02 : Col du Mont-Sion à Frangy

Par monts et par vaux le long du Mont Vuache

Depuis Genève, vous avez quitté les rives paisibles du lac Léman et le Rhône, ce fleuve majestueux qui serpente à travers les montagnes et les vallées. En vous éloignant de la ville, vous avez gravi les pentes du Salève, cette montagne imposante qui se dresse comme un gardien à la frontière entre la Suisse et la France. La journée s’annonce comme une longue transition, une marche vers la quiétude de la vallée du Rhône. Pourtant, le fleuve lui-même, avec ses eaux tumultueuses et ses rives boisées, ne se révélera à vous que le lendemain. En quittant la Suisse, le Rhône opère un grand détour derrière le Mont Vuache, cette barrière naturelle qui sépare les deux pays et offre un spectacle grandiose avec ses falaises abruptes et ses forêts denses. Aujourd’hui, la nature sauvage reprend plus ses droits, et le parcours vous guide à travers des sous-bois ombragés et une vaste campagne environnante, comme un havre de paix, où le silence n’est interrompu que par le chant des oiseaux et le murmure du vent dans les arbres. Peu de gens habitent ces contrées reculées, et les villages sont de petits havres de tranquillité, souvent cachés derrière des collines ou nichés au creux de vallées secrètes. Seuls Chaumont et Frangy, avec leurs maisons en pierre, offrent un peu plus d’animation, mais l’atmosphère y reste sereine et reposante.

Il faut espérer que le beau temps sera de la partie, car en cas de pluie prolongée, les chemins se transforment en véritables torrents de boue. Les chaussures s’enfoncent dans le sol détrempé, et chaque pas devient une lutte contre les éléments, nécessitant un nettoyage méticuleux des chaussures à l’arrivée.

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du GR65. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.

Pour ce chemin, voici le lien :

https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/du-col-de-mont-sion-a-frangy-par-la-via-gebennensis-33584713

Difficulté du parcours : Les dénivelés de l’étape (+416 mètres/-872 mètres) parlent d’une journée principalement en descente, une descente douce qui permet de profiter pleinement des paysages environnants. Une seule montée, mais non des moindres, vous attend : celle vers Chaumont. Cette montée est une véritable épreuve, avec ses pentes raides et son sentier rocailleux, mais elle offre en récompense une vue imprenable sur les vallées environnantes. Quant aux descentes, elles ne seront pas de tout repos, avec de nombreuses pentes excédant les 15%, exigeant des articulations en bon état et une attention constante pour éviter les glissades.

État du GR565 : Cette étape se distingue par une grande partie du trajet qui se déroule sur des chemins, un fait rare et digne d’être souligné.

  • Goudron : 7.0 km
  • Chemins : 14.2 km

Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous trouvez sur Amazon un livre qui traite de ce parcours.

 

 

 

  

Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.

Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur sur ces parcours. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.

Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.

Pour les “vrais dénivelés ”et pour les passionnés de véritables défis altimétriques, consultez attentivement les informations sur le kilométrage au début du guide.

Section 1 : Par monts et par vaux entre prés et sous-bois

Aperçu général des difficultés du parcours : une montée qui pique un peu au départ de l’étape, puis vallonnements sans grande conséquence.

Le GR65, sentier mythique des pèlerins en quête de sérénité et de découverte, quitte le Mont Sion au carrefour de la route menant à Saint-Blaise. Chaumont, destination presque ultime de cette étape, se trouve encore à plus de quatre heures de marche. La magie du voyage commence dès les premiers pas, plongeant le marcheur dans un tableau vivant de la campagne française.

Osons un petit conseil ici : Si le temps est exécrable, prenez plutôt la petite route qui conduit à Charly, pour ne pas être embourbé sur le chemin qui passe par la colline.

Dès le départ, un large chemin de terre se déploie, serpentant et gagnant en cailloutis à mesure que l’on s’élève dans les prés. La colline du Mont Sion, située au-dessus de Charly, offre un vaste espace dégagé. L’ascension, bien qu’ardue, est un véritable pousse-café après le petit déjeuner, invitant à la contemplation et à l’évasion.

En contrebas, les maisons du Col de Mont Sion se dispersent, entourées de prairies ondulantes et de bouquets d’arbres solitaires. Ce paysage, à la fois simple et captivant, dépeint une scène bucolique où chaque élément semble orchestré pour ravir l’œil du marcheur.

