puy-en-Velay. Une transition s’impose : après avoir suivi les petits panneaux jaunes éclatants, semblables à des chanterelles émergeant de la mousse dans la forêt suisse, vous devez maintenant vous familiariser avec une signalétique plus discrète et variée. Ici, les indications mêlent les signes du GR65 (rouge et blanc), les coquilles de Saint-Jacques, symboles de Compostelle, et diverses signalétiques locales. Chaque panneau raconte une histoire, donnant des détails précis sur les temps de marche, ajoutant une touche d’authenticité et de complexité à votre voyage. Mais ne vous inquiétez pas, cette abondance de détails ne durera pas sur toutes les étapes ultérieures. Préparez-vous : le Col du Mont Sion, à plus de trois heures de marche, vous attend avec la promesse de nouvelles découvertes sur la Via Gebennensis.

Depuis Les Combes, un large chemin s’élève en une ascension douce mais résolue, d’abord goudronné puis se muant en terre battue. Il franchit une petite ligne de chemin de fer, comme une passerelle entre deux mondes, avant de s’étendre à travers une campagne où la nature déploie toute sa magnificence. Les prés s’étendent à perte de vue, parsemés çà et là de champs de maïs et de blé, où quelques chênes solitaires montent la garde, impassibles et majestueux.
Au cœur de ce havre de paix se dresse le Technopole d’Archamps, fondé en 1989 et qualifié de “première technopole euro-suisse“. Abritant environ 230 unités dédiées aux sciences du vivant, à l’électronique, aux micro-technologies et aux activités de transfert de connaissance, ce lieu est une enclave de modernité au sein de la nature. Les scientifiques français, européens et suisses s’y croisent, échangeant idées et innovations dans un cadre inspirant, en lien étroit avec les universités environnantes. Les bâtiments, à l’architecture moderne et épurée, contrastent harmonieusement avec les paysages bucoliques environnants, symbolisant le mariage réussi entre nature et technologie.  
Une petite route goudronnée, comme une veine discrète, s’échappe du technopôle pour rejoindre le hameau de Lathoy. Ce village, avec ses maisons en pierre et ses jardins fleuris, respire la quiétude et un charme discret sous les grands arbres.  
Le GR65, désormais identifiable par ses marques rouges et blanches, poursuit son voyage sur une route de terre battue. Il franchit le Nant de Barthoux, un ruisseau clair dont les eaux glissent sur les cailloux avec un murmure apaisant. Mais ce doux murmure est rapidement submergé par le grondement sourd de l’autoroute toute proche, comme une artère bruyante au cœur de cette quiétude rurale. À l’horizon, sous le regard sévère de la montagne du Salève, la plaine s’étend, dominée par cette imposante sentinelle rocheuse qui semble veiller sur la campagne.  
Le GR65 traverse ensuite l’autoroute A40, surnommée l’“Autoroute Blanche“. Cette voie rapide, reliant Mâcon à Chamonix et poursuivant vers l’Italie via le tunnel du Mont Blanc, constitue un axe de transit important, croisant la frontière franco-suisse à St Julien-de-Genevois. À cet endroit, la modernité de l’infrastructure côtoie la quiétude des paysages ruraux, créant un contraste saisissant entre la vie urbaine et la sérénité champêtre.  
Depuis l’autoroute, une large route de terre battue se faufile à travers une vaste plaine en direction de Neydens. Ici, la terre s’étend à perte de vue, chaque hectare vibrant sous le soleil. Les cultures s’étendent sans fin, une mer de verdure et d’or, où quelques bosquets offrent des îlots de verdure, brisant à peine la continuité du paysage.  

Section 4 : En montant sous le Salève

Aperçu général des difficultés du parcours : quelques pentes raides entre La Forge et Verrières. 

 

 

Devant vous se profile bientôt le clocher du village de Neydens. Dans cette région, lorsque le ciel se charge de nuages, les chemins se transforment en véritables ruisseaux boueux, rendant chaque pas périlleux. Au printemps, après les averses abondantes, la boue tenace avale les chaussures des promeneurs.

