01 : La-Côte St André à Marnans

Entre la morne plaine de Bièvre et les collines riantes du Chambaran

DIDIER HEUMANN, ANDREAS PAPASAVVAS

 

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du GR65. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.

Pour ce parcours, voici le lien:

 

https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/de-la-cote-st-andre-a-marnans-sur-la-via-gebennensis-adresca-32799398

Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore en France de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous pouvez trouver sur Amazon un livre qui traite de ce parcours. Cliquez sur le titre du livre pour ouvrir Amazon.

Le Chemin de Compostelle en France. IVB. De Genève au Puy-en-Velay par la Variante de Gillonay (Via Adresca)

Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.

Aujourd’hui, nous allons changer de chemin et aller sur la variante de Gillonay, traverser la grande plaine de la Bièvre-Valloire, que nous suivons depuis de si nombreux jours, pour rejoindre la région dite du Chambaran qui domine une autre plaine, la plaine de l’Isère, avec Valence, au bout de la plaine.

Si vous venez du Grand Lemps, vous pouvez vous arrêter au château de Montgontier, où un accueil pèlerin est disponible. Mais alors réservez au moins 24 heures avant. De là, vous êtes à bon port pour vous embarquer directement sur la variante de Gillonay. Mais peut-être êtes-vous allé jusqu’à la Côte-St André, alors il vous faudra revenir ici. Si vous avez fait la Via Gebennensis dans l’autre sens jusqu’à La-Côte-St André, le parcours inverse vous sera déjà familier. Mais, on oublie vite les parcours, même si on les fait plusieurs fois. En fait, il y a des passages plus marquants que d’autres, et de nombreux autres qui ne laissent aucune trace, pour ainsi dire.

Nous avons déjà évoqué dans les étapes de la Via Gebennensis la géographie si particulière de toute cette région de l’Isère qu’est le Bas Dauphiné. C’est une grande plaine, la Bièvre-Valloire, une auge glaciaire en fait, qui est entourée de deux petits massifs de collines surmontées par des plateaux. Ces collines sont de moraines couvertes de galets charriés par les glaciers de l’Ere Quaternaire. Au nord, c’est la forêt de Bonnevaux, au sud la forêt de Chambaran. Il n’est que de se reporter au schéma ci-contre pour visualiser la région. (http://www.geoglaciaire.net). C’est vers le plateau de Chambaran que s’en va aujourd’hui le chemin.

 

Difficulté du parcours : Les dénivelés (+387mètres/-293 mètres) sont faibles dans l’étape du jour. Il y d’abord une longue balade sur la plaine de la Bièvre, après avoir rejoint la bifurcation des deux voies : la via Adresca et la Via Gebennensis, près de Gillonay. Les pentes les plus raides (et encore…) sont juste à la sortie de St Siméon-de-Bressieux. Pour le reste, elles n’excèdent que rarement le 10-15%, en montée comme en descente. Mais, voilà que souvent, il faut affronter les pierres du chemin.

Dans l’étape du jour, vous marcherez un peu plus sur le goudron que sur les chemins :

  • Goudron : 15.3 km
  • Chemins : 7.9 km

Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur sur ces parcours. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.

Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.

Pour les “vrais dénivelés”, relisez la notice sur le kilométrage sur la page d’accueil.

Voici un exemple de ce que vous trouverez. Il suffit de prendre en compte la couleur pour comprendre ce qu’elle signifie. Les couleurs claires (bleu et vert) indiquent des pentes modestes de moins de 10%. Les couleurs vives (rouge et brun foncé) présentent des pentes abruptes, le brun dépassant 15%. Les pentes les plus sévères, supérieures à 20-25%, très rarement plus, sont marquées de noir.

Section 1 : Retour vers le chemin de Gillonay.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : pas de grandes difficultés.