Au sommet de la colline, le chemin traverse un petit plateau, gardé par de magnifiques chênes solitaires. Ces sentinelles silencieuses veillent sur le plateau, ajoutant une touche de majesté à ce lieu paisible. Aujourd’hui, le ciel est d’un bleu limpide, mais les marcheurs avertis savent que par temps de pluie, ces chemins peuvent se transformer en rivières boueuses, rendant la progression ardue.

Dans cette région, le sol, peu perméable, peine à absorber les eaux de pluie, et les petits torrents débordent souvent. Le chemin atteint la Croix de Vin, un lieu-dit où trône une imposante croix de bois. Les pèlerins, dans un geste empreint de spiritualité, y laissent des cailloux en témoignage de leur passage. Les indications sur le chemin, nombreuses et précises, guident les marcheurs à travers ce dédale naturel.

Le chemin, toujours caillouteux, poursuit sa course sur le plateau, serpentant entre prés et bouquets de chênes. Ces arbres, nombreux sur la colline, confèrent au paysage une identité particulière. Il est curieux de constater comment, à quelques kilomètres de là, en Suisse, les hêtres dominent les forêts, tandis qu’ici, en France, ce sont les chênes qui ont pris la relève.

Du plateau, le large chemin descend doucement sur la crête. À l’horizon, des collines douces se dessinent avec grâce, et au loin, les hautes montagnes se découpent majestueusement contre le ciel. La vue est un tableau vivant de la nature, chaque élément contribuant à une harmonie visuelle apaisante. Les collines se parent de couleurs variées, des verts tendres des prairies aux teintes plus sombres des forêts, créant une mosaïque naturelle d’une grande beauté. 

Progressivement, la flore se diversifie. Les chênes robustes et les frênes gracieux se mêlent, leurs feuillages formant un baldaquin luxuriant qui filtre la lumière du soleil. Le chemin se faufile à travers cette végétation abondante, offrant une promenade sereine et immersive.  

Charly apparaît alors, un village modeste composé de fermes et de maisons simples. Ici, le temps semble s’être arrêté, préservant un mode de vie agricole authentique. Les bâtiments, bien que modestes, respirent l’histoire et la tradition, comme une empreinte de quiétude et de simplicité. C’est un lieu où l’on peut encore trouver un logis si d’autres options faisaient défaut plus tôt sur le chemin.

Au cœur de Charly, une petite église se dresse, gardienne silencieuse du village. Après une bonne demi-heure de marche depuis le Col du Mont-Sion, ce sanctuaire de pierre offre un lieu de repos et de recueillement.

Le GR65 quitte ensuite le village, guidant les marcheurs vers la Croix Biche, comme un repère sur le parcours.

Il rejoint brièvement la petite départementale D23, longeant la route sur quelques centaines de mètres. Les véhicules sont rares dans cette région, ajoutant à la sensation de tranquillité et d’éloignement. 

Le GR65 franchit ensuite le petit et discret ruisseau du Nant Trouble, que vous ne verrez guère, Puis, il abandonne la route pour s’engager sur un chemin caillouteux, où les pas résonnent sur les pierres. Devant vous, de vastes forêts s’ouvrent, invitant à l’exploration et à la découverte.

Le chemin de la Croix de Biche, parfois cahoteux et boueux par temps pluvieux, serpente d’abord à travers des sous-bois luxuriants où se déploie toute la splendeur de la flore locale. Les frondaisons se mêlent en un ballet de couleurs et de textures : érables majestueux, chênes séculaires, charmes ombragés, hêtres élégants, châtaigniers robustes et frênes gracieux bordent le chemin, tandis que buissons touffus et herbes sauvages offrent un tapis de verdure chatoyant et parfumé.  

Plus loin, des clairières s’ouvrent au marcheur, offrant une pause bienvenue dans la montée de la colline. 

Un petit rappel qui pourrait vous intéresser : attention, sur ce chemin, vous arrivez à une bifurcation non signalée ! Alors, il n’y a qu’une solution : choisir, selon son instinct. Vous en prenez-un, mais si au bout de quelques centaines de mètres, vous ne voyez pas de signe sur le chemin, alors revenez en arrière, car vous vous êtes trompé. C’est simple, non ?  Par temps pluvieux, c’est plus facile, car vous voyez les pas imprimés dans la boue de ceux qui vous ont précédé.

À mesure que le chemin s’élève, il dévoile un petit plateau embrassé par une nature encore sauvage et préservée. L’herbe sous les pieds se mêle à la terre battue, créant un contraste harmonieux avec les forêts denses qui s’étendent encore devant vos yeux.