Jusqu’ici, le parcours depuis Genève était presque toujours plat. Mais le col du Mont Sion se dresse en altitude, imposant une montée inévitable. La montée est assez longue jusqu’au village. À l’approche de ce village pittoresque, la route de terre, de plus en plus jonchée de pierres, amorce son ascension, dans les champs cultivés le plus souvent. Cependant, la pente reste encore douce et le regard est irrésistiblement attiré vers le Salève, cette majestueuse montagne qui veille sur Genève.  
En montant plus haut, le chemin traverse Neydens. Les nombreux hameaux qui parsèment les contreforts du Salève sont difficiles à distinguer. Au cœur du village, la Croix de Verrières, une splendide croix de pierre, se dresse fièrement. Les maisons de Neydens, soignées et coquettes, lui confèrent un air résolument résidentiel. Seules l’église et l’école St-Laurent, ainsi que l’ancienne école, révèlent une patine du temps. La majorité des habitants doit certainement travailler à Genève, à deux pas.
Le GR65 suit ensuite le trottoir pour grimper jusqu’à La Forge, passant devant le camping-auberge de la Colombière, un lieu de repos apprécié des randonneurs.
La Forge est à quelques pas, et le GR65 rejoint une route plus fréquentée qui passe sous le Salève. Toutes ces routes, loin d’être de grandes artères, connaissent une circulation modérée, offrant ainsi aux marcheurs une quiétude bienvenue.
À partir d’ici, la pente se fait sentir, jusqu’à 15%, pour atteindre Verrières, puis Beaumont. Une petite route sinueuse gravit la colline, bordée de résidences cossues, élégamment cachées dans des parcs ombragés. Les haies bien entretenues et les portails en fer forgé témoignent du privilège de ceux qui ont choisi de s’installer dans cette douce campagne. Les statistiques ne disent pas combien de ces résidents travaillent à Genève, mais la majorité, sans doute.
Puis, les villas se raréfient, cédant la place à des paysages plus intacts. On recommande même les chaînes en hiver et il est facile de comprendre pourquoi lorsque la route, bordée de talus enneigés, grimpe encore en direction de Verrières. Les prairies alentour, ponctuées de chênes majestueux et de hêtres robustes, offrent une palette de verts et de bruns qui semble s’étendre à l’infini. À l’horizon, le Salève s’élève, imposant, donnant presque l’impression qu’on pourrait le toucher du bout des doigts.  

À l’entrée de Verrières, perché sur une colline, se dresse un bijou de petite chapelle. Assez récente et très sobre, elle se distingue par sa simplicité et son élégance discrète. Ses murs blancs contrastent avec le ciel bleu et les arbres environnants, créant une image d’une pureté sereine.

Du promontoire, la vue s’étend sur Neydens et la Forge en contrebas, et plus loin encore vers Genève, bien qu’ici le lac se devine à peine derrière les collines ondulantes. Les champs de blé doré et les pâturages verts dessinent un patchwork vibrant sous le soleil.  
Alors, la pente se fait moins sévère et la route serpente doucement dans le village très étendu de Verrières. Si le bas du village n’est qu’une collection de lotissements de villas neuves, le cœur du village lui-même montre une certaine unité, une harmonie architecturale qui rappelle les temps anciens. Il y a encore quelques paysans à Verrières, leurs fermes rustiques ajoutant une touche d’authenticité à ce cadre pastoral.  

À Verrières, vous vous trouvez à 700 mètres d’altitude, à environ deux heures de marche du col du Mont Sion. L’ascension, d’environ 300 mètres depuis le lac, a été exigeante, mais il ne reste plus que 175 mètres jusqu’au faîte de l’étape. Pour les pèlerins débutant le Chemin de Compostelle à Genève, c’est une épreuve ardue. Mais pour les autres, c’est une simple partie de plaisir, une promenade revigorante à travers des paysages inspirants.

Le GR65 quitte Verrières sur la route en direction de Beaumont, mais rapidement il abandonne la route pour un chemin de terre battue qui s’enfonce dans la campagne, se frayant un passage parmi les sous-bois. Le sol, parsemé de cailloux, serpente au milieu des prés, sous les abondants chênes joufflus et les frêles frênes, élancés comme des baguettes sur une pente raisonnable.  
Dans cette région, par temps sec, c’est un vrai plaisir de parcourir ces chemins. Mais par temps de pluie, le voyage peut devenir plus pénible. Les petits ruisseaux, invisibles en temps normal, dévalent des montagnes et se transforment en véritables torrents, créant des bourbiers là où le bétail a marqué son passage. Il faut alors repérer les plus gros cailloux pour ne pas s’enliser, chaque pas devenant une aventure en soi, une danse prudente sur un sol capricieux.  