Ainsi, ici vous quittez le magnifique marché couvert de La- Côte- St André, montez à l’esplanade du château Louis XI.
Le GR65 quitte alors le centre pour la banlieue.
Il va au bout du Chemin Martel, croise une petite route départementale.
Puis, il s’engage sur le Chemin du Pollard, où il quitte définitivement la banlieue et où la route commence à monter un peu.
Peu après, il part sur le chemin de Parady, et ici le chemin remplace la route.
Si vous les avez oubliés, les galets de la Bièvre, eux ne le feront pas. Pendant plusieurs jours, vous allez profiter pleinement de leur présence. Et il y en a encore nettement plus sur le Chambaran de la Voie de Gillonay.
Peu après, le chemin ondule entre blés, prairies et haies de sous-bois. En dessous, vous voyez Gillonay au pied de la plaine de la Bièvre. En écarquillant bien les yeux, vous apercevrez aussi l’aéroport de Grenoble, où le chemin passe tout à l’heure.
Plus loin, le chemin passe à travers prés et longe des haies de buissons et d’arbustes.

Le chemin se rapproche progressivement de Gillonay, mais n’y va pas tout de suite.

Puis, il sort des prés pour trouver une route goudronnée.
La petite route monte pour gagner le cimetière et l’église de Saint Maurice au-dessus de Gillonay.
La route continue à monter au dessus de l’église, croise de belles croix de bois plantées au bord de la route pour gagner le lieudit Belmonière.
La route s’en va alors à plat sur le Chemin des Vignes, le long de petites résidences cossues qui dominent la Bièvre.
Elle traverse plus loin le parc et les dépendances agricoles du manoir de Pointière.
Le manoir ressemble à une belle gentilhommière soulignée d’une très belle fontaine en galets roulés.
Une route goudronnée descend alors dans un petit vallon avant de trouver le ruisseau de Bordèche qui se devine à peine.

Section 2 : Sur la morne plaine de Bièvre-Valloire.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : après la descente en pente sur Gillonay, c’est plat, ou presque.

Un chemin forestier, que l’on a sans doute épierré avec le temps, remonte en pente raisonnable dans la forêt. Les petits hêtres et les châtaigniers dominent toute la région. Mais on y croise aussi des chênes, des érables et de la charmille.
Plus haut, vers la sortie du bois, le GR65 rejoint une route goudronnée près des corps de ferme du château de Montgontier…
…avant de passer devant le manoir. Les châteaux dans la région sont souvent des gentilhommières accompagnées de domaines agricoles.
Au bout de l’allée du château, on rejoint alors la bifurcation des deux chemins de Compostelle, celui de la via Gebennensis et celui de la Via Adresca, dit aussi variante de Gillonay.

Les deux chemins vont au Puy-en-Velay, mais la Via Gebennensis a nettement pris le pas sur la Via Adresca. Pourquoi ? Sans doute parce que les guides parlent plus de la Via Gebennensis. Vous ne rencontrerez que peu de pèlerins sur la Via Adresca, une voie qui est plus utilisée par les gens amoureux de l’Ardèche. Mais, on peut vous l’assurer, ce chemin vaut bien l’autre. Comme, il y a souvent de la confusion entre les GR et le Chemin de Compostelle, nous utiliserons donc le terme de Via Adresa pour définir le parcours.