Section 2 : Avec le Vuache, à l’horizon devant vous

Aperçu général des difficultés du parcours : en descente surtout, mais rarement casse-pattes, sauf au bas du vallon.

A la sortie du sous-bois, le GR65 rejoint la départementale D23 au lieudit La Croix de Biche. Si vous suivez les indications données par la coquille de Compostelle, la direction est toujours donnée par la base de la coquille, non par l’éventail.  Il est bon de retenir ce message, si vous êtes néophyte sur le Chemin de Compostelle en France. Ailleurs, sur le parcours, en Espagne ou en Suisse, la coquille n’est qu’un symbole et ne montre pas la direction.

Un large chemin de terre serpente à travers un plateau vaste, où se déploient majestueusement de voluptueux grands chênes. 

Là, l’horizon s’élargit, révélant un plateau baigné de lumière, souvent caressé par les vents. Ce tableau lumineux contraste avec la silhouette sombre et austère des montagnes à l’horizon, telles des vagues d’une mer agitée d’épis de blé dansant au gré du vent. 

Dans ce décor, les champs de céréales s’étendent à perte de vue, ponctués de chevaux gracieux, parfois au galop, parfois en douce balade, leur stature imposante se dressant majestueusement à mesure qu’ils approchent. À l’horizon, se dresse la silhouette imposante du Vuache, un bastion de la chaîne du Jura, séparé par la cluse du Rhône près du défilé de l’Écluse, à proximité de Bellegarde. Le Vuache, culminant à 1100 mètres, marque la limite avec le Salève, dominant le Bassin genevois tandis que le Rhône serpente à ses pieds.

Plus loin, le chemin mène au lieudit Bacchus, parmi les vastes champs où la terre s’éveille sous le soleil, où chaque pas résonne avec la sérénité des horizons lointains.

Dans ce paysage enchanteur, où chaque brin d’herbe semble une poésie, le marcheur s’éveille à la magie des terres oubliées du temps. Le chemin serpentant à travers le plateau entame avec grâce sa descente légère, dévoilant à l’horizon la splendeur du Défilé de l’Écluse, une faille mystique qui se profile avec majesté sur votre droite.

Ici, les coquelicots dansent dans les champs d’avoine.

Un chemin de terre, large et accueillant, s’approche en une douce pente du hameau paisible de Chez Grésat. Ici, les demeures rares semblent se fondre harmonieusement dans l’immensité du paysage, témoins silencieux de la vie simple et généreuse qui anime ces terres.

Tout respire ici la bonhomie champêtre : le bétail paisible paissant dans les prés verdoyants, les fermes ancestrales en pierre ou en pisé rustique, symboles intemporels d’une architecture en symbiose avec la nature environnante.

À la sortie du hameau, le GR65 effleure brièvement l’asphalte avant de retrouver ses cailloux familiers. Ici, il est bon de se rappeler que ce territoire, façonné par les caprices de la nature depuis l’ère quaternaire, repose sur une grande moraine, témoin muet de la fonte ancestrale du glacier du Rhône.

Descendant avec détermination le long des pentes caillouteuses, entre bosquets touffus et rares cultures parsemées, le chemin s’ouvre sur des panoramas changeants, comme une méditation sur la beauté brute et intouchée de cette campagne préservée.

Plus bas, le gravier cède la place au bitume, et la route étroite poursuit sa descente abrupte, comme un ruban d’asphalte courant vers l’infini de la vallée verdoyante.

Au pied de la descente vers La Motte, la route dévoile un paysage d’une beauté pastorale, évoquant la vie simple. Le village, avec ses toits de tuiles brunâtres et ses maisons crépies, parfois en pisé, s’étend avec une simplicité rustique. Les jardins bien entretenus ajoutent une touche de couleur à ce tableau campagnard. Bien que paisible, on sent une présence possible et discrète de pendulaires genevois, s’échappant ici pour trouver la quiétude et la simplicité que seul l’arrière-pays peut offrir. 

À une heure de marche du carrefour nommé Pierre33, un lieu où convergent les chemins, le village respire une tranquillité harmonieuse. Une croix sobre se dresse fièrement à ce carrefour, un symbole de sérénité dans ce décor champêtre.  

Le GR65 se joint alors à la modeste route départementale D123 en direction de Chavannaz, traversant le Mostan, une petite rivière serpentant à travers une végétation dense et luxuriante. 