Section 5 : Sur le parcours, il y a la belle ancienne Abbaye de Pomier

Aperçu général des difficultés du parcours : quelques belles rampes entre 10% et 15%, mais c’est loin d’être insurmontable. 

 

À la sortie du bois, le GR65 suit la crête dans les prés, avec des chênes isolés qui montent la garde. La vue s’étend jusqu’au Jura lointain, et plus près au Col du Mont Sion. Le panorama est dégagé, chaque colline et vallée se dévoilant comme une nouvelle scène d’un sobre tableau.

Le chemin descend alors doucement vers Beaumont, village blotti dans la campagne sur le flanc du Salève. Les toits de tuiles rouges des maisons contrastent avec le vert des prairies, et une douce tranquillité règne sur les lieux.

Le chemin se dirige vers le village, traverse le ruisseau de Nant de Chozal, discret et perdu dans les broussailles. En cas de pluie, ce n’est pas la même chanson. Le ruisseau déborde et le passage ici devient presque une épreuve, la boue collante ayant été labourée par les sabots des vaches, transformant le chemin en un véritable bourbier.
Le chemin de terre longe une grosse ferme, qui n’est pas un modèle d’élégance, avec ses murs décrépis et son toit fatigué, mais elle dégage un certain charme rustique. Le chemin passe près du petit ruisseau du Nant de Beaumont, un filet d’eau qui scintille à travers les hautes herbes et les buissons, et rejoint le village sur le goudron.
Beaumont (2’600 habitants) est un village aux deux visages, chacun racontant une histoire différente de ce coin pittoresque de la campagne française. La partie supérieure, que nous traversons, est le vieux Beaumont avec son église, gardienne des souvenirs d’antan. Niché en contrebas, au Châble, se trouve le bourg où se concentrent les activités et les commerces, formant le cœur vibrant de cette communauté. Ici, dans le village du haut, le temps semble s’être arrêté, préservant l’authenticité d’un mode de vie rural.  

Devant l’église St Étienne de Beaumont, un magnifique Saint-Jacques en pierre veille, imposant et majestueux. Cette église romane, bien que très ancienne, a été rénovée avec sobriété, dévoilant un intérieur épuré et accueillant. À ce moment du parcours, vous êtes à une heure et demie de marche de la fin de l’étape, offrant ainsi une pause spirituelle et historique dans ce lieu chargé de sens.

La route s’étire à plat en quittant le village, longeant l’ancienne école dont l’activité semble être une énigme du passé. Un ruisseau discret murmure à vos pieds, ajoutant une touche de sérénité à cette promenade. 
En peu de temps, la route vous mène à Jussy, une autre perle de la commune de Beaumont, en traversant le Nant de Bellot. Ici, les ruisseaux dévalent joyeusement des pentes du Salève, apportant une fraîcheur vivifiante.  
Le village préserve son cachet d’antan. Depuis le hameau, la route s’élève en pente régulière, parfois sévère, entre bosquets discrets et vastes prairies. La nature ici est généreuse, offrant un spectacle de verdure et de quiétude.
Sous les falaises boisées du Salève, un troupeau de vaches Montbéliardes pâture tranquillement. Ces vaches, peut-être destinées à la production de Reblochon, évoquent une tradition fromagère riche. Autrefois, pour éviter les taxes imposées par leurs propriétaires, les paysans pratiquaient une traite incomplète, puis, après le départ du contrôleur, réalisaient une seconde traite. Le Reblochon tire son nom du patois “Reblocher” signifiant “pincer les pis de la vache une deuxième fois”. Thônes, en Savoie, dans le Val d’Arly, est le berceau du Reblochon, mais la zone AOP s’étend également à la Haute-Savoie. La production de ce fromage au lait cru non pasteurisé est soumise à des régulations strictes concernant l’alimentation du bétail et les races autorisées : Abondance, Montbéliarde et Tarine. La Tarine, avec sa robe brun clair, et l’Abondance, au brun plus soutenu avec une tête blanche tachetée, sont fréquemment rencontrées. Toutefois, l’Abondance reste la favorite pour le Reblochon, emblème d’un savoir-faire ancestral.
La route serpente à travers des paysages bucoliques, s’achevant en cul-de-sac sur un petit replat au pied de la majestueuse Chartreuse de Pomier. Ce lieu, enchâssé dans une nature préservée, semble être un havre de paix intemporel, où chaque recoin respire l’histoire et la sérénité. Les promeneurs s’y aventurent, attirés par la promesse d’un moment suspendu dans le temps, loin du tumulte du monde moderne.
Le domaine de Pomier est un trésor de diversité et de beauté naturelle. Les vastes forêts de feuillus, dominées par des hêtres majestueux et ponctuées de chênes séculaires, déploient un couvert végétal riche et varié. Ces arbres vénérables, témoins silencieux des siècles passés, confèrent au lieu une atmosphère empreinte de mystère et de grandeur. La rareté des conifères à cette altitude ajoute une touche singulière à ce paysage enchanteur, où les châtaigniers se font rares mais précieux, émergeant ici et là comme des joyaux oubliés.  