La Via Adresca descend sur un chemin fort empierré de gros galets dans un sous-bois, et rapidement sort dans les prés. Il faut souligner ici le travail remarquable qu’a fait l’Association Rhône-Alpes des Amis de Saint-Jacques pour jalonner le chemin. Le travail a été bien fait, mais ici au départ, attention ! Sur un gros chêne, la coquille indique de partir à droite, mais si vous passez ici lorsque les herbes sont hautes, vous ne verrez pas la trace du chemin. Si vous ne voyez pas la coquille dissimulée sous les feuillages, vous irez tout droit le long du ruisseau, car ici le chemin est apparent. Mais, ce chemin est une impasse et vous allez rapidement vous trouver face aux barbelés et aux portes barricadées érigées par les paysans.
Il faut donc, à la sortie du sous-bois, impérativement traverser les prés, et gagner sur votre droite une haie de sous-bois. Devant vous s’étend l’immense plaine de la Bièvre.
Alors, le chemin longe les sous-bois et les maïs.
Au bas de la descente il arrive à la périphérie de Gillonay, près de belles maisons en pisé, qui font le charme de tout le Dauphiné.
Le parcours rejoint alors la départementale D73, qui sillonne la Bièvre, à la périphérie de Gillonay.
Alors ici, nous sommes partis pour une grande partie de manivelle. La plaine de Bièvre-Valloire fait plus de 6 kilomètres de large. Et comme la route ne file pas toujours tout droit, nous aurons le plaisir de sillonner cette plaine sur près de 10 kilomètres.
Comme l’espace ne manque pas, on cultive à grands coups de tracteurs le maïs et le colza. Parfois, on trouve du blé, du soja ou même de l’engrais vert pour assoler les sols. Les tournesols sont apparemment moins présents dans la région.

Comme points de repère de votre progression, vous avez les pylônes à haute tension, mais surtout l’aéroport de Grenoble que vous verrez grandir à l’autre bout de la plaine.

N’imaginez pas que c’est le plat absolu. Il y a même une toute petite bosse au milieu de la plaine. Et ici, on trouve sans doute les seuls arbres de la traversée, des cerisiers.
La route redescend alors de ce que l’on nommera naïvement une colline.

Section 3 : Près de l’aéroport de Grenoble.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : c’est plat, ou presque.

Plus loin, les bâtiments de l’aérodrome se font de plus en plus distincts, mais nous sommes encore loin du but.
Derrière le colza, le soja et les maïs, on voit grossir les collines et même les montagnes de l’Isère.
Dire que la plaine est exiguë ici est une vue de l’esprit.
Puis, on voit aussi les petits avions en approche de l’aéroport.

La route passe alors un peu à l’écart de l’aéroport de Grenoble-Isère. Quand on lève les yeux au ciel, on ne voit que passer que de petits coucous. De loin, cela ressemble donc à un petit aéroport de province. En fait, quelques avions low cost se posent quand même ici, mais surtout en hiver pour acheminer les skieurs en Isère. Avec un peu plus de 350’000 voyageurs, l’aéroport Grenoble Alpes Isère se classe au 34ème rang national. Tout de même, c’est un peu pauvre pour une ville de plus de 170’000 habitants. A Genève, qui n’est guère plus peuplée, le nombre de voyageurs est de 17 millions par année. Il faut dire aussi que le centre-ville de Grenoble est à près de 50 kilomètres de l’aéroport. Autant aller à pieds, comme nous !

Tout près de l’aéroport, la route se rapproche de l’autoroute. De manière générale, cette autoroute est peu circulante. En fait, ici, ce n’est qu’une bretelle pour aller à l’aéroport.
L’autoroute A48 relie Grenoble à Lyon. Devant soi, on voit le quartier industriel de la Marguetière, où le chemin passe tout à l’heure. Sur sa droite, on aperçoit bien la cité de La-Côte-St André sur le coteau.
La route se rapproche alors rapidement du village de Brézins, qui paraît presque adossé à la colline, de l’autre côté de la plaine de la Bièvre. Mais, ne vous fiez pas à cette illusion, vous allez cheminer encore plus longtemps sur la plaine.
Peu après, la route traverse un village assez étendu, avec encore de nombreux immeubles en pisé.
Ici, un particulier affiche les préceptes de Socrate, les 3 passoires, qui invitent les gens à passer les vérités dans ce test et à éviter de colporter à autrui ce qui n’est ni vrai, ni bien, ni utile.
L’église et un peu à l’écart, derrière les murs en pisé.
Lorsque la Via Adresca quitte le village, nous sommes encore à plus de 5 kilomètres de St Siméon de Bressieux, là où le chemin quitte définitivement la plaine de la Bièvre.
A la sortie d’un village qui paraît interminable, il reste encore quelques reliques d’une voie de chemin de fer qui devait mener à la zone industrielle, 2 kilomètres plus loin. En France, il ne restera bientôt plus que des lignes TGV pour aller de Paris à Marseille, à Lyon, à Strasbourg ou à Bordeaux!
Une large allée de gravier s’en va alors, rectiligne, entre prés, blés et haies de feuillus.
Il faut sans doute être né ici, pour avoir envie ou des raisons d’habiter dans cette morne plaine. Tout au loin se dresse la Marguetière.
Au bout de l’Allée du Stade, dans les blés et les maïs, le goudron remplace le gravier et la route fait un petit crochet dans une zone à nouveau habitée.
Ici, on retrouve les bâtiments en pisé et les murs de galets si caractéristiques de toute la région, que nous avons rencontrés dans les dernières étapes sur la Via Gebennensis.
Sur ce bout de plaine, ce sont les oléagineux, le soja mais surtout le colza, qui ont la cote.