Une croix de fer majestueuse, plus imposante que la précédente, se dresse au milieu des feuillages, marquant l’entrée sur le chemin des Côtes. À partir d’ici, le parcours s’enfonce longuement dans les bois, s’éloignant des villages pour offrir une solitude bienvenue, où la présence humaine se fait rare.

Le Chemin des Côtes porte bien son nom, surtout au début de la montée, où la terre s’élève doucement, offrant des panoramas changeants sur les collines verdoyantes et les vallons s’étendant à perte de vue. Chaque pas révèle une nouvelle perspective, une nouvelle sensation de paix dans ce monde rural préservé. 

Près du village, les pierres ont été retirées du chemin, mais en montant à travers les clairières et les sous-bois, les chaussures butent sur des cailloux calcaires souvent acérés qui s’immiscent dans les semelles. Les arbres forment ici un baldaquin rafraîchissant, offrant une ombre bienvenue sous la chaleur. 

Dans cette tranquille solitude, le chemin n’est pas toujours clairement marqué. Cela n’est pas une critique envers les organisateurs du parcours, mais avec moins de pèlerins que sur la Via Podiensis, la vigilance est peut-être moins constante.

La montée est brève et bientôt le chemin serpente d’une clairière à l’autre, se dirigeant vers une forêt plus dense.

Puis commence une longue traversée d’un bois de feuillus, où le chemin ondule doucement entre les ornières. Sur le Chemin de Compostelle, l’expérience peut varier grandement avec les conditions météorologiques : d’un paradis en période sèche à un enfer boueux après les pluies abondantes. Ici, il faut parfois affronter la terre glaise, car s’aventurer dans les buissons en bordure du sentier est ardu. On distingue par endroits les empreintes laissées par les chaussures ou les roues des vélos des précédents voyageurs, rappelant l’ancienneté et la continuité de ce chemin de pèlerinage. Ainsi, dans ce cadre naturel préservé, espérons que le ciel nous accorde sa clémence pour un voyage aussi confortable que possible.

Section 3 : Au pied du Vuache

Aperçu général des difficultés du parcours : en descente surtout, sans problème majeur, sauf avant Verney, où le chemin peut être embourbé.

Au cœur de cette forêt plutôt rustique et sans grande poésie, le chemin serpente avec une obstination presque obsessionnelle. Le passage à travers la forêt s’étire en une promenade assez longue mais non interminable, entre les grands feuillus qui dominent le paysage et les innombrables rejets qui demeurent modestes, privés de lumière. Par temps maussade, le chemin devient un piège de boue, défiant tout voyageur audacieux à chaque pas.

Vers la sortie de ce sanctuaire boisé, les clairières surgissent comme des oasis d’air pur et de lumière, offrant un répit bienvenu. 

Là où l’herbe fraîche caresse doucement les pas, l’âme du voyageur retrouve un apaisement, comme si la nature elle-même consolait les efforts endurcis par les épreuves. Le chemin s’enfonce encore à travers des prairies vierges, à la lisière des bois sauvages qui chuchotent leurs secrets. Les odeurs de terre humide, d’humus et de fleurs sauvages imprègnent l’air, imprégnant chaque inspiration d’une douceur mélancolique et sauvage à la fois. 

Puis, comme une métaphore de la vie elle-même, le chemin se métamorphose en un dédale caillouteux, descendant avec audace vers la plaine au pied du lointain Vuache. À l’horizon, là où le ciel se marie à la terre, Chaumont se dessine timidement, une promesse lointaine qui attisera votre imagination.

Lorsque la descente abrupte trouve sa conclusion sur une petite route au doux nom de Verney, le village de Jonzier s’étale en longueur devant vos yeux. À droite, les contreforts du Jura se dressent comme des sentinelles endormies, tandis que devant, la silhouette imposante du Vuache surveille silencieusement le passage des siècles.

Dans l’immensité paisible des paysages campagnards s’étend le GR65, loin des artères frénétiques de la civilisation moderne. Ici, la route, semblable à une veine sinueuse tracée sur la terre, se dérobe soudain vers la gauche, révélant une petite voie goudronnée qui se perd avec délice dans un environnement naturel à peine habité. 

C’est ainsi que débute une longue traversée à travers les prés, où les bosquets anciens et les maisons modestes, parfois en cours de rénovation, ponctuent le paysage. Ces demeures discrètes, à en juger par les plaques d’immatriculation variées, semblent destinées à devenir des refuges saisonniers pour ceux qui cherchent la quiétude loin des villes animées. Ici, la terre semble accueillante et peu coûteuse, un havre pour ceux en quête de tranquillité.