Le chemin, doucement incliné, invite à la flânerie et à la découverte. Au printemps, on peut imaginer les morilles pointant timidement sous les feuilles mortes, tandis qu’à l’automne, ce sont les bolets qui se révèlent, promettant des festins forestiers. Chaque pas sur ce chemin est une promesse de découverte, une incitation à scruter le sous-bois à la recherche de ces trésors cachés.On ne saura jamais si le paradis ou simplement l’étang sont présents ici. Du moins, la Via Jacobi n’y va pas et l’atmosphère énigmatique se dissipe alors que la Via Jacobi émerge des bois et rencontre à nouveau l’asphalte, un rappel de la réalité pragmatique.

Un pèlerin, peut-être, s’est égaré ici un jour, cherchant refuge ou réconfort. L’histoire de ce lieu est empreinte de telles légendes, de récits de voyageurs et de mystiques en quête de paix.

Le GR65, en sortant du bois, dévoile les dépendances de la Chartreuse, de robustes bâtiments enduits de chaux claire, évoquant la simplicité et la solidité des constructions d’antan. Ce site, empreint de tranquillité, invite à la détente et à la contemplation.  
Remontant au XIIe siècle, la Chartreuse Notre-Dame de Pomier est un témoin précieux de l’histoire médiévale. Autrefois lieu de prière et de méditation pour les chartreux, avec son église, ses chapelles et son cloître, elle a subi les affres de la Révolution en 1793. Pillée et partiellement détruite, elle a été abandonnée pendant plus d’un siècle. En 1894, un baron visionnaire racheta le domaine, préservant les ruines restantes et redonnant vie à cet endroit en le transformant en hôtel-restaurant. Aujourd’hui, c’est une propriété privée qui accueille séminaires et mariages, un lieu où l’histoire et la modernité se rencontrent harmonieusement. L’accès se fait par la route montant au col du Mont Sion depuis Genève, une route chargée d’histoire.   

Depuis les hauteurs de la Chartreuse, le regard s’étend sur Genève et la plaine du Rhône, offrant une vue panoramique à couper le souffle. Ce spectacle grandiose invite à la contemplation et à la rêverie, chaque détail du paysage se dévoilant avec une clarté éblouissante.

Le chemin continue ensuite son ascension, quittant la Chartreuse pour découvrir d’autres bâtiments solides, sans doute d’anciennes structures agricoles rénovées, témoins de la vie laborieuse qui animait ces lieux.   

Section 6 : Sous le Salève jusqu’au col

Aperçu général des difficultés du parcours : quelques belles rampes entre 10% et 15%, mais c’est loin d’être insurmontable. 