Section 4 : Jusqu’au bout de la plaine de Bièvre-Valloire.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : c’est plat, ou presque.

Puis, la route, le long des champs, se rapproche progressivement de la Marguetière.
La route arrive alors au quartier industriel de la Marguetière, que l’on a aperçu tout au long de la longue traversée de la plaine. Ce quartier, qui produit entre autres du béton, jouxte l’autoroute. De l’autre côté des champs de colza, on voit encore se dessiner les collines au-dessus de La Côte-St-André.
La route contourne alors la zone industrielle, où passe aussi la bretelle de l’autoroute.
Au carrefour, nous sommes à un peu plus de 3 kilomètres de St Siméon de Bressieux.
Un chemin de terre prend alors le relais et s’en va dans les blés et les maïs traverser le ruisseau du Rival. A partir d’ici, la plaine est moins triste, plus riante dans les cultures et les petits ruisseaux.
Un peu plus loin, le chemin joue avec le ruisseau du Petit Rival. Il faut toujours un peu d’eau pour les maïs gloutons.
Les paysans ont peut-être pris plus de soin à épierrer leurs prairies et leurs cultures de maïs et de soja. Mais, ce n’est pas écrit d’avance. Ce n’est pas le cas du chemin assez caillouteux qui longe le sous-bois.
Le chemin de terre s’achève sur la route qui conduit au village du Temple, au bord de laquelle coule un filet d’eau, sous la charmille et les frênes.
Plus loin, la route monte légèrement vers les maisons assez isolées du village. Dans ces villages, il n’y a plus de vie sociale depuis belle lurette.
Ici, dans la région, de nombreux lieux font référence à l’ordre des Templiers. Les Templiers était puissants en Isère. Parmi les centaines de Commanderies, celle de Bressieux était située ici au lieu-dit Le Temple. Il ne reste peu de vestiges de l’Ordre, pas plus que du château de la puissante famille des Bressieux dont les ruines dominent encore le bourg.
Peu après, la route quitte le hameau le long des murs en pisé et en galets roulés, patrimoine de la Bièvre et du Dauphiné.

Au lieudit Château de Bressieux, on voit poindre les ruines au-dessus de la colline, en prenant soin de bien écarquiller les yeux.

Mais, un château en chair et en os est bien présent le long de la route, entouré d’un grand parc. Cette noble demeure privée est occupée par la famille de Luzy de Pellisac depuis fort longtemps.
La route gagne peu après le bourg de St Siméon-Bressieux (2’800 habitants).
Elle trouve rapidement le centre du bourg.
Les plus courageux monteront peut-être sur la colline où se dressent les ruines d’un château qui fut imposant au Moyen-Âge, mais il faut plus d’un demi kilomètre pour y aller. Les autres s’attarderont plutôt au centre du bourg sur la soierie Girodon, une usine fondée par Alphonse Girodon en 1848. L’ensemble se composait de plusieurs bâtiments: l’usine avec les ateliers de tissage, un pensionnat et deux pavillons, détruits en 1994. Ici, l’usine, fermée en 1934, faisait travailler près de 1’000 ouvriers. Mais, ici comme presque partout ailleurs, l’artisanat est mort depuis belle lurette.
L’église, reconstruite au XIXème siècle, car elle tombait en ruines, est située plus haut dans le bourg. L’élégante mairie et l’école attenante datent du début du XXème siècle.