Pour le pèlerin, la route goudronnée se termine au lopin de terre nommé Pierre33, à l’orée d’une forêt ancestrale. Au-delà, la route serpente vers le village de Minzier, mais le GR665 n’y va pas. À cet endroit, un parking s’offre, vestige des temps où les installations sportives attiraient foules et passionnés. Aujourd’hui, ces lieux, presque des reliques d’un passé révolu, semblent figés dans le temps, rappelant une ère où l’engouement pour le sport en plein air battait son plein. D’ailleurs qui devait venir ici, loin de toute civilisation ?  Ici, vous vous trouvez à une grande heure de marche de Contamine Sarzin et à deux heures de Chaumont, dans un sanctuaire où le temps se déroule selon le rythme de la nature elle-même. 

À travers l’épaisseur du Bois de Massy serpente un chemin forestier généreux, tantôt caillouteux sous vos pas, mais toujours accueillant malgré ses aspérités. Cette forêt feuillue, parsemée ici et là de quelques épicéas et pins sylvestres, se compose principalement de hêtres et de charmilles. Les majestueux chênes se font rares, laissant les châtaigniers encore à l’orée de leur expansion. Ce paysage rappelle par bien des aspects les forêts alpines suisses, dominées par la grandeur des hêtres lorsque les conifères se font plus discrets.

Dans cette enclave boisée, le chemin s’étend presque à plat, bien moins embourbé que celui de la forêt voisine. Les arbres ici, tour à tour majestueux ou fins comme des fils, prennent vie sous un ciel clément, révélant une densité moins oppressante et une clarté rafraîchissante. Chaque pas dévoile une tranquillité envoutante, comme si le murmure des feuilles caressées par la brise chuchotait des secrets millénaires.

Le chemin sort progressivement de la forêt, le long des troncs coupés.

Arrivant au lieudit Sur Le Sion, le chemin offre une variante vers Contamine Sarzin, via le village de Marlioz. Quant au Chemin de Compostelle, il se fraye un chemin vers le lieudit Couty.

Section 4 : Dans le vallon où coule la Coquetière

Aperçu général des difficultés du parcours : montagnes russes avec quelques pentes parfois assez prononcées. 

Depuis ici, après avoir franchi le ruisseau de la Coquetière, dissimulé dans les taillis épais, une petite route goudronnée serpente en direction du village de Minzier, longeant des haies verdoyantes et s’étendant à travers des prairies idylliques.

Mais assez rapidement, le GR65 s’éloigne de l’axe routier principal. Un banc, habilement placé, invite les passants à s’évader dans leurs pensées, contemplant la symphonie géométrique des champs d’avoine et des forêts qui se dressent à l’horizon.

Un chemin agréable, dépourvu de cailloux, s’amorce alors, descendant légèrement à travers des prairies luxuriantes et des champs de céréales dorées. La montagne du Vuache se dessine majestueusement au loin, et l’on aperçoit distinctement les maisons pittoresques de Chaumont nichées au pied de la montagne. Contamine Sarzin repose sous la colline voisine, à gauche, comme un secret bien gardé. 

Sous la ligne à haute tension, au milieu des prés où les Montbéliardes paissent paisiblement sous les chênes séculaires, le chemin atteint le lieudit Couty. De là, on peut rejoindre Minzier, offrant gîte et couvert, à quelques pas seulement.

D’ici, la pente devient un peu plus prononcée, et les cailloux calcaires reviennent et crissent sous les semelles, ajoutant une dimension sonore à cette marche paisible.

Plus bas, le chemin passe au lieudit Lachat, à une heure et demie de marche de Chaumont, marquant une borne de plus dans votre périple.

Au bas de la descente, le GR65 s’étire jusqu’à une petite route départementale, où le ruisseau de la Coquetière serpente doucement à travers un sous-bois dense. Les feuilles bruissantes et le murmure de l’eau créent une symphonie naturelle, offrant un havre de paix loin de l’agitation urbaine.

En longeant ce ruisseau, le chemin vous invite à une promenade ombragée, traversant bientôt le Pont de Peccoud. Ici, le monde s’arrête presque. Les pêcheurs, absorbés par leur art, semblent figés dans une toile impressionniste, indifférents aux rares passants qui respectent leur tranquillité. 