 

Encore un petit effort avant d’atteindre les hauteurs du col. Dès le début, la montée est douce, serpentant à travers des pâturages déserts où vous pourrez presque sentir l’air pur de la montagne emplir vos poumons. Ici et là, un frêne majestueux étend ses branches, offrant un refuge ombragé à ceux qui s’aventurent sur ce chemin. Mais qui profite réellement de cette ombre bienfaisante ? Nombreux sont les pèlerins qui arpentent ces chemins au printemps, et à cette époque de l’année, il est plus probable de rencontrer des chemins boueux et escarpés qu’un ciel radieux.  

Le chemin de terre, parsemé de cailloux, vous conduit rapidement au lieu-dit “Les Hauts de Mikerne”. C’est ici qu’une direction est indiquée vers la Maison du Salève, un centre culturel vibrant proposant ateliers, animations, pauses gourmandes et randonnées pour explorer les richesses de la région. Cependant, le GR65, fidèle à son idée, ne s’y engage pas.

La pente, bien que constante, demeure peu sévère. Elle s’étire paisiblement le long des haies ou au cœur des sous-bois de feuillus. Dans ces forêts proches de la Suisse, les hêtres, majestueux et imposants, dominent le paysage, créant un spectacle de verdure sublime. Toutefois, les chênes et les châtaigniers, résolus à se faire une place, se dressent également, chacun cherchant à régner sur ce royaume de nature.   
La montée s’achève alors que le chemin forestier débouche avec majesté sur un vaste plateau, perché à près de 875 mètres d’altitude, connu sous le nom évocateur de Sur Les Fours.  
Ici, la terre se déroule en un ruban de chemin battu qui s’étend à perte de vue à travers les prairies, jusqu’au paisible cimetière de St Blaise. C’est un espace béni, où la nature s’épanouit sans contrainte, seulement ponctuée par la majesté des grands arbres séculaires qui veillent telles des sentinelles.  
Une grande croix dresse sa silhouette sur la colline, marquant cet endroit empreint de sérénité. Le GR65, bien que distant de quelques pas, ne traverse pas directement St Blaise. Par temps clair, en parcourant le plateau jusqu’à sa lisière, s’ouvre à vous un panorama grandiose : les contours de Genève se dessinent à l’horizon, tandis que le lac Léman scintille de mille feux, mirage d’un monde sublime et lointain.
St Blaise est plus haut que le col du Mont Sion, qui est situé environ 100 mètres en dessous. La descente sur un large chemin caillouteux est courte, mais parfois exigeante.
Le chemin rejoint alors la route qui monte à St Blaise à l’entrée de Mont Sion.
La route rejoint la grande départementale D1201, l’axe routier qui relie Genève à Annecy. Autrefois, avant la jonction totale des autoroutes de Genève à Annecy, cet axe était surchargé jusqu’à Cruseilles, en dessous, où arrivait l’autoroute. Aujourd’hui, la circulation ici a diminué, car l’autoroute passe sous la montagne en tunnel. Mais, la circulation reste conséquente. Les autoroutes sont hors de prix en France.  
Le Mont-Sion fait partie de la commune de St Blaise. Ici, les habitations ont poussé comme des champignons, ces dernières années. Le lieu est à deux pas de Genève par la route. Mais, il n’y a pas de village et qu’une seule possibilité de logement.  C’est aussi ici que règne le Père Noël en hiver dans son village.  

Logements officiels sur la Via Gebennensis

 

  • Domaine de la Colombière, Neydens; 04 50 35 13 14 ; Gîte, petit déj.
  • Hôtel Rey, Mont Sion; 04 50 44 13 29 ; Hôtel, repas, petit déj.

Accueils jacquaires (voir introduction)

  • Compesières (1)
  • Neydens (1)
  • Jussy (1)

 

Si l’on fait l’inventaire des logements, le logement est délicat, mais la plupart des pèlerins fait halte au Mont Sion, où il y a de la place à l’hôtel. Il y a de nombreuses possibilités en dehors du parcours. Le guide des Amis de Compostelle tient le registre de toutes ces adresses, ainsi que des bars, restaurants ou boulangeries sur le tracé. 

N’hésitez pas à ajouter des commentaires. C’est souvent ainsi que l’on monte dans la hiérarchie de Google, et que de plus nombreux pèlerins auront accès au site.
Etape suivante : Etape 2: Du Col du Mont-Sion à Frangy
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