Section 5 : En montée vers le plateau de Chambaran.

 

 

Aperçu général des difficultés du parcours : la difficulté, mais elle est mineure, est la montée vers Charpenay.

Ici, nous allons enfin quitter la plaine de Bièvre pour monter sur le plateau de Chambaran en plusieurs paliers. A la hauteur du Chemin des Chênes, la Via Adresca quitte l’axe de la plaine pour monter à la périphérie du bourg, direction Marnans, à 7 kilomètres d’ici.
Elle suit la rue, passe devant l’école maternelle et arrive près d’une maison de maître sise dans un grand parc.
Plus haut, un chemin monte le long des palissades de la résidence dans le sous-bois.
Plus on monte, plus les galets sur le chemin augmentent en nombre et qualité. Nous avons quitté les galets de la Bièvre pour ceux du Chambaran, mais ce sont les mêmes, charriés et polis qu’ils ont été lors des dernières glaciations de l’Ère quaternaire par les glaciers. Car toute cette région en fait n’est qu’une collection de moraines glaciaires avec un sol pauvre.
Plus haut, le chemin rejoint une petite route qu’il suit peu de temps avant de trouver une croix de fer plantée dans les feuillages.
Le chemin continue alors de monter dans les racines, les pierres et les ornières causées par l’eau de ruissellement. Ici, lors de notre passage, il n’avait pas plu depuis 15 jours. Mais, déjà dans le sous-bois, puis plus haut dans les herbes folles de la clairière, le chemin n’était plus qu’un vrai torrent. Imaginez le tableau par temps de pluie.
Au lieudit Soizon, le chemin rejoint une route goudronnée qui s’en va le long d’un sous-bois.
La route monte alors entre sous-bois et prés sur les contreforts du Chambaran. En dessous s’étend la vallée de la Bièvre et St Siméon-de-Bressieux.
La route monte en pente douce. Ici, les collines sont douces et l’atmosphère riante, au milieu des frênes et des chênes.
Au bord de la route, une ferme en pisé enchante le paysage, où il n’y a que des prairies.
Plus haut, la route se rapproche alors du hameau de Charpenay, un village assez dispersé, où, à première vue, ne résident pas que des paysans.
Assez rapidement, la route traverse le village…
… et arrive à la croix Breynard, à 5 kilomètres de Marnans. A partir d’ici, la Via Adresca évite les agglomérations et voyage entre forêts et campagne.
Un chemin part alors dans les prés le long des haies de frênes.
Au lieudit Grande Vie, une petite route de campagne se dirige entre soja et prairies vers le Bois de la Porte, direction Combe Bajat.
Ici la route monte de manière un peu plus prononcée, mais non excessive, jusqu’à retrouver un chemin à l’entrée de la forêt.
Alors ici, c’est la joie totale d’avancer sur les galets des moraines du Chambaran, qui n’ont d’égal que ceux de la Bièvre, piétinés précédemment.
Pourtant, de temps à autre, les galets ont presque disparu. Peut-être, les galets étaient plus gros et on les a utilisés pour les constructions.
Ici, les arbres sont assez élevés et le chemin progresse au milieu des hêtres, de la charmille, es érables et des châtaigniers. Les chênes ne sont pas encore présents en masse ici. Toutes les forêts du Dauphiné ont presque toujours le même contenu et les petits châtaigniers aiment toujours à disputer la première place.
Peu après, le chemin quitte le Bois de la Porte.
Ici, la Via Adresca rejoint une petite route goudronnée.
Nous arrivons à l’entrée de la forêt de la Combe Bajat, et nous suivons peu de temps la route.