Depuis le pont, un large chemin sinueux gravit la pente en direction de Contamine Sarzin, oscillant entre sous-bois et clairières lumineuses. La montée est rude, jonchée de gros galets polis par le temps, rendant chaque pas conscient de la nature du sol. L’âme du pèlerin, façonnée par les chemins de Compostelle, se fond dans cette harmonie minérale et végétale.

La nature sauvage enveloppe le marcheur le long de cette ascension, les haies de feuillus formant un tunnel verdoyant.

La montée, bien que brève, impose le respect par sa beauté brute et indomptée, pour finalement déboucher sur le plateau des Vernettes. 

Une petite route goudronnée prend alors le relais, s’élevant doucement à travers la campagne. La pente est si légère qu’elle semble presque imperceptible, un simple ruban noir se déroulant paisiblement entre champs et prairies.

La route atteint enfin le lieu-dit Plaine des Vernettes, aux portes de Contamine Sarzin. Ici, le paysage s’ouvre en une vaste étendue où la nature et l’homme semblent coexister en parfaite harmonie, offrant quelques grands hangars de fermes lointaines à la vue.

En poursuivant leur chemin vers le village, les pèlerins feront halte à la Grotte de la Vierge, également connue sous le nom de Grotte de Lourdes, érigée en 1941 par les paroissiens dévoués de la commune. Un banc, inauguré il y a quelques années seulement, offre un lieu de repos bienvenu. Cette grotte, d’une simplicité touchante, ne se limite pas à être un sanctuaire de dévotion. Pour les pèlerins, chaque lieu sacré recèle souvent des trésors pratiques. Ici, l’émerveillement se prolonge par la présence d’un robinet d’eau claire, dissimulé derrière les tufs, une aubaine pour les marcheurs assoiffés.

À quelques pas de la grotte, la route mène au village, blotti sous une petite colline boisée qui semble être la sœur cadette du majestueux Vuache. Le village, paisible et pittoresque, semble protégé par cette colline comme par une bienveillante sentinelle.  

Une petite route goudronnée descend doucement du village…

…puis remonte en serpentant à travers les arbres fruitiers, les champs de céréales et les prés. Ici, le paysage se pare de couleurs vibrantes et d’une vie agricole foisonnante.  On devine que la petite sœur du Vuache n’est autre qu’une dense collection de chênes, dont les branches s’entrelacent en une canopée protectrice, inextricable.

Le chemin, cependant, n’atteindra pas le sommet de la colline. Avant cela, il bifurque sur un large chemin de terre, offrant une nouvelle perspective sur ce paysage à la fois humble et majestueux.

Section 5 : Montagnes russes prononcées sur les contreforts du Mont Vuache

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours assez pénible, avec d’abord la descente raide sur la cascade de Borbonnaz puis la montée sur Chaumont, avec souvent des pentes nettement supérieures à 15%.

Sitôt après, le chemin s’étend dans l’herbe, suivant la crête entre les prés verdoyants et les champs de céréales dorées, se dirigeant progressivement vers le sous-bois. Devant vous, la montagne du Vuache se dresse, semblable à un mamelon boisé d’apparence docile, offrant une toile de fond pittoresque à cette scène champêtre. 

La descente est une aventure en soi, raide et sinueuse, alternant entre le sous-bois dense où s’épanouissent des hêtres graciles et des châtaigniers rabougris, et des clairières aux pentes abruptes de 15 à 25 %, particulièrement glissantes par temps de pluie. Les cailloux abondent, affleurant le sol et rendant chaque pas plus incertain, ajoutant une dose de défi à cette marche déjà exigeante.

Au bas de cette descente ardue, le chemin débouche sur le pont romain, connu sous le nom de Pont de Pissieu, datant du début du XVIIe siècle. Sous ce pont, l’impétueux ruisseau du Fornant a sculpté de magnifiques marmites, au lieu-dit la cascade de Barbannaz. L’endroit, frais et enchanteur, invite à une pause, à la fois pour reprendre son souffle et pour se laisser imprégner par la magie des lieux. Les piles du pont, usées par le temps et humides, témoignent de leur longue histoire. Des murs de pierre et des rochers aux formes fantasmagoriques s’élèvent autour, où l’eau ruisselle.

Dans ce vallon profond, un autre pont où passe la route départementale est suspendu au-dessus d’un vide béant où coule le ruisseau.