Juste à côté coule le ruisseau de Bertrand, près d’un petit étang.

Section 6 : Une petite butte avant de descendre sur Marnans.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : montagnes russes prononcées, en montée comme en descente.

La Via Adresca ne reste pas longtemps sur la route. Elle préfère les délicieux galets du Chambaran.
Le chemin monte sans cesse, mais les pentes ne sont jamais excessives, rarement au-dessus de 10%. Parfois, le sable remplace presque les cailloux dans les ornières créées par les tracteurs des forestiers, quand le chemin devient un peu plus marécageux.
Mais le plus clair du temps les galets font la loi à l’ombre des bouquets de châtaigniers et de quelques rares autres feuillus.
Plus haut, le chemin sort de la forêt.
Alors, le chemin passe dans les prés et les plantations de soja. Si le chemin est passablement épierré, tous les champs ne le sont pas, et on peut deviner les galets au milieu des pousses de soja.
Un peu plus haut, vous marcherez sur un peu de goudron avant de retrouver le chemin entre cailloux et herbe.
Le chemin continue à monter dans les prés, avec de ci de là quelques arbres ou un champ de céréales.
Puis, la pente se fait plus sévère, et la valse des gros cailloux repart quand le chemin arrive près du hameau des Bonettes.
Ici, nous avons atteint une sorte de haut plateau et le chemin va redescendre sur Marnans de l’autre côté du vallon. La Via Adresca ne va pas aux Bonettes mais part dans l’autre direction sur une route goudronnée.
Des deux côtés de la route, sur le haut plateau, derrière les prés et le colza, les châtaigniers sont en fleurs et forment comme des bouquets à l’orée des bosquets. Sur sa droite, en contrebas défile toujours la plaine de Bièvre-Valloire.
La Via Adresca transite alors assez longtemps en montagnes russes légères sur le haut plateau.
Puis le goudron s’arrête et la terre battue reprend ses droits dans les prés et les céréales.
Alors, le chemin amorce sa descente vers Marsens en gagnant un sous-bois. Ici, un monument que les paysans aiment à dresser comme marque de leur attachement écologique à la nature.
Ici, la pente est rude, parfois supérieure à 15%, dans la chlorophylle qui dégouline de partout. Et comme pour montrer au marcheur qu’il avance toujours sur les moraines, les cailloux se font encore plus nombreux de ce côté du vallon. Autant descendre ici par beau temps, si on peut!
Au bas de la descente le chemin débouche sur la route à l’entrée de Marnans.
Une petite route goudronnée mène à Marsens.

A l’entrée du hameau, on trouve l’Olagne, un petit ruiseau qui court dans la profondeur du vallon.

Marnans est un site charmant, quelques maisons blotties près de l’église au bord d’une route où ne passe que très rarement un véhicule. L’auberge est accueillante. On y mange bien et on y dort très bien. Et les logements sont si rares dans la région, que lorsqu’on en déniche un, il vaut mieux s’y arrêter.
L’église Saint-Pierre est de style roman, mais avec des touches de style byzantin qui jettent parfois un peu plus de légèreté à l’œuvre. On dirait une église cistercienne classique, dépouillée, sans ornementation. On fait remonter sa construction entre le XIème et le XIIème siècle. La voûte, faite de tuf, est exceptionnelle, une des plus belles que l’on peut trouver dans l’art roman. Au delà du transept se nichent trois chapelles creusées dans les absides. Un cloître jouxtait l’édifice. Il n’en reste plus rien, ayant été détruit durant les guerres de Religion à la fin du XVème siècle.