Le murmure apaisant du ruisseau sous les châtaigniers et les érables, offre une mélodie douce qui invite à la méditation et à la contemplation. Ce havre de paix est une invitation à s’abandonner à la rêverie, à savourer chaque instant de quiétude avant d’aborder les défis à venir. Profitez pleinement de cette halte, car la montée qui s’ensuit n’est pas de tout repos. Vous allez grimper près de 150 mètres de dénivelé positif sur environ 1 kilomètre, avec des pentes vertigineuses allant de 15% à 30%. 

Le chemin commence à grimper, serpentant à travers le sous-bois dense, offrant ici et là des aperçus de la route qui monte en lacets vers le village de Malpas. Cette route passante relie Genève à Culoz, puis Yenne. La montée est exigeante, mais le cadre enchanteur apaise la difficulté de l’effort.

Une pause bien méritée vous attend à l’arrivée aux premières maisons de Malpas, marquant la fin de cette première ascension. Ici, l’architecture traditionnelle et l’ambiance paisible du village vous enveloppent d’une douce quiétude. C’est un moment propice pour reprendre votre souffle et apprécier la simplicité rustique de ces habitations.  

À ce point, un moment de répit s’offre à vous. Le Rocher Bataillard, c’est la porte à côté, à 300 mètres, et Chaumont à 1 kilomètre.

À la sortie du village, il faut redoubler de vigilance. Le GR65 quitte la route sur la droite, à l’angle d’une maison discrète, pour s’engager sur le Chemin Bataillard. Ce passage, bien que court, n’en est pas moins exigeant. Les pentes y sont particulièrement abruptes, testant à la fois la volonté et l’endurance des randonneurs.

Le Chemin Bataillard, bien qu’à seulement 300 mètres, se mérite par son intensité. La végétation y est luxuriante, presque exubérante, évoquant par moments une petite jungle sous les chênes rabougris. Ce tronçon est un véritable défi, mais il est aussi une immersion totale dans la nature sauvage.

Lorsque vous trouverez, près du chemin Bataillard, un panneau indicateur qui fait l’état des lieux, vous pousserez sans doute un soupir de satisfaction. Les paysages se dévoilent avec une élégance discrète, mêlant subtilement la nature sauvage à une sérénité bucolique qui enivre les sens. 

Ici, à l’approche du Rocher Bataillard, la pente se fait moins exigeante dans le sous-bois de feuillus. Le chemin murmure sous la falaise, une berceuse naturelle aux accents de feuilles froissées et de branches craquantes. Peut-être entendrez-vous des voix. Des ramasseurs de champignons ? Que nenni, ce sont des alpinistes. Ce n’est pas le Mont Blanc, mais ici on pratique la varappe avec la même passion et détermination, défiant les parois rocheuses avec une grâce athlétique.  

Le sentier forestier se poursuit, sans la végétation foisonnante, jusqu’au lieu-dit Chez Margoet. La simplicité du paysage n’enlève rien à sa beauté ; au contraire, elle invite à une contemplation plus profonde, à une connexion plus intime avec la nature environnante. Chaque pas résonne comme une note dans une symphonie silencieuse.

Ici, un nouveau panneau décrit le programme des réjouissances. Les temps de marche proposés sont un peu farfelus, sans doute des temps destinés aux alpinistes chevronnés. Trente-cinq minutes pour les 2,9 kilomètres vers Frangy. Peu de pèlerins assurent cette performance. Et encore, cinq minutes pour gagner le village de Chaumont. C’est plutôt plus de dix minutes et cela monte sec… Ces indications prêtent à sourire, ajoutant une touche d’humanité à la rigueur des montagnes.

Si vous montez au village, et cela en vaut la peine, une terrasse vous permettra de vous rafraîchir sous les ruines d’un château-fort du XIe siècle. Autrefois, des murailles imposantes entouraient ce bourg fortifié, appartenant aux comtes de Genève et verrouillant la vallée. Le château, témoin silencieux des siècles passés, fut rasé par les troupes de Louis XIII durant le XVIIe siècle. Non loin de là, l’église Sainte Agathe, qui marie avec élégance les styles gothique et roman, date du XIVe siècle et fut restaurée au siècle dernier, ajoutant une touche de majesté à ce cadre historique.

En redescendant au lieu-dit Chez Margoet, le GR65 suit brièvement la route goudronnée qui descend de Chaumont, avant de se transformer en un chemin herbeux se faufilant derrière les haies, comme un secret bien gardé de la nature. Les arbres forment une voûte verdoyante au-dessus de votre tête, créant un tunnel de fraîcheur et de mystère.