Un peu d’histoire maintenant, pour aborder une histoire complexe. Certaines chroniques rapportent que ce sont vraisemblablement les Antonins, qui avaient leur abbaye à St Antoine-L’Abbaye, un peu plus loin, qui auraient bâti l’édifice initial à Marnans. A moins que ce ne furent les Bénédictins ? On ne le sait pas vraiment. Car voilà, ce furent d’abord les bénédictins qui furent chargés de veiller sur les reliques de St Antoine de Padoue conservées à St Antoine-L’Abbaye, reliques considérées comme un remède à la gangrène produite par l’ergot de seigle. En 1089, Guérin de Valloire, atteint par la maladie, appelée alors le “feu sacré”, fait vœu, en cas de guérison, de se consacrer aux malades. Il est guéri et avec son père, ils fondent alors la communauté charitable des frères de l’aumône. C’est en fait un hôpital dédié à saint Antoine, où on soigne les malades atteints par le maudit champignon parasite du seigle. En 1247, le pape régularise la communauté et la rattache à l’ordre des Augustins. Jusqu’alors Bénédictins et Antonins s’entendaient à merveille, les uns priant Dieu, les autres soignant les malades. Mais, voici maintenant que les Antonins deviennent un véritable ordre religieux, alors la donne change. On en vient même à entrer en confit armé, le pape hésitant parfois entre les deux ordres. Ici, il donne raison aux Antonins et les Bénédictins sont exclus de St Antoine-l’Abbaye. La suite vous la lirez, dans l’étape prochaine, lorsque nous arriverons à St Antoine-L’Abbaye.

Alors ici à Marnans, on a sans doute assisté au conflit incessant entre les deux ordres et on a en toute conséquence fait passer l’édifice sous la férule des Antonins. Puis arrivèrent les Guerres de Religion dans la seconde moitié du XVIème siècle. Le Dauphiné a beaucoup souffert du conflit, étant un foyer important du protestantisme. Ici se distinguait François de Beaumont, baron des Adrets, un des chefs les plus habiles et sanguinaires du parti protestant, réputé pour sa cruauté et sa prédilection pour la destruction des églises. Il s’en prit, entre autres églises, à celle de St Antoine-l’Abbaye, mais aussi à celle de Marnans.

Alors, c’est ici entre légende, histoire et vielles chroniques, dont celle dite par Vital Berthin, que se déroule la vie de Marnans. François de Beaumont se dirigeait avec son armée pour s’emparer du jeune prieur de Marnans, qui combattait hardiment les préceptes protestants. Il marchait avec le capitaine de Granges, son ami, mais nettement plus conciliant que lui-même, presque un catholique en quelque sorte. Il lui pria de limiter sa cruauté, d’épargner le prieur. Mais Beaumont resta inflexible. Il arriva à l’église, mais le prieur s’était enfui sur la colline. Beaumont fit placer de la poudre et des explosifs et enflamma la mèche. Les vitraux volèrent en éclat, une partie des murs s’effondra. Le prieur, voyant de loin les dégâts redescendit de la colline et se présenta au baron sanguinaire, demanda d’épargner l’église de Dieu. Le baron furieux fit signe alors aux soldats de démolir la toiture. Le prieur en vint même à proposer sa vie pour sauver son église, mais le baron imposa sa conversion au protestantisme, ce que le prieur refusa, bien évidemment. Les soldats firent alors feu sur le prieur, mais celui-ci ne mourut pas tout de suite. Arriva alors le capitaine de Granges qui secourut le blessé, le dépouillant de ses vêtements. Dans les tissus de l’infortuné apparut alors une image, celle de la mère du prieur. Et là, miracle! Beaumont ordonna de suspendre la démolition de l’édifice, s’occupa lui-même du blessé et fondit en larmes. Il ferma même les yeux du prêtre lorsque ce dernier rendit le dernier soupir. Et il retourna au catholicisme, comme de bien entendu.

Vous pouvez croire cette histoire ou ne pas la croire. Cela n’a guère d’importance aujourd’hui, mais songez-y quand vous pénétrerez sous la grande nef de l’église.

Ce jour-là, on avait vu grand à l’auberge. C’était le jour de la Fête de la Musique. On a grillé des saucisses, bu et dansé jusque tard dans la nuit au pied de l’église. Magnifique.

Logements

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Etape suivante : Etape 2: De Marnans à St Antoine-L’Abbaye
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