Plus loin, le chemin atteint le lieu-dit Pré Magnin, continue un peu sur la route, avant de bifurquer dans la nature sauvage près d’un petit ruisseau.

Section 6 : En descente sur Frangy

Aperçu général des difficultés du parcours : descente soutenue en fin d’étape (plus de 200 mètres de descente).

Un chemin serpente en douce descente à travers les prairies verdoyantes, bordé de frênes majestueux, de châtaigniers séculaires et de chênes robustes. Ces arbres centenaires, sentinelles de la nature, veillent sur une mosaïque d’arbres fruitiers éparpillés avec une liberté anarchique, comme si la main du temps les avait plantés là par un caprice. 

Plus bas, le chemin mène au lieudit Pré Boisé, dont le nom même est une ode à la symbiose harmonieuse entre la nature indomptée et les plantations humaines. Ici, les arbres s’élancent vers le ciel, formant une cathédrale verte, dessinant un tableau vivant où chaque élément semble célébrer la beauté rustique et intemporelle de ce lieu sauvage.

Dans ce désordre naturel, les vignes sauvageonnes s’accrochent à la terre, s’élevant avec une vitalité presque insolente. De l’autre côté de la vallée, le regard est attiré par le dôme boisé de la colline qui domine Contamine Sarzin, un point de repère imposant dans ce paysage pittoresque.

Le chemin poursuit sa descente, accentuant sa pente jusqu’à 15%, s’enfonçant dans un entrelacs de sous-bois touffus, de broussailles indisciplinées, et de herbes folles qui semblent danser au gré du vent. La végétation, ici, est un enchevêtrement dense et complexe, rappelant une steppe sauvage où le chaos apparent révèle en fait une harmonie profonde. Chaque brin d’herbe, chaque fougère, chaque buisson ajoute à la richesse de ce tableau naturel, créant un univers où la nature règne en maître incontesté.

En contrebas, le chemin se transforme peu à peu, laissant derrière lui la nature indomptée pour s’intégrer harmonieusement dans les prés verdoyants. Les traces de l’intervention humaine y sont discrètes mais perceptibles, révélant la main habile qui a su apprivoiser cette nature sauvage sans en altérer la beauté originelle.

En bas de la descente, le GR65 rejoint la route, traverse le ruisseau de Vépy, et commence à gravir les premières pentes menant aux habitations éparses de Collonges d’En Bas. Ce retour progressif à la civilisation modeste est marqué par des maisons disséminées le long de la route, telles des sentinelles silencieuses veillant sur la tranquillité des lieux. Ici, pas de village compact, mais plutôt une constellation de demeures solitaires, chacune enveloppée dans son propre cocon de verdure, ajoutant au charme rustique de la région.

La petite route poursuit son ascension vers Collonges d’En Haut. Là encore, l’absence de véritable centre de village renforce l’impression d’un lieu où la nature et l’habitat humain cohabitent dans une harmonie nonchalante. Le parcours ici porte la promesse d’un retour imminent à une civilisation plus conséquente avec l’annonce de Frangy à seulement vingt minutes de marche.

Descendant des hauteurs où se nichent quelques vastes fermes isolées, le GR65 reprend son caractère sauvage au sortir des dernières habitations du village. Le chemin dévale alors abruptement vers Frangy, s’enfonçant d’abord sur un chemin rocailleux qui serpente à travers un sous-bois dense.

Plus avant, tandis que Frangy se dessine à l’horizon, la pente s’accentue, flirtant parfois avec des déclivités vertigineuses de près de 20%. Les prés se rapprochent alors, des étendues ondoyantes dans le silence de la nature. En approchant du village, le chemin s’enfonce dans un sous-bois dense, où abondent les châtaigniers tordus, où même les ténèbres de la nuit sont écartées par des lampadaires discrets, conférant à ce chemin bucolique un luxe inattendu, une voie illuminée par la main de l’homme sans ternir la magie naturelle qui l’entoure.

L’ultime tronçon conduit finalement à Frangy, sa silhouette préservée par le temps émergeant derrière les contours de son église. 

Frangy, avec ses deux mille âmes paisibles, repose aux abords de la rivière des Usses, où le commerce se mêle à la quiétude provinciale. Mais au-delà de la tranquillité rurale, l’activité frémissante des grands centres se rappelle à Frangy. Beaucoup de ses habitants, peut-être attirés par l’effervescence lointaine de Genève, doivent franchir quotidiennement le seuil de leur paisible bourgade pour s’immerger dans la frénésie urbaine.

Logements

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